7° : Bernard, J-J. – Cousin, V. – Eckstein, B. – Hegel, G. W. F. – Luret, Ch. – Molitor, F-J. – Nodier, C. – Pont, J.-A. – Richer, É. – Schlegel, F.
Sommaire
1825
BERNARD, Jean-Jacques
24 avril 1825
« Madame de Puységur m’a laissé un manuscrit (elle est partie pour passer quelques mois à la campagne) traduit de l’allemand par Saint-Martin, m’a-t-elle assuré. Il est dans un bon esprit et annonce du commencement à la fin une troisième époque complémentaire ainsi qu’un sens caché dans l’Écriture et qui doit-être dévoilé. »
Bernard Jean-Jacques à Simon Armand Blanchet, 24 avril 1825, Tours. Archives de la Société française de la Nouvelle Église à Meudon-Bellevue, fonds Chevrier (sans cote, dossier « Bernard »).
BERNARD, Jean-Jacques
22 juin 1825
« J’ai fait un voyage à Amboise, où j’ai vu Monsieur Tournier, parent de Saint-Martin, qui est parfaitement préparé. Je lui ai porté plusieurs ouvrages de notre Swedenborg qu’il fera connaître à d’autres personnes : il avait profité de ceux qu’il emporta de chez moi lorsqu’il vint à Blois. Il n’a pas cessé d’être pénétré de la plus grande vénération pour son parent dont il a copié plusieurs fois divers manuscrits et dont il possède 63 lettres originales à lui adressées. Il m’a prêté son portrait et un bon nombre de papiers extraits et lettres théosophiques qui lui ont appartenu : notamment un manuscrit assez curieux et dont la doctrine m’a paru saine, qu’il tenait du duc d’Orléans, mais tout cela est bien inférieur à la divine révélation du sens spirituel du Verbe. »
Bernard Jean-Jacques à Simon-Armand Blanchet, 22 juin 1825, Blois. Archives de la Société française de la Nouvelle Église à Meudon-Bellevue, fonds Chevrier (sans cote, dossier « Bernard ».
BERNARD, Jean-Jacques
3 septembre 1825
« J’ai vu aussi deux autres familles dans lesquelles des fondements sont jetés, plus un Monsieur Secretin qui depuis plus de 30 ans cultive avec succès le magnétisme ; il a connu Saint-Martin, aimé sa doctrine et beaucoup aussi celle de notre Swedenborg dont il avait des abrégés. »
Bernard Jean-Jacques à Simon Armand Blanchet, 3 septembre 1825, Nantes. Archives de la Société française de la Nouvelle Église à Meudon-Bellevue, fonds Chevrier (sans cote, dossier « Bernard »).
LURET, Ch.
1825 (?)
« Ainsi je passe ma vie entre Lhomond et Saint-Martin, entre l’explication des écrivains de Rome et d’Athènes, et la contemplation de ma misère et du but auquel je dois parvenir. »
Post-scriptum : « Saint-Martin désigne Martinez Pasqualis, comme son premier maître. Il le connut à Bordeaux. Je ne crois pas que ce théosophe très réputé en Allemagne ait laissé d’ouvrages ; il enseigna aussi à Londres et fut ensuite à Saint-Domingue où il mourut. »
Luret Ch. à Pierre Brunet (s.d. mais sans doute 1825, du fait de son insertion dans la liasse du dossier « Bernard » de 1825), Versailles. Archives de la Société française de la Nouvelle Église à Meudon-Bellevue, fonds Chevrier (sans cote), copie (dossier « Bernard »).
