Sommaire
Présentation de l’éditeur
« Par l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers, Martines de Pasqually (1710/1774) a voulu fonder en son temps un ordre chevaleresque et initiatique à vocation quasi sacerdotale, ayant comme support une démarche profondément ésotérique, gnostique et théosophique, faisant appel aux différents cultes primitifs, permettant de ce fait à ses émules, avec l’assistance des messagers célestes, de mieux appréhender une doctrine spirituelle opérative et efficace, dont le sens premier est éminemment théurgique.
Les hommes et les femmes Élus Coëns sont avant tout des hommes et des femmes de la Bible, Ancien et Nouveau Testament compris, mais aussi des hommes et des femmes de prière, l’objectif ainsi proposé étant d’entrer dans la connaissance et la proximité de Dieu, ses attributs, sa manière d’être, le lieu où Il réside, sa filiation spirituelle avec sa créature.
La méditation sur la parole révélée et prononcée dans l’écriture sainte, la beauté du cosmos et de l’ensemble de l’univers sont des signes évocateurs de la puissance de Dieu, ceci est fortement conscientisé dans l’êtreté du disciple de la Réintégration. Pour les Élus Coëns la Prière est le point de contact avec la source de toutes les émanations célestielles, l’Élu Coën aura pour ce faire dans le cadre de ses opérations la proximité de certaines entités angéliques, et notamment celle de son bon compagnon, le mettant de cette manière en aspect du désir du Tout-Puissant.
Ainsi la montée de l’esprit représente symboliquement l’échelle de Jacob dans le sens biblique du terme, pour les Élus Coëns ceci fera référence au tableau universel, ou figure universelle avec en début d’ascension, les trois différents cercles, cercle sensible, cercle visuel et cercle rationnel, montée progressive et graduelle, à condition qu’un premier travail ait eu lieu sur l’émule, à savoir être au centre de son horizontalité. » (4e de couverture.)
Titre : Petit sacramentaire à l’usage des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers
Auteur : William Escrig
Nb. pages : 356 p.
Éditeur : Pierre Philosophale, Hyères
Parution : juin 2020
ISBN : 978-2-36353-121-6
Prix (indicatif) : 27.50 €
Compte-rendu
Un sacramentaire est un recueil liturgique dont l’origine remonte au Ve siècle de notre ère. Le plus ancien ouvrage connu est le Sacramentaire romain ou Liber sacramentorum romanæ ecclesiæ qui porte le nom du Pape saint Gélase (492-496) [1] Dom Plaine, « Le Sacramentaire Gélasien et son authenticité substantielle » in Science catholique, revue des questions sacrées et profanes, 15 août 1895, p. 773, [voir sur Gallica] . Ancêtre du Missel romain, le Sacramentaire ou Livre des Sacrements, Livre des Mystères, est appelé en Orient Euchologe ou recueil de prières. Le sacramentaire [2] Pour en savoir plus, consulter Dom Jules Baudoin, Le Missel Romain, ses origines, son histoire. Les premières origines et les Sacramentaires. Paris, Bloud, 1912, tome premier. est tout à la fois un pontifical, un rituel, un missel dans lequel on trouve les collectes ou oraisons, les préfaces, le canon, les secrètes et les postcommunions ; rapidement, il intègre les calendriers concernant le Propre du temps et le Propre des Saints. Il comporte également les prières et les cérémonies des ordinations et un certain nombre de bénédictions. Il fait partie d’un ensemble de recueils nécessaire à la célébration de la Messe dont le Lectionnaire ou Épistolier, l’Évangéliaire et l’Antiphonaire. Ces quatre livres proviennent des différences liturgies orientales et occidentales qui se sont progressivement organisées à partir de documents comme les catéchèses ou instructions pour la préparation au baptême, les rites et solennités de l’année, les constitutions apostoliques en particulier la Didascalie des Apôtres, les discours ou homélies des saints évêques, et enfin les documents parlant de la liturgie. Par la suite, un cinquième livre comportant les différentes bénédictions apparait et porte naturellement le nom de Bénédictionnaire. Les sacramentaires disparurent à partir du XIe et XIIe siècle où ils sont remplacés par le Missel et les divers livres ou Heures de prières qui ont largement court au XVIIe et XVIIIe siècle et dont le Petit livre du chrétien fait partie, livre recommandé aux Élus Coëns par Martines de Pasqually.
Selon le Dictionnaire de l’Académie française (1694, tome second, p. 430), le terme « sacramentaires » (au pluriel) se rapporte aux « hérétiques qui ont publié des erreurs touchant l’Eucharistie », c’est-à-dire à l’hérésie qui niait la présence réelle dans l’Eucharistie. [3] L’édition de 1878 donne la même réponse (p. 693) : « nom d’une secte de réformés qui ont publié des opinions contraires à celles des catholiques touchant l’eucharistie », Dictionnaire de l’Académie française [Voir ce document sur Google-books], consulté le 16 juillet 2020. Dès 1704, Jean Grancolas, Docteur en théologie, publie L’ancien sacramentaire de l’église ou la manière dont on administrait les sacrements chez les Grecs et chez les Latins, etc. [4] L’ancien sacramentaire de l’église ou la manière dont on administrait les sacrements… [voir sur Google-books] ouvrage en 3 tomes, consulté le 16 juillet 2020. . Puis en 1709, J.F. Joliot, prêtre de Besançon, publie Le sacramentaire des pasteurs qui contient « le dogme et la pratique de tous les sacrements ».
Aussi quand les éditions La Pierre Philosophale ont annoncé la parution d’un Sacramentaire à l’usage des Élus Coëns, ma curiosité était grande, d’autant que le précédent, Le Sacramentaire du Rose-Croix (1963) de Robert Ambelain était quelque peu décevant et ne s’adressait pas directement aux émules de Martines de Pasqually.
