René Tourlet, concitoyen de Saint-Martin, nous livre son sentiment sur les Œuvres posthumes du théosophe d’Amboise, publiées par Nicolas Tournié. Rappelons que Tourlet avait publié en 1804, une Notice historique sur les principaux ouvrages du philosophe inconnu dont un extrait figure d’ailleurs dans le premier volume des Œuvres Posthumes (p. xiv-xxx). Cette analyse des Œuvres posthumes a été publiée dans le Mercure de France en mars 1809 [1] Nous avons ajouté entre crochets les références des textes cités par Tourlet. .
Sommaire
Œuvres Posthumes De M. De Saint-Martin
— Deux forts volumes in-8°. Avec cette épigraphe :
J’ai désiré de faire du bien, mais je n’ai pas désiré
de faire du bruit, parce que j’ai senti que le bruit
ne faisait pas de bien, comme le bien ne faisait
pas de bruit.
Saint-Martin, 740 pensée.
A. Tours, chez Letourmy, imprimeur-libraire, rue Colbert, n° 2. — 1807.
La publication des ouvrages posthumes des hommes célèbres dans quelque genre que ce soit, devrait être un service rendu à leur mémoire et une sorte de dédommagement du regret que laisse leur perte ; mais le contraire arrive lorsque des éditeurs maladroits impriment, sans choix, des manuscrits qu’un auteur, quoi qu’en réputation, n’aurait pas voulu rendre publics, et qu’il savait peut-être n’être pas dignes de lui. Il serait donc prudent de ne publier d’œuvres posthumes que celles qu’un auteur avouerait lui-même s’il vivait encore, c’est-à-dire, des écrits qu’il avait travaillés avec soin et qu’il destinait à la postérité ; cependant si cet auteur avait laissé quelques projets utiles, on permettrait encore de les faire connaître, pourvu que les bases et les divisions principales en fussent bien établies, et portassent évidemment l’empreinte du génie qui les aurait tracées.
Cette réflexion et les reproches qu’elle suppose, sont malheureusement applicables à la plupart des éditeurs d’œuvres posthumes ; et nous regrettons de ne pouvoir excepter de la proscription commune, et jusqu’à un certain point méritée, l’édition des Œuvres posthumes d’un homme qui s’est fait remarquer par l’originalité de son caractère, par l’étendue de ses connaissances, par des ouvrages qui, dans leur temps, firent quelque bruit, et surtout par une philanthropie douce et bienfaisante, que la vraie et solide vertu peut seule inspirer. Nous ne nierons point que beaucoup de détails que nous aurions exclus de la collection des œuvres de M. de Saint-Martin, ne doivent plaire à une classe de lecteurs avides de recueillir tout ce qui le concerne [2] Nous croyons devoir donner ici quelques détails sur la vie et les ouvrages de M. de Saint-Martin. Il naquit à Amboise, en 1743, et fit ses études au Collège de Pont-Levoi. Il fut d’abord avocat, et ensuite officier au régiment de Foix. A Bordeaux il eut occasion de connaître Martinez-Paschalis, fameux Théurgiste, et devint son disciple. — Cette liaison décida du sort de sa vie. Il se fit une doctrine qu’il n’abandonna plus, qu’il professa jusqu’à sa mort, et dans ses discours et dans ses livres. Ceux qui l’ont connu assurent qu’il ne cessa de donner, dans toutes les circonstances de sa vie, l’exemple de la soumission aux lois, de la résignation, de la bienfaisance : ses écrits prouvent assez combien il était moral et religieux. Il mourut à Aunay, près Châtillon, le 22 vendémiaire an XIII, dans la maison de M. le sénateur Lenoir-Laroche. Ses livres sont très obscurs au moins pour ceux qui ne sont pas initiés dans les mystères de sa doctrine. On trouve dans ses œuvres posthumes, quelques détails sur la manière dont il les a composés. ; cependant nous persistons de croire qu’il n’aurait dû entrer dans ce recueil, d’ailleurs curieux, que des traits caractéristiques, et qui fussent, pour ainsi dire, les derniers éclairs de la pensée d’un homme souvent sublime, mais en quelque sorte étranger aux mœurs et aux passions de son siècle.
