5° : Arson – Baader, F. – Cousin, V. – Custine, A. – Custine, D. – Fabre D’Olivet, A. – Fournie, P. – Herbort, Fr – Krüdener, J. – Meyer, C. D. – Passavant, J. C.l – Saltzmann, F.-R. – Stourdza, R – Swetchine, S. – Thory, C. A. – Tieck, L. – Varnhagen von Ense, K.
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Sommaire
1815
STOURDZA, Roxandre de
16 janvier 1815
« Je lis les Écritures, notre cher et admirable Fénelon, qui semble avoir deviné les secrets de l’âme, et puis l’Homme de désir que je tiens de vous. Il y a un an que je ne me suis confessée… »
Roxandre de Stourdza à Mme de Krüdener, lettre reçue le 16 janvier 1815. LEY, F., Mme de Krüdener et son temps (1764-1824 ), Paris, Plon, 1961, p. 435.
SAILER, Johann Michael 16 mars 1815
« Deine theosophischen Betrachtungen nach J[akob] B[ohm] und S. M. sind schon, sind christlich, lassen sich wenigstens nach der Idee des apostolischen Christentums dolmetschen. »
(« Tes considérations théosophiques d’après Jacob Bohme et S. M. sont belles, chrétiennes. On peut au moins les interpréter selon l’idée du christianisme apostolique. »)
Johann Michael Sailer à Clemens Brentano, Landshut, 16 mars 1815. SCHIEL, Hubert, Johann Michael Sailer, Briefe, Ratisbonne, Fr. Pustet, 1952, p. 407.
HERBORT, Friedrich
25 mai 1815
« Ich glaube aber auch, wie St Martin irgendwo andeütet, da h es schon jetzt, und von nun an immer mehr Erscheinungen von Todten, d. i. von hier gewesenen und seit ihrem Tode auferstandenen Menschen gebe, die viel auf die Menschheit wirken. In dem gedicht : Le cimetière d’Amboise la h t St Mart. die Stimme eines sel. verstorbenen einfaltigen. Bauern von oben auf das Grab herabkommen, welcher von einer Leit redet, die ich auf jetziges und zukünftiges deüten zu konnen glaube :
Elle /die Stimme/ semblait me dire : ami, rassure toi.
Tes vœux sont purs ; le Dieu d’amour & de justice,
D’un regard favorable a vu ton sacrifice.
Jusqu’au plus haut des cieux ton encens est monté ;
Et ce ne sera point à ta seule cité /-neml. Amboise.
Que les morts prêteront leur appui salutaire.
Un jour ils parcourront tous les lieux de la terre,
Pour aider son courage en des temps désastreux ;
L’iniquité s’accroît ; ces sons injurieux,
Ces blasphèmes sortis du sein de l’arrogance,
Bientôt du Ciel lui-même armeront la puissance. mochte doch wahr werden ! »
(« Mais je crois aussi, comme Saint Martin l’indique quelque part, qu’il y a dès maintenant et qu’il y aura désormais de plus en plus de manifestations de défunts, c’est-à-dire de personnes ayant vécu ici-bas et qui, ressuscitées depuis leur mort, pourront avoir une influence importante sur l’humanité. Dans son poème Le cimetière d’Amboise, Saint Martin fait entendre, descendant des nues sur la tombe de celui-ci, la voix d’un simple paysan pieusement décédé ; il y parle d’un temps que je crois pouvoir appliquer à la période présente et aussi à l’avenir : [ cf . ci-dessus l’original français]. Puisse cela devenir réalité ! »)
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Johann Friedrich von Meyer, 25 mai 1815. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
CUSTINE, Astolphe de
31 mai 1815
« J’aurais bien des choses à te dire, mais j’y renonce par désespoir ; une pareille correspondance est pire qu’un silence absolu ! J’ai le cœur plein et je ne puis le soulager ; si je pouvais parler, je ne te dirais pas un seul fait, car je vis loin du monde et passe à côté des hommes sur le grand chemin de la vie, ou plutôt sur un petit sentier à côté de la grande route.
Je suis tout occupé d’un livre de Saint-Martin qu’on vient de me prêter et qui me ravit ; ce ne sont que ses pensées détachées, mais elles révèlent toute une âme, tout un monde, et l’on s’y repose comme dans une terre nouvelle !… En lisant Saint-Martin, ce n’est pas de ce qu’il dit, mais de ce qu’il fait qu’on est curieux : s’il vivait, j’irais près de lui, et lui demanderais à genoux de m’instruire, non par des paroles, car les mots ne m’apprendraient rien, mais en me laissant vivre avec lui. J’ai le besoin le plus vif, le plus impérieux d’être disciple ! et tant que je n’aurai pas trouvé mon Messie, je n’aurai pas de repos ! Tout mon malheur vient peut-être de ce que je le cherche sur la terre ; il aurait fallu naître dix-huit siècles plus tôt pour être parfaitement heureux,… la foi peut remplacer ce bonheur ! Aussi je tâche de faire des progrès dans la Prière. »
Astolphe de Custine à sa mère, Vienne, 31 mai 1815. MAUGRAS, Gaston, CROZE-LEMERCIER, comte P. de, Delphine de Sabran, marquise de Custine, Paris, Plon, 1912, p. 491-492.
KRÜDENER, Juliette de
16-17 août 1815
Mercredi 16 – « Nous avons eu la visite de M. de Bergasse. Ce célèbre écrivain est dans les voies élevées de la science divine […] ».
Jeudi 17 – « M. de Bergasse nous a parlé de Saint-Martin, de ses relations avec lui ; il nous a développé l’état actuel. »
Journal inédit. LEY, F., Mme de Krüdener et son temps (I764-1824 ), Paris, Plon, 1961, p. 475.
FABRE D’OLIVET, Antoine
1815
La Langue hébraïque restituée – p. VI (à propos de Rousseau) : « N’est-ce pas lui qui a dit, avec une raison plus froide et plus sévère, que le langage ne saurait être institué que par une convention, et que cette convention ne saurait se concevoir sans le langage ? Ce cercle vicieux dans lequel l’enferme un Théosophe moderne peut-il être éludé ? Ceux qui se livrent à la prétention de former nos langues, et toute la science de notre entendement par les seules ressources des circonstances naturelles, et par nos seuls moyens humains, dit ce Théosophe (d), s’exposent de leur plein gré à cette objection terrible qu’ils ont eux-mêmes élevée ; car qui ne fait que nier ne détruit point, et l’on ne réfute point un argument parce qu’on le désapprouve : si le langage de l’homme est une convention, comment cette convention s’est-elle établie sans langage ?
