4° : Baader, F. – Bourbon, duch. – Creuzer, F. – Herbort, F. – Lenoir-Laroche, J-J. – Meyer, C. D. – Pétillet, D. – Sailer, J. Mi. – Sal(t)zmann, F-R. – Schlegel, A-G. – Schlegel, F. – Thory, C. A.
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1810
BAADER, Franz von
20 janvier 1811
« Notre moral et notre phisique ne vont nullement d’accord et même hors de nous le phisique n’est pas, comme nous souhaitons et sentons que ce devrait être, un conducteur libre du moral. Pour faire donc pleine justice à notre moral, il nous faut absolument un autre phisique. C’est en effet notre moral lui-même qui fait de notre phisique un autre phisique, d’abord qu’il entre en lui, et qui s’assimile ce phisique — (transmutation des métaux) — mais un autre phisique dominant et absorbant celui-ci est un miracle pour celui-ci : ainsi il nous faut absolument des miracles, et le désir et la croyance des miracles (d’un nouvel homme comme d’une nouvelle terre et d’un nouveau ciel) est inséparable de la moralité de l’homme. »
– « L’agneau et le lion (l’amour et la colère (justice) de Dieu — le fils et le père) sont un et le même être — l’agneau porte toujours le cœur du lion, et comme celui-ci le cœur de l’agneau. Le pécheur en chassant l’agneau de son intérieur, retrouve ce même agneau sous forme de lion hors de soi, partout aux frontières de son être, le tourmentant et le menaçant, seulement pour lui faire sentir qu’il ne peut pas se passer de l’agneau, et qu’il lui fasse jour de nouveau en son cœur — le père réclame et redemande son fils, et il rage jusqu’il le retrouve — il le redemande éternellement à la créature, parce qu’il est le créateur, et que la créature ne peut jamais se séparer de lui, quoiqu’elle puisse se séparer du fils — mais ses menaces et ses tourments n’ont pour but que de solliciter le pécheur qu’il fasse jour de nouveau en son cœur à l’agneau, qu’il régénère le fils en soi — Enfin c’est la même Unité, laquelle en agissant dans le centre de la créature, la formait organiquement en sphère, et la quelle agissant hors du centre c’est-à-dire dans la périphérie forme cette même sphère, mais à présent mécaniquement, par compression, force extérieure, loi dure pesant et comprimant. Celui dans lequel l’esprit de la loi vit ; dit Saint Paul, n’est pas sous la loi, ne suit pas la compression extérieure de cet esprit. L’esprit ne pèse pas sur lui, parce qu’il le porte et entraîne en lui ! Nos philosophes ont fait une confusion terrible en confondant cette double manière d’être en Dieu, centrale ou organique (régénérée) et périphérique ou mécanique (irrégénérée), et les athéistes, qu’ils nient le Dieu vivant en nous, et qu’il nous disent que le Dieu n’est que hors de nous (Nature, Fate), ont raison autant que ce Dieu ne se trouve vraiment pas dans le cœur de l’homme irrégénéré ou du Diable, et que ceux-ci ne le trouvent et sentent que hors d’eux comme une terrible barrière ! »
Lettre en français de Franz von Baader au comte Louis de Divonne, Vienne, 20 janvier 1811. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. I, p. 268 – 269.
LENOIR-LAROCHE, Jean-Jacques
9 mars 1811
Lenoir-Laroche recommande fortement De Laage, « jeune homme intéressant » qui a fait connaissance à Nantes de M. de Joux, président du consistoire, qui l’a initié aux premiers mystères d’une philosophie qu’il cultive depuis longtemps »: De Laage est « un véritable Homme de Désir. Il a déjà lu plusieurs des livres de notre ancien ami St- Martin ».
Lenoir-Laroche à Jean-Baptiste Willermoz, 9 mars 1811, s. l. Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Willermoz, Ms n° 5890
SCHLEGEL, Dorothea
5 mars 1811
« J’ai lu Richard III et je vous ai béni ; je n’ai lu qu’une seule fois le Théâtre espagnol, mais il faut le lire plusieurs
fois ; et maintenant je lis, à côté de St Martin, la troisième partie du Cours Dramatique. »
Dorothea Schlegel à Auguste-Guillaume Schlegel, Vienne, 5 mars 1811. KORNER, Joseph, Krisenjahre der
Frühromantik, Brünn, Leipzig, Wien, 1936-1937, vol. II, p. 193-194.
SCHLEGEL, Frédéric
13 mars 1811
« Une recension de toi sur St Martin serait une chose remarquable. Baader est maintenant ici, pourtant si je ne le vois pas très souvent, c’est avec d’autant plus de profit. Il semble avoir du penchant pour moi et de la confiance en moi et j’ai déjà beaucoup appris de lui, j’ai aussi, par la même occasion lu quelques œuvres de St Martin. Il ne peut sans doute pas y avoir de meilleur et de plus profond franc-maçon ni théosophe que Baader. De quelle infinie hauteur il domine Schelling et les autres philosophes de la nature. »
Frédéric Schlegel à Auguste-Guillaume Schlegel, Vienne, 13 mars 1811. KORNER, Joseph, Krisenjahre der Frühromantik, Brünn, Leipzig, Wien, 1936-1937, vol. II, p. 195.
SAL(T)ZMANN, Friedrich-Rudolf
15 mars 1811
« St. Mn ist in Deutschland, und ich glaube besonders in Nord-Deutschland, sehr geschâtzt. »
(« Saint-Martin est très apprécié en Allemagne et particulièrement, je crois, en Allemagne du Nord. »)
Lettre inédite de Friedrich-Rudolph Salzmann à Johann Friedrich von Meyer, 15 mars 1811. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
SCHLEGEL, Frédéric
29 avril 1811
« Baader est encore ici et je le vois souvent et à cette occasion j’ai lu plusieurs choses de St Martin. Il a agi sur moi comme un stimulant pour la philosophie. »
Frédéric Schlegel à Auguste-Guillaume Schlegel, Vienne, 29 avril 1811. KORNER, Joseph, Krisenjahre der Frühromantik, Brünn, Leipzig, Wien, 1936-1937, vol. II, p. 200.