C’est assez nous justifier d’avoir borné le compte que nous allons rendre à une exposition succincte : 1° des traits qui peignent le caractère physique et moral de M. de Saint-Martin ; 2° des faits particuliers relatifs aux circonstances de sa vie, à ses liaisons sociales et littéraires ; 3° des idées qui expriment le fond de ses opinions et de sa doctrine.
Si jamais homme se peignit dans ses ouvrages [3] On a dit et répété que chaque écrivain se peignait dans ses livres. Cependant si cet axiome renferme une vérité, cette vérité doit, comme toutes les autres règles de nos jugements, admettre des exceptions ; car un auteur faux et immoral emprunte souvent le langage de la vertu et de la vérité. Des raisons de politique et de convenance peuvent le conduire à jouer un rôle emprunté. Mais lorsqu’il écrit sans prétention, sans esprit de parti, sans autre but que de faire connaître sa pensée tout entière, alors il se peint lui-même. L’écrivain placé dans des circonstances opposées, ne paraît jamais ce qu’il est. Veut-on des exemples de ces deux manières d’écrire, nous les trouverons dans deux auteurs antagonistes, J.-J. Rousseau et Voltaire; le premier vit tout entier dans les productions de son génie: le second n’a, pour ainsi dire, qu’une vie artificielle, répandue sur autant de surfaces et nuancée par autant de types qu’il se présente sous sa plume d’objets variés, quoique toujours subordonnés, dans la manière dont il les traite, à des vues d’ambition et d’orgueil, pourvu que ces deux vices soient à moitié déguisés par la magie du style et par l’adresse de l’auteur. Note du Rédacteur de cet article. , ce fut surtout celui dont nous rappelons aujourd’hui la mémoire. Il ne faut que la plus légère attention pour reconnaître dans tous les siens un observateur curieux de la nature et du cœur humain, un homme profondément ému du malheur de ses semblables, et pénétré de la nécessité d’y opposer le flambeau de la vérité. C’est à des erreurs plus ou moins invétérées, et en même temps volontaires, qu’il attribue tous les maux qui affligent la Terre ; il remonte à la source de ses erreurs, et indique le moyen de les éviter. Ses leçons n’ont rien de cette morgue qu’on reproche aux anciens philosophes et à beaucoup de déclamateurs modernes : elles respirent la compassion la plus touchante pour les méchants, et le zèle le plus ardent pour les ramener à la vertu.
Né avec un caractère doux et sensible, avec des dispositions heureuses pour les sciences, il cultiva dès ses plus tendres années, et pendant toute sa vie, les dons précieux qu’il avait reçus de la nature. Ceux de ses lecteurs qui auront, ou qui voudront avoir une âme aussi pure et aussi sublime que la sienne, pourront seuls apprécier la richesse des moissons qu’il a recueillies dans un champ trop vaste pour le commun des hommes, mais trop peu fréquenté par les savants.
Ici nous n’avons point de guide plus sûr que le pinceau de l’auteur lui-même, pour rendre fidèlement la trempe de son esprit et de son caractère, le but de ses démarches et le principe d’après lequel il réglait ses actions. « C’est moins pour instruire, dit-il, que j’ai fait des livres, que pour exhorter et pour préserver… Mes ouvrages, particulièrement les premiers, ont été le fruit de mon tendre attachement pour l’homme ; mais en même temps du peu de connaissance que j’avais de sa manière d’être et du peu d’impression que lui font les vérités, dans cet état de ténèbres, d’insouciance où il se laisse croupir.
Les livres que j’ai faits n’ont eu pour but que d’engager les lecteurs à laisser là tous les livres, sans en excepter les miens… [» O.P., t. 1, « Portrait », n° 45 «] Du mal résulte heureusement le bien. La multitude innombrable des livres causera un jour tant d’embarras pour en acquérir la connaissance, que dans cette confusion la plupart des hommes se dégoûteront de la lecture et prendront alors forcément la résolution de chercher ailleurs que dans les livres. » [ O.P., t. 1, « Pensées extraites d’un manuscrit », n° 195. ]
Ce que notre auteur dit ici s’applique spécialement à la science morale, qu’on n’étudie jamais mieux qu’en s’étudiant soi-même, et en s’accoutumant à lire dans son propre cœur. Continuons de citer :
Malheur à celui qui se livre aux goûts sensibles avant d’être assez grand pour les mépriser ! Ce trait est une des plus réelles couleurs de mon être ; il exprime une de mes plus intimes persuasions. »
[ O.P., t. 1, « Portrait », n° 209. ]Je n’ai jamais goûté bien longtemps les beautés qu’offrent à nos yeux la terre, le spectacle des champs, etc. Mon esprit s’élevait bientôt au modèle dont ces objets nous peignent les richesses et les perfections, et il abandonnait l’image pour jouir du doux sentiment de son auteur. Qui oserait nier même que tous les charmes que goûtent les admirateurs de la nature fussent pris dans la même source, sans qu’ils le croient !
