Le terme martiniste peut prendre plusieurs sens, aussi semble-t-il important de préciser ce qu’il signifie sur ce site. Rappelons tout d’abord que le martinisme désigne en premier lieu la philosophie mystique et théosophique exprimée dans les livres de Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803). Il a d’ailleurs été utilisé en ce sens dès 1783 par Louis-Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris. Le Philosophe inconnu semble avoir adopté le néologisme formé par cet auteur. En effet, il l’utilise lui-même dans l’une de ses lettres datée du 5 août 1798, pour désigner les lecteurs de ses ouvrages. Soulignons que Saint-Martin n’a pas fondé d’ordre, de mouvement martiniste.
Dans une chronique nécrologique publiée le 6 novembre 1803 par Le Journal des débats, quelques jours après la mort du Philosophe inconnu, le terme de martiniste est utilisé pour désigner les sectateurs de Saint-Martin. L’abbé Grégoire donnera le même sens à ce terme dans son Histoire des sectes religieuses(1810). Cependant, il désigne par ce mot autant ceux qui lisent et adhèrent aux idées du Philosophe inconnu que les membres de l’ordre des Elus coëns dont Martinès de Pasqually fut le fondateur.
La philosophie de Saint-Martin trouve ses origines dans la pensée de Martinès de Pasqually ; par conséquent, l’expression martinisme s’accorde parfaitement pour qualifier le système de ce thaumaturge. Jean-Baptiste-Modeste Gence, biographe et ami de Saint-Martin précisait d’ailleurs :
Martinez Pasqualis, chef de la secte dite des Martinistes, est un de ces personnages qui ont donné le nom à une école et qui sont eux-mêmes restés inconnus. L’analogie du nom du disciple principal avec celui du maître a contribué à faire presque oublier le véritable chef des Martinistes, avec lequel les feuilles du jour en annonçant en 1803 la mort de St-Martin.» [1] Gence, Martines de Pasqually, Biographie universelle ancienne et moderne – Tome XXVII, p. 320-321, Paris 1820.
Le terme de martiniste peut aussi servir à désigner l’adaptation qu’un autre disciple de Martinès de Pasqually, Jean-Baptiste Willermoz, en fit au sein du Régime Ecossais Rectifié.
Depuis la fin du XIXe siècle, le martinisme désigne un mouvement initiatique fondé par Papus et Augustin Chaboseau. Bien que cet ordre martiniste – premier du genre – se place sous les auspices du Philosophe inconnu, il est plus teinté de l’occultisme qui caractérise son époque que des idées véhiculées dans les écrits de Saint-Martin. A son propos il conviendrait plutôt de parler de « néo-martinisme ».
Gérard van Rijnberk a donné une définition du martinisme tout à fait judicieuse :
De pure tradition chrétienne, le Martinisme tend à une synthèse des doctrines ésotériques, à retrouver la Doctrine primitive, la Doctrine de l’Unité. Dans le chaos des sciences occultes, il apporte une discipline qui protège, une lumière qui harmonise. » [2] Bibliographie du Martinisme, ouvrage écrit par G. van Rijnberk sous le pseudonyme de G. De Chateaurhin, Derain, Lyon, 1939, p. 5.
Le martinisme sur ce site
La vocation de ce site est de proposer une base documentaire orientée autour de Louis-Claude de Saint-Martin. Il a pour but de faire connaître l’homme, son œuvre, et le contexte historique, social et philosophique qui fut le sien. Il s’intéresse donc à la biographie du Philosophe inconnu, à ceux qui furent ses maîtres, ses amis ou ses lecteurs et à sa réception. Il se propose de mieux faire connaître ses œuvres et ses idées.
Voir aussi :
- Une lettre de Saint-Martin à propos du martinisme
- Extrait du Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier où figure l’expression « martiniste » (1783).
- Définition du Martinisme selon le Dictionnaire des religions, de l’abbé Migne (1850).
- Notice sur le martinésisme et le martinisme, par un Chevalier de la Rose-Croissante (1899).
Notes :