(d) Saint-Martin, Esprit des choses, t. II, p. 127. »
XVII : « Non, la Langue hébraïque n’est ni la première ni la dernière des langues ; ce n’est point la seule des langues mères, comme l’a cru mal à propos un théosophe moderne que j’estime d’ailleurs beaucoup, parce que ce seule qui ait enfanté des merveilles divines (a).
(a) Saint-Martin, Esprit des choses , t. II, p. 213 . »
La Langue hébraïque restituée, Paris, Barrois-Eberhart, 1815, « Dissertation introductive », p. VI, XVII.
SWETCHINE, Sophie
1815
« J’ai lu l’Homme de Désir qu’il vous a prêté : c’est un très beau poème, dont la scène est dans la région des nuages. En le lisant, il semble qu’on voit la terre de ce même point de vue d’ou l’aigle la découvre du plus haut des airs ; mais cet ouvrage ouvre-t-il l’âme aux impressions vraiment célestes ? la pénètre-t-il d’amour ? Je crois que non. Parlant davantage à l’imagination qu’à la sensibilité, il élève l’esprit et touche peu le cœur. Voilà du moins l’effet qu’il produit sur moi et que me produit toujours tout ce qui, en fait de langage religieux n’a point la simplicité antique de l’Évangile, son adorable sagesse d’expression. Je lis beaucoup mon amie, et plus je lis, plus j’en reviens à ces premiers éléments qui sont si simples qu’on les fait bégayer à l’enfance. »
Mme Swetchine à Roxandre de Stourdza, s. d. Madame Swetchine, sa vie et ses œuvres, publiées par le comte de Falloux, 2 vol., Paris, 1860, vol. I, p. 144-145.
Falloux propose de dater les lettres de ce même groupe entre le printemps 1814 et la fin 1815. La lettre précédente permet de situer celle-ci dans l’année 1815.
Le personnage qui a prêté l’Homme de Désir à Roxandre de Stourdza est M. de Berckheim, gendre et disciple de Mme de Krüdener, cité quelques lignes plus haut dans le texte.
THORY, Claude Antoine
1815
Acta Latomorum, -1. I, p. 93 : « Martinez Pasqualis fut le Maître de Saint-Martin. »
I, p. 160 : « (1784) […] 28 décembre. Lecture au Convent de Lettres du Prince Ferdinand de Brunswick et de Lunebourg, de MM. de Saint-Martin et Mesmer, dans lesquelles ils refusent de participer aux opérations de cette réunion. »
I, p. 223 : « 1804, 14 octobre — Louis Claude de Saint-Martin, officier au régiment de Foix, meurt dans la maison de campagne du sénateur Lenoir-La Roche à Aunay, près Paris. Ce sectaire était le disciple de Martinès Paschalis : il a laissé, sur la Franche-Maçonnerie, un manuscrit en deux volumes, intitulé l’Ecossisme réformé. Ce fut lui qui introduisit dans les Loges en France, la doctrine du martinisme. M. de Saint-Martin est, comme on le sait, auteur d’un grand nombre de livres mystiques, dont le principal parut sous le titre Des Erreurs et de la Vérité. C’est de cet ouvrage dont Voltaire disait, dans une lettre qu’il écrivait à Dalembert, le 22 octobre 1776 : « Jamais on n’imprima rien de plus absurde, de plus obscur, de plus fou et de plus sot. »
I, p. 320 : « Kadosh (Chev) dit l’Homme saint — Dixième et dernier grade de la Réforme de Saint-Martin. »
I, p. 322 : « Maître Ancien — Nom du quatrième des grades de la réforme de Saint-Martin. »
I, p. 330 : « Palestine (Chevalier de la) — Nom du neuvième grade de la réforme de Saint-Martin. »
II, p. 96 (Dans la liste des Philalètes convoqués aux Convents de 1785 et 1787, cite) : « St Martin (de) officier au régiment de Foix, à Paris. »
II, p. 376 (Table des noms cités dans l’ouvrage) : « Saint-Martin (Louis Claude de), officier au régiment de Foix, disciple de Martinès Paschalis. Il introduisit dans la Franche-Maçonnerie le système du martinisme ; convoqué au Convent de Paris en 1785, il refuse d’y participer ; mort en 1804. »
Acta Latomorum, ou chronologie de l’histoire de la Franche-Maçonnerie française et étrangère…, Paris, Dufart, 1815, t. I, p. 93, 160, 223, 320, 322, 330 ; t. II, p. 96, 376.
1816
MEYER, Christian Daniel von
27 mars 1816
« Je ne Vous dissimule point Monseigneur que je ne suis pas mal fatigué de ma correspondance avec M. de Baader. Ce galant homme est trop savant pour moi, et quant à ses raisonnements ils sont trop subtils et trop spécieux pour quelqu’un qui, comme moi, ne raisonne jamais. J’ai lieu de croire que si je pouvais le mettre complettement au fait des principes de Mad. de R. il ne feroit pas difficulté de les adopter, mais comme cela ne peut pas se faire par le moyen des lettres, je commence à douter que jamais nous tombions d’accord. Il vient de m’envoyer la feuille que je prends la liberté de joindre à cette lettre afin de mettre Votre Altesse à même de pouvoir m’en dire son sentiment. – Mr de Baader ne se borne pas de me faire part de ses idées et de ses apperçus, mais en sa qualité de scrutateur infatiguable, il me demande encore des notices sur bien des personnes qui ont passé pour être des initiés de préférence dans la théosophie. Entre autres il désire que je lui parle de Martinez Pasqualis, de S. Martin, de Barberin, de l’abbé Fournié, de la Doctrine de ces Docteurs et surtout de leur système au sujet des nombres. Je n’en ai jamais su des particularités bien certaines, de façon que je suis peu à même de pouvoir le contenter. Si j’osois je prierais Votre Altesse de venir au secours de ma mémoire, mais je crains qu’Elle ne sera guère disposée de se rappler tout ce qu’Elle en a su. Mr. de Baader est surtout à la recherche de l’ouvrage de l’abbé Fournier qui a pour titre : ce que nous avons été, ce que nous sommes, et ce que nous deviendrons etc, etc. Si je ne me trompe, c’est Vous Monseigneur qui jadis me l’a prêté. Au cas que Vous le possédés encore veuillés me faire savoir si Vous êtes disposé de le confier au savant de Munnic, qui, j’ose le garantir, en aura grand soin. »
Christian Daniel von Meyer au Landgrave Christian de Hesse (Lettre en français), Francfort am Main, 27 mars 1816. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. I, p. 481-482.
