Sommaire
Présentation de l’éditeur ♦
Le grade de Maitre écossais de Saint-André récapitule en les sublimant tous les enseignements des grades précédents, et conduit à la révélation de la Jérusalem céleste. Véritable sanctuaire de la doctrine rectifiée, ce grade est le point d’orgue de la maçonnerie du Rite Écossais Rectifié et achève le parcours du maçon de ce rite. Fruit d’une longue maturation s’inscrivant dans la tradition de l’écossisme du XVIIIe siècle, il constitue le testament illuministe et martinésien de Jean-Baptiste Willermoz.
Titre : Les sublimes lumières du Maître Écossais de Saint-André
Auteur : Dominique Vergnolle
Éditeur : Les Éditions de la Tarente
Nombre de pages : 416 p., dimensions 16×24
Parution : mars 2024
Collection : Fragments maçonniques
ISBN : 978-2-494823-13-6 – EAN-13 9782494823136
Note de lecture
Après avoir traité de l’histoire du Régime Écossais Rectifié dans L’Épopée des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte et de leur Profession, livre publié chez le même éditeur en 2021, Dominique Vergnolle s’intéresse ici à l’un des grades emblématiques de ce Régime. Il s’agit de celui de Maître Écossais de Saint-André, seul haut grade du Régime Écossais Rectifié. Comme le précisait Willermoz lui-même, « notre écossisme supplée et remplace les grades dénommés hauts grades dans les autres régimes, même celui de R.+, car nous ne pensons pas qu’il ait jamais fallu une série de 33 et encore moins de 90 grades pour parvenir à connaître l’essence fondamentale de la maçonnerie. Nous ne considérons cette multitude de grades, et ceux qui leur succéderont encore, que comme la pierre d’attente d’un bâtiment qui ne s’élèvera jamais ; et nous ne doutons pas qu’ils ont été créés par l’amour des systèmes et des distinctions, par l’orgueil de la domination et par la cupidité qui n’a jamais livré gratuitement les joujoux ». Dans le Régime Écossais Rectifié, ce grade de Maître Écossais de Saint-André marque la frontière entre les trois grades bleus et l’Ordre intérieur, celui des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte [1] Lettre non datée de Willermoz conservée à la BnF, FM1 286, document dont l’auteur donne un extrait à la page 84 de son livre. Jean-François Var en donne le texte complet dans le tome 2 de La Franc-maçonnerie à la lumière du Verbe, Dervy 2018, p. 280-294. .
Dans cette étude très dense, Dominique Vergnolle s’intéresse d’abord à la question de la genèse de l’écossisme en France et en Allemagne. Il montre comment Jean-Baptiste Willermoz lui-même aborde cette question à une époque où, constatant la stagnation de l’Ordre de Élus coëns, il adopte le système de la Stricte Observance Templière allemande (1773). Profitant de l’occasion offerte par le mouvement de réforme qui traverse alors ce système, qui renonce à se prétendre l’héritier des templiers, Willermoz va contribuer à la réforme de la Stricte Observance Templière allemande en l’enrichissant avec des éléments empruntés à la doctrine des élus coëns. L’auteur nous montre les obstacles et les oppositions auxquelles Willermoz a été confronté pour défendre ses idées. C’est à l’issue de cette réforme, marquée par le Convent de Wilhelmsbad en 1782, que la Stricte Observance Templière se transforme en Régime Écossais Rectifié.
