Cette courte intrigue policière est avant tout prétexte à faire revivre un épisode majeur de l’histoire de la franc-maçonnerie : la tenue à Lyon, en 1778, d’un convent réunissant des frères venus des quatre coins d’Europe pour renoncer à leur filiation templière.
Certes, les auteurs nous font pénétrer dans divers hauts lieux de la franc-maçonnerie comme la loge La Bienfaisance à Lyon ou la Grande Loge des Modernes à Londres. L’on assiste même à une opération théurgique menée secrètement par Willermoz. Mais le lecteur ne doit pas s’attendre à voir se lever le voile sur quelques secrets initiatiques soigneusement gardés jusqu’à ce jour, assénés sur un ton docte et compassé, car tel n’est pas le but d’Alain Bauer et de Roger Dachez. Ceux-ci, au contraire, dressent un portrait inhabituel, voire surprenant, de certains personnages ayant contribué à l’histoire de la maçonnerie du Siècle des lumières : on y croise ainsi un Willermoz tyrannique, aimant d’un amour exclusif sa soeur, Catherine Provensal, une femme pour le moins ardente, admise par son frère dans l’ordre des Élus Coëns ; Martinez de Pasqually y est décrit comme un personnage ambigu, maître en théurgie intouchable pour certains, charlatan impécunieux enfui à Saint-Domingue pour d’autres.
Le ton est léger, parfois ironique, nous donnant à voir, par exemple, une assemblée de francs-maçons décomposée par les lourdes formalités, plus somnolente que solennelle, quand les auteurs ne pratiquent pas l’irrévérence en concluant un chapitre intitulé « Les secrets du temple » par de surprenants « désordres amoureux ». Bref, il s’agit là d’un agréable divertissement, qui a le mérite de ne pas se prendre au sérieux et de ne pas détourner des faits historiques au profit de révélations fantaisistes.
Marie Frantz
Titre : Le convent du sang (Roman)
Auteur : Alain Bauer, Roger Dachez
Éditeur : JC Lattès
Date de publication : septembre 2009
ISBN : 9782709630078
Nb. pages : 236 p.
Présentation de l’éditeur
1778. Dans les ruelles du vieux Lyon se rassemble un convent de francs-maçons venus de tous les coins de l’Europe. L’enjeu : renoncer à la thèse de la filiation templière de la maçonnerie, dangereuse dans un pays catholique. A la tête de cette révision déchirante, Jean-Baptiste Willermoz, commerçant aisé de la soie, et chef des francs-maçons de la capitale des Gaules.
Or, la veille même du convent on retrouve sur la colline des Brotteaux un mystérieux cadavre costumé en Templier ! Immédiatement alerté, Prost de Royer, Lieutenant général de Police de Lyon mais aussi… franc-maçon, mène l’enquête avec Willermoz. Le lendemain, un nouveau cadavre est découvert devant le domicile de Willermoz au moment où s’y reunissent les Grands profès, les Supérieurs Inconnus de la maçonnerie lyonnaise. Leur hôte lui-même est agressé, et sauvé miraculeusement par un magicien n’était sorti de l’ombre : Cagliostro lui-même…
A Londres, le Conseil des Neuf, secrètement mis en place quelques décennies plus tôt par Jean-Théophile Désaguliers (Cf. Les mystères de Channel Row) surveille un groupe d’activistes politiques, « les Illuminés de Bavière » qui veulent saper les projets de Willermoz pour embraser la maçonnerie. Intrigues maçonniques, complots politiques et joutes amoureuses s’entrecroisent pour se terminer dans le cabinet du Roi, quand la sécurité du pays devient menacée. Le dénouement viendra d’Italie où des mystères depuis longtemps enfouis seront finalement révélés.