TIECK, Ludwig
1er avril 1816
« Aber sich wahrhaft in die Erleuchtung eines begeisterten Gemüthes zu erheben, und hier in den Spâhren eines vielverschlungenen Zusammenhangs und der harmonischen Vereinigung aller Krâfte auch Vernunft und Verstand wieder anzutreffen, ist nur wenigen gegeben, den allerwenigsten bis jetzt, scheint es, keinem, Kunde und Rechenschaft darüber zu geben, denn den improvisirenden Franz Baader kann ich wirklich nicht rechnen ; die herrlichen Rhapsodien eines Haman klingen wie einzelne Tone durch die Welt. St. Martin ist zu sehr Sentimentalist und Polemiker gegen die Verdorbenheit, und ohne es zu wissen, gegen seine eigene Unwissenheit, die Religiosen, auch die besten, ziehen aile Erscheinungen zu sehr in ihren Zunftgeist, und nehmen eben von allem nur, was sie dafür brauchen konnen. »
(« Mais s’élever véritablement dans l’illumination d’une âme saisie par l’enthousiasme, et là, parmi les sphères d’une corrélation générale aux nombreux entrelacs et de la fusion harmonieuse de toutes les forces, retrouver aussi la raison et l’entendement, cela n’est donné qu’à peu d’hommes. Jusqu’à présent, surtout, il semble que personne n’ait su rendre compte de cet état. En effet je ne saurais vraiment pas dire que ce fut le cas de Franz Baader qui improvise ; les magnifiques rhapsodies d’un Hamann résonnent comme des sons isoles à travers le monde ; St Martin est trop sentimental, il polémise trop contre la corruption et, sans le savoir, contre sa propre ignorance. Les religions, même les meilleures, exploitent trop tous les phénomènes au profit de leur esprit de caste et ne retiennent ainsi de toute chose que ce dont elles peuvent avoir besoin. »)
Ludwig Tieck à Solger, 1er avril 1816. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. III, p. 440. Cf. infra, année 1828, un commentaire de Hegel.
CUSTINE, Delphine de
25 décembre 1816
« Ma vie est troublée par ce profond chagrin ; je ne puis perdre si légèrement un ami sur lequel je croyais pouvoir compter, parce qu’il m’en a donné des preuves que je n’oublierai jamais…
La vie n’est plus rien, si les cœurs sur qui l’on s’appuyait comme soutien disparaissent au moment où l’on en avait le plus besoin…
J’étudie, mais sans courage, je lis Saint-Martin, mais mon âme ne peut s’élever au-dessus de la douleur sous laquelle elle succombe !… »
Delphine de Custine à Rahel Vamhagen Fervaques, 25 décembre 1816. Maugras, Gaston, Croze-Lemercier, comte P. de, Delphine de Sabran, marquise de Custine, Paris, Plon, 1912, p. 527.
La grande douleur de Mme de Custine est d’être sans nouvelles de Koreff qu’elle a quitté, à Teplitz, au début septembre. Elle s’en ouvre à Rahel qui remettra à Koreff la lettre qu’elle lui transmet.
STOURDZA, Alexandre de
1816
(Le Christ) « Père des humains, il nous prodigue les trésors de l’amour et du repentir, substitués à l’admiration et à l’adoration, dont se composait primitivement notre existence (1). »
(1) Mr de St M., Esprit des choses, t. I. »
Considérations sur la doctrine et l’Esprit de l’Église orthodoxe, Stuttgart, Cotta, 1816, p. 54.
1817
HERBORT, Friedrich
20 avril 1817
« Mit Zeit und Gelegenheit will ich Ihnen einen merkwürdigen Aufsatz von St Martin mittheilen, den ich aus einem original Brief abgeschrieben habe ; er betrifft die wahre Aussprache des Worts Jehovah ; nicht die blo b vocale, die nur ein blo b er Schall der Menschen Stimme ist, sondern die wirkende. »
(« À l’occasion et quand j’en aurai le temps, je vous communiquerai un curieux traité de Saint-Martin que j’ai copié sur une lettre originale ; il concerne la vraie prononciation du nom Jéhovah ; non pas la simple prononciation vocale qui n’est qu’une résonance vide de la voix humaine, mais la prononciation agissante [ = efficace]. »)
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Johann Friedrich von Meyer, 20 avril 1817. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
BAADER, Franz von
24 avril 1817
« Mit EHW Erinnerung gegen meine Deutung der Worte Pauli I Corinth. II, 26 etc. hat es seine Richtigkeit, allein wenn dagegen bedacht wird, das z. B. die Jünger in Emauhs den Herrn im Brotbrechen erkannten (wo doch nur ein gewohnlich Gastmahl gehalten ward) und dass der Herr selbst das h. Abendmahl keineswegs als ein besonderes (z. B. Osterfest) einsetzte, sondern wollte, das jeder gemeinschaftliche Genuss des Brotes und Weins seine Jünger an das Mysterium der inneren Beleibung und Beseelung erinnern sollte ; Welches unter der Hülle des âussern Alimentationsprosses etc. verborgen sich fortsetzte, wenn man ferner die âltere hohere Bedeutung des Wortes Coena erwâgt, auf die ich (nach St. Martin) hindeutete, so wird es begreiflich, dass wer die Noth und der Unverstand spâterer Zeiten die Christen dahin bringen konnte, nicht bloss bel jedein Genuss jenes doppelte Mysterium (denn die âussere Alimentation ist auch ein Mysterium) zu unterscheiden (denn so deute ich die Worte Pauli), sondern das h. Abendmahl von einem unheiligen oder ungeheiligten selbst zu trennen. In dieser Hinsicht ist mir St. Martin’s Wort sehr denkwürdig, das für viele Menschen der Christ komt, für viele noch nicht komt, für viele gekommen ist, für viele schon vorübergegangen ist. »
(« Il y a du vrai dans ce sur quoi vous avez attiré mon attention pour critiquer mon interprétation des paroles de Paul, I. Corinth., II, 26 etc. Pourtant l’on peut considérer, par exemple, que les disciples d’Emmaüs reconnurent le Seigneur quand on rompit le pain (alors qu’il s’agissait seulement d’un repas ordinaire, et que le Seigneur lui -même n’institua nullement la Sainte Cène comme un repas particulier (par exemple la fête de Pâques) mais voulut au contraire que le pain et le vin pris en commun servissent à rappeler à ses disciples le mystère de la transfiguration intérieure du corps et de l’âme, mystère qui, caché, se prolonge sous l’enveloppe du processus externe de l’alimentation si l’on considère aussi le sens supérieur et plus ancien du mot Coena que j’ai signalé (après St. Martin). Si donc l’on tient compte de tout cela, alors on comprend que seules la misère et la déraison des époques ultérieures purent amener les chrétiens, non seulement à faire une discrimination (car c’est ainsi que j’interprète les paroles de Paul) dans ce double mystère (car l’alimentation extérieure est aussi un mystère), lors de chaque consomption, mais même à distinguer la Sainte Cène d’une cène profane ou non consacrée […] À cet égard, cette parole de St. Martin me semble mémorable : il dit que pour beaucoup d’hommes le Christ vient, que pour beaucoup il ne vient pas encore, que pour beaucoup il est venu, que pour beaucoup il est déjà passé. »)
Franz von Baader à J. F. von Meyer, 24 avril 1817. SUSINI, Eugène, Correspondance inédite de Franz von Baader, Paris, Vrin, 1942, p. 300 et 302.