L’indication est confirmée par Hoffmann, Franz von Baader’s Samtliche Werke, Bd XV, Leipzig, 1857, qui écrit p. 53 :
« Pendant son séjour à Vienne qui avait pour but de promouvoir l’exploitation de sa découverte technique, Baader fréquenta essentiellement Frédéric Schlegel. Il est remarquable que Schlegel — et les dires de Varnhagen confirment ce point — n’exerça aucune influence sensible sur Baader, ni à cette époque, ni plus tard. Baader au contraire marqua très fortement Schlegel et, comme Varnhagen le confirme dans des explications écrites, il le remplit et le passionna tant, que longtemps encore il vécut entièrement dans le système des idées et des conceptions de Baader et abandonna les idées qu’il avait eues auparavant sur le symbolisme de l’architecture gothique, sur la franc-maçonnerie, sur le magnétisme vital, etc. »
SAL(T)ZMANN, Friedrich-Rudolf
10 juin 1811
« St Martins Schriften werden und künnen nie ein grofies Publikum haben. Ich glaube, dies seÿ die Ursache, warum Claudius nur das erste Buch desselben, das unter allen seinen Schriften gerade das unverstândlichste ist, nâmlich des Erreurs & de la Vérité, übersetzt hat. Das Tableau naturel etc. ist deutlicher und gleichsam ein Kommentar zum ersten. Noch verdienstlicher ist Sein Homme de désir und sein Nouvel Homme ; sehr metaphysisch sind seine Werke : Le ministère de l’Homme-Esprit, und l’Esprit des choses. Eben so metaphysisch oder philo sophisch ist seine Abhandlung über den Grund unserer Ideen, die in den Verhandlungen, der Ecole Normale steht, und gegen Garat’s Lehre gerichtet ist. »
(« Les écrits de Saint-Martin ne toucheront jamais, ne peuvent pas toucher le grand public. Je crois que c’est la raison pour laquelle Claudius n’a traduit que son premier livre qui, de tous ses écrits, est justement le plus obscur, à savoir Des Erreurs & de la Vérité. Le Tableau Naturel etc. est plus clair, c’est pour ainsi dire un commentaire du premier. Son Homme de désir et son Nouvel Homme sont d’un plus grand mérite encore ; le Ministère de l’Homme- Esprit et L’esprit des choses sont très métaphysiques. Tout aussi métaphysique et philosophique est son traité sur le fondement de nos idées qui se trouve dans les actes de l’École Normale et qui est dirigé contre l’enseignement de Garat. »)
Lettre inédite de Friedrich-Rudolph Salzmann à Johann Friedrich von Meyer, 10 juin 1811. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer
SAILER, Johann Michael
2 juillet 1811
« Was und wieviel die Bücher von Saint-Martin kosten, weiss ich nicht ; in München sind sie nicht mehr zu haben.
Buchhândler La Fontaine in Mannheim liefert sie Dir alle, aber sehr teuer.« Ich habe das « Ecce Homo » um einen Gulden 12 Kreuzer gekauft ; die übrigen wurden mir geschenkt. Ausser
dem « Ministère de l’Homme-Esprit », I. Band « de l’Esprit des Choses » (2 Bânde) habe ich jetzt aile ausgelehrnt. »(« Ce que coûtent les livres de Saint-Martin, je n’en sais rien ; à Munich on ne les trouve plus. Le libraire Lafontaine, à Mannheim, peut te les fournir tous, mais très cher. J’ai acheté l’« Ecce Homo » un florin 12 kreuzer ; on m’a offert les autres. À part le « Ministère de l’Homme-Esprit », le 1er volume « de l’Esprit des Choses » (2volumes), je me les suis maintenant tous procurés. »)
Johann Michael Sailer à Friedrich Karl von Savigny, Landshut, 2 juillet 1811. SCHIEL, Hubert, Johann Michael Sailer, Briefe, Ratisbonne, Fr. Pustet Verlag, 1952, p. 373.
HERBORT, Friedrich
25 juillet 1811
« […] Sie fragen mich in Ihrem Brief, welche Schriften von St. M. ich gelesen habe ? Beÿnahe Alle — und besitze selbst mehrere. Seit kurzem habe die œuvres posthumes. Partikularitâten, die nicht bekannt werden dürfen, weis ich auch von einem der ihn eine Leitlang frequentiert hat. DaB et tiefe Blicke gethan habe, ist unlâugbar, aber Eckartshausen giebt ihm nichts nach ; das beweisen einige von seinen Schriften, die man aber verstehen muh. »
(« Vous me demandez dans votre lettre quels sont les écrits de Saint-Martin que j’ai lus : presque tous — et j’en possède plusieurs personnellement. Depuis peu, j’ai les œuvres posthumes. Je tiens aussi de quelqu’un qui l’a fréquenté un certain temps (1) des précisions qui ne doivent pas être révélées. II n’est pas niable qu’il ait eu des intuitions profondes, mais Eckartshausen ne le lui cède en rien ; quelques -uns de ses écrits le prouvent, mais il faut les comprendre. »)
(1) Il s’agit du pasteur Fabre, de Concise, dans le pays de Vaud (Suisse). Sur lui, cf. FABRY, Jacques, Contribution à l’étude du sentiment religieux en Suisse allemande de 1770 à 1830, thèse de doctorat de troisième cycle, 1976, inédite. Un exemplaire se trouve à la bibliothèque universitaire de Bordeaux III.
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Friedrich Rudolf Salzmann, 25 juillet 1811. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
4 août 1811
« Faites-moi savoir le séjour actuel de M. de Balk et son adresse. Si Mlle Randall se rappelle le nom de ce bon excellent homme d ‘ Amboise qui nous apportait des manuscrits de St Martin, elle m’obligerait infiniment en me le donnant. C’est pour obliger M. Bader (sic) que j’ai beaucoup vu et qui m’a pris en singulière amitié — il faisait un peu de moi le missionnaire de ses mystères. C’est un singulier franc-maçon théosophe, qui réunit à son penchant pour les hautes sciences une grande habilité dans les affaires de ce monde. Il négociait avec le gouvernement pour abandonner sa place en Bavière et se fixer en Autriche. II a fait une découverte chimique fort importante pour la fabrication du verre ; il proposait d’acheter des terres en Bohème pour l’exécuter en grand, mais en demandant des avantages considérables. »
Auguste-Guillaume Schlegel à Mme de Staël, Zürich, 4 août 1811. PANGE, Comtesse Jean de, Auguste-Guillaume Schlegel et Mme de Staël, Paris, 1938, p. 303.
