« Dans cet ouvrage, composé à Paris d’après le conseil de quelques amis, l’auteur infère, de la supériorité des facultés de l’homme et de ses actes sur les organes des sens et sur ses productions, que l’existence de la nature, soit générale, soit particulière, est également le produit de puissances créatrices supérieures à ce résultat. Cependant, l’homme est dans la dépendance des choses physiques, dont il n’acquiert l’idée que par l’impression qu’elles font sur ses organes. Mais il a, en même temps, des notions d’une autre classe, des idées de loi et de puissance, d’ordre et d’unité, de sagesse et de justice. Il est ainsi dépendant de ses idées intellectuelles et morales, de même que des idées tirées des sens. Or, celles-là n’en viennent pas : elles partent donc d’une autre source ; de facultés extérieures, qui produisent en lui les pensées. Mais d’où est née cette dépendance ? Du désordre produit par une cause inférieure, qui s’est opposée à la cause supérieure, et qui a cessé d’être dans sa loi. L’homme est tombé : dès lors, ce qui existait en principe immatériel a été sensibilisé sous des formes matérielles. L’ordre et le désordre se sont manifestés. Néanmoins, tout tend à rentrer dans l’unité d’où tout est sorti. Si, par suite de cette chute, les vertus ou facultés morales et intellectuelles ont été partagées pour l’homme, il doit travailler, en revivifiant sa volonté par le désir, à recouvrer celles dont il a été séparé. Mais sa régénération ne peut s’opérer qu’en vertu de l’acte du Réparateur, dont le sacrifice a remplacé les expiations qui avaient lieu avant la loi de l’esprit. Tel est le plan de cet ouvrage capital, dont la marche logique est serrée, et plus méthodique ou plus suivie que dans le premier. Plusieurs endroits, distingués par des guillemets, semblent étrangers ou moins liés au discours ; ce qui tient à la partie énigmatique de la doctrine de Martines, où l’on dit par exemple, dans la langue mystérieuse des nombres, que l’homme s’est perdu en allant de 4 à 9, c’est-à-dire de l’esprit à la matière. Mais ce n’est point par ces figures purement allégoriques qu’on doit juger le fond de la doctrine. Au reste, les deux ouvrages précédents ont paru en allemand, avec commentaires par un anonyme, 2 tomes in-8°, 1784. » (Gence, Notice biographique sur Louis-Claude de Saint-Martin, 1824.)
Édition originale
Titre : Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’homme et l’universNom d’auteur : sans nom d’auteur
Date de parution : Édimbourg, 1782 [Lyon]
Edition originale : Sans nom d’éditeur [Périsse Duluc]
Format : in-8°
Np pages : première partie : 276 p., seconde partie : 244 p.
…..Expliquer les choses par l’homme et non l’homme par les choses.
Des Erreurs & de la Vérité, par un Ph… Inc.. p. 9.
L’oeuvre par son auteur
C’est à Paris, partie chez Madame de Lusignan au Luxembourg, partie chez Madame de La Croix que j’ai écrit le Tableau naturel, à l’instigation de quelques amis. (Mon Portrait, n° 165)
Les passages guillemetés du Tableau naturel, sont de moi. L’éditeur crut n’y pas voir assez de cohérence avec le reste de l’ouvrage, pour ne pas prévenir sur cela les inquiétudes que les lecteurs pourraient avoir ; je l’ai laissé faire. (Lettre à Kirchberger du 11 juillet 1796)
Sommaire
Le Tableau naturel est divisé en vingt-deux chapitres ne comportant pas de titre. L’édition de 2001 (Le Tremblay, Diffusion Rosicrucienne) leur a donné un titre fictif :
- La vérité est dans l’homme
- Le désordre dans la Création
- L’homme, signe visible de Dieu
- L’homme émané de Dieu
- La Chute, perte de lumière
- La vie temporelle
- Les travaux de l’homme, les êtres et leurs pâtiments
- La loi universelle de réaction, secours et signes
- La réhabilitation : pensée, volonté, action
- Les religions et les mythes, besoins naturels chez les peuples
- L’intention originelle des traditions et des mythes
- Les religions, signes de la Tradition unique
- De la Genèse jusqu’au Déluge
- Du Déluge à Moïse
- Du Tabernacle à la construction du temple de Jérusalem
- Des prophètes à l’errance
- Les sciences et l’instruction
- 1, 4 et 10, le Livre de l’Homme
- L’œuvre du Réparateur
- Les actes du Réparateur
- La fin des temps
- Sondez votre être
Texte en ligne
- Sur Google Livres : Édition originale d’Edimbourg, 1782
- Première partie : books.google.fr
- Seconde partie : archives.org
- Sur le site de la BnF (Gallica 2) : Édition Chamuel, Paris, 1900, préface de Papus (Gérard Encausse)
Editions
- Tableau naturel des rapports […], préface de Papus, Paris, Chamuel, « Bibliothèque Martiniste », 1900, IX-321 p.