HERBORT, Friedrich
10 août 1817
« Dieser Chevalier de V. ist ein intimer Freünd des St Martin gewesen, und succediert ihm in der Ubersetzung des J. Bm, in dem er das Myster : magn : übernommen hat. Er besitzt eine copie von einem manuscpt des Lehtmeisters von St. Mart. nemlich des Dom Martinez de Pasqualis. Dieses mscrpt handelt von der réintégration des esprits. Ist also die Wiederbringung aller Dinge, besonders aller gefallenen Geister ; und wenn man annimmt, wie es Kanne sehr geistreich und artig behandelt hat, da b vorhin alles reines Licht und Intelligenz war, mithin auch die dichteste Materie mit der Zeit intelligent Werden soli, so mag die Abhandlung des Dom Mart. de Pasq : der aus der gleichen Quelle geschopft bat, wie J. Bm sehr interessant seÿn, indem sie nach der Eigenheit des Schreibers ihr eigenes haben wird, und vielleicht einige neüe Ansichten eroffnet, die man anderswo nicht leicht findet. Da ich mit diesem Chev. de V. in correspondenz tretten werde, so hoffe ich eine copie von jener Abhandlung erhalten zu konnen.
Hinzu gehort dann die Abhandlung des St. Martin über die wirksame Aussprache des gro b en Worts, welche ich copieren werde, sobald ich das Büchlein wieder habe, in welchem sie enthalten ist ; welches bald geschehen wird. Ich glaube, da b bis man dahin kommt, das gro b e Wort in sich entwickelt zu haben, ein medium vorerst erlangt werden konne, um damit einiges au b erordentliches zu wirken ; dieses medium ist eine wohlprâparierte Licht- Ferment die als der Grund des Steins der Weisen anzusehen ist. Eckartsheusen sagte mir viel davon, und hat auch Winke gegeben in seinen Schriften. »
(« Ce chevalier de V[aucrose] a été un ami intime de Saint-Martin, et il lui succède dans la traduction des œuvres de Jacob Bohme en assumant celle du Mysterium Magnum (1). Il possède une copie du manuscrit du maître de Saint-Martin, Dom Martinez de Pasqualis. Ce manuscrit traite de la réintégration des esprits. Il s’agit donc de la réintégration de toutes choses [apocatastase], particulièrement de tous les esprits déchus, et si l’on admet l’hypothèse, comme Kanne l’a fait avec élégance et esprit, qu’auparavant tout était lumière et intelligence et que, partant, même la matière la plus dense doit retrouver à la longue cette intelligence, ce traité de Dom Martinez de Pasqualis, puisant aux mêmes sources que Jacob Bohme, peut être intéressant ; il présente des éléments spécifiques à la pensée de l’auteur et offre peut-être quelques vues nouvelles qu’on ne peut pas facilement trouver ailleurs. Comme je dois correspondre avec ce chevalier de Vaucrose, j’espère obtenir une copie de ce traité. Je rattache à cela le traité de Saint-Martin sur la prononciation efficace du grand nom que je copierai dès que j’aurai à nouveau le petit livre dans lequel elle se trouve, ce qui est pour bientôt. Je crois que pour être en état de développer en soi le grand nom, il faut d’abord s’efforcer d’obtenir un medium susceptible d’avoir une action peu ordinaire. Ce medium est un ferment lumineux bien préparé qu’il faut regarder comme la pierre des sages. Eckartshausen m’en a beaucoup parlé et en a donné quelques aperçus dans ses écrits. »)
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Johann Friedrich von Meyer, 10 août 1817. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
(1) Sur Vaucrose, cf SUSINI, Eugène, Commentaires aux lettres inédites de Baader, Vienne, Herder, 1952 ; FABRY , Jacques, Contribution à l’étude du sentiment religieux en Suisse allemande de 1770 à 1830, thèse de 3e cycle, 1976, inédite. Il ne semble pas que Vaucrose, personnage instable et de plus peu doué pour les langues, ait jamais laissé la moindre traduction, à plus forte raison celle du Mysterium Magnum.
PASSAVANT, Johann Carl
12 octobre 1817
« Sur la doctrine des nombres je n’ai rien pu apprendre de plus que tout ce qui vous est suffisamment connu par les seuls écrits de S. M.- Lorsque j’étais à Lyon, mes amis ne connaissaient personne qui s’occupât de façon pratique de M. Pour ce qui est des manuscrits de Barberin, j’ai fait parvenir des demandes à Paris pour savoir s’il s’y trouve davantage de documents que ceux que j’ai entre les mains. Je n’ai pas envie de faire paraître quelque chose dans les Archives pour le M. anim. Les perspectives fondamentales de l’éditeur me sont trop hétérogènes. La prétendue magie d’Eschenmeyer m’attire peu, puisque j’éprouve journellement la véritable et mes expériences en la matière qui m’ont conduit à être humble et prudent dans mon jugement, me rendent violemment hostile à la philosophie de la nature de Kieser et à l’orgueil avec lequel il se place au-dessus de tout l’univers, pour raisonner là-dessus comme un dieu. »
Passavant à Baader, 12 octobre 1817. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. IV, p. 142.
