« On distingue dans ce recueil [les Œuvres posthumes] […] des poésies où, comme on le pense bien, l’auteur s’attache plus au fond qu’à la forme : cependant, on trouve, dans « Le cimetière d’Amboise », et surtout dans les « Stances sur l’origine et la destination de l’homme », des pensées profondes, exprimées avec sentiment et avec énergie […] » (Gence, Notice biographique sur Louis-Claude de Saint-Martin, 1824.)
Édition originale
Titre original : Le Cimetière d’Amboise
Nom d’auteur : Par le Philosophe inconnu
Date de parution : an IX [1801]
Edition originale : Paris, Laran
Format : in-8°,
Np pages : 16 p.
L’oeuvre selon son auteur
Le 24 pluviôse an 9 (13 février 1801) la paix continentale signée 4 jours auparavant à Lunéville entre Joseph Bonaparte et Monsieur Cobentzel ; l’Empereur ayant trente jours pour ratifier. C’est ce même jour 24 que j’ai livré à l’imprimeur Laran mon Cimetière d’Amboise. Je me confirme de plus en plus que j’arrive à une époque qui sera marquante pour moi. J’ai à peu près terminé ce que j’avais à faire d’ostensible pour le service des autres. Je veux maintenant, moyennant Dieu, travailler pour mon propre service qui n’est autre chose que le sien. Mais c’est sur cela que je ne m’expliquerai jamais qu’avec ceux qui me devineront. (Mon Portrait n° 1022)
Dans l’hiver de l’an 9, ou de 1801, j’ai publié Le Cimetière d’Amboise, petit poème en 420 vers. Les bonnes gens ont été contents du fond des choses et y ont trouvé des vers heureux. Les gens de l’art ne l’ont jugé que par la forme et n’ont pas seulement regardé le fond. Du Rosay en donna de ma part un exemplaire à Bonaparte. Mais je n’ai seulement jamais su s’il l’avait lu ou non. (Mon Portrait, n° 1028)
Éditions en ligne
- Sur le site de la BnF (Gallica 2) : Édition Chacornac, Paris, 1913. Suivi de Stances sur l’origine et la destination de l’homme. Préface de Papus.
- Sur le site de Jean-Louis Boutin, d’après l’édition Poésies, par Louis Claude de Saint-Martin, nommé le Philosophe inconnu, Leipsig, Institut littéraire, 1860.
Autres éditions
- Le Cimetière d’Amboise, publié dans les Œuvres posthumes, Tours, Letourmy, 1807, t. I, p. 337-354.
- Poésies, par Louis Claude de Saint-Martin, nommé le Philosophe inconnu, Leipsig, Institut littéraire, 1860, p. 31-46.
- Le Cimetière d’Amboise, suivi de Stances sur l’origine et la destination de l’homme, préface de Papus, Paris, Chacornac, 1913, 24 p.
- Le Cimetière d’Amboise, texte intégral authentique d’après le manuscrit original, publié dans Ecce Homo, Villeneuve-Saint-Georges, Éditions Rosicruciennes, 1987, p. 83-90 et 1989, p. 65-82.
Extrait
J’aime à porter mes pas dans l’asile des morts.
Là, mourant au mensonge, il me faut moins d’efforts
Pour comprendre leur langue et saisir leur pensée,
Car les morts ne l’ont pas, cette idée insensée,
Que tout s’éteint dans l’homme. En eux, tout est vivant.
Pour eux, plus de silence. Auprès d’eux l’on entend
Les sanglots du pécheur ; les fureurs de l’impie ;
Les cantiques du sage ; et la douce harmonie
De ceux dont l’amitié, le zèle et la vertu
N’ont formé qu’un seul cœur pendant qu’ils ont vécu.Homme, c’est ici-bas qu’il a pris la naissance,
Ce néant où l’on veut condamner ton essence ;
Et c’est ta propre erreur qui lui sert de soutien.
Tu sais tout ! tu peux tout ! et tu veux n’être rien !…
N’être rien !… et saisir et juger la lumière !…
Laisse à l’homme égaré ces rêves de la terre :
Nous n’étions qu’assoupis dans nos corps ténébreux.
Quand le temps nous arrache à leurs débris fangeux,
L’heure qui nous réveille est une heure éternelle.
Oh ! juste, quel transport ! quelle splendeur nouvelle !
Tu prends un autre corps, au creuset du tombeau ;
Un vif éclat, toujours brillant et plus beau ;
Un coup d’oeil plus perçant ; une voix plus sonore ;
Un coeur même plus pur. Ainsi quand j’évapore
Ces fluides grossiers où le sel est captif,
Son feu reprend sa force, et devient plus actif.[…] »