D’emblée, la question se pose sur son contenu : s’agit-il d’un répertoire le plus complet possible des différents cultes coëns, des prières, des exorcismes et abjurations, des cérémonies multiples que ces émules pratiquaient ou était-ce un ouvrage regroupant quelques morceaux coëns, déjà disponibles et le plus souvent publiés, comme le Manuscrit d’Alger par Georges Courts, Les Prières des six heures publiées d’abord par René Désaguliers d’après le Ms 5 526 (1) du fonds Willermoz de la BML, dans la revue Renaissance Traditionnelle (n°42, avril 1980 ; n°43-44, juillet-octobre 1980 ; n°45, janvier 1981 et n°46, juillet 1981), reprises plus tard sur le site du Philosophe inconnu et dont Jérôme Rousse-Lacordaire et Thierry Lamy en ont fait l’analyse. Y aura-t-il un apport historique sur la fonction de ces rites, un appareil critique de l’ensemble des textes, des explications permettant à tous ceux intéressés par l’Ordre de Martines, de pouvoir au moins se faire une idée de ces pratiques et rituels ?
Le titre du livre de William Escrig attire évidemment la curiosité pour toute personne qui s’intéresse à ce sujet et à l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers. En lisant le descriptif du livre de W. Escrig (4e page de couverture, voir ci-dessus) on a envie de dire : « Enfin un ensemble sur la pratique des Élus Coëns ! ». Cette impression se confirme d’ailleurs en lisant la « Table des matières » qui présente une sélection de ces pratiques coëns. Mais on est étonné de ne pas y trouver les travaux d’équinoxe, éléments essentiels des pratiques coëns, et largement évoqués à plusieurs reprises dans les Bulletins de la Société Martines de Pasqually entre 2015 à 2017. De même, aucune mention n’est faite sur les pratiques ayant un caractère exorciste : exécrations, conjurations… éléments qui occupent pourtant une place importante dans le « culte » coën. En omettant même de signaler leur existence, l’auteur nous présente un portrait édulcoré, tronqué, de la liturgie spécifique de l’Ordre des Élus Coëns.
À cette première impression s’ajoute aussi plusieurs interrogations : que viennent faire dans un Sacramentaire les Lettres de Martines à Jean-Baptiste Willermoz (voir n°27) déjà publiées par Gérard Van Rijnberk [5] Gérard Van Rijnberk, Martines de Pasqually, Un thaumaturge au XVIIIe siècle. Lyon, Derain, 1938, tome 2. ? Même si l’intérêt de cette correspondance entre le Maître et son émule est considérable, que font-elles ici dans un livre, qui plus est un sacramentaire, consacré à la liturgie coën ?
Et que fait également ici le Carnet d’un jeune élu coën de Louis-Claude de Saint-Martin (voir n°28) ? Ce « carnet » ou « Livre rouge », constitué de réflexions courtes et numérotées du Philosophe Inconnu, a été publié par Robert Amadou dans la revue Atlantis (n°245, mars-avril 1968, p. 268-282).
La « Bibliographie succincte » proposée à la fin du livre (p. 351-352) ne comporte que 15 éléments, ce qui est particulièrement surprenant quand on connaît le nombre d’études publiées sur Martines de Pasqually et les Élus Coëns. Exit les travaux de la Société Martines de Pasqually qui depuis des années publie dans son « Bulletin » de très nombreux écrits sur le sujet. Absents également, Les Sept Sceaux des Élus Coëns de Serge Caillet (Le Mercure Dauphinois, Grenoble 2011), les travaux de Michelle Nahon et de André Kervella. Sans parler de ceux de Robert Amadou, cité seulement deux fois avec La Magie des Élus Coëns. Théurgie. Instruction secrète (Cariscript Paris 1988) et le Traité de la réintégration (Paris, Dumas 1974). Il faudra l’étude, chapitre par chapitre (voir ci-dessous), et l’analyse des textes présentés pour comprendre que cette « bibliographie succincte » se rapporte uniquement aux ouvrages qui ont servi de support à la recopie pure et simple des textes présentés dans ce Sacramentaire ! L’exemple le plus marquant est la Lettre de Johann Von Turckheim (Jean de Turckheim) à Christian Von Hesse-Darmstadt qui n’est que la recopie du texte publié par Robert Amadou dans le Traité de la Réintégration (1974, p. 62).
Et un oubli manifeste apparaît dans cette bibliographie réduite : le Manuscrit d’Alger attribué à Pierre André de Grainville : l’étude magistrale de Georges Courts (Arqua, tome I, 2009 ; tome II, 2013 et tome III, 2017) est bien notée, évidemment. Mais nous voulons parler de l’original situé à la Bibliothèque nationale de France, citée comme en passant p. 92 : « Registre Vert des Élus Coëns BnF FM4 1282 p. [85] » que l’on trouve en accès libre sur le site Gallica : Manuscrit d’Alger [voir sur Gallica] (que nous référencerons par BnF FM4 1282).
Un autre élément surprend à la lecture des différents chapitres : plusieurs textes sont présentés au moins deux fois dans des paragraphes différents sans que l’on en connaisse la raison ni les motivations et sans que l’auteur le signale. Même, sur une page (p. 138), le même texte (8 lignes) est recopié en haut et en bas de ladite page. Pourquoi ? qu’est-ce qui motive ces répétitions, car aucune explication n’est donnée.