M= Magnétisme ; M. anim. = Magnétisme animal. Ces deux abréviations sont, bien sûr, en allemand dans l’original, soit respectivement : « M. » et « thier. M. »
BAADER, Franz von
29 novembre 1817
« Aus Ihrer neuren Angabe sehe ich übrigens, dass F[rau] v[on] R[atzenried] nicht das Wort astrique, sondern astique wâhlte, indess ist der Sinn im Grunde derselbe, denn eben das sidus in der Materie (ihr Geist) ist unserem Geiste das Verwandtere, und in diesem Sinne sagte St. Martin richtig, dass es mit den Menschen besser stünde, «wenn sie sich zur Natur machten, anstatt sich zur Materie zu machen. »
(« Votre récente référence me montre d’ailleurs que Mme de Ratzenried n’a pas choisi le mot « astrique » mais « astique ». Néanmoins le sens est au fond le même ; en effet, le sidus qui est dans la matière (c’est-à-dire son esprit) représente la chose la plus apparentée à notre esprit, et en ce sens St. Martin avait raison de dire que les hommes feraient mieux « de se faire nature au lieu de se faire matière. »)
Franz von Baader à Christian Daniel von Meyer, 29 novembre 1817. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. III, p. 466.
COUSIN, Victor
1817
« M. Passavant, docteur en médecine, est chrétien aussi […] mais il l’est à la manière de M. Franz Baader dont il est un fervent disciple. M. Passavant a fait tous ses efforts pour m’expliquer la doctrine de son maître, sans y réussir. Cette doctrine n’a point une méthode fixe et un développement régulier ; ce sont des aperçus ingénieux et subtils qui répandent sur toutes choses une lumière équivoque. Je crains que M. Baader n’embrouille la religion par la philosophie et la philosophie par la religion. Jusqu’ici, du moins le christianisme de M. Baader n’est pas à mes yeux un christianisme de bon aloi. M. Baader a été d’abord un disciple de la Philosophie de la Nature, plus tard il y a joint une imitation du mysticisme de Bœhme et de Saint-Martin, et le voilà maintenant un des coryphées du catholicisme bavarois.
[…]Frédéric Schlegel m’a dit que les deux hommes de France qui seuls peuvent prétendre à l’esprit philosophique sont Saint-Martin et M. de Bonald. M. de Bonald a le tort d’avoir appelé au secours de la religion la raison qui la détruit, mais il spécule de haut. Pour Saint-Martin, c’est un scandale qu’il n’ait pas produit plus d’effet en France. (1) »
(1) Saint-Martin a produit en France l’effet qu’il devait produire, et nous en avons toujours parlé avec un respect sincère. Voyez Philosophie de Locke, IIe leçon : « Il est juste de reconnaître que jamais le mysticisme n’a eu en France un interprète plus profond, plus éloquent et qui ait exercé plus d’influence que Saint-Martin. Ses ouvrages, célèbres dans toute l’Europe, ont fait école parmi nous. »
« Souvenirs d’Allemagne. Notes d’un journal de voyage de l’année 1817 », Fragments philosophiques pour servir à l’histoire de la philosophie, cinquième édition, Paris, Didier et Durand, 1866, t. V. (« Philosophie contemporaine »), p. 55-56 et 61.
La note de Victor Cousin est naturellement postérieure à son voyage en Allemagne. L’ouvrage auquel il se réfère est son Cours de l’histoire de la philosophie moderne, deuxième série, t. III, Paris, Didier Lagrange, 1847. Le passage cité figure dans le chapitre « Histoire de la philosophie au XVIIIe siècle, année 1829, second semestre. École sensualiste, système de Locke », p. 10. Il est suivi d’une bibliographie chronologique des œuvres de Saint-Martin et de ses traductions de Jacob Bœhme.
Nous remercions vivement M. Ernst Behler d’avoir bien voulu attirer notre attention sur ces Souvenirs d’Allemagne.
1818
BAADER, Franz von
30 janvier 1818
« Vielleicht weiss Hdero Hr Oncle oder H. D. Passavant, denen ich mich vielemal empfehle, die Adresse des bei Lyon lebenden Vetters des seelg. St. Martin, welcher dessen œuvres pasthumes herausgab. Dieser Mann besitzt noch viele Papiere St. Martin’s, deren Benützung mir und durch mich der Sache selbst sehr nützlich werden konnte. Besonders nach den doktrinalen Fragmenten zu schliessen, welche der 2te Band jener œuvres pasthumes enthalt. Ich würde nun Berne sowohl Ubersetzung als auch Herausgabe zum Profit jenes Herrn übernehmen, falls er mir diese Papiere mitteilte, und vielleicht konnte H. D. Passavant ihn darum begrüssen. »
(« Peut-être Hdero Hr Oncle ou H. D. Passavant, auxquels je vous prie de transmettre mes salutations, connaissent- ils l’adresse du cousin de feu St. Martin dont il possède encore de nombreux papiers dont l’usage pourrait m’être très utile. À en juger particulièrement d’après les fragments doctrinaux que contient le tome II de ces Œuvres posthumes. Je m’occuperais donc bien volontiers de la traduction comme de l’édition de ces papiers au bénéfice de ce Monsieur s’il voulait bien me les communiquer, et peut-être H. D. Passavant pourrait-il le saluer de ma part à cette occasion. »)
Eugène Susini ajoute (Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. III, p. 41) que von Meyer trace en marge, en face de « Dieser Mann », deux petits traits afin de cocher le passage relatif à la demande de Baader concernant les papiers de Saint-Martin, et écrit au bas de la page : « obiges sende ich mit Bitte um paar Zeilen Antwort. » La note est transmise à Passavant, qui la retourne à von Meyer après avoir écrit au bas, au-dessous de la note de von Meyer : « Ich habe nie etwas von dem Vetter St Martin nach von den benannten Papieren gehort. »
Franz von Baader à J. F. von Meyer, 30 janvier 1818. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. I, p. 312-313.