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
22 août 1811
« Je vous prie de dire à M. de Balk que M. F. Baader désire beaucoup se mettre en correspondance avec lui. Il m’obligerait infiniment s’il voulait me donner l’adresse de cet ami de St Martin qui est venu quelquefois d’Amboise à Chaumont. »
Auguste-Guillaume Schlegel à Mme de Staël, Berne, 22 août 1811. PANGE, Comtesse Jean de, Auguste-Guillaume Schlegel et Mme de Staël, Paris, 1938, p. 314.
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
Août 1811
« Enfin depuis que mes yeux se sont rouverts aux lumières divines, après que j’eus échappé à l’influence desséchante de ce siècle, je n’ai plus vu dans la philosophie qu’un guide qui nous conduit vers la porte du sanctuaire, en écartant les illusions et les erreurs importunes, et en vous habituant à ne considérer comme réel que ce qui est invisible, je n’ai plus vu dans la poésie et dans les beaux-arts qu’un reflet de la beauté céleste, une faible image de la perfection du monde primitif avant que la corruption l’eût défiguré et en eût détruit la ravissante harmonie.
[…]La méditation des vérités les plus hautes et peut-être les plus inaccessibles est donc pour moi un besoin impérieux, et c’est plutôt pour mon propre profit que pour celui des autres que je projette un ouvrage qui contiendra ma contemplation religieuse de la nature et de l’homme ; en tâchant de convaincre nies lecteurs ; je m’affirmerai moi- même dans le vrai.
C’est ce même besoin qui rend pour moi quelques écrivains, appelés théosophiques, presque plus importants encore que ceux qui ont le mieux développé la religion du cœur.
[…]Pour moi j’ai trouvé des impulsions puissantes et un grand affermissement dans la foi dans les Œuvres de Saint- Martin, à cause des besoins que j’ai de joindre la contemplation à la prière. »
Mme Ch. LENORMANT, Coppet et Weimar, Paris, 1862, p. 195, 196, 202. Auguste-Guillaume de Schlegel à Mathieu de Montmorency de Berne. KORNER date cette lettre d’août 1811 (Krisenjahre der Frühromantik, Bern, 1958, vol. III, p. 417).
SCHLEGEL, Frédéric
25 septembre 1811
« Prends soin de ta bibliothèque. L’endroit où elle se trouve actuellement n’est sûrement pas le meilleur pour elle. Le plus tôt serait le mieux pour l’éloigner de là, et on la conserverait sûrement très bien ici — Si seulement tu m’avais amené la dernière fois les œuvres posthumes de St Martin, j’aurais pu en tirer quelque chose pour le Museum patriotique. »
Frédéric à Auguste-Guillaume Schlegel. Post-scriptum à la lettre du 25 septembre 1811, datée de Vienne.
KORNER, Joseph, Krisenjahre der Frühromantik, Brünn, Leipzig, Wien, 1936-1937, vol. II, p. 234.
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
25 décembre 1811
« Il n’est rien de plus simple que le mot de Saint-Martin — il s’est un peu joué de Biot en l’arrêtant au premier pas — cependant il parlait à un mathématicien en figures de sa science. Les nombres irrationaux sont l’emblème du mal parce que leur base est contradictoire en elle-même et impossible à concevoir. D’ailleurs cette nature réfractaire d’un nombre s’oppose à toute progression vers un rang plus élevé, car pour élever un nombre à une puissance plus haute il faut replier son activité sur son centre, c’est-à-dire le multiplier avec sa racine. Or dans les nombres irrationaux cette racine est impossible à extraire. Saint-Martin a donc voulu dire que le monde a été créé pour dénaturer le mal, pour l’identifier avec le bien et que cela ne pouvant se faire par des moyens purement naturels et raisonnables, les voyes miraculeuses étaient préétablies par la création même.
Pour que tout ceci vous devienne parfaitement clair, je ne demande qu’une petite leçon d’algèbre à Auguste sur l’ extraction des racines et sur les puissances des nombres.
Biot, pour devenir un homme raisonnable, devrait entrer dans l’École de Pythagore et se taire pendant cinq ans. Les prêtres égyptiens l’auraient envoyé promener encore bien autrement que St Martin. »
Auguste-Guillaume Schlegel à Mme de Staël, Lausanne, 25 décembre 1811. PANGE, Comtesse Jean de, Auguste-
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
1811
« Le catalogue manuscrit des livres de la bibliothèque d’Auguste-Guillaume Schlegel, établi en 1811, donne sous les numéros 374 à 387 presque toutes les œuvres de Saint-Martin. »
Indication donnée par KORNER, Joseph, Krisenjahre der Frühromantik, Bern, 1958, vol. III, p. 232.
SCHUBERT, Gotthilf Heinrich
1811
Traduction de l’Esprit des choses, Leipzig, Carl Heinrich Reclam, 1811.
1812
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
1er janvier 1812
« Avez-vous lu quelque chose de mon St Martin ? Faites-le, je vous en prie, pour que je puisse écrire quelque chose de votre part à ce pauvre Pétillet, avec qui, dans son humble zèle, je pourrais peut-être mieux m’accorder qu’avec les maîtres de profession.
« Mme de Guyon était un modèle de résignation chrétienne dans les souffrances – soit – mais elle était femme, par conséquent peu appelée à agir. Elle n’avait d’autre contemplation que celle du cœur qui pourtant l’a menée fort loin. St Martin est un voyant et élargit l’âme et la place au-dessus d’une existence bornée en approchant du grand mystère et en dévoilant les différentes faces de la divinité. »
Auguste-Guillaume Schlegel à Mme de Staël, Berne, 1er janvier 1812. PANGE, Comtesse Jean de, Auguste-Guillaume Schlegel et Mme de Staël, Paris, 1938, p. 339-340.
