Ce fut après sept années que Saint-Martin, sur les instances d’un de ses amis, publia sa grande pensée sur la scène qui se passait dans le monde. Il regardait la Révolution française comme celle du genre humain, et comme une image en miniature du Jugement dernier, mais où les choses devaient se passer successivement, à commencer par la France. Kirchberger trouvait que l’auteur de ce livre, en considérant ce grave événement dans son origine et dans son résultat, quoique jugeant peut-être avec trop de sévérité de malheureux instruments qui en ont été victimes, avait su résoudre avec sagesse et modération les grandes difficultés de théorie de l’édifice social, dont les constructions, dit-il, sont toujours à recommencer, si elles ne sont fondées sur une base élevée et fixe, et coordonnées à un but grand et moral. (Gence, Notice biographique sur Louis-Claude de Saint-Martin, 1824.)
Edition originale
Titre original : Lettre à un ami ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française ; suivies du Précis d’une conférence publique entre un élève des Écoles Normales et le professeur Garat.
Nom d’auteur : Auteur
Date de parution : An III [mai 1795]
Edition originale : Paris, J.-B. Louvet et Migneret
Format : in-8°,
Np pages : 83 p.
For human Weal Heav’n husbands all Events.
Night-Thoughts. Night I. V. 105
Sommaire
Pas de sommaire
L’œuvre présentée par son auteur
On me presse toujours d’écrire, particulièrement l’ami Gom… [Gombault] et cela sur la politique et la Révolution, attendu que la liberté de la presse peut me laisser la facilité de me développer. J’ai, j’en conviens, de grandes choses à dire sur ces grands objets ; mais ce qui met beaucoup de lenteur dans l’exécution d’une pareille entreprise, c’est en général le peu de fruit que je vois que l’on peut attendre des livres, et les avances énormes qu’il faut faire en travail et en idées avant de prétendre à une récolte qui encore est si casuelle qu’on n’ose seulement pas y compter. En effet il faut premièrement faire le livre, secondement le bien faire ; il faut ensuite que les hommes le lisent, il faut qu’il leur convienne et qu’il leur plaise surtout par la forme ; il faut ensuite que le fond les attache et les surprenne ; il faut après cela qu’ils se déterminent à s’en approprier les principes et à les mettre en valeur et en pratique. Quel est l’écrivain sur la terre qui puisse se flatter d’un pareil succès. Non sûrement ce n’est point en lisant nos livres que les hommes nous récompensent de les avoir faits ; car ils ne lisent point, et ne savent pas lire. Nous en sommes récompensés par l’oeuvre même qui passe en nous avant de passer par notre plume. Aussi je n’ai pas encore renoncé à faire le petit ouvrage qu’on me demande, sans compter le grand ouvrage dont j’ai déjà tous les matériaux et qui ne finira qu’avec ma vie.
(Mon Portrait, n° 466.)
Texte intégral
- Sur le site de la BnF (Gallica 2) : Édition originale, J. B. Louvet, Paris, 1794-1795. Suivies du Précis d’une conférence publique entre un élève des Ecoles normales et le professeur Garat…
- Sur Google livres : Édition originale, J. B. Louvet, Paris, 1794-1795. Suivies du Précis d’une conférence publique entre un élève des Ecoles normales et le professeur Garat.
Editions suivantes
- Lettre à un ami […], dans Controverse avec Garat, précédée d’autres écrits philosophiques, Paris, Fayard, « Corpus des œuvres de philosophie en langue française », 1990, p. 45-122.
- Lettre à un ami […], avec introduction, notes et bibliographie par Nicole Jacques-Lefèvre, Grenoble, Jérôme Millon, collection « Atopia », 2005, 296 p.
- De la nature des signes, L’Arbre d’or, texte intégral imprimable, 172 p. (e-book, Pdf). Ce titre regroupe plusieurs textes du Philosophe inconnu : Lettre à un ami ou Considérations politiques… ; Éclair sur l’association humaine ; Réflexions d’un observateur sur la question : Quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale des peuples ? ; Essai sur les signes et sur les idées, relativement à la question de l’Institut : Déterminer l’influence des signes sur la formation des idées.
Traductions
- Sendschreiben an einen Freund, oder höhere Betrachtungen über die französische Revolution. Von dem unbekannten Philosophen Saint-Martin, dans Denkwürdigkeiten und Vermischte Schriften, traduit par Karl August Varnhagen von Ense, Bd VI, 2 Aufl., Leipzig, Brockhaus, 1843. Cette traduction est précédée d’une préface du traducteur, datée de « Karlsruhe, en juin 1819 » (Karlsruhe, in Juli 1819).
Etude
Voir Présentation du texte par Jacques Matter :
Saint-Martin, le philosophe inconnu sa vie et ses écrits, son maitre Martínez et leurs groupes d’après des documents inédits, par Jacques Matter
- Présentation du texte par Adolphe Franck : Extrait de La Philosophie en France à la fin du XVIIIe siècle, Saint-Martin et son maître Martinès Pasqually.
- Sur ce site : 1789 : « Interprétations eschatologiques de la Révolution française », par Nicole Jacques-Lefèvre : l’événement révolutionnaire est perçu par Saint-Martin dans l’évidence d’un scénario providentiel, et se déchiffre comme le signe éminemment positif de l’entrée dans une ère nouvelle. La Révolution est à la fois refondation et annonce d’une création continuée, ouvrant une voie de régénération pour l’homme et l’univers.
- Sur ce site : « Louis-Claude de Saint-Martin au milieu des troubles révolutionnaires », par Kiwahito Konno : la Révolution française eut une signification exceptionnelle pour Saint-Martin. Elle ne fut pas un simple incident politique mais un événement religieux sans pareil qui ébranla le fond de sa pensée.