Le mois de mai 2021 marque le deux centième anniversaire de la mort de l’empereur Napoléon Ier. Pour l’occasion, nous avons extrait du journal de L-C. de Saint-Martin, Mon portrait, quelques textes où le théosophe parle de celui qu’il désigne sous le nom de « Bona-Parte ».
Du vivant de Louis-Claude de Saint-Martin, Bonaparte n’est pas encore empereur, mais premier Consul. Le Philosophe inconnu sentait que de grandes destinées étaient « attachées sur cet homme remarquable » dans lequel il voit « un instrument temporel des plans de la Providence ». En 1801, Saint-Martin fera remettre à Bonaparte l’un de ses livres. La plupart des textes que nous présentons ici sont anecdotiques, ils contribuent cependant à situer le théosophe dans son époque. [1] Image de titre : Extrait du tableau de David, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, 1800, Musée national du château de Malmaison (France).
Sommaire
1 – 1797 : 17 octobre
[…] J’étais à Paris lors du décret sur les nobles, et enfin lorsque l’on nous y annonça la paix signée entre Bona-Parte et l’Empereur à Udine le 26 vendémiaire an VI, ou le 17 octobre 1797, c’est-à-dire le lendemain du 4e anniversaire de l’exécution de la Reine. J’étais à Paris lors de la paix avec les Anglais ou la paix générale signée à Londres le 1er octobre 1801, le 9 vendémiaire an 10, sous le 1er Consul Bonaparte. » (Mon Portrait n° 288)
2 – 1797 : 17 avril
[…] Les vignes viennent de geler le 31 mai 1793. Ce même jour révolution à Paris sans effusion de sang. Arrestation de 32 membres. La récolte en vin a été bonne ; beaucoup de gens croient à la paix prochaine. Le 12 germinal l’an 3e une crise à Paris où j’étais, déportation de Collot, Barrère, Billaud, Vadier, etc. Je regarde cette crise comme la clôture ; il y a eu depuis celle de prairial, et de vendémiaire. La paix avec l’Empereur signée le 17 avril 1797, 26 vendémiaire an VI, à Leoben par le général Bona-parte [Bonaparte]. » (Mon portrait, n° 391)
3 – 1800 : 14 janvier
Le 21 messidor an 8, je suis retourné à Paris pour y voir l’ami Div… [Divonne] espérant qu’il me consolera de la perte de mon ami Kirchberger qui est mort au commencement de cette année ; je laisse à Amboise ma bonne cousine, et Madame d’Augustin dans d’excellentes dispositions. Pendant mon séjour, dans mon pays est arrivée la fameuse bataille de Marengo le 25 prairial, où l’étonnant Bona-Parte [Bonaparte] a tellement avancé sa gloire, et la paix de l’Europe que je le regarde comme un instrument temporel des plans de la Providence par rapport à notre nation. Cet événement me confirme de plus en plus dans les opinions que j’ai imprimées depuis six ans sur notre Révolution. » (Mon portrait, n° 1000)
4 – 1800 : 13 février
Le 24 pluviôse an 9 (13 février 1801) la paix continentale signée 4 jours auparavant à Lunéville entre Joseph Bonaparte et Monsieur Cobentzel ; l’Empereur ayant trente jours pour ratifier. C’est ce même jour 24 que j’ai livré à l’imprimeur Laran mon Cimetière d’Amboise. Je me confirme de plus en plus que j’arrive à une époque qui sera marquante pour moi. J’ai à peu près terminé ce que j’avais à faire d’ostensible pour le service des autres. Je veux maintenant, moyennant Dieu, travailler pour mon propre service qui n’est autre chose que le sien. Mais c’est sur cela que je ne m’expliquerai jamais qu’avec ceux qui me devineront. » (Mon portrait, n° 1022)
5 – 1800 : 24 décembre
Le 3 nivôse an 9, à huit heures du soir, éclata rue Saint-Nicaise la machine infernale dirigée contre Bona-Parte qui allait à l’Opéra à la première représentation du fameux oratorio de Haydn. Son cocher était ivre ; il alla plus vite qu’à l’ordinaire et passa où il n’aurait pas passé de sang-froid. Cela fit que le carrosse dépassa la machine de quelques secondes, ce qui suffit pour que l’explosion ne le pût atteindre. Je ne puis m’empêcher de révérer Bona-Parte tant pour les talents qu’il a montrés, que par la protection marquée de la Providence à son égard. On ne peut nier qu’il n’y ait de grandes destinées attachées sur cet homme remarquable. » (Mon portrait, n° 1019)
6 – 1801 : hiver
Dans l’hiver de l’an 9, ou de 1801, j’ai publié Le Cimetière d’Amboise, petit poème en 420 vers. Les bonnes gens ont été contents du fond des choses et y ont trouvé des vers heureux. Les gens de l’art ne l’ont jugé que par la forme et n’ont pas seulement regardé le fond. Du Rosay en donna de ma part un exemplaire à Bonaparte. Mais je n’ai seulement jamais su s’il l’avait lu ou non. » (Mon portrait, n° 1030)
7 – 1802 : entre 20 avril et 19 mai – Floréal
Au mois de floréal an 10, j’ai vu ma soeur à Tours que j’ai trouvée fort bien portante. Vers ce même temps, il y a eu des registres ouverts pour faire Bona-Parte 1er Consul à vie. Vers ce même temps c’est-à-dire le 16 mai 1802, il y a eu une gelée terrible et universelle qui a perdu toutes les vignes dans toute la France, et qui a un peu nui aux votes parmi les gens de mon canton, parce que le pain y était à un prix exorbitant. » (1044)
Notes :