PÉTILLET, Daniel
d.[Janvier ?]
« Martines ou autrement Mr Pasqualis, a fleuri pendant les 50 1e années de ce siècle et plus encore se dirait être le chef des 7 premiers porte-enseigne des Enfants d’Israël. Doit avoir eu de très grandes et profondes lumières que ses disciples, surtout l’abbé Fournier et Mr de St. Martin ont eu ordre de publier après sa mort arrivée à st Domingue en 1774.
Mr le chevalier de St Martin, Grand philo-théosophe de ces derniers temps, a cru trouver un nouveau moyen dans sa méthode, de persuader les déistes. Mais sa manière de philosopher n’a pas trouvé des esprits disposés à la recevoir. Ceux qui professent déjà le principe qu’il établit le comprendront. Mais ceux qui les ignorent, à moins d’un grand désir de connaître la vérité, seront aussi avancés après sa lecture qu’ils l’étaient avant de l’entreprendre. »
Cahier de Daniel Pétillet. s.d. FAIVRE, Antoine, Kirchberger et l’illuminisme du XVIIIe siècle, La Haye, Martinus Nijhoff, 1966, p. 194.
SCHLEGEL, Frédéric
4 janvier 1812
« Je t’avais en outre demandé de m’envoyer, si possible par des voyageurs (par Balk, par exemple), les œuvres posthumes de St Martin. Je voudrais en faire usage pour des extraits dans le Museum car, avec cette obligation mensuelle, je dois penser à avoir toujours prête une traduction intéressante aussi pour boucher les trous (zum ausfüllen), pour éviter de devoir prendre trop d’éléments nationaux. Les œuvres posthumes de Saint-Martin sont justement tout à fait de nature à donner de lui une idée à des hommes pleins d’esprit (geistvoll). D’ailleurs, j’ai choisi Bonald pour un but semblable — Je t’ai aussi demandé instamment de me procurer une contribution et un article de Mme de Staël (von der Staël). »
Frédéric à Auguste-Guillaume Schlegel, Vienne, 4 janvier 1812. KORNER, Joseph, Krisenjahre der Frühromantik, Brünn, Leipzig, Wien, 1936-1937, vol. II, p. 239.
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
10 janvier 1812
« Il y a dans le journal Europa un très bel article de mon frère sur Camoëns et la Lusiade, je ne sais pas dans lequel des deux volumes – je charge Cachet de vous les apporter, mais je vous prie de faire remettre ces volumes et celui de St Martin dans ma bibliothèque. »
Auguste-Guillaume Schlegel à Mme de Staël, Berne, 10 janvier 1812. PANGE, Comtesse Jean de, Auguste- Guillaume Schlegel et Mme de Staël, Paris, 1938, p. 345
Février-avril 1812
[…]« C’est pourquoi ce qui me paraît le plus important et le plus essentiel dans la littérature française la plus moderne, c’est ce retour dont j’ai déjà parlé à une philosophie morale supérieure, d’un platonisme épuré et chrétienne, telle qu’elle a existé même en France, ici et là, se détachant des gouffres de l’athéisme régnant. Dans une certaine mesure, celle-ci a commencé dès avant la révolution, à l’époque même de la plus grande corruption. […]
Mais ce retour est caractérisé le mieux par deux philosophes au plus haut point remarquables et exclusivement chrétiens dans leur intention. Le premier de ces deux St Martin avait, déjà avant la Révolution et pendant celle-ci, établi sous le nom du Philosophe Inconnu, dans une série d’œuvres qui restèrent inconnues du grand nombre mais agirent d’autant plus profondément sur les quelques élus (âuf die Wenigen), ce vieux système du spiritualisme qui semble nouveau à notre époque parce que ce qui est éternel lui est devenu étranger. L’autre cependant, Bonald, fut, depuis la révolution et pendant la période de lutte contre celle-ci, le meilleur et le plus profond défenseur de la constitution monarchique selon le modèle de l’ancienne France ; il chercha à fonder les principes essentiels et les particularités de celle-ci sur une théorie de l’État proprement chrétienne, comme il s’est élevé plus tard, dans ses derniers écrits, dans sa tentative d’une philosophie chrétienne, avec une relative clarté, jusqu’à l’idée du Verbe éternel et médiateur comme fondement de celle-ci.
Tous deux contiennent cependant, à côté de bien des éléments bons et remarquables, bien d’autres encore qui ont besoin d’être complétés ou rectifiés sur des points essentiels. Pour une part ceci tient à quelques préjugés français et aussi au fait que, bien qu’ils combattent contre leur époque, ils sont pourtant trop pris dans celle -ci et dans leur nation et ont par conséquent des conceptions inexactes des autres temps et des autres nations à moins qu’ils n’en manifestent une totale ignorance. Le préjugé national domine chez Bonald et le limite en bien des occasions ; par contre si le regard de St Martin ne fut absolument pas troublé dans la conception du système lui-même — car celui-ci se trouvait hors de tout contact avec la pauvre réalité de notre époque — il le fut pourtant dans son application à cause précisément de cet entourage qui s’y manifeste.