[O.P., t. 1, « Portrait » n° 1051. ] »La nature de mon âme a été d’être extrêmement sensible, et peut-être plus susceptible de l’amitié que de l’amour. [», O.P., t. 1, « Portrait », n° 15. « ] A l’âge de dix-huit ans il m’est arrivé de dire, au milieu des confessions philosophiques, que les livres m’offraient : il y a un Dieu, j’ai une âme, il ne faut rien de plus pour être sage ; et c’est sur cette base-là qu’a été élevé tout mon édifice. »
[O.P., t. 1, « Portrait », n° 128. ]
Nous regrettons de n’avoir pu présenter sous un point de vue plus étendu, dans cette partie de notre analyse, des traits plus marquants et plus caractéristiques de la physionomie vraiment extraordinaire de ce philosophe religieux. Sa correspondance nous eût mieux servi à remplir ce but ; mais elle ne se trouve point au nombre de ses œuvres posthumes, où cependant elle aurait mieux figuré qu’un grand nombre de pensées détachées et souvent disparates.
Passons maintenant aux faits particuliers concernant ses relations littéraires et sociales ; et continuons l’exposé qu’il en fait lui-même.
Ma liaison avec Lalande n’a pas été loin. Après m’avoir exposé les bases de son scepticisme, qui sont les plus grandes puérilités qu’on puisse imaginer, il n’a seulement pas voulu considérer un instant la première observation que j’avais à lui faire. Ainsi nous en sommée restés là ; et si d’autres circonstances ne nous rapprochent pas, il est probable que nous ne nous reverrons guère. Au reste, quoique je ne croie point à son athéisme, il se trouve cependant placé de manière qu’il ne fait que s’enfoncer de plus en plus dans son système. »
[O.P., t. 1, « Portrait », n° 844. ]J’eus un jour une conférence sur le magnétisme animal avec M. Bailly, devenu depuis maire de Paris : il avait été un des commissaires nommés par le roi pour examiner ce phénomène, et avait signé 1e misérable compte que la commission en rendit. Lorsque, pour lui persuader l’existence du corps magnétique, sans soupçon de fourberie de la part des malades, je lui citai les Chevaux qu’on traitait alors à Charenton par ce procédé ; il-me dit : Que savez-vous si les chevaux ne pensent pas ? Au lieu de profiter avec modestie de l’avantage qu’il me donnait sur lui par cette proposition, je lui répondis avec étourderie : Monsieur, vous êtes bien avancé pour votre âge.
