6° : Fabre D’Olivet, A – Raimond – Bredin, C-J. – Willermoz, J-B. – Rahel – Varnhagen von Ense – Ringseis, J – Baader, F – Bernard, J-J. – Schelling, F. W. – Eckstein, B. – Gounouilhou, P. C. – Soumet, A. – Baader, F. – Dampierre, A. E. – Gence, J-B-M. – Jolly, T-F. – Lanjuinais – Hesse, C.
Sommaire
1820
FABRE D’OLIVET, Antoine
182(?)
« À cette époque, St Martin vivait encore. J’aurais pu le voir et faire sa connaissance. Il était intimement lié avec M. Lenoir de la Roche. Bonnard lui-même m’en parla quelquefois. Mais jamais je ne me sentis disposé à aller à lui. Il me semblait que les faits intellectuels qu’un homme possède, il doit les garder pour lui seul ; s’en servir pour assurer sa marche morale, sans les communiquer aux autres, à l’effet surtout de s’en faire un titre à leur croyance ou à leur admiration ; car l’influence des faits de quelque nature qu’ils soient, est toujours bornée à celui qui l’éprouve et ne peut pas agir hors de sa sphère d’activité. Ainsi je pensais que l’homme témoin d’un miracle y peut ajouter foi et se conduire en conséquence, sans prétendre dans aucun cas que sa parole suffise pour régler la conduite de qui que ce soit… »
Mes souvenirs, introduction et notes par G. Tappa et Cl. Boumendil, Nice, Bélisane, 1977, p. 274.
Cette œuvre importante a été mise en pièces par des mains inconnues. Le fragment relatif à Saint-Martin vient après une lacune importante et débute au milieu d’une phrase. Dans la partie détruite, Fabre d’Olivet devait évoquer l’apparition miraculeuse d’une femme qui l’avait aimé et qui était morte.
Cf. CELLIER, Léon, Fabre d’Olivet, Paris, Nizet, 1953, p. 114-115, 406-412. FABRE D’OLIVET, La Vraie Maçonnerie et la Céleste Culture, texte inédit présenté par Léon Cellier, P.U.F., 1972.
1821
RAIMOND
18 juin 1821
« Votre lettre m’a trouvé dans les Soirées de St. Pétersbourg dont je suis enchanté […] Saviez-vous que le bon St Martin en mourant refusa le ministère d’un prêtre ? Cette anecdote bien douloureuse est consignée dans cet ouvrage. Comme cela prouve la scientia inflat ! »
Raimond à Jean-Baptiste Willermoz, 18 juin 1821, s. l. Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Willermoz, cote 5899.
De Raimond, Grand Profès à Besançon, correspond avec J.-B. Willermoz pour le tenir au courant de ses efforts en vue de reconstituer le Rite Écossais Rectifié dans cette ville. Il est faux que Saint-Martin ait refusé le secours d’un prêtre : cf AMADOU, Robert, « La mort du Philosophe inconnu », Mercure de France, juin 1960, p. 284-305.
BREDIN, Claude-Julien
2 juillet 1821
« Saint-Martin a bien raison de regarder le sentiment d’admiration comme une prière véritable ; je viens d’en éprouver tout le charme. »
Claude-Julien Bredin à Ballanche, 2 juillet 1821. Claude-Julien Bredin (1776-1854). Correspondance philosophique et littéraire avec Ballanche, publiée et commentée par Auguste Viatte, Paris, éd. de Boccard, 1927.
Auguste Viatte signale en note que Bredin avait « copié de sa main de larges extraits » de la Lettre sur la Révolution, dans laquelle Saint-Martin exprime cette idée.