Cependant le reproche qu’on lui fait, en tant que catholique, d’entretenir un esprit d’opposition contre la constitution actuelle de l’Église est, pour ce qui le concerne, plus fondé sur des apparences que sur des réalités ; et s’il devait à meilleur droit, s’avérer juste pour quelques-uns de ses disciples en Russie ou en France, ceci n’est justement pas évident, car les successeurs et les disciples d’un grand homme, dans tout art et dans toute matière, ont l’habitude de retenir et de conserver de leur maître tout sauf les bornes d’une sage modération. Mais si St Martin ne cautionne pas entièrement l’état des affaires de l’Église à cette époque et particulièrement s’il déplore à haute voix la décadence de la science catholique il a sans doute pendant la sauvage période de la Révolution, dans l’époque troublée qui l’a précédée, eu des motifs de le faire, et l’ensemble des circonstances, telles qu’elles se présentaient jadis peut lui servir d’excuse suffisante. Pourtant l’incompréhension reste en soi une chose méprisable et nuisible au grand but de la religion, ce grand but qu’il travaille pourtant à promouvoir de toute la force de son esprit ; en effet l’incompréhension pourrait faire naître l’illusion que la connaissance du divin devrait être fondée exclusivement et seulement sur la perception intérieure et être trop séparée ou au moins éloignée de la tradition positive et de l’Église extérieure qui est son support naturel et sa forme essentielle. Mais nulle part St Martin n’a opposé en termes de lutte la vraie science à la religion ou élevé celle-là au dépens de celle-ci ; il ne fait qu’exprimer partout le souhait que la connaissance supérieure tout entière soit la propriété et l’instrument de la religion, qu’elle soit à nouveau réunie au clergé — ce en quoi se manifeste bien davantage un grand hommage rendu à sa vocation qu’un mépris de celle-ci suivant la mesure habituelle de l’esprit du temps, tel qu’il dominait, et suivant une philosophie vulgaire et sensualiste qu’il a infatigablement combattue pendant toute sa vie.
Tout ceci ne touche d’ailleurs que les rapports extérieurs ; la doctrine de St Martin n’est jamais en opposition avec le système même de la foi catholique et il est d’autant plus en harmonie parfaite avec celui-ci que sa philosophie n’est pas seulement une philosophie mosaïque, mais encore une philosophie véritablement chrétienne. Si on en juge d’ après son genre, et sans doute aussi d’après son origine, elle appartient à cette philosophie orientale et platonicienne qui, comme je l’ai observé plus haut, continua à vivre après la Réforme mais en secret, et se maintint par des traditions secrètes, car elle avait été chassée des écoles et des chaires d’enseignement ; et ses écrits contiennent encore la description la plus claire, la plus complète et la meilleure de celle-ci, au moins dans le domaine de la langue française et de la littérature qui jusque-là avait eu cours dans le siècle.
Si donc l’écrivain dont il est question ne peut pas véritablement avoir le mérite de l’invention de cette philosophie qu’il a reprise, si cette dernière, telle qu’il l’a conçue comporte encore bien des éléments insuffisants qui y sont mêlés, il n’en reste pas moins hautement remarquable qu’en plein milieu de cette France, jadis remplie par l’athéisme, se soit dressé un philosophe inconnu, isolé qui se consacra exclusivement à la réfutation de cette philosophie athée et, pour faire pièce à celle-ci, manifesta une philosophie divine, fondée sur une ancienne et sainte tradition, annonça une philosophie mosaïque et chrétienne ; et il faut se réjouir de voir que, parmi tant de porte-parole des intérêts catholiques, le comte de Maistre ait eu enfin la lucidité de remarquer quel trésor d’esprit et de connaissance, s’il était bien utilisé, s’était trouvé là caché, inemployé jusqu’à présent pour la cause de la religion.
Après les errements tels que l’ont été ceux du dix-huitième siècle, il ne faut pas s’étonner que l’esprit à ses débuts soit en quelque manière encore incertain dans sa marche sur une meilleur voie, comme cela s’est passé sur certains points chez les deux plus grands penseurs de notre temps aussi, St Martin et Bonald, ces deux penseurs que le Comte Maistre complète et rectifie, auxquels il s’associe dignement dans une vue déjà plus haute et plus achevée d’un côté en effet il a posé dans son ouvrage sur le Pape, dans la clarté la plus fondamentale la première pierre de la foi catholique, en même temps aussi il a ouvert à notre horizon dans des dialogues philosophiques les plus hautes perspectives du savoir catholique. »
Histoire de la littérature ancienne et moderne, 14e leçon. K. A., VI, p. 346-350. Cours fait à Vienne du 27 février au 30 avril 1812. Publié fin 1814, puis en 1815. Notre traduction s’appuie sur le texte allemand de la K. A., qui est lui-même celui de l’édition de Vienne en 1822. La même K. A. propose en note, p. 346-347, le texte de 1815 qu’il serait intéressant de comparer avec celui-ci. C’est nous-même qui introduisons des paragraphes dans un texte qui n’en comporte pas.
CREUZER, Friedrich
6 mai 1812
« Haben Sie St. Martin, übersetzt von Schubert, gelesen ? Ich habe das Buch eben vor, es gibt viel zu denken. Sonst hat der Messkatalog nicht viel Neues. »
(« Avez-vous lu St Martin, traduit par Schubert ? J’ai justement le livre devant moi, il donne beaucoup à penser. Par ailleurs, le catalogue de la foire ne présente pas grand chose de nouveau. »)
Friedrich Creuzer à Joseph Gorres, Heidelberg, 6 mai 1812. Joseph von Gorres, Gesammelte Briefe, Munich, 1874, t. II, p. 319. Il s’agit évidemment de la traduction allemande de L’Esprit des choses, par le romantique allemand Gotthilf Heinrich von Schubert (1780-1860), parue en 2 vol. à Leipzig (Reclam, 1811/12)
SCHLEGEL, Frédéric
21 juillet 1812
« Mais aujourd’hui j’ai encore une autre demande à vous faire. Rappelez-moi au souvenir de votre mari et, s’il n’a pas totalement renoncé à écrire, proposez lui donc de prendre quelque part à mon Deutsches Museum. Naturellement il faudrait que ce soit quelque chose qui, dans l’exposé, soit présenté de façon compréhensible pour un assez large public. Je ne sais pas si la revue arrive dans votre région, il en aura au moins entendu parler par relations. S’occupe-t-il toujours de Saint-Martin, ou bien l’a-t-il entièrement abandonné à Schubert et Baader ? Avant tout, je vous prie de me recommander à son amical souvenir. »
Frédéric Schlegel à Christine von Stransky, Vienne, 21 juillet 1812. Friedrich Schlegel Briefe an Frau Christine von Stransky, hrsg von M. Rottmanner, 2 vol., Wien, 1907, vol. I, p. 2-3.