Dans la « Présentation » (n°1) qui introduit l’ouvrage, W. Escrig propose une vue très personnelle sur l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers, avec une formulation parfois un peu étonnante, comme « Les hommes et les femmes Élus Coëns sont avant tout des hommes et des femmes de la Bible » (p. 9). N’aurait-il pas été plus simple d’écrire que les élus coëns sont profondément chrétiens et que cet ordre s’enracine dans la religion catholique. W Escrig esquive cette question, qui semble gêner les néo-coëns modernes. Parfois, il s’agit d’un ensemble d’expressions tel « une gnose célestielle, une connaissance sapientielle, quasi-semi monastique » ou encore « une théophanie ascensionnelle et une philocalie active » (p. 10) et aussi « manduquer avec l’esprit » (p. 11), formule emphatique au sens abscond. On peut se laisser porter par cette prose un peu surprenante mais il reste un obstacle : les phrases sont très longues : une seule phrase de 11 lignes pour un paragraphe (p. 10), une de 10 lignes (p. 11), par exemple. Ne retrouve-t-on pas ici le même ton, marqué par des propos confus et grandiloquent, que dans son livre précédent ? Plus loin, on trouvera une seule phrase de 33 lignes (p. 197) qui pourrait laisser à penser qu’aucune seconde lecture n’a été faite.
Cette présentation générale de la pensée et des travaux des Élus Coëns manque de clarté et montre parfois une grande ignorance des études publiées récemment. Ainsi la description du Petit livre du chrétien dans la pratique du Serviteur [sic pour Service] de Dieu et de l’Église est reprise de l’article de Jérôme Rousse-Lacordaire dans Renaissance Traditionnelle (n°142, 2005, p. 131, note 3). Petit livre dont il ne reste que des feuillets « servant de garde au Sylloge physico-medicilium casuum incantationi… ». La version intégrale de ce texte dont il n’existe qu’un exemplaire en Grande Bretagne (The British Library) et deux exemplaire (Harvard Library), a été publié il y a six ans, en 2014, dans le Bulletin n°24 (p. 48-61) de la Société Martines de Pasqually, ce que W. Escrig semble ignorer en publiant ici un texte qui ne correspond pas à celui recommandé par Martines de Pasqually. Nous verrons ce qu’il en est lors de l’étude du texte n°3. Le Sacramentaire (p. 13) reproduit le chant 2 de L’Homme de Désir de Louis-Claude de Saint-Martin mais sans référence de date ni d’édition. De même pour le texte extrait du Ministère de l’Homme Esprit [6] Louis-Claude de Saint-Martin, Le Ministère de l’Homme-Esprit, Paris, Migneret, 1802, p. 330. , pour celui de Martines de Pasqually (p. 14) dont aucune référence n’est donnée et pour l’épitre de Jacques répétée deux fois presque à l’identique dans la traduction de Le Maistre de Sacy (p. 14) et dans celle de Louis Segond (p. 15). Cette absence de référence bibliographique se retrouve d’ailleurs tout au long du livre, à de très rares exceptions près que nous signalerons.
Enfin, cette présentation n’explique en aucune manière les raisons du choix des différents textes coëns présentés, ni de leur répétition. Aucune direction n’est donnée, aucun commentaire n’explique à quel moment ces prières, invocations et exhortations doivent être employées et dites, ni dans quelles conditions elles doivent être récitées. Et comme les sources de ces différents textes ne sont pour ainsi dire jamais citées ou de manière fort générale comme pour le Manuscrit d’Alger avec la référence au manuscrit FM 1282 de la BnF sans jamais renvoyer aux différentes pages, nous avons décidé de les donner pour chaque paragraphe étudié. Une seule nous manque, celle du § 5, « Prières de Martines de Pasqually ».
La question se pose de connaître à qui s’adresse ce livre puisque le titre dit qu’il est « à l’usage des Élus Coëns » ? Mais ces textes ne permettent pas d’en faire une pratique puisqu’ils ne sont pas contextualisés et que d’autres, à usage quotidien, sont réservés à certains grades, à certaines fêtes et à des cérémonies spécifiques, et que le plus souvent ils sont incomplets. Sortis de leur contexte, sans aucun appareil critique (notes, analyses, etc.) ces textes, présentés ici sans ordre, ont-ils encore une utilité ? Ne risquent-ils pas d’être détournés par des apprentis sorciers et de multiples bricoleurs de l’ésotérisme et ordre pseudo-coën qui sont forts nombreux ? Sur ce point, il est certain que ce livre trouvera hélas un public nombreux. Notons que les lecteurs qui souhaitent avoir une approche plus sérieuse de ces textes auront avantage à lire les travaux de Georges Courts ( Le Grand Manuscrit d’Alger) [7] Arqua édition, tome I, 2009 ; tome II, 2013 et tome III, 2017. Également du même auteur, Le Manuscrit J Baylot, chez le même éditeur, 2017, [voir site de l’éditeur], consulté le 16 juillet 2020. que cette publication chaotique.
Nous ne pouvons qu’être profondément déçu d’un tel amalgame qui ne présente, finalement, que très peu d’intérêt.
Étude des différents chapitres du Petit sacramentaire
Étudions pas à pas chaque élément proposé à la lecture. Nous avons retrouvé la source de ces textes, pour la plupart, et avons référencé leur origine.
À la suite du titre de chaque paragraphe et en italique, nous précisons les sources que W. Escrig donne. S’il n’y a pas de références, seul le titre du paragraphe est mentionné accompagné de [aucune source].