WILLERMOZ, Jean-Baptiste
12 août 1821
« Je reviens avec vous sur l’article de Pasqually et de son manuscrit sur lequel on vous a fait tant d’historiettes, comme sur l’ouvrage de Saint-Martin qui est, dit-on, tiré littéralement des Parthes, et qui en sort comme j’en suis sorti. […] M. de Saint-Martin, officier dans le même régiment où M. le duc de Choiseul, voisin de son père, l’avait placé, reçu dans les hauts grades de l’ordre, très longtemps après ces deux Messieurs, et deux ans après moi, a tenu habituellement la même marche, et s’établissait pensionnaire de Pasqually pendant tout le temps d’hiver qu’il ne donnait pas à son père. Ayant quitté le service avec le blâme de son père et de M. de Choiseul, il vient à Lyon et vint d’amitié loger chez moi qui demeurais alors aux Brotteaux où il a composé son livre des Erreurs et de la Vérité. Il aurait voulu y dire beaucoup de choses importantes, mais lié comme moi et les autres par des engagements secrets, il ne le pouvait pas. Désespéré de ne pouvoir pas se rendre par cet ouvrage aussi utile qu’il le désirait, il le fit mixte et amusant par le ton de mystère qui y régnait. Je ne voulus y prendre aucune part. Deux de mes amis et principaux disciples littérateurs lui persuadèrent enfin de refaire son ouvrage. Il le refit avec eux sous mes yeux tel que vous le connaissez. Aux hautes connaissances qu’il avait acquises de Pasqualy, il en joignit de spéculatives qui lui étaient personnelles. Voilà pourquoi tout n’y est pas élevé et qu’il s’y trouvé quelques mélanges ; voilà aussi comment cet ouvrage est venu des Parthes ! Risum teneatis ! »
Jean-Baptiste Willermoz à Jean de Türkheim, 12 août 1821. VAN RIJNBERK, Gérard, Un thaumaturge au XVIIIe siècle, Martines de Pasqually, Paris, Alcan, 1935, t. I, p. 134 s.
RAHEL
11 septembre 1821
« Die Blume aller guten Bekanndtschaften machte aber Franz Baader aus München aus, den wir die ersten 14 Tage bis er reiste ununterbrochen sahen. Vom ersten Tag der Bekanndtschaft kamen wir auf St. Martin und die tiefsinnigsten Gesprâche, er gab uns eine Brochure von sich und hielt uns vormittags und nachmittags complete Vorlesungen drüber, die ich ohne Fragen und Einwürfe nicht hingehen lies. »
(« Mais la fleur de toutes les connaissances agréables que nous fîmes, ce fut Franz Baader, de Munich, que nous vîmes pendant les deux premières semaines, sans interruption jusqu’à son départ. Dès le premier jour où nous fîmes connaissance nous en vînmes à parler de Saint-Martin et eûmes les entretiens les plus profonds. Baader nous donna une brochure qu’il avait écrite et sur laquelle il nous fit, le matin et l’après-midi, des exposés complets que je ne laissais pas d’entendre sans poser des questions ni faire des objections. »)
Rahel à Ludwig Robert, Dresde, 11 septembre 1821. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. I, p. 477.
VARNHAGEN von ENSE, Karl August
1821
Article intitulé « Saint-Martin ».
Denkwürdigkeiten der eignen Lebens, 2. Auflage, Leipzig, Brockhaus, 1843-1859, 9 Bde, Bd IV, 1843, p. 27-32.
RINGSEIS, Johann Nepomuk
(entre 1821 et 1823)
« Vielleicht war es damals, dass der junge und begabte Jurist Ernst v. Moy, Sohn eines franzosischen Emigraten und selber mit aller Lebhaftigkeit ausgestattet, ich weiss nicht mehr in wessen Gesellschaft zu mir kam. Der Aufklârung zugewandt, fühlte der Jüngling sich betroffen von meinen Aeusserungen über Philosophie und Christentum ; ich rieth ihm, St. Martin zu lesen, er tat es und so begann in ihm die Wendung zurück zum christlichen, zum katholischen Glauben, in welchem er, ein treuer, warm und offen bekennender Sohn der Kirche, gelebt hat und gestorben ist. »
(« C’est peut-être à cette époque-là que le jeune et doué juriste Ernst v. Moy, fils d’un émigré français et lui-même pourvu d’une grande vivacité d’esprit, me rendit visite en compagnie de je ne sais plus qui. Tourné vers l’Aufklârung, ce jeune homme se sentit touché par ce que je disais de la philosophie et du christianisme ; je lui conseillai de lire St Martin ; il le fit, et c’est ainsi que s’opéra en lui un retour vers le foi chrétienne, catholique, dans laquelle il vécut et mourut comme un fils fidèle de l’Eglise, à la foi ardente et sincère. »)
Erinnerungen, Hrsg. v. Emilie Ring seis, 4 vol., Ratisbonne, 1886-1892, t. II ; Cf. aussi t. I, 1886, p. 257 et 307.