CREUZER, Friedrich
16 août 1812
« Sie werden sich wundern, dass das Morgenblatt jetzt den Schubert wegen seines Saint-Martin und andere Leute von der neuen Schule herausstreicht. »
(« Vous serez surpris de voir que le Morgenblatt se met à rayer de la nouvelle école Schubert, à cause de son Saint-Martin, et d’autres gens aussi. »)
Friedrich Creuzer à Gorres, 16 août 1812. Joseph von Gorres, Gesammelte Briefe, Munich, 1874, t. II, p. 319. Sur la traduction de Schubert, cf. supra, du même au même, 6 mai 1812.
SAL(T)ZMANN, Friedrich-Rudolf
1er septembre 1812
und die Nachwelt mit der Vorwelt keinen Umgang pflegen kann. […] Ein gro B es Feld liegt offen vor mir. Ich gehe und pflücke, was zu meinem Zwecke client. Daher empfange ich gern ermunternde und belehrende Briefe, wie die Ihrigen sind, und lese auch bisweilen alte und neue Schriften aus diesem Fache, und thue es nie ohne einigen Nutzen. So las ich nemlich Saint-Martins, meines alten Freundes und zum Theil Lehrers Werk, Esprit des choses, mit dem 2ten Theil des Tableau Naturel. Es ist eine empfehlungswürdige Lektur, und ich sollte glauben, es würde Sie nicht gereuen, iht einige Stunden zu widmen. Ich halte ihn für einen erleuchteten Theosophen von kindlichem Sinne ; ein tiefer Denker, mit allen Zweigen der geheimen Weisheit vertraut, und ein treuer Verehrer J. C. »
(« Saint-Martin déplore comme une conséquence de la chute que tout le genre humain ne puisse être rassemblé en même temps sur terre et que les générations postérieures ne puissent entretenir de relations avec les générations antérieures. […] Un vaste champ d’investigations est ouvert devant moi. Je marche et je cueille ce qui peut m’être utile. C’est pourquoi j’aime recevoir des lettres encourageantes et instructives, comme sont les vôtres, et je lis également parfois des écrits anciens et nouveaux sur ces sujets [théosophiques) ; j’en tire toujours quelque avantage. C’est ainsi que j’ai lu L’Esprit des choses et la deuxième partie du Tableau Naturel de mon vieil ami Saint-Martin, qui fut aussi partiellement mon maître. C ‘ est une lecture très recommandable et j’ose croire que vous ne regretteriez pas d’y consacrer quelques heures. Je le tiens [Saint-Martin] pour un théosophe illuminé ayant le cœur pur d’un enfant [au sens guyonien], pour un penseur profond, versé dans toutes les branches de la secrète sagesse et pour un homme vénérant fidèlement Jésus-Christ. »)
Lettre inédite de F. R. Salzmann à Johann Friedrich von Meyer, 1er septembre 1812. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
SCHLEGEL, Frédéric
Septembre 1812
« Mais je peux encore proposer un autre exemple, autrement plus décisif. Les deux plus grands penseurs que la France a produits dans les quarante ou cinquante dernières années, St Martin et Bonald, écrivent tous deux aussi mal, pour parler franc, que Malebranche, un siècle, ou un siècle et demi plus tôt. Il semble presque que, dès que l’esprit français se hasarde à pénétrer dans les domaines de la vérité et de la science supérieure, qui lui sont pour ainsi dire étrangers, il perde aussitôt le don d’une langue habituellement si aisée. Bonald, dans la pleine conscience de son message intérieur, reconnaît lui-même les manques, la sécheresses et l’austérité de son style ; avec une loyauté qui est rare chez un écrivain français, il se place, du point de vue de la description, loin derrière le vain Chateaubriand, qui n’est pourtant qu’un orateur et un faiseur de phrases. Ces deux écrivains, St Martin et Bonald, ne méritent pas seulement le reproche de la sécheresse ; il leur arrive encore d’être confus ; ils tombent par-là dans le défaut qui guette presque inévitablement ceux qui, ayant choisi des zones de recherche encore vierges, cherchent à s’élever au-dessus de l’obscurité, et à frayer de nouveaux chemins de lumière. Mais puisqu’on nous reproche maintenant, à nous allemands, de nous laisser emporter par la profondeur de la matière et par l’esprit, et de négliger l’expression et la présentation, en véritables allemands, nous honorerons chez les français ces deux profonds penseurs, nous donnerons sans peine, pour ces deux grands, un demi-siècle de ces, soi-disant écrivains classiques, qui sont sans doute passés maîtres dans les tournures du langage, mais s’avèrent par ailleurs dépourvus de caractère et dénués de pensée, et nous les abandonnerons à ceux qui les aiment. »
« Sur la littérature allemande», Le Musée allemand, vol. II, septembre 1812. Repris dans K. A., III, 271.
MEYER, Christian Daniel von
23 décembre 1812
« Depuis quelques jours je me suis mis à lire la traduction de l’Esprit des Choses par Saint-Martin. Cet ouvrage renferme de bien bonnes et excellentes choses, toutefois il y en a parmi qui me semblent sujettes à caution, probablement parce que je n ‘ en ai pas pénétré le vrai sens ; la traduction me paraît être fidèle, ce que cependant je ne saurais vérifier vu que je ne possède pas l’original. L’auteur de la préface est un nommé Baader établi à Munich. Autant que je puis en juger, il est familiarisé avec la Doctrine de Saint-Martin. »
Daniel Christian von Meyer au Landgrave Christian de Hesse, 23 décembre 1812, Francfort sur le Main. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, p. 479.