1) Présentation, p. 9
2) Partie Oratoire. Psaumes Pénitentiaux à usage journalier : version Segond, p. 16
Il s’agit ici des 7 psaumes de la pénitence : 6 ; 31(32) ; 37(38) ; 50(51) ; 101(102) ; 129(130) ; 142(143). L’auteur a choisi la traduction de Louis Segond (London, 1986) comme pour toutes les citations de la Bible. Pourquoi ne pas avoir choisi les Bibles utilisées à l’époque et notamment la traduction de Le Maistre de Sacy qui avait largement court au XVIIe siècle ?
3) Petit Office du Saint-Esprit, p. 24
Psaumes pénitentiels, Veni Sancte Spiritus, Autre office du Saint-Esprit.
Ce paragraphe comprend les 7 psaumes de pénitence puis le Veni Sancte Spiritus, deux psaumes de louange (148,150), le Notre Père et le Je te [sic] salue Marie. L’Autre office comprend : le Veni Creator Spiritus, de nouveau le Veni Sancte Spiritus, et de nouveau le Veni Creator Spiritus, suivi d’une prière pour recevoir les sept dons de l’Esprit-Saint.
W. Escrig ne propose aucune source de cet ensemble en dehors de la référence qu’il donne dans sa « Présentation » (§ 1) en faisant mention du Petit livre du chrétien dans la pratique du Serviteur [sic pour Service] de Dieu ou de l’Église (Éditions André Melin, Lyon 1698, BnF). Cette citation provient de l’article de Jérôme Rousse-Lacordaire « La Journée des élus coëns » in Renaissance Traditionnelle n°142, avril 2005, note 3, p. 131, cité dans la bibliographie. Cet ensemble correspond en fait au texte de l’Office du Saint-Esprit publié par R. Ambelain dans son Alchimie spirituelle, sans préciser l’origine de ce texte en dehors de sa note [8] Robert Ambelain, L’Alchimie spirituelle. La voie intérieure. La diffusion scientifique, Paris 1961, p. 156 et sq. dans une note, R. Ambelain écrit : « Imposé aux Réaux + Croix par Martines de Pasqually ». Rappelons toutefois que Martines n’imposait pas mais recommandait la lecture du Petit office du Saint-Esprit en tant que lecture sainte comme prière individuelle. .
Ce texte est malheureusement fautif et ne correspond en rien à l’Office dont Martines recommandait la lecture aux Réaux + Croix dans sa lettre à Willermoz [9] G. Van Rijnberk, Un thaumaturge au XVIIIe siècle, Martines de Pasqually, Sa vie, son œuvre, son Ordre, tome second, Lyon, Derain, 1938, p. 91. :
Quant à l’égard de vos obligations spirituelles, vous direz journellement l’office du Saint-Esprit ou petit office du Saint-Esprit qui contient 17 petits versets ; vous trouverez ce petit office dans de petites Heures intitulées le Petit livre du Chrétien dans la pratique du service de Dieu & de l’Église. […] Vous direz le Miserere Mei et le De Profundis une fois par semaine qui est le jeudi au signe et jour de Jupiter. […] Vous direz l’office du Saint-Esprit dans une heure de la journée, je ne vous borne point, mais pour le Miserere Mei et le De Profundis, vous le direz le soir avant [de] vous coucher, le De Profundis la face en terre, le Miserere debout la face vers l’orient » (orthographe moderne).
Après une enquête minutieuse commencée en 2012, nous avons découvert le texte de l’Office ou Petit office du Saint-Esprit, tel que le recommandait Martines, ce qui a permis de mettre fin à une énigme [10] Jean-Louis Boutin, « Le Petit office du Saint-Esprit », Bulletin n° 22, p. 12 et sq. de la Société Martines de Pasqually (2012). « L’Office du Saint-Esprit », Bulletin n° 24, p. 48 et sq. (2014) et « À propos de l’Office du Saint-Esprit », Bulletin n°27, p. 94 et sq. (2017). . Il existe un exemplaire du Petit livre du chrétien… à The British Library (1705), que Google a numérisé en 2015, et deux exemplaire (1698 et 1701) à Harvard Library dont nous avons eu communication. Il n’est désormais plus possible d’ignorer l’origine de l’Office du Saint-Esprit et il est fort dommage que W. Escrig reproduise l’erreur de beaucoup, confondant Veni Creator, Veni Sancte Spiritus et la prière aux sept dons de l’Esprit-Saint avec l’Office du Saint-Esprit.
4) Litanies des Saints en latin « Litaniae Sanctorum », p. 30
La bibliographie donne la source de ce texte. Il s’agit de Pontificale Romanum summorum pontificum jussu editum et a Benedicto XIV. pont. max. recognitum et castigatum [11] P. J. Hanicq, 1862, p. 19 et sq., [voir sur Google-books – consulté le 16 juillet 2020]. . Pourquoi référencer un livre qui n’a aucun lien avec l’époque où les Élus Coëns pratiquaient leur rite ? alors que dans tous les livres de prières du XVIIIe siècle, on trouvait les différentes litanies, dont celles des Saints, comme dans l’ouvrage de Jean Suffren, Avis et exercices spirituels pour bien employer les jours, les semaines, les mois et les années de la vie (1701, p. 633) ou dans celui de Jacques Coret L’ange conducteur dans la dévotion chrétienne réduite en pratique en faveur des âmes dévotes, etc. (1746, p. 355) et dont on avait également l’Office du Saint-Esprit pour le lundi (p. 128 pour Avis et p. 133 pour L’ange). Il y a là un manque certain de recherche alors que la plupart des ouvrages sont facilement accessibles à l’heure actuelle sur Internet. Cela reste incompréhensible !