Après cette contextualisation nécessaire à la compréhension de son livre, Dominique Vergnolle aborde ce qui constitue le sujet de son ouvrage, le grade de Maître Écossais de Saint-André, quatrième grade du Régime Écossais Rectifié (RER). Il analyse la manière dont ce grade évolue et se transforme petit à petit, depuis le convent des Gaules (1778) jusqu’à celui de Wilhelmsbad (1782). Resté à l’état d’ébauche, la rédaction du rituel de ce grade se poursuit pendant quelques années. Interrompue par l’épisode de l’Agent inconnu (1785-1788) et par la Révolution (1789), sa rédaction définitive ne sera achevée qu’en 1809, dans le contexte du réveil du R.E.R. sous l’Empire. Examinant les sources utilisées par Willermoz, l’auteur met en évidence les emprunts venant des grades écossais pratiqués en France et en Allemagne (écossais vert) et ses influences suédoises. Il souligne les apports fondamentaux venant de la doctrine de Martinès de Pasqually, et s’arrête brièvement sur les relations de ce grade avec celui du grade coën de Maître élu. Il aurait été intéressant d’évoquer également de Grands Élus de Zorobabel, soi-disant chevalier d’Orient.
Après avoir abordé les questions liées aux sources de ce grade, l’auteur s’intéresse à sa symbolique. Il s’attarde notamment sur les quatre vertus cardinales (Prudence, Tempérance, Force et Justice) associées à ce grade, la lame d’or, et les quatre tableaux spécifiques utilisés dans le rituel de Maître Écossais de Saint-André. Le lecteur pourra regretter de ne pas trouver dans l’ouvrage des reproductions de ces tableaux par ailleurs assez connus. Cette absence est comblée par les lumières apportées par l’auteur sur la symbolique de ces représentations. Pour ce qui est du quatrième tableau, représentant la Jérusalem céleste, nous ne sommes pas convaincus par l’hypothèse formulée par l’auteur qui voit ici une influence swedenborgienne [2] Rappelons sur ce point qu’Ecker und Eckhoffen, personnage auquel l’auteur se réfère, ne se situe pas dans la mouvance d’Emmanuel Swedenborg. Après avoir été exclu des Rose-Croix d’Or Eckhoffen avait fondé l’Ordre des Frères de Saint Jean l’évangéliste en Europe, dont Charles de Hesse Cassel prendra la direction. Précisons également que Bénédict Chastanier n’a pas fondé d’ordre maçonnique swedenborgien, mais qu’il fut avec Robert Hindmarsch, l’un des fondateurs de The Theosophical Society, for translating, printing and distributing the writings of Swedenborg, créé à Londres en 1784, société qui donnera naissance à l’Église swedenborgienne en 1787. . Dominique Vergnolle donne de nombreuses précisions sur les aspects symboliques du grade de Maître Écossais de Saint-André, tel que celui de la résurrection d’Hiram, de la reconstruction du Temple, éléments qui se rapportent autant à la restauration de cet édifice, qu’à celle de l’homme ou de la maçonnerie primitive, le saint Ordre qui est à la source de toute initiation. L’auteur consacre également quelques pages à la symbolique du bijou du grade, sur lequel figure saint André sur sa croix caractéristique. Dominique Vergnolle met en évidence la symbolique des nombres associés au grade (luminaires, batteries, etc.).
La thématique du grade de Maître Écossais de Saint-André est associée au passage de l’ancienne loi, celle de l’Ancien Testament, à la nouvelle loi, celle du Nouveau Testament. Cette transition est marquée par la référence à saint André, qui laissa saint Jean-Baptiste pour suivre le Christ. En effet, le Régime Écossais Rectifié se réclame du christianisme et dans son « épilogue » Dominique Vergnolle souligne l’importance de ce point. « Oui l’Ordre est chrétien », comme le précise le rituel de ce grade, et pour l’auteur de ce livre, il ne s’agit pas d’un christianisme symbolique, d’un christianisme transcendant, mais d’une adhésion réelle à la foi chrétienne. Cette affirmation nous semble réductrice dans la mesure où le RER accorde foi à des doctrines comme celles de l’émanation, de la préexistence des âme et d’autres positions rejetées comme hérétiques par l’Église. Le RER a une position plus ouverte et intègre des éléments doctrinaux reprouvés par l’Église après le VIe siècle. C’est pour cette raison que Joseph de Maistre le qualifiait de christianisme transcendant, « mélange de platonisme, d’origénianisme et de philosophie hermétique, sur une base chrétienne » (11e Entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg.