- Tableau naturel des rapports […], introduction de Philippe Lavastine, Paris, Éditions du Griffon d’or, 1946, in-8°, VIII-306 p.
- Tableau naturel des rapports […], dans Œuvres majeures, éditées et préfacées par Robert Amadou, Hildesheim-Zurich-New York, Georg Olms Verlag, t. II, 1980, 276 p. et 244 p. (fac-similé de l’édition de 1782)
- Tableau naturel des rapports […], Paris, R. Dumas, [1975], 334 p.
- Tableau naturel des rapports […], préface de l’éditeur, table analytique, Le Tremblay, Diffusion Rosicrucienne, 2001, 411 p.
- Tableau naturel, L’Arbre d’or, texte intégral imprimable et orthographe modernisée, 311 p. (e-book, Pdf).
Etudes
Traductions
- Ueber das natürliche Berhätniss zwischen Gott, dem Menschen und der Welt, Leipzig, 1783 et 1785, 2 vol.
- Traduction de larges extraits en japonais par Kiwahito Konno et Fumio Murai dans Recueil des œuvres du mysticisme chrétien, t. XVII, Tokyo, Kyôbunkan, 1992, p. 5-192. Ce volume comporte aussi des extraits de L’Homme de désir et de L’Esprit des choses.
- Quadro natural das relações que existem entre Deus, o homem e o universo, Curitiba, Ordem Rosacruz, 2002, 438 p.
Extrait
Pourrions-nous contempler sans admiration le spectacle de l’Univers ? Le cours régulier de ces flambeaux errants, qui sont comme les âmes visibles de la Nature ; cette espèce de Création journalière que leur présence opère sur toutes les régions de la Terre, et qui se renouvelle dans les mêmes climats à des époques constantes ; les lois inaltérables de la pesanteur et du mouvement, rigoureusement observées dans les chocs les plus confus et dans les révolutions les plus orageuses. Voilà sans doute des merveilles qui sembleraient donner à l’Univers des droits aux hommages de l’homme.
Mais en nous offrant ce spectacle majestueux d’ordre et d’harmonie, il nous manifeste encore plus évidemment les signes de la confusion, et nous sommes obligés de lui donner, dans notre pensée, le rang le plus inférieur : car il ne peut influer sur les facultés actives et créatrices auxquelles il doit l’existence, et il n’a pas de rapport plus direct et plus nécessaire avec Dieu, à qui appartiennent ces facultés, que nos œuvres matérielles n’en ont avec nous. L’Univers est pour ainsi dire un Être à part ; il est étranger à la Divinité, quoiqu’il ne lui soit ni inconnu, ni même indifférent. Enfin, il ne tient point à l’essence divine, quoique Dieu s’occupe du soin de l’entretenir et de le gouverner. Ainsi il ne participe point à la perfection, que nous savons appartenir à la Divinité ; il ne forme point unité avec elle ; par conséquent, il n’est pas compris dans la simplicité des lois essentielles et particulières à la Nature divine.
Aussi aperçoit-on partout dans l’Univers des caractères de désordre et de difformité ; ce n’est qu’un assemblage violent de sympathies et d’antipathies, de similitudes et de différences, qui forcent les Êtres à vivre dans une continuelle agitation pour se rapprocher de ce qui leur convient et pour fuir ce qui leur est contraire ; ils tendent sans cesse à un état plus tranquille. Les corps généraux et particuliers n’existent que par la subdivision et le mélange de leurs principes constitutifs ; et la mort de ces corps n’arrive que lorsque les émanations de ces principes, qui étaient mutuellement combinés, se dégagent et rentrent dans leur unité particulière. Enfin, pourquoi tout se dévore-t-il dans la Création, si ce n’est parce que tout tend à l’unité d’où tout est sorti ? « (Début du 2e chapitre)