5) Prières de Martines de Pasqually [aucune source], p. 35
Ce texte est publié par Robert Ambelain dans son article « Les exorcismes des Élus-Coëns », dans La Tour Saint-Jacques, L’Illuminisme au XVIIIe siècle (2e édition, 1960, p. 186), cité dans la bibliographie. Il se trouve également dans L’Alchimie spirituelle (op. cit. p. 142-143). Notons qu’Ambelain ne donne aucune source de ce texte. Ce paragraphe se termine par une envolée mystique de l’auteur.
6) Invocation de Réconciliation, p. 40
Recueil manuscrit Ms 5471, BML, de Madame Claudine Thérèse Provensal, Élu Coën de son état, sœur de Jean-Baptiste Willermoz.
Ce texte a été publié pour la 1re fois par Gérard Van Rijnberk (GVR) dans son livre, Un Thaumaturge au XVIIIe siècle, Martines de Pasqually (Derain-Raclet, Lyon, 1938, tome II, pages 168 à 171).
7) À l’adresse de l’Être des êtres [aucune source], p. 45
Nous ne connaissons pas la source de ce texte. Peut-être s’agit-il d’un texte d’Ambelain destiné au néo-coën ?
8) Invocation de Maitre Élu [aucune source], p. 47
Manuscrit d’Alger (BnF FM4, 1282, p. 85) avec comme titre : « Invocation dite des Élus pour ce qui précède ». À la suite, une « Abjuration » Manuscrit d’Alger (BnF FM4, 1282, p. 86). Ces deux textes invocation & abjuration (ibid. p. 47-49) sont ici reproduits à l’identique, sans renvoi ni explication, pages 89-91 du Sacramentaire.
9) Invocation à l’Ange Gardien [aucune source], p. 50
Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 87).
10) Lettre de Johann Von Turckheim à Christian Von Hesse-Darmstadt du 9 avril 1822, Strasbourg [aucune source], p. 51
Cette « fin de lettre » publiée par Robert Amadou dans le Traité de la Réintégration (Paris, Dumas, 1974, p. 62, cité dans la bibliographie). Ce texte provient, nous explique R. Amadou, du manuscrit Kloss, conservé dans le fonds Kloss de la bibliothèque du Grand Orient des Pays-Bas (Traité, p. 20) à La Haye. Faut-il supposer que W. Escrig a consulté directement ce manuscrit, ou a-t-il simplement recopié le texte à partir du Traité ?
Ce texte est suivi d’une autre « prière » dont aucune source n’est donnée.
11) Psaume 90 de Moïse [aucune source], p. 53
Version de Louis Segond (1986). Un commentaire court suit le psaume : « Nous nous apercevons dans ce psaume que Moïse représente le type même de l’Élu Coën en action, en contrition et en prosternation ». On aurait aimé plus d’explications concernant l’utilisation de ce psaume dans la pratique coën car il ne se trouve pas dans les livres de prières citées précédemment. À quelles occasions, ce psaume était-il utilisé ?
12) Invocation [dite] des Maîtres Coëns [aucune source], p. 56
Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 88) ; suivie d’une prière d’invocation, Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 32). Cette invocation se trouve publiée par Robert Ambelain dans son article « Les exorcismes des Élus-Coëns », dans La Tour Saint-Jacques, L’Illuminisme au XVIIIe siècle (2e édition, 1960, p. 182-183). Notons que W. Escrig suit le texte de R. Ambelain qui rajoute au début de l’invocation « O Kadosh ! O Kadosh ! O Kadosh ! O Kadosh ! », mots qui ne se trouvent pas dans le Manuscrit d’Alger. Cette invocation est suivie d’une « Prière d’invocation » Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 32-35). Ce dernier texte dont le titre dans le Manuscrit d’Alger est « Prière de l’invocation », est repris dans le Sacramentaire en pages 79-82 au paragraphe 14 : Prière d’invocation, sans aucune explication. Ce paragraphe se termine par un court commentaire assez surprenant dont nous citons le dernier passage : « La vocation essentielle du Mineur, (émule) en voie de réconciliation est de se trouver au centre même de la Cité Sainte réédifiée, centre de convergence de toutes les influences bienfaisantes d’une cause qui se veut active et intelligente [12] Rappelons que Louis-Claude de Saint-Martin, dans ses écrits, appelle le Christ « la cause active et intelligente » et qu’il est difficile de comprendre ce que l’auteur veut dire en parlant d’une « cause qui se veut active et intelligente ». , par sa présence le Mineur reçoit ainsi les actions efficaces de sa propre réhabilitation ».
13) À propos des Quatre Banquets d’Ordre, p. 63
L’auteur met en sous-titre « Cérémonie des quatre Banquets d’obligation annuelle de l’Ordre des Coëns » et ajoute entre crochets : {Tiré du Manuscrit d’Alger, ou le Grand Livre Vert} {Cahier de Pierre André de Grainville}.
Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 15 et suiv.) et G. Courts (op. cit., tome I, p. 253 et sq.). Ce texte est suivi de « Renouvellement des engagements », « Fin de la cérémonie du jour de la Trinité », « Pour la fête de St Jean-Baptiste » « Pour la fête de St Jean l’Évangéliste », « Pour la fête de Pâques qui se célèbre la 3e des trois fêtes », et de « Canevas d’un discours d’instruction pour la fête de la Trinité ».
14) La Prière d’Invocation (p. 79-82) [aucune source], p. 79
La fin du paragraphe (p. 82) présente un renvoi « *{Du Manuscrit d’Alger} ».
Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 32). Ici on a à faire à une redite : cette « prière d’invocation » a déjà été publiée à la suite de : « 12. Invocation [dite] des Maîtres Coëns », p. 58-62.
15) Confession Faite au Centre après en avoir éclairé la bougie [aucune source], p. 83
À la fin de la « confession » un renvoi : « *Le Manuscrit d’Alger ».
Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 35-37). Un petit commentaire (p. 88-89) est ajouté après cette confession. Plus surprenant est ce qui suit : « L’émule fera cette invocation tous les mercredis de lune croissante entre onze heures et minuit ». Puis, ce qui semble être la présentation de l’invocation qui suit : « On tracera au sol un simple cercle et le moment venu l’on se tiendra au milieu, face à l’est, une simple bougie à la main (en cire vierge d’abeille) ». Ces deux phrases ne se trouvent pas dans le Manuscrit d’Alger en rapport avec la confession ou l’invocation. Cette dernière, dont le titre exact sur le Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 85), est : « « Invocation dite des Élus pour ce qui précède », a déjà été proposée au 8) Invocation de Maitre Élu ! ainsi que l’« Abjuration » déjà rencontrée (p. 49). L’invocation présente un renvoi « (1) » qui se trouve à la fin du paragraphe « (1) Registre Vert des Élus Coëns. BnF FM4 1282 p [85] ». L’abjuration n’est pas référencée et est suivie d’un court texte « En s’habillant » provenant du Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 106) texte original en latin.
16) Les Bénédictions [aucune source], p. 93
Bénédiction de la Chambre de Travail, Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 106), suivi de la Bénédiction de la Bougie [texte original : Bénédiction des bougies des cercles] (idem, p. 105). Le texte original est en latin. Il y a une invocation dont l’origine nous est inconnue (p. 94-99).
17) Conjuration aux Esprits Bons [aucune source], p. 100
Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p 32) où elle s’appelle : « Prière de l’invocation ». Le Manuscrit précise : « Debout au centre après la confession, p. 35 ». Cette conjuration devait être faite juste après la « confession » du § 15 !
18) Les différents cultes. R. Ambelain, p. 105
Cahiers de la Tour Saint Jacques, 2e, 3e et 4e trimestre 1960
Extrait de l’article de Robert Ambelain « Les exorcismes des Élus-Coëns » dans les Cahiers de la Tour Saint-Jacques (1960, p. 178). – p. 106, l’auteur reproduit différents signes tirés du Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 40). Dans son article, Robert Ambelain écrit à la suite de la description des dix différents cultes : « Ces diverses Opérations sont énumérées dans le Traité de la Réintégration des Êtres » et ajoute en note 4 : « Chacornac, éditeur, Paris, 1899, page 247 ». L’édition en question donne ce texte à la page 220 [voir sur Gallica] et se trouve au § 170 (p. 261) de l’édition de la Diffusion rosicrucienne (2003). Ce texte a été publié par Robert Ambelain dans son ouvrage Le Martinisme : Histoire et doctrine (Paris Niclaus 1946, p. 64) et plus développé dans son Alchimie spirituelle (op. cit., p. 130-132).
19) La Célébration d’Adam, la voie, la pensée de Dieu, p. 107
Références données au Traité (Sixième éditions [sic] Janvier 2007) et au Cahier Vert (Manuscrit FM4 1282 BnF) et présenté par Serge Caillet aux Éditions Signatura, page 47 (Montélimar 2009).
Précédé d’un commentaire, c’est la reproduction du § 8 du Traité (Le Tremblay, DRC, 2000, p. 82). Suit un autre commentaire et un texte tiré, selon l’auteur, d’une lettre de Martinez datée du 23 décembre 1769. Or cette lettre a été publiée par Georges Courts dans sa « Transcription du Manuscrit d’Alger », sous le titre : « Du 23 7bre (Septembre) 1769 N° 10 – V 168 ». Ce texte se trouve dans le Manuscrit d’Alger (BnF FM4 1282, p. 122).
20) Journée chrétienne d’un Élu Coën, p. 110
Référence à l’article du même nom de Jérôme Rousse-Lacordaire dans Renaissance traditionnelle n°142, avril 2005. Il s’agit ici d’un commentaire de l’article auquel l’auteur apporte ses propres contributions. À la fin du commentaire, une petite bibliographie est insérée. À noter que dans son commentaire, W. Escrig cite sans le signaler d’une façon ou d’une autre, le Traité (§ 64 et 170), p. 114 et même l’encyclopédie Wikipédia dans sa référence à l’église de Jérusalem (p. 115).
Rappelons ce qu’écrit Thierry Lamy dans sa transcription du manuscrit de la BML (5526 1) des Prières de six heures en six heures : « Il s’agit là des quatre prières quotidiennes, les “prières des heures”, destinées à ponctuer la journée de l’élu coën. Il faut ici noter que leur caractère chrétien — plus précisément catholique romain — est évident ; tant par l’esprit général, que par la forme même qui emprunte (reprenant quelquefois presque mot à mot) à la liturgie romaine. À ce titre, il faut rappeler deux choses : 1° quant à l’Ordre coën tel que pensé et mis sur pieds par Martines de Pasqually lui-même, la pratique de sa théurgie particulière rendait nécessaire (c’était une exigence à l’époque) la participation des « émules » aux rites de l’Église de Rome ; 2° quant au fonds lyonnais qui nous occupe ici, plus que Martines (dont la théologie et, singulièrement, la christologie ne laissaient pas de heurter un catholique « orthodoxe », de même d’ailleurs qu’un chrétien fidèle à son Église), Jean-Baptiste Willermoz (avec ses «collègues» selon l’initiation) a accentué ce caractère chrétien (et même romain), lequel caractère lui seyait mieux. Pour ce qui est de la structure générale du présent Office des heures, on notera qu’il est particulièrement basé sur les « Prières de la vie chrétienne » (avec celles du matin et du soir) ainsi que sur l’Ordinaire de la messe (dont on peut presque suivre la structure générale) ; quelques éléments du Temporal et du Sanctoral s’y retrouvent. […] Rappelons alors que le manuscrit figurant à la bibliothèque de Lyon est de la main même de Willermoz, et que, selon René Désaguliers (cf. son article « Les 4 prières des E.C.D.L.U. », in Renaissance Traditionnelle, n° 42, avril 1980, p. 105), il aurait été écrit entre 1774 et 1785, c’est-à-dire après la disparition du fondateur de l’Ordre coën. Il s’agit là d’un exemplaire unique, sans équivalent dans les autres manuscrits ayant appartenu aux « émules » de Pasqually (fonds Z, Livre vert…). Par ailleurs, s’il est parfois question des prières des six heures dans les textes coëns, on n’y trouve pas de précision quant à leur composition. Aussi l’hypothèse d’un recueil composé par Jean-Baptiste Willermoz lui-même, et pour son propre usage, mérite-t-elle qu’on s’y attarde ».