1826
COUSIN, Victor
1826
Fragments philosophiques – p. 55-56 : « M. Passavant, docteur en médecine, est chrétien aussi comme M. Manuel, mais il l’est à la manière de M. Franz Baader dont il est un fervent disciple. M. Passavant a fait tous ses efforts pour m’expliquer la doctrine de son maître, sans y réussir. Cette doctrine n’a point une méthode fixe et un développement régulier ; ce sont des aperçus ingénieux et subtils qui répandent sur toutes choses une lumière équivoque. Je crains que M. Baader n’embrouille la religion par la philosophie et la philosophie par la religion. Jusqu’ici, du moins, le christianisme de M. Baader n’est pas à mes yeux un christianisme de bon aloi. M. Baader a été d’abord un disciple de la Philosophie de la Nature. Plus tard il y a joint une imitation du mysticisme de Bœhme et de Saint-Martin, et le voilà maintenant un des coryphées du catholicisme bavarois. M. le docteur Passavant, pour me séduire à la philosophie de son maître et me prouver son orthodoxie, m’a prêté un petit écrit français de M. Baader sur l’eucharistie. Je n’ai pu que le parcourir à la hâte, mais je suis forcé de dire qu’il m’a paru un chef-d’œuvre d’extravagance. »
60-61 : « Frédéric Schlegel n’estime point l’école écossaise ; il pense qu’il faut philosopher ou ne pas philosopher, comme si philosopher avec sobriété et dans les limites des facultés humaines n’était pas philosopher encore, et de la meilleure manière ! À ce compte, Socrate serait un pauvre philosophe. Fr. Schlegel m’a dit que les deux hommes de France qui seuls peuvent prétendre à l’esprit philosophique sont Saint-Martin et M. de Bonald. M. de Bonald a le tort d’avoir appelé au secours de la religion la raison, qui la détruit, mais il spécule de haut. Pour Saint-Martin, c’est un scandale qu’il n’ait pas produit plus d’effet en France (1).
« Voici le jugement de Fr. Schlegel sur les philosophes allemands contemporains : « Fries et Krug sont des esprits médiocres. Boutewerk est superficiel, Hegel est subtil. À Berlin il faut voir Solger et Schleirmacher. Les trois hommes les plus éminents de l’Allemagne sont Jacobi, Schelling et Baader. »
(1) Saint-Martin a toujours produit en France l’effet qu’il devait produire, et nous en avons toujours parlé avec un respect sincère. Voyez Philosophie de Locke, II e leçon : « Il est juste de reconnaître que jamais le mysticisme n’a eu en France un interprète plus profond, plus éloquent, et qui ait exercé plus d’influence, que Saint-Martin. Ses ouvrages, célèbres dans toute l’Europe, ont fait école parmi nous. » (note de l’auteur.)
Fragments philosophiques pour servir à l’histoire de la philosophie, 5e éd. Paris, Didier et Durand, 1866, t. V, « Philosophie contemporaine », p. 55-56, 60-61. (La première édition est de 1826.)
ECKSTEIN, baron d’
1826
« M. de Maistre, en qualité de théosophe, doit être considéré comme un écrivain qui a lu M. de Saint-Martin avec fruit, et qui recueillant les résultats de cette étude, a su purger cet auteur de l’alliage des doctrines manichéennes, dont il peut sembler empreint. »
« Des journaux littéraires considérés dans leurs rapports avec les sciences, l’industrie, la philosophie, la poésie et l’histoire », chap. II : « Des journaux littéraires dans leurs rapports avec la philosophie », Le Catholique, t. I, Paris, Sautelet, 1826.
RICHER, Édouard
1826
« De l’État actuel de l’esprit théosophique en Europe » – p. 139-140 : « Deux sentiers différents se présentent actuellement aux yeux de ceux qui ont admis le point fondamental de la théosophie. Dans l’un, se trouvent les partisans de Saint-Martin ; dans l’autre, ceux de Swedenborg. Je ne parle pas des disciples de Jacob Bœhme, le plus profond peut-être des philosophes religieux. Les écrits de ce dernier, traduits en français par Saint-Martin, ont été développés dans tous les ouvrages de celui-ci ; et il n’y a rien qui les différencie assez pour que les partisans de l’un et de l ‘ autre forment secte à part. Mais les Martinistes en appellent sans cesse à l’âme humaine pour expliquer les prodiges de la religion ; les disciples de Swedenborg s’en rapportent aux visions de leur prophète […].