1822
BAADER, Franz von
8 avril 1822
(Cette lettre date-t-elle du 8 ou du 22 avril ?)
« Le Comte de Divonne possède une partie considérable des papiers laissés par Saint-Martin, et aussi du maître de ce dernier M. Pasqualis, et précisément les manuscrits de l’Ordre, qui, à vrai dire, s’est dissous par la faute des disciples… »
Franz von Baader au baron von Yxküll, 22 avril 1822. Sàmtliche Werke, Leipzig, 1857, XV, 377, cité dans la traduction de VAN RIJNBERK, Gérard, Un thaumaturge au XVIIIe siècle, Martines de Pasqually, Paris, Alcan, 1935, t. I, p. 93.
BERNARD, Jean-Jacques
1822
« Nous croyons pouvoir citer à l’appui de ces allégations, quelques fragments tirés des ouvrages d’un Théosophe que la France doit s’honorer d’avoir vu naître et qu’elle appréciera mieux dans un temps qui n’est pas éloigné ; je veux parler de M. Saint-Martin ( sic ). Il mourut en 1805 ( sic ), à la maison de campagne du sénateur Lenoir- Laroche. Ses principaux ouvrages ont été traduits en allemand, en anglais et en russe : au-dessus de toute influence, amant passionné de la vérité, il vécut pour elle et semble en avoir été toujours l’organe et le digne interprète. L’étonnante Mme de Staël-Holstein, dans son intéressant ouvrage sur l’Allemagne, où elle jette un coup d’œil approbateur sur la doctrine théosophique, prouve qu’elle sut l’apprécier. M. le comte de Maistre lui rend une justice plus éclatante dans l’ouvrage si important qui a couronné ses travaux : on peut assurer même sans crainte de se tromper, que la solution de toutes les questions importantes traitées dans les Soirées de Saint-Petersbourg […] est puisée dans les principes ou les écrits de M. Saint-Martin […]
Voici un acrostiche qui fut fait à l’époque de la mort de Saint-Martin, et qui caractérise assez bien ce vrai sage :
Sa profonde sagesse excitera les hommes
À suivre les sentiers de l’aimable vertu,
Il se plut à prouver dans l’exil où nous sommes
Notre haute origine… et tant qu’il a vécu
Terrassa les erreurs de la philosophie.Maître doux et modeste, il consacra ses soins
À ranimer pour Dieu le zèle des humains :
Respectons sa mémoire en imitant sa vie
Tes œuvres, ô grand homme ! en ces jours ignorées
Illustreront ton nom et feront mieux connaître
Notre religion et ses livres sacrés. »L.G.G.
Opuscules théosophiques, auxquels on a joint une défense des Soirées de Saint-Petersbourg, par un ami de la sagesse et de la vérité, Paris, Migneret, 1822, p. 11-12 (n. 1).
L’ensemble de l’ouvrage est un commentaire de la théorie saint-martinienne. Cf. l’analyse de Auguste VIATTE, Les Sources occultes du romantisme, Paris, Champion, 1965, t. II, p. 284.
J. Bernard annonce dans ce même ouvrage la réimpression de l’Esprit des choses et de la Lettre à un ami (p. 18), et cite de nombreux extraits des œuvres de Saint-Martin ( passim ).