21) Les Prières de six heures en six heures, p. 125
Fonds Willermoz, manuscrit 5526 1, Bibliothèque Municipale de Lyon.
Dans ce paragraphe se trouvent seulement la Prière de Six heures du matin et la Prière de Midi. [13] Il est particulièrement surprenant que W. Escrig ne donne pas la référence de la transcription des Prières des six heures (format pdf) du Site du Philosophe inconnu, accessible à l’adresse [voir le texte – consulté le 17 juillet 2020]. La prière de Six heures du soir est partielle et tronquée car elle se poursuit dans le paragraphe suivant avec les « Dix demandes » qui appartiennent à cette dernière. Est également donné le psaume 62(61) qui est sans objet et qui ne fait pas partie des Prières des six heures. Le psaume 63(62) se trouve à la suite du précédent. Il est tout aussi surprenant, après nous avoir expliqué que « la formule Amen, Amen, Amen, Amen » remplace le Ainsi-soit-il (p. 114 du Sacramentaire) de trouver deux « Ainsi-soit-il » comme finale à deux invocations (ibidem, p. 133).
On ne comprend pas non plus pourquoi l’introduction à la Prière de midi qui commence par « O Verbe divin ! O Jésus ! O Sauveur du monde ! » (ibidem, p. 138) soit répétée quelques lignes plus loin et sur la même page. Quel sens a ce doublon que l’on ne trouve pas dans la transcription du Manuscrit à la BML ? Dans l’Invocation du Saint Nom de Jésus (ibidem, p. 144), il y a une ligne ajoutée qui ne se trouve pas dans le Ms 5526 : « Jésus ! Sois mon savoir, ma force et ma sagesse » et une ligne oubliée « Jésus ! Sois pour toujours le seul bien qui me touche » (p. 145).
22) Dix Demandes. Suite du Ms 5526, p. 153
Ces dix demandes font partie du paragraphe précédent « Prières de six heures en six heures », plus précisément, ces 10 demandes appartiennent à la Prière de Six heures du soir. On se demande pourquoi cette coupure ici ? Le texte se poursuit avec la Prière de Minuit, les Prières particulières pour l’Ordre des élus coëns de l’univers et la Prière qu’il faut faire quand on est couché et prêt à s’endormir. On ne comprend pas trop pour quelles raisons cette coupure artificielle a été faite. Il existe malheureusement de nombreuses petites erreurs, dues vraisemblablement à des fautes de frappe, mais mettre une majuscule à tous les pronoms et à de nombreux adjectifs, est lassant car elles ne servent à rien ici, surtout dans des textes du XVIIIe siècle où le tutoiement à Dieu était la norme. La typographie du texte est aussi surprenante : les strophes des hymnes ne sont pas respectées, de nombreux espaces sont inutiles, etc. Il aurait été beaucoup plus agréable de faire simple.
23) Dans le Temple Coën [aucune source], p. 175
Cet extrait fait partie d’un rituel de réception d’un élu coën : Cérémonie de la réception d’apprentif de l’Ordre des Élus Coëns. Ce texte se trouve dans le livre de François Ribadeau Dumas, Les magiciens de Dieu Paris, Laffont 1970, p. 291-292). Mais le manuscrit original de ce rituel est conservé à la Bibliothèque nationale de France (Manuscrit Thory). La revue Renaissance Traditionnelle l’a publié en fac-similé : « Réception d’Apprentis de l’Ordre des Élus coëns » (n° 73-74, janvier-avril 1988, p.104-156).
24) Deux textes attribués à J.B. Willermoz, p. 177
Les Leçons de Lyon (sans date ni pages)
Ces deux textes ont été publiés dans Les Feuillets d’Hermopolis, vol. 2 (mai 1994 ; mai 2000), « Instructions pour les Élus Cohens », p. 52-57 pour le premier, p. 57-58 pour le second. L’auteur suit parfaitement cette version puisqu’elles sont identiques : les parenthèses, les points d’interrogation entre parenthèses (?), les barres, les italiques, les retours à la ligne, et même le (sic) comme le développement de certains mots « Le D(ou)ble, Merc(ure) Souf(re) avec les italiques. Tout est similaire. Notons que Robert Amadou dans Les Leçons de Lyon aux Élus Coëns (Paris, Dervy, 1999) publie ces deux textes, p. 33-41 [14] Il a également été publié sur le site www.philosophe-inconnu : De l’état primitif, de l’immensité de l’espace et du temps d’après la transcription de Gilbert Tapa. pour le premier et p. 369-370 pour le second. Dans Les Leçons, le second texte est légèrement différent : R. Amadou a, semble-t-il, décodé les parties illisibles et notamment la liaison entre le 4e et 5e paragraphes :
Version du Petit Sacramentaire, p. 190 :
« […] ils représentent encore le noir, /l’obscurité,/ les ténèbres, qui régionne (sic) dans le chaos /dans l’état d’indifférences des 3 essences/ avant son explosion; le rouge le véhicule du principe de vie qui vint en lier les parties /ou/ la descente de l’esprit; le blanc la lumière ou […] (mot illisible) de l’esprit qui la fit.
