Comment se faire entendre de Dieu pour mieux être entendu ? C’est ce à quoi nous invite William Law, dans ce court texte, d’une limpidité absolue, tout droit venu du XVIIIe siècle et traduit pour la première fois en langue française, en 1901.
Qu’en est-il réellement de « l’esprit de la prière » ? Qu’en est-il réellement de cet acte de foi solitaire et sacré qui monte ardemment, sans férir, du levant au couchant vers les cimes célestes de la manière la plus naturelle du monde – du cœur de l’homme au tréfonds de l’intime vers la puissance magnifiée de l’Indicible – sans souci aucun d’atours chatoyants, sans règle d’ordre, sans rituel savant, sans convention absconse, sans bougie ni parfum ni encens. Ayant véritablement pour seule justification que d’être seulement esprit enclos dans la matière, tendu et entendu seulement par celui qui sait, à l’orée des nuages. Une voix muette et confiante qui monte des abysses, arquée vers l’Invisible.
Qu’en est-il réellement de « l’esprit de la prière » ? Un joyau de lumière qui n’est ni mantra chamarré aux saveurs d’orient, ni méditation ascétique, ni contemplation béate, ni contrition obscure d’un dieu avilissant l’homme au point de le torturer dans ses chairs adamiques. Un esprit pur assagi de toute crainte, une inspiration bénie qui n’est ni superstition malvenue emplie de la peur des hommes, ni croyance cérémonielle, ni cri dans la nuit apte à recueillir comme suite un écho rauque réfléchi par les parois de l’Empyrée.
Comment se faire entendre de Dieu pour mieux être entendu ? C’est ce à quoi nous invite William Law, dans ce court texte intitulé « L’Esprit de la Prière », d’une limpidité absolue, tout droit venu du XVIIIe siècle et traduit pour la première fois en langue française, en 1901, par le grand initié Paul Sédir… (présentation de l’éditeur.)
Traduction de Paul Sédir (1901) avec une Préface de Gil Alonso-Mier.
Titre : L’Esprit de la Prière
Auteur : William Law
Préface : Gil Alonso-Mier
Editeur : Arqua – coll. Hermetica
Nb pages : 99 pages
ISBN : 2-7551-0006-0
Sommaire
Chapitre I : De la nature de la Chute et de quelques préparation au retour vers Dieu
Chapitre II : Découverte du véritable chemin du retour à Dieu, pour trouver dans nos âmes le royaume de Dieu ou les trésors de l’Éternité
Note de lecture
L’ouvrage de William Law, The Spirit of Prayer (1749, 1752) a connu plusieurs éditions. Lors de sa première publication, en 1749, il ne comportait que deux chapitres, mais l’année suivante, en 1750, l’auteur en publia une version révisée et augmentée d’une seconde partie composée de trois dialogues. Cette édition sera encore améliorée par l’auteur en 1758.
The Spirit of Prayer, c’est-à-dire L’Esprit de la prière a été traduit en français par Sédir (Yvon Leloup, 1871-1926) en 1901 pour la « Petite collection d’auteurs mystique » publiée par la Bibliothèque Chacornac à Paris. Dans cette traduction Sédir se limite aux deux premières parties de l’ouvrage. Ces textes expriment en effet l’essentiel du propos de William Law. Rappelons que Sédir, compagnon de Papus dans le martinisme de la Belle Époque, s’était ensuite s’écarté de l’occultisme pour se consacrer à la mystique. Il est également l’auteur de traductions des textes de plusieurs théosophes comme, Jacob Boehme (De l’élection de la grâce), Jane Leade, Rodolphe Salzmann et Johann Georg Gichtel.
Extraits :
Voici l’état de l’homme régénéré : l’étincelle sainte de la nature divine détermine en l’homme un désir naturel, ardent et presque infini de la lumière éternelle d’où il est sorti. Cette étincelle tend vers Dieu parce qu’elle vient de Dieu. D’autre part, Dieu considéré en dehors de l’âme humaine est un courant d’amour infini et immuable ; Il désire notre âme, pour l’unir à Lui et lui faire partager Ses richesses et Ses magnificences. Cet amour de Dieu pour nous est si grand qu’Il a donné Son Fils unique pour prendre la nature humaine déchue, afin que par cette union mystérieuse du divin et de l’humain, tous les ennemis de l’âme humaine soient vaincus et que chacun de nous reçoive la force d’être recréé conformément à la ressemblance de Dieu. L’Écriture sainte est l’histoire de cet amour. » (Chap. II.)
A quelque église qu’un homme appartienne, quelque érudition qu’il possède, si sa religion et sa manière de vivre ne sont pas du Ciel, ses travaux ne sont pas meilleurs que ses plaisirs, son amour ne vaut pas plus que sa haine, son goût pour telle forme religieuse n’est qu’une dispute extérieure, il peut se rendre esclave de ses passions, s’illuminer, s’inspirer, vivre par son amour-propre, son orgueil, qu’il soit chrétien, juif ou païen. » (Chap. II.)