Ce discours a été prononcé par Vialetes d’Aignan à la réception du Me chevalier de Guibert, dans l’ordre des Elus coëns, le 24 mars 1788. Il a été publié par Robert Amadou dans Théosophie et Théologie, en 1980 [1]. Son éditeur n’en précise pas la source, mais il provient du Fonds Dubourg conservé à la Bibliothèque municipale de Toulouse.
« Vous venez d’être initié, mon Très Cher Frère, dans un ordre qui, ayant pour but de ramener l’homme à sa glorieuse origine, l’y conduit comme par la main, en lui apprenant à se connaître, à considérer les rapports qui existent entre lui et la nature entière dont il devait être le centre s’il ne fût pas déchu de cette origine, et enfin à reconnaître l’Être suprême dont il est émané.
Ces trois objets essentiels viennent de vous être retracés pendant le cours de votre réception, sous des emblèmes et des hiéroglyphes dont le secret ne vous sera donné qu’en proportion du développement de votre intelligence, par laquelle vous acquerrez les moyens pour remplir votre destination.
Tel est le grand but que l’ordre des Élus coëns se propose, et ce qu’il attend de vous. J’ose espérer, mon Très Cher Frère, que par une volonté ferme et active, vous coopérerez à ce qu’il s’effectue non seulement pour vous, mais encore pour tous vos frères.
Les liens qui vous unissent dès ce moment à nous ne vous laissent plus le choix entre abandonner ou suivre la carrière que vous commencez. Les engagements que vous venez de contracter et les liens du sang vous font la loi de vous y maintenir. Votre frère se présente à nous pour être instruit des choses dont l’homme a eu le malheur de perdre le souvenir. Grand par son émanation et faible par nature, l’homme n’a su se maintenir à sa place. Gémissons sur son sort, gémissons sur nous-mêmes, et prions le Grand Architecte de l’Univers qu’il nous donne les forces nécessaires pour faire notre travail afin d’être bientôt réunis à lui.
Voilà, en entrant dans l’ordre, le travail qui vous est plus particulièrement assigné. Emmener votre frère au sein de nos circonférences, ce sera doubler votre jouissance et les liens qui vous unissent à lui. Pour y parvenir, n’oubliez pas que par nous-mêmes nous ne pouvons rien, et que ce n’est que par le secours qui nous vient d’en haut que nous pouvons quelque chose. Demandons donc, et demandons dans l’esprit des paroles de notre divin maître : Tout ce que vous demanderez en mon nom vous sera accordé, nous dit-il. Après une pareille promesse, combien serions-nous coupables si nous n’en faisions le bon usage que nous devons. Il nous dit encore : Là où vous serez deux ou trois assemblés en mon nom, je serai au milieu de vous. Oh ! mon Dieu, puisque telle est votre promesse, répandez votre sainte bénédiction sur nous tous, afin que nous n’ayons qu’un cœur et qu’une voix pour vous louer et vous bénir éternellement.
Surtout, mon Dieu, ayez pitié de votre créature qui s’humilie tous les jours devant vous pour vous demander que votre volonté soit faite et, en ce jour solennel où votre Église célèbre la résurrection de votre divin Fils, ressuscitez en nous le don de vous servir en esprit et en vérité.
Amen, amen, amen, amen. »
[1] Robert Amadou, Théosophie et Théologie, Edi-Repro, Saint-Clément-des-Levées, 1980. Cet ouvrage constitue le n° 13 de la collection « Documents martinistes ». Il se compose des correspondances échangées entre Louis-Claude de Saint-Martin et Vialetes d’Aignan entre le 26 juillet 1795 et le 14 février 1797. Le discours qui termine l’ouvrage vient du fonds Du Bourg conservé à la bibliothèque municipale de Toulouse.Illustration : représentation imaginaire d’un rituel coën (document philosophe-inconnu.com).