« Après avoir passé en revue les divers moyens qui peuvent plus ou moins tendre à ce but en liant la morale à la politique, l’observateur montre l’insuffisance de ces moyens, si le législateur n’asseoit lui-même, sur les bases intimes de notre nature, cette morale dont un gouvernement ne doit être que le résultat mis en action. L’auteur avait traité, quinze ans auparavant, un sujet analogue, proposé par l’académie de Berlin, sur la meilleure manière de rappeler à la raison les peuples livrés à l’erreur ou aux superstitions, question qu’il démontra insoluble par les seuls moyens humains (mémoire inséré dans ses œuvres posthumes). » (Gence, Notice biographique sur Louis-Claude de Saint-Martin, 1824)
Édition originale
Titre original : Réflexions d’un observateur sur la question : Quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale d’un peuple ? sujet du premier prix de la classe des sciences morales et politiques de l’Inbstitut national de France, pour le 15 messidor de l’an VI de la république
Nom d’auteur : Sans nom
Date de parution : [1798]
Edition originale : s.n, ni l.
Format : in-8°,
Np pages : 51 p.
Tu, quid ego, et populus mecum desideret, audi.
Horace, Art poétique; vers 153.
Sommaire
« En lisant les programmes publiés par les sociétés sa-vantes, certains esprits s’étonnent de voir ces tribunaux de la raison humaine demander eux-mêmes à l’homme le flambeau dont ils auraient besoin pour l’éclairer comme s’il était dans l’ordre qu’un instituteur apprît de ses élèves ce qu’il doit faire pour les former et les instruire.
D’autres, moins prompts et plus mesurés, ne voient dans ces questions que le dessein d’exercer utilement les prosélytes des sciences, comme l’ont pu pratiquer, dans tous les temps, les philosophes et les professeurs de tout genre à l’égard des disciples qui aspiraient à obtenir d’eux des lumières.
Lorsque l’on considère l’importante question qui est proposée aujourd’hui par l’Institut national de France, c’est une impression d’un autre caractère qui se fait sen-tir. On ne voit plus, dans ceux qui nous interrogent, des maîtres élevés par leur place et par leurs connaissances au-dessus des autres hommes ; on n’y voit que de vrais amis de l’humanité empressés de lui procurer toute la somme de bonheur dont elle est susceptible ; on n’y voit que des juges modestes sollicitant eux-mêmes les lumières de l’auditoire, pour leur aider à prononcer sur une cause qui intéresse si essentiellement tout le genre humain.
J’ose donc, comme homme, me rendre à leur invitation ; comme ami de l’homme, je viens m’asseoir dans leur conseil et délibérer avec eux comme Français, je viens leur exposer mes opinions avec la franchise qui convient à un être libre. Ils décideront dans leur sagesse si elles peuvent ou non, être de quelque poids dans la balance.
Ne tracer, pour ainsi dire, qu’une esquisse, et la rendre publique, c’est leur annoncer assez que mon intention n’a pas été d’entrer en lice, et que mes vues ne se sont point portées vers la palme qu’ils auront à décerner. Croyant leur question insoluble à nos simples théories connues, croyant que la solution qu’on en pourrait donner serait impossible à justifier dans la pratique, sans l’entier renouvellement de celui qui voudrait se charger de la mettre en exécution, je ne l’ai pas traitée dans le sens qu’ils auraient eu lieu de l’attendre pour m’admettre au nombre des concurrents. Enfin, pour remplir même entiè-rement mon objet selon le plan que leur question a fait naître dans mon esprit, je n’ai pas eu à moi l’espace de temps que ce plan aurait demandé, n’ayant eu l’occasion de m’en occuper que depuis un petit nombre de jours. Mais si j’avais été assez heureux pour répandre dans leur pensée quelques clartés sur la difficulté de traiter leur im-portante question, et que ces clartés pussent influer en quelque chose sur la félicité de ma patrie, je me croirais délicieusement récompensé de mon travail. » (Extrait de l’Avant propos.)
Édition en ligne
Autre édition
- Texte inséré dans, Controverse avec Garat, précédée d’autres écrits philosophiques, Fayard, 1990, p. 133-164.