SCHELLING, Friedrich Wilhelm
1822
« Man muss Jakob Bohme, bei dem alles noch lauter und ursprünglich ist, wohl unterscheiden von einer andern Klasse von Mystikern, bei denen nichts Lebendiges und Ursprüngliches mehr anzutreffen, alles schon korrupt ist ; in diese Klasse gehort besonders der bekannte St. Martin, man hort in ihm nicht mehr, wie in J. Bohme den ursprünglich Ergriffenen, sondern nur den Konzipisten oder Sekretâr fremder Ideen, die noch über dies schon zu Zwecken anderer Art zubereitet sind ; was bei J. Bohme noch lebendig ist, ist bei ihm abgestorben, nur gleichsam noch das Kadaver, die einbalsamierte Leiche, die Mumie eines ursprünglich Lebendigen, wie sie in geheimen, zugleich alchemische, magische theurgische Zwecke verfolgenden Gesellschaften vorgezeigt wird. Vor solchen Mysterien zu warnen, ist Pflicht, zumal wenn man weiss, wie man leicht wissen kann, dass dieser Mystizismus seine Anhanger nicht in den gesunden, sondern gerade in den korrupten Klassen der Gesellschaft gefunden hat. »
(« Jacob Bohme, chez qui tout est encore pur et original, doit être bien distingué d’une autre classe de mystiques chez lesquels on ne trouve plus rien de vivant ni d’original, tout y étant déjà corrompu. Le fameux St-Martin, particulièrement, fait partie de cette classe. On n’entend plus chez lui, comme chez J. Bohme, l’homme saisi par des forces originelles, mais seulement le faiseur d’ébauches, ou le secrétaire des idées d’autrui, encore celles-ci sont-elles accommodées à des buts étrangers à leur nature première. Ce qui est encore vivant chez Bohme est, chez lui, privé de vie, ne se présente plus que sous forme de cadavre, en quelque sorte, de corps embaumé, de momie de ce qui fut originellement quelque chose de vivant, momie comme on en produit dans les sociétés secrètes poursuivant des buts à la fois alchimiques, magiques et théurgiques. C’est un devoir de mettre en garde contre de tels mystères, surtout quand on sait — et il est facile de le savoir — que ce mysticisme a trouvé ses partisans non pas dans les classes saines de la société, mais justement dans celles qui sont corrompues. »)
Zur Geschichste der neueren Philosophie, Darmstadt, 1953, p. 162 (Édition originale : 1822, première version de cet ouvrage que Schelling a remanié à Munich par la suite)
1823
ECKSTEIN, baron d’
1823
Annales de la littérature et des arts – p. 36 : « Nous citerons M. l’abbé Bar[ruel] qui a pris la forme pour le fond même des institutions, et parce que, de tout temps, il a existé des sectes, des mystères et des associations clandestines, a voulu assimiler Manès et les manichéens, Saint-Martin et les théosophes, aux misérables de l’espèce d’un Weisshaupt, fondateur de la coterie des illuminés de Bavière, et aux philosophistes du siècle de Louis XV. »
117 : « À côté d’associations théosophiques qui ont voulu s’emparer du gouvernement, il en a toujours existé dont la tendance n’était que purement spéculative ; telles furent les Cabbalistes, parmi les Juifs, les Alchimistes et Roses-Croix du seizième siècle. Au milieu d’eux se trouvent des esprits profonds, que le grand Kepler lui-même consulta ; l’étonnant Jacob Bohme et ses partisans ; enfin, de nos jours, les Martinistes, sur le compte desquels les copistes de M. l’abbé Baruel ont publié tant de sottises, et que le comte de Maistre a su si justement apprécier. »
245 : « Les réunions maçonniques modernes n’eurent donc rien de commun avec les associations des Maçons, chevaliers et artistes du Moyen Âge. Il y eut néanmoins plusieurs affiliations de Rose-Croix théosophes, et plus tard, de Martinistes, qui s’enveloppèrent du manteau d’une sorte de maçonnerie religieuse et scientifique, plus ou moins pure ou erronée, mais sans contact avec l’esprit du siècle. »
Annales de la littérature et des arts, Journal de la société des bonnes lettres, Paris, au bureau des Annales de la littérature et des arts, 1823, t. X, p. 36 : « Modifications apportées au plan et au système suivis jusqu’à ce jour dans la rédaction des Annales », p. 117, 245 : « Sur les sociétés secrètes, par rapport aux mouvements révolutionnaires de l’époque ».
GOUNOUILHOU, Philippe Camille
1823
« J’ai été frappé de la concordance de certains auteurs intérieurs, tels que St Martin, Mme Guyon, Fénelon, Mr de Divonne ; etc, que la foule flétrit sous le nom d’« illuminés », mais que je vous engage à lire avec la sérieuse attention qu’ils méritent, en écartant toutefois beaucoup de choses qui tiennent à une imagination abusive. »
MSS Archives Etienne Hauger, à Marseille.