MEYER, Christian Daniel von
28 mars 1818
« Je viens de recevoir des lettres de Mr. de Baader. Il paroît que quelque ami serviable l’a prévenu que je ne me nomme pas Charles. Il me mande que quelque mauvais plaisant a composé une pièce dans laquelle on tourne en ridicule ce qui s’est passé avec sa fameuse somnambule dans l’histoire de laquelle les démons jouent un grand rôle. La pièce a été jouée à Munnic, mais n’y a pas fait fortune. En attendant Mr. Baader semble regretter d’avoir permis a mon neveu d’insérer le rapport de ces crises intéressantes dans un journal intitulé : Blatter für hohere Wahrheit et qui est sur le point de paroître. Au reste ce galant homme s’est mis en tête que j’étais à même de lui communiquer des manuscrits de St Martin et de Pasqualis, et il me dit qu’il y compte d’autant plus, que par une lettre qu’il a reçu d’un Mr Herberts de Bern, il avait appris que je pourrais et que je ne manquerois pas de lui rendre ce service signalé. Or je ne connois pas ce Mr. Herberts et je ne possède aucun de ces manuscrits qu’il me demande et qui probablement ne lui donneroient pas toute la satisfaction qu’il s’en promet. »
Christian Daniel von Meyer au Landgrave Christian de Hesse (Lettre en Français) Francfort sur le Main, 28 mars 1818. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. I, p. 484. Derrière l’indication « d’un M. Herberts de Bern », il faut sans doute reconnaître Friedrich Herbort, Bernois, ami de Kirchberger.
MEYER, Christian Daniel von
Le 1er mai 1818
« Si Votre Altesse ne daigne pas venir à mon secours je cours risque d’indisposer formellement Mr. François Baader contre moi. Déjà à différentes reprises je lui ai déclaré que je ne possédois aucun manuscript de Martinez Pasqualis et de St. Martin ; cela ne l’empêche pas de m’en demander sans cesse et il s’y croit autorisé d’autant plus qu’un de ses amis, un sieur Herberts de Bern, dont auparavant je n’ai jamais entendu parler, lui a donné l’assurance que par mon entremise il parviendrait à inspecter quelques-uns de ces manuscrits.
Ne vous plairoit-il pas, Monseigneur, de me confier l’un ou l’autre de ceux dont Vous êtes en possession ? Je prendrois toutes les précautions nécessaires afin qu’ils ne puissent s’égarer. Je m’adresserois au Ministre Arretin pour le prier de les faire parvenir à mr Baader et je ferois à ce dernier la condition que par la même voie il me les envoye de retour. Ma demande est très indiscrette et je Vous en demande un million de pardons, mais quand on est dans l’embarras on s’adresse de préférence à ceux qui sont déjà habitués à nous en tirer. Au reste je doute fort que Mr. Baader trouvera dans ces manuscrits ce dont il s’attend. II est à parier que ceux de S. Martin sont aussi énigmatiques que ses livres imprimés, et quant à ceux de Pasqualis ils peuvent bien contenir d’excellentes choses mais, originairement écrits en arabe par leur auteur AL-Rachath, traduits ensuite en Chaldeen par Rachpah, et de nouveau traduits en langue espagnole et au bout du compte en françois, il est à présumer qu’à la suite de ces diverses translations, il ne nous soyent pas parvenus dans toute leur pureté et intégrité. »
Christian Daniel von Meyer au Landgrave Christian de Hesse (Lettre en français) Francfort sur le Main, 1er mai 1818. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. I, p. 484-485.
FOURNIE, abbé Pierre
25 mai 1818
« Monsieur et frère en Jésus-Christ
En réponse à votre lettre du 21 avril que j’ai reçue le 21 may. — Voilà déjà 40 ans que le traité d’environ 4 à 5 ou 6 volumes qu’il a pleu à Dieu m’accorder d’écrire et dont vous avez devers vous le premier volume imprimé l’an 1801 et tous les autres sont encore en manuscrit pour jusques au temps qu’il plaira à Dieu qu’ils soient imprimés et publiés, car pour quand à nous tous hommes, ne pouvant rien, absolument rien, ce n’est dont pas notre volonté qui doive ce faire mais celle de Dieu uniquement, que par conséquent c’est à nous tous à nous y soumettre sans murmurer. Pour ce qui est du magnétisme, gy y ay vu des choses surprenantes, mais sans avoir magnétisé parce que le traité sus dit avoit déjà été écrit par la grâce de Dieu.
Pour quand à Mr de Pasqually il ne donnoit que des directions vers Dieu tout en nous exhortant de prier Dieu de lui offrir noire libre arbitre et lire les Saints Livres de la manière que la Sainte Église Catholique apostolique et romaine nous dit de les lire, c’est-à-dire de les lire avec attention, respect, humilité, dévotion et confiance en Dieu et par cette manière de les lire nous devons en conclure que ce n’est pas à nous à les commenter ni à les expliquer mais que c’est d’en attendre la connoissance qu’il plaira à Dieu de nous en donner.
Pour ce qui est de la doctrine de Mr de Pasqually, que vous croyez dacter de la doctrine secrète des juifs, en voici la réponse. Les titres que M. de Pasqually metoit à la tête des passeports qu’il donnoit aux frères qui alloit voyager soit par mer ou par terre étoit : moi de Pasqually un des sept principaux chefs commandant les douze étandarts disrael etc, etc, etc, mai quoi que tel il n’en étoit pas moins catholique apos. et romain. Voilà Mr. et frère en Jésus – Christ ce que je puis donner pour le Présent prions Dieu que sa volonté s’accomplisse en la terre comme au Ciel et non pas la nôtre qui étant tout au rebours de la Sienne nous sépare de la sienne jusqu’à ce que par notre obéissance à la Sienne nous soyons devenus entièrement morts à la nôtre. Et suis votre très humble et obéi. Sr Fournié
Monsieur et très ch. frère en Jésus-Christ
S. Vous plaît.
Mon addresse à Mr. Labbé Fournié chez Mr. Robert adair Esqur Soho Square N° 22 à Londres
À Monsieur
Monsieur François Chevalier de Baader à Schwabingne près de Munic, en Bavière, Germany. »
L’abbé Fournié à Franz von Baader (lettre en français), Londres, 25 mai 1818. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. IV, p. 152-153.