L’explosion qui donna forme et arrangement à la création universelle et peut s’entendre […] (mot illisible). Le blanc l’état de gloire et de pureté du pr(emier) homme lors de son émancipation; le rouge sa prévarication et le noir sa punition ou les ténèbres où il fut précipité ».
Version des Leçons de Lyon, p. 369 :
« Ils représentent encore : le noir, les ténèbres (6), qui régnaient dans le chaos (7) avant son explosion ; le rouge le véhicule du principe de vie qui vint en lier les parties, ou la descente de l’esprit ; le blanc la lumière, ou la retraite de l’esprit qui en fit l’explosion qui donna forme et arrangement à la création universelle. Il peut s’entendre : le blanc, l’état de gloire et de pureté du premier homme, lors de son émancipation ; le rouge, sa prévarication et le noir sa punition, ou les ténèbres où il fut précipité ».
Notes :
6. Au-dessus : l’obscurité.
7. Au-dessus des cinq mots suivants : dans l’état d’indifférences des 3 essences.
25) Comment lire le Traité de la Réintégration, p. 192
Écrit épistolaire de Jean-Baptiste Willermoz à l’adresse de Jean de Turckheim, en date du 25 mars 1822
Ce texte a été publié par Robert Amadou dans son « Introduction » (p. 46-48) au Traité de la Réintégration (Paris Dumas, 1974). Il fait partie d’une lettre de Jean-Baptiste Willermoz à Jean de Turckheim du 25 mars 1822, publiée par Gérard Van Rijnberk, op. cit., tome I, p. 132-134. Malheureusement, le texte publié ici est légèrement tronqué. Et la citation ne respecte pas les italiques…
26) Des habillements et Bijoux chez les Élus Coëns, p. 195
Des statuts généraux de 1767
En fait, aucune référence n’est donnée par l’auteur du Sacramentaire.
Origine : BML, fonds Papus, Ms 5474. Les Statuts ont été publiés par Robert Amadou dans son édition du fonds Z, Les manuscrits réservés du Philosophe inconnu. La magie des élus coëns. Franc-maçonnerie.
Statuts généraux de l’Ordre des Chevaliers-Maçons Élus Coëns de l’Univers (1767), chapitre premier, article IX. Le texte-commentaire est difficile à lire car les phrases sont longues, au-delà même de ce que l’on peut admettre. Un exemple : La page 197 comporte un seul paragraphe de 33 lignes ; ce paragraphe correspond à une seule phrase !
L’ensemble des pages de ce paragraphe reproduit en son entier l’article IX, Des habillements et bijoux, sans aucune référence (ce qui est habituel ici) ni sans guillemets. Quel intérêt cette description a-t-elle de nos jours en dehors d’un éventuel nouvel ordre de néo-coëns !
27) Les Lettres de Martines de Pasqually, p. 203
G. van Rijnberk, Un Thaumaturge au XVIIIe siècle…
Tirées directement du tome second du livre de Gérard Van Rijnberk, Un thaumaturge…, (p. 73-167). L’orthographe est moderne. La dernière lettre citée (Sacramentaire, p. 311-312, Lettre n°34) est celle de Madame Veuve de Pasqually du14 mai 1779, de Bordeaux.
28) Le Livre Rouge ou le Carnet d’un jeune Elu Coën, p. 313
Source Bibliothèque Municipale de Lyon, Ms 5476.
Numéroté de 1 à 800, avec une petite conclusion, ce texte de Louis-Claude de Saint-Martin, écrit vers 1768, se veut reproduire le manuscrit 5.476 (34) du fonds Jean-Baptiste Willermoz de la Bibliothèque Municipale de Lyon (BML). Un certain nombre de numéros manquent et il y a quelques doublons.
Robert Amadou qui a publié ce Livre rouge en deux fois, explique que le manuscrit de la BML comporte 234 articles dont « 12 ont été copiées deux fois par inadvertance » Ce carnet, nous dit R. Amadou, « porte témoignage des connaissances ésotériques et des expériences initiatiques de Saint-Martin au début de sa carrière, quand toutes les semences germent sous une forme que lui-même ne nous avait pas encore livrée » (Atlantis, n°245, p. 269). Robert Amadou a « débusqué » un autre manuscrit du « Carnet » à l’abbaye de Solesmes. Ce dernier comporte « 316 articles dont 243 nouveaux ». L’auteur du Petit sacramentaire donne la source de sa publication et présente (nous les avons comptés) 468 articles dont 8 doublons (44, 65, 242, 381, 383, 462, 472, 732). En comparant les textes publiés par R. Amadou dans les deux revues Atlantis et dans le Sacramentaire, il est facile de se rendre compte que nous sommes en fait en face d’une recopie pure et simple – à quelque nuance près – de la revue Atlantis (n°330) avec l’ensemble des articles que comporte les deux manuscrits et non pas, comme annoncé dans le Sacramentaire, du seul manuscrit 5.476 de la BML !
29) Bibliographie succincte, p. 351
Elle ne comporte que 15 éléments, ce qui est particulièrement surprenant quand on connaît le nombre d’études publiées sur Martines de Pasqually et les Élus Coëns. Cette bibliographie se limite aux sources utilisées ( voir plus haut « compte-rendu »).
Jean-Louis Boutin
20/07/2020
Notes :