SOUMET, Alexandre
1823
« Il fut publié à Edimbourg, en 1775, un ouvrage attribué à M. de Saint-Martin, ayant pour titre : Des Erreurs et de la Vérité. Cet ouvrage, qui n’a rien de commun avec celui que nous annonçons, s’est acquis une grande célébrité parmi les théosophes, et il a été écrit plutôt pour des adeptes que pour le vulgaire des lecteurs. M. de Saint-Martin s’efforce de nous ramener, dans son livre, à cette puissance des nombres dans laquelle Pythagore entrevoyait tant de mystères ; il représente quelquefois des vertus par des chiffres, et des affections par des figures de géométrie (1). Cette manière symbolique d’exprimer certaines opinions pouvait sembler convenable dans les temps du paganisme ; mais elle n’est plus en harmonie avec l’état actuel de la civilisation. »
(1) « Voyez page 416 et suiv., le chapitre intitulé : « Du nombre quaternaire et de la racine carrée » . On est fâché de rencontrer de semblables idées dans un ouvrage qui renferme des vues profondes et quelquefois sublimes. »
« Critique littéraire : Études morales, politiques et littéraires… par M. Valéry », La Muse française, cinquième livraison, novembre 1823, éd. Jules Marsan, Paris, Cornely, 1907, t. I, p. 240-241.
1824
BAADER, Franz von
6 avril 1824
« In Bezug auf eine Ausserung in Ihrer Schrift muss ich E. H. W. angelegen warnen, sich ja nicht, was zum Tell Maistre’n widerfuhr, durch eine vorgefaste Meinung von dem tieferen und unausgesetzen Studium der Schriften Bohms und St. Martins abhalten zu lassen. Die lichtvollsten Ideen hat Maistre eben von St. Martin, den er ohne hinreichenden Grund verkezert, und um wie vieles gründlicher würde z. B. nur seine Abhandlung über die Opfer geworden seyn, wenn er gründlich gekannt hâtte, was J. Bohm und St. Martin hierüber lehrten ! Uberhaupt achte ich, dass die Bewâhrung und Vertheidigung des Romisch-Katholischen Kirchlichen Lehrbegriffs noch tiefer zu fassen ist, als selber in E. H. W. Schrift geschehen, und dass die Weise der neuern Polemik (wie sie z. B. Haller etc. führt ganz nichts taugt. »
(« À propos d’une opinion que vous avez exprimée dans votre écrit, je tiens particulièrement à vous mettre en garde ne vous laissez pas — ce qui est arrivé en partie à Maistre — détourner, par une opinion préconçue, de l’étude approfondie et continuelle des écrits de Bohme et de St Martin. Maistre doit à St-Martin les idées les plus lumineuses, mais sans raison valable il l’accuse d’hérésie. Et puis, combien plus profond aurait été, par exemple, son traité sur les sacrifices (pour ne citer que cela) s’il avait connu à fond ce que J. Bohme et St-Martin enseignèrent à ce sujet. De toute façon j’estime que la confirmation et la défense de la doctrine ecclésiastique du catholicisme romain doivent être comprises d’une façon encore plus profonde qu’il apparaît dans votre écrit, et que la méthode de la polémique moderne (celle qu’emploie, par exemple, Haller) ne vaut rien du tout. »)
Franz von Baader à Windischmann, 6 avril 1824. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F. 1967, t. I, p. 373.
RAHEL
11 septembre 1824
« Der ist kein Lehrer für mich, in dem ich Gott verehre, den ich lieben muss, weil ihn Gott begabte und ihm in Klaarheit überlies, was uns alle aufklâren soll ; und der mit reinen, regen, starken Willen bewusstvoll ausführt, zu erg erschaffen ! Das ist kein Fichte, kein Gœthe, kein Lessing, kein St. Martin ! Solche vergottre ich. Und beuge mich freudig in Stolz : sie sind ja mein Geist ! »
( « Il n’est pas un maître pour moi, dans lequel je vénère Dieu, celui que je dois aimer, parce que Dieu l’a gratifié et lui a fait voir avec clarté ce qui doit nous éclairer tous ; et celui qui, avec une volonté pure, active et forte, exécute en pleine conscience ce pourquoi il a été créé ! Ce n’est pas un Fichte, ni un Gœthe, ni un Lessing, ni un St Martin ! Ceux-là je les porte aux nues. Et je m’incline joyeusement dans la fierté : c’est qu’ils sont mon esprit ! »)
Rahel à Hermann Fichte, Berlin, 11 septembre 1824. SUSINI, Eugène, Correspondance inédite, op. cit., t. I, p. 478.
DAMPIERRE, A. Esmonin de
1824
À propos de la théorie des sacrifices, recommande la lecture du Ministère de l’homme-esprit, Paris, 1802, p. 145 et suivantes.
Vérités divines pour le cœur et l’esprit, par M. de D…, Lausanne, 1824, chez Daniel Pétillet, p. 229 (n.)