Je ne dirai jamais à un homme, s’écrie Saint-Martin, croyez en moi, mais croyez en vous, croyez en la grandeur de votre âme. » Ce peu de mots renferme tout son système. »
p. 141 : « L’auteur des Soirées de Saint-Petersbourg ne doit la vogue qu’il a obtenue, qu’à l’étude approfondie qu’il avait faite des écrits de Saint-Martin. Quoique cet auteur n’y soit pas nommé souvent, ceux qui le connaissent le retrouvent partout. Cette observation nous fait voir à quel point on exagère quand on croit trouver dans les ouvrages de Saint-Martin la critique la plus dangereuse du Catholicisme […] Dans tous les cas, l’Église gallicane aurait-elle bien le droit de s’effrayer des idées philosophiques renfermées dans les ouvrages de Saint-Martin, quand ces idées ont satisfait la raison d’un auteur ultramontain ? On s’étonne des explications allégoriques contenues dans les œuvres diverses de Saint-Martin, sans faire attention qu’il y en a peut-être davantage dans la plupart des commentateurs de la Bible avoués par l’Église. Je sais que Saint-Martin attaque les différentes sectes chrétiennes pour les ramener au christianisme primitif ; je sais qu’il inculpe la religion romaine elle-même, à la fin du Tableau naturel ; mais, sans chercher à excuser Saint-Martin, si tous les reproches que cet auteur adresse à l’Église ont été faits par l’abbé Fleury, doit-on exiger d’un laïc plus de discrétion qu’on n’en demande d’un auteur catholique ? »
p. 144 : « […] cette même nature que Saint-Martin voudrait en quelque sorte nous faire considérer comme une œuvre altérée. Je sais que Mme de Staël, dans le chapitre de l’Allemagne, intitulé de la Contemplation de la nature, considère l’univers sous le même point de vue que l’auteur de l’Homme de désir, mais, quelque profond que soit ce système, la conscience y répugne. »
« De l’État actuel de l’esprit théosophique en Europe », Le Lycée Armoricain, septième volume, Nantes, Mellinet- Malassis, 1826, p. 135-152, passim, et en particulier, p. 139-140, 141, 144.
1827
MOLITOR, Franz-Joseph
1827
« Vinrent ensuite les Rose-Croix qui, originairement, ont suivi Bohme et Paracelse, puis les Martinistes à l’origine desquels se trouve Martinez Pasqualis. Celui-ci descendait d’une famille juive et était un grand Cabaliste. Les Martinistes se sont référés au début aux doctrines cabalistiques ; mais sous l’influence de Saint-Martin ils ont adopté également des théories issues de Bohme et de Paracelse. »
Philosophie der Geschichte (Philosophie de l’histoire), Francfort-sur-le-Main, Hermannsche Buchlaudlung, 1827, p. 314.
Cf. VAN RIJNBERK, Gérard, Un thaumaturge au XVIIIe siècle, Martines de Pasqually , Paris, Alcan, 1935, p. 66.
RICHER, Édouard
1827 (?)
Seconde lettre à M. Thomine, p. 228 (à propos de l’Écriture sainte) : « Fabre d’Olivet, Saint-Martin l’expliquent bien aussi à leur façon, mais Swedenborg a l’avantage d’y appliquer sa doctrine entière. »
244-245 : « Jacob Bœhme, Muralt, Saint-Martin offrent à l’appui de nos principes des démonstrations victorieuses, bien qu’ils semblent ne pas être toujours d’accord. Ainsi, par exemple, Saint-Martin fortifie par tous ses ouvrages ceux de Swedenborg, et le passage de l’Homme de désir, dans lequel il les critique, peut se réfuter très facilement. Il leur reproche deux griefs : le premier, de ne donner à l’esprit aucune raison des principes qu’il avance ; le second, de ne prouver les faits par aucune confirmation. Si l’ouvrage que j’entreprends ici est bon, la critique de Saint-Martin tombe, car je ferai ce que Swedenborg n’a pas dû faire. »
« Seconde lettre d’Édouard Richer à M. Thomine », Œuvres, Mélanges, t. II, Saint-Amand, Librairie de la Nouvelle Jérusalem, 1861, p. 228 et 244-245.