BOURBON, Louise Bathilde d’Orléans, duchesse de
1812
« J’avois dans ma société un homme sage et profondément instruit sur la religion ainsi que sur toutes les sciences, qui me conseilla de cesser toutes mes recherches, et de m’abandonner uniquement à la prière, à l’oraison, et à la lecture de l’écriture sainte, en pratiquant les bonnes œuvres. Je fus peu après conduite en prison à Marseille, où je restai deux ans et demi. »
« Je ne conçois pas qu’on puisse entendre la désappropriation comme on l’entend, l’esprit de désappropriation ne consiste pas à se désapproprier de ce qui est bon et vrai, en tant que bonté et vérité, mais simplement, en ce qu’elles seraient de notre choix, et pratiquées contre la volonté de Dieu. […] Certes jamais être ne fut plus désapproprié que le bon Saint-Martin ; quel homme cependant fut plus attaché à ses principes et à tout ce qu’il regardait comme essentiel au bonheur de l’humanité ! »
Cf. aussi le chapitre intitulé : « Sur le fils de l’homme, ou le nouvel homme ». Opuscules ou pensées d’une âme de foi sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité, s.l., [Barcelone], 1812, t. I, p. IX., p. 196-197 et 238.
SAL(T)ZMANN, Friedrich-Rudolf
Fin 1812
« Das Magikon besitze ich selbst ; ich habe es nie ganz gelesen ; was ich aber las, schien mir gro B entheils richtig gefa B t. H. Kleuker konnte nur das Buch des Erreurs etc., wenn ich nicht irre, benutzen, vielleicht das geringste von St Martin Werken. Deutlicher ist sein Tableau Naturel etc., aber am vollstâdigsten ist wohl sein System in dem Ministère de l’Homme-Esprit vorgetragen, das im J. 1802 in einem Oktavband in Paris gedruckt worden ist. Merkwürdig und wenig bekannt ist seine Abhandlung über die angeborenen Ideen, welche in dem Akten der Ecole Normale (1801) steht und ihn als einen hellen metaphysischen Kopf darstellt. Er entwickelte daselbst offentlich seine Meinung gegen Garat, der als Lehrer in der Logik und Metaphysik bestimmt war und zwar mit unverkanntem Vortheile.
Unter den gemeinnützigsten Schriften dieses Mannes gehort sein Homme de désir und sein Nouvel Homme.
Da er die Erreurs etc. schrieb, war er vielleicht noch für gewisse Operationen zu sehr eingenommen, die in der Folge etwas von ihrem Werth in seinen Augen scheinen verloren zu haben. Der eigl. Zweck semer Lehre war Verhimmlichung, vergottiichung des Menschen durch J. C. In seinem letzten Brief kurz vor seinem Tode schrieb er mir, aile unsere Weisheit besteht in J. C., Gottmensch und Menschgott, Dieu-homme et homme-dieu. Alle unsere Arbeit besteht in der Heiligung, etc. »
(« J’ai le Magikon en ma possession ; je ne l’ai jamais lu en entier ; mais ce que j’en ai lu m’a paru dans l’ensemble bien vu. M. Kleuker n’a pu se servir si je ne m’abuse, que du livre Des erreurs etc., peut-être le moins représentatif des ouvrages de Saint-Martin. Son Tableau naturel est plus clair, mais c’est sans doute dans son Ministère de l’Homme-Esprit que l’on trouve l’exposé le plus complet et le plus systématique. Il a été imprimé à Paris en 1802 en un volume in octavo. Curieux et peu connu est son traité sur les idées innées qui se trouve dans les actes de l’École Normale (1801) et où il manifeste les qualités de clarté d’un grand métaphysicien. Il y expose publiquement ses arguments contre Garat, professeur de logique et de métaphysique, avec un avantage incontesté.
Son Homme de désir et son Nouvel Homme sont sans doute ses écrits les plus profitables. Quand il écrivit Des erreurs etc., il était peut-être encore trop entiché de certaines opérations [théurgiques], qui semblent par la suite avoir quelque peu perdu de leur valeur à ses yeux. Rendre l’homme céleste et divin par l’intermédiaire de Jésus – Christ, tel était le but véritable de son enseignement. Dans la dernière lettre qu’il m’adressa peu avant sa mort, il écrivait que toute notre sagesse réside en Jésus-Christ, Homme-Dieu et Dieu-Homme, que tout notre travail consiste à nous sanctifier, etc. »)
Lettre inédite de F. R. Salzmann à Johann Friedrich von Meyer, sans doute, vraisemblablement, fin 1812. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
THORY, Claude Antoine
1812
Annalis Originis magni Galliarum O – p. 4, n. 1 (à propos de l’origine de la franc-maçonnerie) : « M. de Saint- Martin croit qu’elle est une émanation de la Divinité ; il la fait remonter â l’origine du monde. »
– p. 52, n. 1 : « M. de Saint-Martin, sectateur de Martines Paschalis, introduisit dans la Franche-Maçonnerie les principes et les pratiques du martinisme. Il distribua l’enseignement de ce système en dix grades, qui étaient conférés dans deux temples. Il a laissé à ce sujet un manuscrit en deux volumes in-4°, dans lequel on trouve la nomenclature de ces grades. La voici : 1°) apprenti, 2°) compagnon, 3°) maître, 4°) ancien-maître, 5°) élu, 6°) grand-architecte, 7°) maçon du secret. Ces sept grades sont l ‘ objet des études du premier Temple. Dans le second Temple on enseigne les derniers mystères du martinisme dans trois grades dénommés Prince de Jérusalem, Chevalier de la Palestine, et Kadosh, ou homme saint. Ils forment les 8 ° ), 9 ° ), et 10°) degrés.
« On trouve ramassées dans les grades de Saint-Martin les superstitions les plus ridicules comme les croyances les plus absurdes.
