Si l’histoire de l’ordre des Élus coëns nous est mieux connue depuis les travaux de René Le Forestier, Gérard van Rijnberk ou Robert Amadou, celle de la symbolique de ses grades initiatiques n’avait jamais fait l’objet d’une analyse spécifique, pourtant indispensable pour comprendre le but que Martinès de Pasqually se proposait d’atteindre. C’est aujourd’hui chose faite grâce au dernier ouvrage de Serge Caillet.
Pour mener à bien cette étude, l’auteur utilise l’abondante documentation qui s’offre aux chercheurs depuis quelques années, en particulier depuis la découverte du « fonds Z » et le dépôt du Manuscrit d’Alger à la BnF. Parmi ces textes, les rituels des grades, leurs catéchismes et instructions fournissent des informations précieuses, tout comme les « Statuts généraux ». « L’Extrait de ce qui est contenu dans les grades de l’ordre des E. C. », texte que Robert Amadou désigna sous le nom de « Cérémonial des initiations », est l’un des documents les plus importants pour comprendre la progression de la symbolique des élus coëns. Il propose en effet un abrégé de l’ensemble des grades, qu’il s’agisse de leurs aspects rituels ou doctrinaux.
Serge Caillet sait tirer profit de cette foisonnante documentation mais ne s’en contente pas. Il utilise également les correspondances échangées par les Élus coëns, ainsi que les textes d’instructions tels le Traité sur la réintégration des êtres ou les Leçons de Lyon, et certains textes de Saint-Martin comme les Nombres, Les Instructions sur la sagesse, Le Crocodile, Le Livre rouge… La mise en relation de l’ensemble de ces sources lui permet ainsi d’apporter nombre de précisions et de commentaires sur le système de hauts grades créé par Martinès de Pasqually.
Comme le rappelle Serge Caillet dans son introduction, le fondateur de l’ordre des Élus coëns voulait rétablir le « culte primitif », un rite relevant du sacerdoce adamique, dont la théurgie constituait le moteur essentiel. Son étude consacre un chapitre à chaque grade, décrivant le décorum et les tracés théurgiques utilisés. Les aspects symboliques des tenues revêtues par les Élus coëns y sont également présentés, ainsi qu’un résumé et une analyse détaillée des différentes phases des cérémonies et de la doctrine qui leur est associée. L’auteur précise enfin les ordinations conférées à chaque étape, ainsi que les mots de passe et les batteries. Son étude nous permet donc de mieux comprendre les étapes par lesquelles Martinès amenait ses disciples, grade après grade, à la pratique de la théurgie, pour finalement leur donner les dernières clés de cet art dans la classe des Réaux Croix. Notons d’ailleurs qu’un autre intérêt de ce livre réside dans la mise en évidence de la fonction de grand sacrificateur associée à ce dernier grade, dont bien des aspects demeurent encore mystérieux.
Même si nous regrettons l’absence d’une bibliographie finale regroupant les titres des documents cités au fil des pages, tout comme celle d’un index qui aurait permis au lecteur d’approfondir cette étude très complète, l’ouvrage de Serge Caillet n’en demeure pas moins l’un des plus importants jamais écrits sur l’ordre des Élus coëns, car il nous permet d’avoir une vision plus claire sur sa nature et ses pratiques.
Dominique Clairembault
Titre : Les Sept sceaux des élus coëns
Auteur : Serge Caillet
Editeur : Le Mercure Dauphinois
NB. page : 318 p.
Parution : 05/2011
ISBN : 978-2-35662-031-6
Présentation de l’éditeur
L’Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l’Univers transmettait des initiations et des ordinations spécifiques, de forme maçonnique, quoique très différentes des grades maçonniques classiques. Ces initiations et ces ordinations habilitaient à la pratique d’opérations théurgiques, en quoi consistait le culte primitif, propre au sacerdoce adamique restauré par Martines de Pasqually (1710 ? – 1774).
Cette école de théurgie fut celle de Louis-Claude de Saint-Martin, de Jean-Baptiste Willermoz et de quelques autres « émules », qui y recevront aussi de Martines, leur maître commun, la doctrine, apparentée au judéo- christianisme, qu’ils transmettront à leur tour, l’un dans son œuvre littéraire, l’autre dans le Régime écossais rectifié.
Dans le sillage de Robert Amadou, Serge Caillet analyse minutieusement ici, pour la première fois, grade par grade, les rites de réception et d’ordination des élus coëns, à partir des documents originaux qui nous sont parvenus. Il ouvre ainsi un à un les sept « sceaux » que représentent les sept classes de l’Ordre, en décrivant dans le détail le cheminement initiatique des élus coëns.