1828
HEGEL, Georg Wilhelm Friedrich
1828
« Anderwarts S. 392 […] kommt zwar auch die Vorstellung einer Verbindung von Vernunft und Verstand mit der Erhebung des Gemüths vor ; es ist daselbst gesagt, « sich in die Erleuchtung eines begeisterten Gemüths zu erheben, und hier in den Spharen eines viel verschlungenen Zusammenhangs und der harmonischen Vereiningung aller Krafte auch Vernunft und Verstand wieder (!?) anzutreffen, ist nur Wenigen gegeben, den Allerwenigsten — bis jetzt, scheint es, keinem Kunde und Rechenschaft darüber zu geben : » Wenn Tieck eben das durch Fr. Baader, Hamann, St. Martin usf. nach dieser Seite nicht befriedigt worden, was hinderte, z. B. bei Plato, um nicht andere zu nennen, die verlangte Vereinigung des begeisterten Gemüths und der davon Kunde und Rechenschaft gebenden Vernunft und Verstandes zu finden ? »
(« Ailleurs, p. 392, apparaît aussi l’idée d’un lien entre l’entendement et la raison accompagné de l’élévation de la sensibilité ; il y est dit ceci : « s’élever jusqu’à l’illumination d’une sensibilité enthousiaste et là, dans les sphères d’un rapport très intime et de l’union harmonieuse de toutes les forces, rencontrer à nouveau (!?) la raison et l’entendement, ceci n’a été donné qu’à un petit nombre, à un tout petit nombre — mais jusqu’à présent il semble n’avoir été donné à personne d ‘en rendre compte. » Si Tieck, de ce point de vue, n’a pas été satisfait par Fr. Baader, Hamann, St Martin, etc, qu’est-ce qui l’empêchait de trouver chez Platon, par exemple, pour m’en tenir à lui, cette union qu’il désirait entre une sensibilité enthousiaste et un entendement et une raison qui en rendaient compte ? »
Ueber Solgers nachgelassene Schriften. Hegel-Studien-Ausgabe, 3 Bde, Franckfurt am Main, Fischer, 1968, Bd. I, p. 219.
Cf. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, paris, P.U.F, 1967, t. III, p. 440..
NODIER, Charles
1828
« Martinisme. Secte, christianisme épuré. Catineau. Commerce avec les âmes, les anges ; et connaissance des mystères de la nature. Boiste. Je prie les lecteurs de nos Dictionnaires de ne rien croire de tout cela. Les martinistes n’ont aucun commerce avec les âmes ; il est présumable qu’ils n’en n’ont guère plus avec les anges, et on doute qu’ils connaissent à fond les mystères de la nature. Leur Système n’est point un christianisme épuré ; il n’a pas même eu l’honneur de faire secte, et si les lexicographes devaient en parler, il faudrait qu’ils se bornassent à dire ce qui est vrai : c’est-à-dire que Saint-Martin était un fou, et qu’un martiniste serait un charlatan, dans le cas où il y aurait encore un martiniste. »
Examen critique des dictionnaires de la langue française, Paris, Delangle Frères, 1828, p. 258-259.
SCHLEGEL, Frédéric
1828
« Si nous dirigeons à nouveau notre regard sur le reste de l’Europe et même sur les principaux pays
révolutionnaires, il y a eu d’ailleurs incontestablement aussi un parti chrétien dans cette sphère ; et même si, numériquement, il n’a constitué qu’une très petite minorité, sa prépondérance spirituelle dans les idées plus profondes et dans les restes vraiment intéressants de l’ancienne tradition n’en est que d’autant plus grande ; les faits historiques et les documents écrits qui ont été publiés permettent de soutenir très clairement et sans doute aucun cette affirmation.Au lieu de quelques exemples allemands, généralement moins connus, je préfère présenter ici, pour confirmer mes dires, un écrivain français qui est très important et très caractéristique pour le caractère intérieur et plus caché de la Révolution. Car il se tient tout à fait isolé dans son époque, au milieu des autres représentants du parti athée jadis dominant, ce théosophe chrétien issu de cette école et de cette sphère, je veux dire St Martin ; c’est un révolutionnaire convaincu, même si ç’en est un d’une exaltation désintéressée, pour de seuls motifs supérieurs et spirituels — tout à fait isolé, il l’est encore dans son mépris et son rejet absolus de l’état moral et politique qui était celui de l’Europe d’alors et, en cela, on ne peut s’empêcher, à défaut d’être entièrement de son avis, de lui donner raison, au moins négativement, sur bien des points. – tout à fait isolé, il l’est enfin dans l’espoir enthousiaste d’une restauration chrétienne générale, c’est-à-dire, bien sûr, conforme à son intention ou à celle de son parti.
Parmi les écrivains français de la restauration aucun n’a reconnu aussi entièrement ce philosophe singulier, aucun n’a su lui rendre hommage selon toutes les profondeurs de son erreur, comme selon aussi tout le bien qu’il contient, aucun n’a su l’utiliser çà et là avec les corrections nécessaires, mieux que le Comte de Maistre. »
Philosophie de l’Histoire, 18e leçon. In K. A., IX, p. 408-409. Cours en 18 leçons, tenu à Vienne en 1828 et publié en 1829. À nouveau, c’est nous qui introduisons des paragraphes.