[O.P., t.1, « Portrait », n° 122. ]Lavater, ministre à Zurich, est un de ceux qui ont le plus goûté l’Homme de désir (ouvrage de Saint-Martin) ; il en a fait un éloge des plus distingués dans son journal allemand, du mois de décembre 1790 : il avoue ingénument qu’il ne l’entend pas tout ; et dans le vrai, Lavater eût été fait pour tout entendre s’il avait eu des guides ; mais, faute de ce secours, il est resté dans le royaume de ses vertus, qui est peut-être plus beau et plus admirable que celui de la science. »
[O.P., t. 1, « Portrait », n° 127. ]Le maréchal de Richelieu voulait me faire causer avec Voltaire qui mourut dans la quinzaine : une autre personne voulait me faire causer avec De Voyer qui mourut aussi dans la quinzaine. Je crois que j’aurais eu plus d’agrément et de succès auprès de Rousseau ; mais je ne l’ai jamais vu…. [» O.P., t. 1, « Portrait », n° 129. « ] J’ai été frappé de toutes les ressemblances que je me suis trouvées avec J. J. Rousseau, tant dans nos manières empruntées avec les femmes, que dans notre goût, tenant à la fois de la raison et de l’enfance, et dans la facilité avec laquelle on nous a jugés stupides dans le monde, quand nous n’avions pas une entière liberté de nous développer. »
[O.P., t. 1, « Portrait », n° 60. ]
M. de Saint-Martin parle aussi quelquefois de l’avantage qu’il a retiré en conversant avec des personnes qui ne partageaient pas son opinion : il assure que, loin d’avoir jamais été ébranlé dans ces sortes de luttes, il y a souvent trouvé la confirmation de ses jugements et de ses idées. « Je dois, dit-il, beaucoup en ce genre, particulièrement au maréchal de Richelieu, au duc d’Orléans, au marquis de Lusignan, au curé de Saint-Sulpice, Tersac, au médecin Brunet, au chevalier de Boufflers, à M. Thomé, etc. » [O.P. t. 1, « Portrait », n° 171
La mort de Laharpe, arrivée dans le commencement de l’année 1803, est une perte pour la littérature ; sa fin a été très édifiante : je n’ai jamais eu de liaison avec lui, mais je n’ai jamais douté de la sincérité de sa conversion, quoique je ne l’aie point crue dirigée par les vraies voies lumineuses. La mort de cet homme célèbre est également une perte pour la chose religieuse, parce qu’il était un épouvantait pour ceux qui la déprisent. Je crois que nous aurions fini par nous entendre lui et moi, si nous avions eu le temps de nous voir. (Voyez le Journal des Débats, du 16 novembre an XI) M. de D. T. [4] Tourlet reprend ici le texte publié par Tournier, mais ce dernier avait adapté le passage en question pour masquer le nom cité par Saint-Martin. Sur l’original du Portrait, publié par Robert Amadou on peut lire on peut lire « an XI. Mde de Talaru » nous a peints l’un et l’autre d’une manière assez significative, en disant qu’il mordait jusqu’au vif les adversaires de la vérité ; et moi, que je leur prouvais évidemment qu’ils avaient tort. »
[ O.P., t. 1, « Portrait », n° 1098. ]
Il nous reste à offrir le précis des principaux fondements de sa doctrine, au moins de ce qu’en renferment les deux volumes des Œuvres posthumes qui viennent de paraître. La première observation qui frappera le lecteur, est celle de l’exacte conformité du langage, du style et du fond des idées, avec les principes et la morale qu’on trouve dans les ouvrages déjà connus pour être sortis de la plume du même auteur, également distingué par la sévérité de sa dialectique et par l’onction qu’il sait répandre sur sa doctrine.
En effet, il paraît aussi difficile de se défendre de la vigueur et de la justesse de ses raisonnements, que d’un sentiment d’admiration pour les élans de son âme et pour la pureté de sa morale religieuse ; partout on le voit pénétré de son grand objet, et pressé d’en occuper les autres, La rectitude de l’esprit dans les voies de la sagesse, et le bonheur du cœur par la possession du vrai bien ; voilà les deux termes vers lesquels la doctrine du philosophe religieux tend à acheminer les hommes. Mais on sent bien que nous ne pouvons donner ici qu’un aperçu, un sommaire de cette doctrine que les uns appellent sublime ; d’autres, obscure et inintelligible. Nous allons suivre à peu près l’ordre dans lequel les matières sont classées dans les Œuvres posthumes.
Après quelques stances sur l’origine et la destination de l’homme, et une autre pièce, aussi en vers, intitulée le Cimetière d’Amboise, où le poète pensif, mesurant, « Ce long aveuglement qu’on appelle la vie, » contemple tout près du même lieu
Ce célèbre château qui vit naître autrefois
Les malheurs trop fameux du règne des Valois, »
[ O.P., t. 1, « Cimetière d’Amboise ». ]
viennent une suite de questions en prose et de réponses sur la source de nos connaissances et de nos idées. C’est ici un des points principaux de la théorie de notre auteur.
