Dans cette conférence (vidéo ci-dessous), Antoine Faivre se propose d’évoquer la place occupée par Saint-Martin dans l’œuvre de Papus en montrant qu’elle est essentiellement liée à la création de l’Ordre Martiniste. Il montre que mis à part cet élément fondateur, la pensée de Saint-Martin reste marginale dans l’œuvre de Papus.
Dans un premier temps, Antoine Faivre évoque l’entrée en scène progressive de Saint-Martin dans la création de l’Ordre Martiniste et dans les premiers écrits de Papus, notamment dans son Traité méthodique de sciences occultes (1891). Pour ce qui est de cet ouvrage, il souligne que la place occupée par le Philosophe inconnu y est modeste.
Dans la seconde partie de sa communication Antoine Faivre s’intéresse à la « trilogie instauratrice » que Gérard Encausse a consacrée à l’histoire du Martinisme avec ses livres :
- Martines de Pasqually, sa vie, ses pratiques magiques… (1895)
- Martinésisme, Willermosisme, Martinisme et Franc-maçonnerie… (1899)
- et enfin celui qu’il a consacré à Saint-Martin : L’Illuminisme en France, 1771-1803, Louis-Claude de Saint-Martin, sa vie, sa voie théurgique… 1902.
Antoine Faivre s’attarde plus spécialement sur ce troisième ouvrage.
Dans la dernière partie de sa communication Antoine Faivre présente ses « Interrogations sur Papus lecteur de Saint-Martin ». Évoquant les références bibliographiques citées par Papus, il souligne le cas du livre de Louis Moreau sur Saint-Martin (1850), qui est une impitoyable condamnation de la pensée théosophique en général et de Saint-Martin en particulier. Antoine Faivre observe que Papus, lorsqu’il cite cet ouvrage, ne semble pas avoir remarqué la position hostile de Moreau à l’égard de Saint-Martin. Antoine Faivre évoque les méprises de Papus au sujet des relations supposées du Philosophe inconnu avec l’Agent Inconnu et ses erreurs au sujet des relations entre swedenborgisme et martinisme. Il montre enfin que la pensée de Saint-Martin occupe une place très modeste, voire secondaire, dans les écrits de Papus et souligne qu’elle est parfois en contradiction avec les positions du Philosophe inconnu, notamment en ce qui concerne la réincarnation. Antoine Faivre rappelle que le Philosophe inconnu en refusait le principe, estimant d’ailleurs que la doctrine de la réincarnation n’était enseignée que dans les « écoles inférieures ».
En conclusion, Antoine Faivre souligne que Papus n’est pas un épigone, c’est-à-dire un successeur ou un continuateur de Saint-Martin, car trop de différences les séparent pour qu’on puisse même parler de filiation philosophique de l’un à l’autre, aussi « en lisant l’un, sachons aussi oublier l’autre » gardant cependant à l’idée que chacun est prodigue en incitations à penser.
Vidéo
Antoine Faivre, directeur d’études émérite de l’École pratique des hautes études, est l’auteur de nombreux ouvrages traitant de l’histoire des courants ésotériques dans l’Europe moderne et contemporaine.
Le texte de cette conférence a été publié dans les actes du Actes du colloque Papus organisé par l’Ordre Martiniste le 22 octobre 2016 à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Papus (1865-1916).
Nous venons de perdre un mage ; on s’en consolerait si ce mage n’eût été, d’autre part, un excellent homme et un médecin éminent. Ce dédoublement de la personnalité est, sans doute, le miracle le plus authentique qu’ait accompli le Dr Encausse alias Papus. » (La Vie Parisienne, octobre 1916)
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