ARSON
Juin 1818
Appel à l’humanité – p. 12-13 [lettre anonyme reçue par Arson, du 23 janvier 1818] : « Voici en deux mots ce qui seul peut vous sauver. Changez de maître. Passez d’un drapeau sale, sans aveu, balloté par les vents, sous un drapeau plus pur, avoué et plus à l’abri des orages, à l’ombre duquel vous trouverez des hommes robustes qui vous adopteront et vous défendront. Je vous désigne d’abord celui d’un homme très vertueux, très probe, modeste et réfléchi, en tout l’opposé de H. W.[ronski] Tandis que cet homme vivait, on le nommait de Saint-Martin. Procurez- vous son livre Des Erreurs et de la Vérité ; lisez-le. Après l’avoir lu, prêtez un serment mental qui retentira là où il doit. Vous serez adopté et soustrait à une influence redoutable. Si vous ne trouviez pas assez tôt le livre que je vous désigne, transportez-vous chez M… vous lui direz, sans lui parler de rien autre chose, qu’une personne de sa connaissance, ayant vu en vous le désir de connaître la doctrine de son ancien ami, le prie de vous prêter son livre Des Erreurs et de la Vérité. »
14 : « Je me procurai le livre Des Erreurs et de la Vérité, et je le lus avec avidité. La préface, qui est si sagement écrite, me donna une haute opinion de l’auteur. En entrant en matière, je vis, à la première page qu’il avait la règle en main ; et plus je pénétrai dans le livre mystérieux, et plus mon étonnement redoubla en voyant la juste application de la règle que l’auteur faisait à chaque pas. Aussi, avant d’arriver à la fin de l’ouvrage, je dus conclure que la Vérité était depuis longtemps sur la Terre. »
24 : Arson pense que la lettre anonyme est issue d’une société secrète, dont Des Erreurs et de la Vérité serait « un des drapeaux ».
27 : « Je supposai que le livre Des Erreurs et de la Vérité avait été fait dans un style incompréhensible pour la multitude, mais dans un sens mystique à la portée de tout homme particulier qui découvrirait la Vérité, lequel voyant dans ce livre qu’une réunion d’hommes éclairés en avait depuis longtemps le dépôt les reconnaîtrait pour ses supérieurs naturels, se réunirait à eux, et serait paralysé dans ses intentions de propager la lumière, par la raison vraie, mais malignement appliquée, que s’il est vrai que la lumière soit faite pour tous les yeux, il est encore plus vrai que tous les yeux ne peuvent pas en supporter l’éclat. Je supposai en outre que cet ouvrage de Saint-Martin n’était pas le seul qui eût cette destination mais que […] ces Esprits infernaux en avaient préparés d’autres. »
Appel à l’humanité, contenant l’exposé de la conduite du nommé Arson, depuis qu’il s’est voué au service de ses semblables, Paris, Imprimerie de A. Belin, juin 1818, p. 12-13, 14, 24 et 27-28.
KRUDENER, Juliette de
3 juillet 1818
« Au moment où j’étais occupée à relire cette lettre et ayant demandé au Seigneur de me montrer clairement quand je devrais l’envoyer, je reçois la Votre, Prince, du 25 juin, qui est précisément le jour où j’avais fini la mienne à Mitau ; étant de retour ici à Cosse depuis peu, l’arrivée de Votre lettre me paraît être l’indication d’envoyer la mienne. J’aurais voulu l’envoyer copiée, craignant la peine qu’elle vous aurait causé à la lire, mais comme elle contient des choses remarquables surtout pour le temps, j’espère que Vous aurez quelques moments pour la lire. Permettez-moi de Vous remercier, Prince, de la peine —je n’ai pas encore eu la permission de lui écrire, mais j’en était occupé hier et votre lettre m’y décide.
Quant à ce que vous me demandez de Baader, je ne saurais y répondre, d’abord ne le connaissant nullement moi- même et me défiant des jugements des autres, connaissant les ruses de l’ennemi qui est si adroit.
Ce que Vous dites aussi, Prince, quant à la science et les dispositions relatives, est une réponse qui concerne aussi peut-être Baader. On peut être très profond en approfondissant et en connaissant les ouvrages de St Martin et de Boehm sans savoir un mot sur la moëlle des prophètes comme nous le disions dans cette lettre qui est la science accordée aux petits enfants. »
Mme de Krüdener au prince Galitzine, post scriptum à une lettre du 14-25 juin 1818, datée du 3 juillet. SUSINI, Eugène, Lettres inédites de Franz von Baader, Paris, P.U.F., 1967, t. IV, p. 405.
CUSTINE, Astolphe de
12 juillet 1818
« … je n’ai été sauvé que par la prière. Saint-Martin, la Bible et une neuvaine au tombeau de Sainte-Geneviève, d’où le troisième jour j’ai rapporté une force nouvelle, m’ont empêché de commettre la plus détestable action de ma vie, celle de me mentir à moi-même en décidant de mon sort et de celui d’une autre. »
Astolphe de Custine à Rahel Varnhagen, 12 juillet 1818. LUPPE, marquis de, Astolphe de Custine, Monaco, Éd. du Rocher, 1957, p. 68. Il s’agit de la rupture, à la veille du mariage de ses quasi-fiançailles avec Clara de Duras. Cf. ibid, p. 68-69.
CUSTINE, Astolphe de
12 juillet 1818
« Je vis avec Horace, le Dante, la Bible, Saint-Martin, etc… »
Astolphe de Custine au marquis de La Grange, Fervaques, 12 juillet 1818. CUSTINE, marquis de, Lettres inédites au marquis de La Grange, publiées par le comte de Luppe, Paris, Presses Françaises, « Bibliothèque romantique», n° 9, 1925, p. 22-23.
HERBORT, Friedrich
28 juillet 1818
« Ich habe zum durchsehen und beliebigen abschreiben eine Abhandlung von St. Martin über die Zahlenlehre hinter mir, die ich den ganzen künftigen Winter behalten kan. »
(« J’ai mis de côté, pour le compulser et éventuellement le copier, un traité de Saint-Martin sur l’arithmosophie que je peux conserver tout l’hiver prochain. »)
Lettre inédite de Friedrich Herbort à Johann Friedrich von Meyer, 28 juillet 1818. Bibliothèque de la faculté de théologie protestante d’Erlangen, fonds Meyer.