« Il a donné plusieurs ouvrages de philosophie mystique ; les principaux sont : Des Erreurs et de la vérité, et sa suite ( sic ) ; l ‘ Homme du ( sic ) désir, le Ministère de l ‘ homme-esprit, et autres écrits sous le nom du Philosophe inconnu. Il a traduit plusieurs des ouvrages allemands de Boehm, dont les Trois principes des sciences divines, l’Aurore naissante, etc…
« Il est mort à Aulnay près Paris, en 1804 ( sic ). »
p. 68 : «À Metz, le chapitre de Saint-Théodore professait les grades de la réforme de Saint-Martin. »
p. 241-242 : « L’expérience a prouvé que tout ce qui est confié au papier est divulgué tôt ou tard, et devient le partage de personnes qui n’ont aucun motif pour garder le silence. C’est ce qui est arrivé à l’égard des rites des Élus Coëns. Après la mort de M. de Saint-Martin, on a trouvé les cahiers des grades ainsi que les instructions et règlements manuscrits. La famille a disposé de sa succession maçonnique en faveur d ‘ un de ses amis, qui n’a fait aucune difficulté de les communiquer à quelques frères qui en ont tiré des copies. »
p. 243 : « Tout le monde sait, en effet, que Saint-Martin, le baron d’Holbach, Duchanteau et beaucoup d’autres, étaient membres de cet ordre des Élus Coëns. »
Annalis originis magni Galliarum O , ou Histoire de la fondation du Grand Orient de France, Paris, Nouzou, 1812, p. 4, n. 1 ; 52, n. 1 ; 68 ; 241-242 et 243.
1813
HERBORT, Friedrich
30 octobre 1813
« [ …] Es ist auch ein ander Buch zu Leipzig beÿ Joachim herausgekommen, betitelt : Des Menschen Sehnen und Ahnden, a. d. franz : 8°. 1813. Es ist von dem berühmten St Martin, ich besitze es schon lângst in der original Sprache, und habe es viele mahl mit Erbauung und Frucht gelesen ; wenn Sie es bekommen konnen, so lesen Sie es auf mein Wort ; es enthâlt viel gutes. »
(« Il a paru chez Joachim à Leipzig encore un autre livre dont le titre est : L’homme de désir (1), traduit du français, 1813. in-8°. II est du célèbre Saint-Martin ; je le possède depuis longtemps dans l’original, je l’ai lu maintes fois avec profit ; si vous pouvez l’avoir, lisez-le, sur ma parole ; il contient beaucoup de bonnes choses. »)
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Johann Friedrich von Meyer, 30 octobre 1813. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
(1) Cette traduction a paru en effet à Leipzig sous ce titre. Elle est de Adolf Wagner.
HERBORT, Friedrich
9 décembre 1813
« Da Sie die Abhandlung von St. Martin über das Geretz der zeitlichen Bü B ungen für Hn. Ewalds Journal übersetzt haben, werden Sie nicht auch das von den Segnungen, bénédictions, übersetzen ? Im Homme de désir sind viele Kapital, die Sie übersetzt in die B Journal einrüken la B en konnten.
Ein ander klein Werk von St. Martin ist sehr merkwürdig, Eclair sur l’association humaine – Der Geist des Herrn wolle, nach diesem Schriftlein, die Herzen der Regenten und Regierten leiten. »
(« Puisque vous avez traduit pour le journal de M. Ewald le traité de Saint-Martin sur les expiations (1) temporelles, ne traduirez-vous pas également celui des bénédictions ? Dans son Homme de désir il y a de nombreux chapitres qui, une fois traduits, pourraient être insérés dans ce journal.
Un autre petit ouvrage de St Martin est très curieux : Éclair sur l’association humaine. Puisse l’esprit du Seigneur, conformément à ce petit ouvrage, guider les cœurs des gouvernants et des gouvernés. »)
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Johann Friedrich von Meyer, 9 décembre 1813. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
(1) Il s’agit des Lois temporelles de la justice divine pour l’expiation, in Œuvres posthumes, t. II.
THUILEUR des trente-trois degrés de l’écossisme du rite ancien, dit accepté
1813
– p. 62 : Remarques sur le rite écossais de Saint-Martin, qui « le réduisit à dix grades ».
– p. 62, n. 1 : « Dans l’Écossisme rectifié de Saint-Martin, il n’y a pareillement qu’un seul Élu, dont les Mots Sacrés sont Nekam, Moabon. »
– p. 81-83, n. 1 : « Nous avons été surpris de voir le judicieux auteur de l’ His toire de la Fondation du Grand Orient de France se plaire à déprimer l’Écossisme réformé de Saint-Martin, dans lequel il ne trouve que des Superstitions ridicules et des croyances absurdes. Nous n’ignorons pas que la plupart des copies existantes de ce rituel sont tellement altérées qu’elles peuvent induire en erreur l’homme le plus instruit : mais nous observerons, 1°) que de grandes lumières, jointes au talent d’écrire, assurent à Saint-Martin un rang distingué parmi les Sectaires particuliers, 2°) que c’était du moins une entreprise louable que celle de resserrer dans un cercle étroit ce dédale de grades incohérents enfantés par le caprice ou l’orgueil ; 3°) que la filiation des grades de Saint-Martin nous parait présenter un système assez suivi, un ensemble que peut saisir facilement tout initié dans l’Art royal. Enfin, chaque grade en particulier suppose une connaissance profonde de la Bible, que personne en effet ne possédait mieux que lui, même dans les textes originaux, connaissances assez rares parmi les Maçons. On pourrait peut-être seulement lui reprocher de s’être trop appesanti sur les détails.
« Quant au système général connu sous le nom de Martinisme, et que peu de personnes ont eu la patience d’étudier, ce système a deux parties distinctes, l’une politique, qu’il pourrait être dangereux d’approfondir, l’autre métaphysique, qui se rapproche assez du Rationalisme de Kant. Tous deux au surplus, diffèrent essentiellement de l’Anthropomorphisme et du Monde spirituel de Swedenborg.
« L’Écossisme réformé de Saint-Martin est divisé en deux Temples. Dans le premier, on trouve App , Comp , Me Ancien Maître, Élu, Grand Architecte, Maçon du Secret. Le second Temple contient le Prince de Jérusalem, Le Chevalier de la Palestine, et le Kadosch.
« Louis-Claude de Saint-Martin, né à Amboise le 18 janvier 1743, mourut à Aunay, près Paris, le 15 octobre 1803. »
– p. 91-93 : « Nous joindrons à la Pierre Cubique la rectification et l’explication des mots hébreux employés dans l’Écossais de France et dans celui de Saint-Martin […]. » Suivent deux pages d’explications.
Thuileur de l’Ecossisme du rite ancien, dit accepté, Paris, Delaunay, 1813, p. 62 et n. 1 ; p. 81-83, n. 1 ; p. 91-93.