Cette riche étude est complétée par dix-sept documents (textes et illustrations) présentés en annexes, documents auxquels font référence les divers points abordés par l’auteur. Avec Les sublimes lumières du Maître Écossais de Saint-André, Dominique Vergnolle, nous offre l’une des études les plus importantes qui aient été consacrées à ce grade. Il permet de mieux percevoir la richesse d’un grade dans lequel Jean-Baptiste Willermoz a habilement intégré la quintessence de l’écossisme.
Dominique Clairembault
28/04/2024
Table des matières
Prologue, p. 9
Avant et pendant l’histoire, p. 13
Genèse et premières traces de l’écossisme en France
- L’esprit des Lumières et l’émergence de la maçonnerie spéculative, p. 15
- L’apparition du grade de maître écossais, p. 17
- L’engouement spéculatif et l’essor de l’écossisme, p. 19
Ramsay, la maçonnerie chevaleresque et la légende Écossaise
- Ramsay et son discours, p. 22
- L’essor des hauts grades dits chevaleresques, p. 25
L’écossisme et les hauts grades en France de 1745 à 1813
- L’émergence de la Grande Loge de France, p. 27
- La Grande Loge de France face à la prolifération écossaise, p. 28
- Le conflit des chapitres de hauts grades, p. 30
- La fin du conflit et la mutation en Grand Orient de France, p. 34
- La nouvelle organisation de l’écossisme et des hauts grades, p. 35
Petite histoire des grades Écossais et des hauts grades dans les états Allemands
- La genèse de la maçonnerie dans les états allemands, p. 38
- L’apparition des loges écossaises et leur organisation, p. 43
- La genèse de la Stricte observance, p. 45
- L’émergence des systèmes de hauts grades, p. 47
Jean-Baptiste Willermoz et la réforme maçonnique
- Jean-Baptiste Willermoz et la maçonnerie lyonnaise, p. 54
- Jean-Baptiste Willermoz et le problème de l’écossisme, p. 55
- La Stricte Observance comme opportunité de réforme maçonnique, p. 58
L’écossisme rectifié et son évolution
- La hiérarchie des grades de l’écossisme rectifié primitif, p. 63
- La structuration du convent des Gaules, p. 73
- Le convent de Wilhelmsbad et l’extension de la réforme française, p. 78
- Et après Wilhelmsbad ? p. 80
Les sources, p. 87
Les différentes sources d’inspiration du grade, p. 89
Les emprunts aux grades écossais et hauts grades pratiqués en France
- L’influence des grades écossais, p. 92
- L’influence des hauts grades français, p. 108
Les emprunts aux grades Écossais allemands et à L’écossais Vert
- Le maître écossais allemand « primitif » : le manuscrit Copiales, p. 126
- Quelques précisions sur l’écossais de Prusse et Chevalier de Saint-André 132
- Le maître écossais de Saint-André du chardon, p. 133
- L’écossais, dit vert, du baron de Hund, p. 134
L’influence de Charles de Hesse et du système suédois, p. 147
L’apport crucial de la théosophie de Martines de Pasqually
- L’énigme Martines de Pasqually, p. 152
- L’installation du système de Martines, p. 153
- Les enseignements de Martines de Pasqually, p. 155
- La doctrine au sein du rite rectifié et particulièrement
- dans son grade terminal, p. 164
- Les emprunts à la numérologie martinésienne, p. 168
De l’Écossais Vert au Maître Écossais de Saint-André
- Le rituel du convent des Gaules, p. 175
- Le rituel du convent de Wilhelmsbad, p. 178
- Le retard pris dans la rédaction définitive du rituel, p. 183
- Le rituel de 1809, p. 191
Les lumières, p. 197
Du quatrième grade du Rite Écossais Rectifié