Selon lui, nous possédons en commun, avec les animaux, le pouvoir de manifester les impressions reçues par l’organe des sens ; et nous avons de plus qu’eux, non seulement la faculté intellectuelle et active par laquelle nous combinons à notre gré les idées déjà reçues par nos sens, mais encore le pouvoir de développer librement en nous les affections inséparables du principe pensant et voulant qui est notre être par excellence, et le centre de nos mouvements par l’unité de son origine. L’homme a le privilège exclusif de pouvoir cultiver ses facultés morales, et d’y trouver la source de ses plus douces jouissances, dans la contemplation du beau et dans la pratique du bien : la partie sensible de son âme est seule soumise à l’influence de la température et des lois physiques, tandis que son sens moral n’obéit qu’à l’empire de la raison. L’homme seul peut admirer, et n’admire en effet que ce qui est au-dessus de lui ; il faut donc qu’il y ait sans cesse et éternellement quelque chose au-dessus de lui qu’il puisse toujours admirer, puisque le besoin d’admirer est un sentiment commun à toute l’espèce humaine.
Ces données simples, et que tout homme peut vérifier, nous amènent naturellement, et par la logique la plus rigoureuse, à la démonstration de l’existence d’une source nécessaire et permanente, d’où les objets d’admiration puissent descendre continuellement près de nous, à la voix de nos besoins, comme les fleuves ne cessent de sourcer du sein de la terre pour en arroser et aviver toutes les productions, et comme le lait est toujours prêt à sortir de la mamelle aux moindres désirs de l’enfant. »
[ O.P., t. 2. « Fragments d’un traité sur l’Admiration ». ]
L’Académie de Berlin avait proposé, en 1783, un prix pour la solution d’une question conçue en ces termes : Quelle est la meilleure manière de rappeler à la raison les nations tant sauvages que policées, qui sont livrées à l’erreur ou aux superstitions de tout genre ? M. de Saint-Martin traita la question dans un mémoire adressé par lui à cette Académie, non pour prétendre à la couronne, mais, comme il le dit lui-même, pour démontrer que la question était insoluble avec nos moyens humains. C’est qu’il entend par raison, à laquelle il faudrait rappeler les nations, la connaissance usuelle et pratique de la vérité ; connaissance à laquelle on ne peut parvenir qu’en rétablissant la loi de relation entre notre être intelligent et la source même de la pensée. Cette relation qui tient d’ailleurs à la nature des choses a pu s’affaiblir, mais elle dut être dans l’origine bien puissante et bien active, « puisque la tradition en est généralement répandue dans les diverses doctrines de tous les peuples. » [ O.P., t. 2 « Question posée par l’académie de Berlin ». ] Or, une telle relation ne peut être reprise que par le concours des deux parties qu’il s’agit de rapprocher. Ainsi l’auteur rentre encore dans le cercle de ses idées favorites. Il appelle le grand œuvre la réhabilitation de l’homme dégradé par le crime et l’erreur ; c’est l’œuvre universel, c’est-à-dire, commun à toute l’espèce humaine, et particulier à tout individu qui veut recouvrer sa dignité première, et remettre ses facultés morales et intellectuelles en harmonie avec les vertus et les perfections du grand tout, ou de l’Être Suprême dont il est émané.
Ce n’est jamais sans enthousiasme qu’il aborde un sujet si grand et si mystérieux. Cependant son caractère naturellement enjoué le porte quelquefois à des allusions bizarres et à des comparaisons triviales et amenées de trop loin. On voit par ses Œuvres posthumes qu’il se reproche à lui-même ce défaut, et qu’il se promettait de s’en corriger.
Enfin, on trouvera dans le second volume de ses œuvres, beaucoup de réflexions, quelquefois neuves et piquantes sur le style en général, sur nos poètes et nos orateurs, sur la littérature française du siècle dernier, sur la littérature allemande, etc.
Les détails historiques relatifs à la vie et aux écrits de cet auteur, ont été imprimés dans un des numéros de la première année des Archives littéraires, sous le titre de Notice historique sur les principaux ouvrages du philosophe inconnu, et sur leur auteur Louis-Claude de Saint-Martin.
R. T. [René Tourlet]
A propos de René Tourlet
Voir sa Notice historique sur les principaux ouvrages du philosophe inconnu
Cette notice est suivie d’une présentation René Tourlet, auteur de ces deux textes. cette notice, René Tourlet.
Notes :