CUSTINE, Astolphe de
3 août 1818
« Je passe maintenant ma vie à ne rien faire. Mais la princesse (de Vaudémont) part dans quatre jours ; et alors je reprendrai mes occupations, qui sont de lire Saint-Martin, la Bible et de rapprendre le latin, que je savais mal et que j’étudie à fond dans Horace. Voilà le fond. À cela je joins quelques lectures allemandes… »
Astolphe de Custine au marquis de La Grange, Fervaques, 3 août 1818. CUSTINE, marquis de, Lettres inédites au marquis de La Grange, publiées par le comte de Luppe, Paris, Presses Françaises, « Bibliothèque romantique », n° 9, 1925, p. 33-34.
CUSTINE, Astolphe de
9 août 1818
« Nous sommes retombés dans notre parfaite tranquillité, et mes jours vont recommencer à couler avec une monotonie qui me les rend bienfaisants. Voici la distribution de mon temps, quand je fais ce que je veux. Je me lève à sept heures, car j’ai besoin de beaucoup de sommeil. Depuis neuf jusqu’à onze, j’écris (avant neuf, je descends au jardin et à l’écurie, je donne quelques ordres qui me prennent du temps, et, en remontant, je m’habille et je lis un chapitre de la Bible). À midi, je baguenaude encore une heure avec ma mère et les personnes qui sont ici ; ou, si je peux le prendre sur moi, je remonte et je lis Saint-Martin. À une heure, je lis Horace avec Berstoecher, mon ancien gouverneur, qui est resté l’ami inséparable de notre maison. Nous lisons jusqu’à trois. L’anglais, l’allemand et Saint-Martin remplissent le temps de trois à cinq, où nous dînons. Après cela vient la promenade, et, le soir, une lecture en commun, où je traduis souvent de l’allemand ou de l’italien sur le livre. Voilà mes jours quand quelque caprice, quelque course à cheval, quelque sentiment de paresse ou de découragement, qui l’emporte sur tout, n’en dérange pas l’ordre. »
Astolphe de Custine au marquis de La Grange, Fervaques, 9 août 1818. CUSTINE, marquis de, Lettres inédites au marquis de La Grange, publiées par le comte de Luppe, Paris, Presses Françaises, « Bibliothèque romantique », n° 9, 1925, p. 43-44.
SAL(T)ZMANN, Friedrich-Rudolf
11 août 1818
Saltzmann demande si Mme Provensal, M. de Pasqually ou St-Martin ont donné à Willermoz après leur décès, « quelque marque de souvenir ».
Saltzmann à Jean-Baptiste Willermoz, Strasbourg, 11 août 1808. Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Willermoz, cote 5896.
CUSTINE, Astolphe de
7 septembre 1818
« Une erreur chère en France, surtout aux femmes, c’est de croire que l’esprit humain ne devient créateur que dans un état d’exaltation approchant de l’ivresse. Cette idée serait juste si c’était de l’imagination, et non du cœur, que vinssent les grandes pensées. Une des plus belles idées de Saint-Martin, c’est que l’homme n’invente rien, mais qu’il trouve. D’après cela, l’état le plus favorable aux productions sublimes, loin de ressembler aux délires de la fièvre, serait au contraire, celui où l’âme serait le plus pénétrable aux rayons divins : ce serait le calme que donne le détachement des choses de la terre. Quand l’onde est agitée, elle ne reflète rien ; dès que le calme renaît, elle réfléchit avec fidélité ce qui borde ses rives, et le ciel qui les éclaire. »
Astolphe de Custine au marquis de La Grange. Fervaques, 7 septembre 1818. CUSTINE, marquis de, Lettres inédites au marquis de La Grange, publiées par le comte de Luppe, Paris, Presses Françaises, « Bibliothèque romantique », n° 9, 1925, p. 55.
CUSTINE, Astolphe de
2 octobre 1818
« Je voulais, à propos d’inutilité, vous parler de Jacob Bœhme, dont je lis les Trois Principes, traduits par Saint- Martin ; ce sera pour un autre jour, car il faut finir. S’il est vrai que le besoin de connaître et de concevoir soit un des attributs de l’esprit, cela prouve que je n’en ai guère ; car j’ai le besoin de ne pas concevoir, et l’incompréhensible séduit mon intelligence, comme la lumière attire le papillon. J’ai un goût, même physique, pour l’obscurité, et rien ne me plaît davantage que de marcher la nuit. »
Astolphe de Custine au marquis de La Grange. Fervaques, 2 octobre 1818. CUSTINE, marquis de, Lettres inédites au marquis de La Grange, publiées par le comte de Luppe, Paris, Presses Françaises, « Bibliothèque romantique », n° 9, 1925, p. 65.
1819
CUSTINE, Astolphe de
28 juin 1819
« … J’ai un don de réceptivité qui me surprend toujours ; et, comme Dieu peut susciter des enfants à Abraham du sein même des pierres, il me semble que je puis tirer de toute chose des oracles et des sujets de conversation. Je cause avec tout, moins cependant avec les livres qu’avec toute chose. Ils ont toujours été, malgré leur bavardage, ce qui me parle le moins : les hommes avant tout, puis la nature, et même les pierres avant les livres. Cependant, je viens d’en lire un dont je suis fort content. C’est celui que M. de Courchamps m’avait donné l’hiver dernier : la Voie de la Science divine. C’est une bonne préparation pour comprendre Saint-Martin et Jacob Bœhme. Il y a de très grandes et belles idées, peu de ces mots barbares familiers aux théosophes, beaucoup plus de clarté que dans leurs autres ouvrages, et enfin une direction que je crois la bonne pour parvenir à la vérité. Remerciez de ma part M. de Courchamps de m’avoir fait ce présent. »
Astolphe de Custine au marquis de La Grange, Fervaques, 18 juin 1819. CUSTINE, marquis de, Lettres inédites au marquis de La Grange, publiées par le comte de Luppe, Paris, Presses Françaises, « Bibliothèque romantique », n° 9, 1925, p. 115-116.
VARNHAGEN von ENSE, Karl August
1819
Article intitulé « Sendschreiben an einen Freund, oder hohere Betrachtungen über die franzosische Revolution, von dem unbekannten Philosophen Saint-Martin, aus dem franzosischen übersetzt ».
Denkwürdigkeiten und Vermischte Schriften von K. A. Varnhagen von Ense, Bd VI, 2 Aufl.,1843, p. 411-508.
Cette traduction par Varnhagen de la Lettre à un ami, ou considération politique sur la révolution française, Paris, an III, est précédée d’une préface du traducteur, datée de « Karlsruhe, en juin 1819 » (Karlsruhe, in Juli 1819), p. 411-415.