- Situation particulière du quatrième grade, p. 199
- Bref retour sur les grades symboliques, p. 200
- Temple détruit et servitude, p. 203
- Le dévoilement du deuxième tableau et la restauration de l’homme, p. 205
- La lame d’or triangulaire et l’homme régénéré, p. 210
- Les faveurs spirituelles accordées, p. 212
- Le tableau du grade, p. 213
- La résurrection et l’immortalité, p. 214
- L’univers spirituel, théâtre du quatrième grade, p. 217
- La nouvelle Jérusalem, la vie céleste et Saint-André, p. 218
- En guise de conclusion, p. 223
Variation christique sur le deuxième tableau
- Les circonstances du dévoilement du deuxième tableau, p. 225
- Les modalités du dévoilement du tableau, p. 226
- Les enseignements symboliques du deuxième tableau, p. 228
- L’invocation du nom, p. 233
Les nombres de l’esprit
- Les nombres caractéristiques des grades, p. 235
- Le septénaire des grades bleus, p. 236
- Le septénaire de Faction spirituelle, p. 238
- Le septénaire divin de sanctification et déification, p. 243
Le bijou du grade
- Le double triangle, p. 247
- Les instruments maçonniques et la quadruple puissance de l’esprit, p. 250
- Hiram et la lettre H, p. 252
- La couronne, p. 256
- Le symbolisme macrocosmique du bijou dans ses rapports
- avec le Tableau Universel, p. 257
- Variations sur le double triangle, p. 259
Saint-André et le passage à la nouvelle loi
- Le passage à la nouvelle Loi et les vertus théologales, p. 261
- Saint-André premier appelé et premier témoin, p. 263
- Saint-André passeur d’âmes, p. 265
- Saint-André et la vertu de force, p. 266
- La croix en X et les colonnes brisées posées en sautoir, p. 267
- Saint-André et l’Écosse, p. 270
Oui, l’Ordre est chrétien ! p. 274
Épilogue, p. 287
Annexes
- I : Délibération des Frères des hauts grades de Lyon pour l’adhésion à la Réforme d’Allemagne, p. 295
- II : Requête définitive d’admission des Frères Lyonnais à la Réforme d’Allemagne, p. 298
- III : Extrait de délibération du Directoire écossais de Bourgogne concernant l’écossais vert et les grades intermédiaires, p. 302
- IV : Délibération définitive du Directoire Écossais d’Auvergne, p. 305
- V : Extrait des actes de la XXIème séance du 21 août 1782, p. 309
- VI : Extrait des actes de la XXII4″1′ séance du 22 août 1782, p. 313
- VII : Extrait du discours historique du grade sublime des 4. Fois Respectables Maîtres Écossais de Saint-André d’Écosse. contenant le développement total de l’Art Royal de la franche-maçonnerie & le but direct, essentiel & primitif de son institution, p. 317
- VIII : Explication des emblèmes des estampes, p. 322
- IX : Écossais de Prusse ou de Saint-André, p. 324
- Manuscrit Kloss 192.A.62, p. 324
- Tableaux, p. 332
- X : L’écossais grand architecte, p. 334
- XI : Rituel de réception de frère écossais de la Stricte Observance – 1755, p. 343
- XII : Copie d’une transcription de rituel de Maître Écossais – Dresde le 16 mars 1774, p. 351
- XIII : Compléments au catéchisme du quatrième grade (écossais vert), p. 361
- XIV : Le VI° degré d’Écossais suprême ou Templier, p. 362
- XV : Esquisse du grade de Maître Écossais Rectifié – 1778, p. 368
- XVI : Grade de Maître Écossais rectifié, p. 370
- XVII : Projet d’ébauche pour servir de base au rituel du 4° grade, 393 Pièce N° 158, p. 393
Bibliographie, p. 395
- Fonds Bibliothécaires, p. 395
- Livres, p. 395
- Revues, p. 398
Illustrations, p. 401
Notes :