Quelles seront dans la vie à venir la forme, la condition , la joie et la gloire de l’âme ?
1. Ici il nous faut considérer le paradis : car ce monde extérieur, avec ses fruits et ses couleurs, a été une figure du paradis. Or, le paradis était en nous, et l’esprit extérieur nous en a dépouillés, et nous a attirés en soi. Lorsqu’Adam convoita après lui, son propre désir le prit captif.
2. Mais alors nous serons de nouveau dans ce paradis ; et nous nous réjouirons éternellement dans les belles végétations de toute espèce de fleurs, de formes, d’arbres, de plantes et de fruits ; mais elles ne seront pas si terrestres, si mattes et si grossières qu’ici-bas, car nos corps ne le seront pas non plus : ainsi il en sera de même de toute substance ; le tout sera comme angélique. Les fruits seront plus diaphanes et plus subtiles que ne sont ici les éléments extérieurs ; car ils ne feront point de résidu, lorsque nous les aurons mangés. Nous n’aurons point de boyaux que nous ayons besoin de remplir, comme nous remplissons ici notre estomac ; mais tout sera le jeu de la puissance ; nous mangerons dans la bouche sans que cela passe dans le corps. Nous n’aurons point besoin de dents pour mâcher ; ce sera une pure puissance, et cependant en vrai mode et forme naturelle, avec de brillantes couleurs.
3. Aussi le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire et le manger, mais en une joie et une paix dans le Saint-Esprit ; ce sont des sons et des chants par rapport aux merveilles de Dieu qui proviennent de la substantialité du paradis.
Extrait de, Jacob Boehme, Quarante questions sur l’âme, extrait de la 32e question.