SCHLEGEL, Frédéric
Décembre 1828-janvier 1829
« […] Mais lorsque cette tension, dépouillée de toutes les illusions de la nature sensuelle et libérée des liens étroits de la passion terrestre, se dirige réellement vers l’infini, qui véritablement en est un — alors elle ne peut s’apaiser mais elle doit, avançant d’un degré à un autre, monter toujours plus haut et ce sentiment pur du désir (Sehnsucht) infini constitue, à côté de ce souvenir de l’amour éternel, l’autre aile céleste grâce à laquelle l’âme s’élève jusqu’à la divinité.
Assurément ceci a été reconnu en tout temps par les penseurs platoniciens et on pourrait trouver dans les siècles précédents bien des paroles d’un sens profond sur cette idée du désir. Pourtant ceci ne se limite pas à la philosophie relativement très neuve de l’occident chrétien. On trouve aussi dans nos saintes écritures des hébreux une belle expression qui s’y rapporte ; en effet un prophète, c’est-à-dire un élu armé d’une force plus qu’ordinaire, destiné à une vocation ou à une mission divine, supérieure au champ d’action qui lui conviendrait normalement, est appelé un « homme de désir », en tant que celui-ci constitue une école préparatoire naturelle à toute action supérieure, spirituelle ou divine.
Dans un sens qui en est dérivé, ou au moins dans un sens qui en est très proche, un philosophe français de notre époque dont je ne peux d’ailleurs reprendre partout, ni absolument, à mon compte les principes, les vues, ni les pensées, — mais qui a au moins le mérite incontestablement grand d’avoir cherché à affirmer dans tous ses écrits une direction supérieure vers les domaines spirituels et divins dans l’homme et dans l’univers et les proclame avec enthousiasme en pleine époque révolutionnaire, alors que la mentalité dominante était délibérément matérialiste et avait même sur plusieurs points pris une direction absolument athée et destructrice — un philosophe français de notre époque donc donne ce même titre à l’une des plus riches et des plus profondes de ses œuvres.
Dans une période antérieure de ma vie, lorsque, il y a un peu plus de vingt ans, je cherchai à développer en langue française, dans un cercle d’amis, cette philosophie de la vie telle que je l’avais conçue jadis, je crus devoir en prendre le principe exclusivement dans cette idée pure du désir supérieur.
Cette démarche, pourtant, serait en tout cas trop exclusive et par là insuffisante. Voilà pourquoi je souhaite au moins réunir ici en un tout, quelque divers qu’ils soient, quelque différents aussi qu’ils puissent apparaître, tous les éléments supérieurs de la conscience afin de donner de celle-ci une vue complète. »
Philosophie de la langue et du Verbe, 4e cours. In K. A., X, p. 398-399.
Ce cours, le dernier professé par Frédéric Schlegel puisque la mort l’interrompt, fut donné à Vienne en décembre 1828 et janvier 1829. Il fut publié à Vienne en 1830 par les soins de Franz von Buchholtz.
1829
PONT, Joseph-Antoine
7 septembre 1829
« Un sieur Gilbert, qui était intime ami de St-M., qui vit encore à Paris (chez Mr Dubran rue des Marais du Temple n° 17) et qui est en rapport avec quelques-uns de mes amis, n’en sait pas plus que nous sur M. P. de la doctrine duquel il est très engoué, mais comme chercheur des choses extraordinaires et des moyens d’opérer. »
Joseph-Antoine Pont à J. F. Molitor, Lyon, le 7 septembre 1829. VAN RIJNBERK, Gérard, Un thaumaturge au XVIIIe siècle, Martines de Pasqually, Paris, 1935, t. I, p. 143-144.
SCHLEGEL, Auguste-Guillaume
1829
« Ce qu’il y a […] suivant moi de plus important et de plus essentiel dans la littérature française des temps récents, c’est le retour à la philosophie morale plus élevée, épurée, platonique et chrétienne, telle qu’on l’a vu sortir quelquefois en France de l’abîme le plus profond de l’athéisme dominant […] Ce retour est principalement signalé par l’apparition de deux philosophies éminemment remarquables par leur système tout à fait chrétien. » (Saint- Martin et Bonald.)
Histoire de la littérature ancienne et moderne, traduit en 1829 par W. Ducrett, t. II, p. 273 ss, 279.