GENCE, Jean-Baptiste-Modeste
1824
Notice biographique sur Louis Claude de Saint-Martin ou le Philosophe inconnu, Paris, Migneret, 1824.
Cette notice tirée à part est reproduite dans Biographie Michaud, article Saint-Martin, tome L, 1825, p. 19.
JOLLY, Toussaint-Félix, chanoine
1824
« Art 13 : Crédulité ridicule. L’importance donnée dans le dix-huitième siècle, même parmi les personnes les plus élevées, aux rêveries absurdes des sophistes, et aux extravagances des charlatans, tels que les Saint-Martin, les Mesmer, et les Cagliostro, etc ; tandis que l’on refusait de croire aux vérités, tout à la fois si consolantes, si sublimes et si simples de l’Évangile. »
Mémorial sur la Révolution française, ses causes, ses promesses et ses résultats, Paris, Imprimerie écclésiastique de Beaucé-Rusand, 1824, p. 208
LANJUINAIS
1824
« M. (J.-B.-M.) Gence, connu par plusieurs ouvrages, surtout par une nouvelle et excellente traduction de l’Imitation de Jésus-Christ, et par divers articles de la Biographie universelle, se plaint, dans la préface de cette notice, de ce qu’elle a été tronquée et défigurée dans la Biographie universelle. On sait que M. de Saint-Martin, dont il décrit la vie et indique les ouvrages, né le 18 janvier 1743, à Amboise, et mort le 13 octobre 1803, près Paris, fut un célèbre illuminé, un théosophe, et, comme dit M. Gence, un modeste savant et un spiritualiste si profond, qu’il est souvent impossible de le comprendre. Sa philosophie plus étendue que celle des anciens brahmanes, des bouddhistes, de Socrate, de Platon, des juifs cabalistes, des sophis ou moines musulmans, et des grands alchimistes du XVI e siècle, n’est pas exempte de quiétisme ; elle ressemble beaucoup à celle de Jacob Boehm, longtemps pâtre, et cordonnier, avant qu’il écrivit ses ouvrages obscurs sur de prétendus secrets rapports entre le ciel et la terre ; elle a aussi des points de contact avec certaines doctrines de Swedenborg, dont il semble pourtant n’avoir pas adopté la nouvelle Jérusalem venue du ciel en 1757. En un mot, la théorie mystérieuse de M. de Saint-Martin est bâtie sur le théisme et sur la religion chrétienne, à laquelle il ajoutait, comme tous les théosophes, et retranchait ce qu’il jugeait à propos, d’après ce qu’il apprenait ou croyait apprendre en unissant son âme au principe universel. Martinez Pascalis, autre théosophe, mais docteur théurgique, avait été le premier maître de M. de Saint-Martin ; le second fut Jacob Boehm dont il traduisit plusieurs ouvrages. De son nom et de celui de Martinez est venu le nom de martinisme, pour désigner la doctrine commune d’illumination et de correspondances qu’ils ont enseignée toute leur vie (Voy. Histoire des sectes religieuses ; par M. Grégoire, ancien évêque de Blois, tome 1 er, p. 400 et suiv.). Il faut avouer que, dans les livres des théosophes, il y a parfois des développements dignes d’attention et d’intérêt. »
Compte-rendu, sous le n° 99, de la Notice biographique sur Louis-Claude de Saint-Martin, ou le Philosophe inconnu, avec cette épigraphe : In eo spiritus veritatis loquebatur, et non cognoverunt eum. Paris, 1824 ; in-8e de 28 pages. In Revue encyclopédique ou analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans les sciences, les arts industriels, la littérature et les beaux-arts, par une réunion de membres de l’Institut et d’autres hommes de lettres, Paris, bureau de la Revue encyclopédique, t. XXIV, octobre 1824, p. 199-200.
Dans cette revue, dont le tome I est publié en 1819, Lanjuinais recense régulièrement les livres de sciences religieuses, morales, politiques, et historiques.
HESSE, C. (pseudonyme LENNING C.)
1824
« Saint-Martin », dans Encyclopâdie der Freimaurerei […], vol. II, 1824, p. 391-400.
Texte reproduit, traduit et présenté par Antoine Faivre dans Les Cahiers de Saint-Martin, Nice, Bélisane, 1984, vol. V, p. 63-82.