Sommaire
Présentation de l’éditeur :
Voici la « vraie » histoire de Bathilde d’Orléans, fille de Louis-Philippe Ier, duc d’Orléans et de Louise-Henriette de Bourbon-Conti. Étrange destin. Mère du duc d’Enghien, elle est répudiée le 31 janvier 1781 par le duc de Bourbon-Condé, Louis-Henri-Joseph, appelé « Monsieur fouet en l’air » en raison de son amour pour les chevaux et les femmes. Abandonnée et seule, elle tient salon au Palais de l’Élysée qu’elle achète à Louis XVI en juillet 1787.
Refusant d’émigrer, cette aristocrate « républicaine » est, avec les Bourbon, exilée à Marseille en mai 1793 puis bannie à Barcelone en septembre 1797. Se résignant « à tout ce qu’ordonnera la Providence », elle y consacre son temps en œuvres de charité et, fidèle à son éducation janséniste, franc-maçonne et mystique, rédige en 16 articles, sa « profession de foi républicaine ». Elle y apprend l’assassinat de son fils, fusillé dans les fossés de Vincennes sur ordre de Bonaparte, le 21 mars 1804.
En 1814, l’abdication de Napoléon lui permet de revenir en France. Louis XVIII lui donne l’Hôtel Matignon où, en souvenir de son fils, elle fonde l’Hospice d’Enghien. Toujours amoureuse de son mari – après 35 années de séparation – elle lui offre de revenir « le plus tôt que vous pourrez ». Échec. Elle meurt devant le Panthéon rendu au culte divin le 10 janvier 1822, au cours d’une procession en l’honneur de Sainte Geneviève. (voir le sommaire détaillé en bas de page.)
Titre : Bathilde d’Orléans (1750-1822)
Sous-titre : La vraie vie de Bathilde d’Orléans (1750-1822) duchesse de Bourbon, mère du duc d’Enghein, janséniste, franc-maçonne et mystique
Auteur : Charles Hénin
Éditeur : 3 Colonnes (Les)
Parution : 01/07/2019
Nb. de pages : 406 p.
ISBN : 978-2-37480-539-9
EAN : 9782374805399
Note de lecture
Depuis l’étude que lui avait consacrée le comte Ducos en 1900, La Mère du duc d’Enghien, 1750-1822 (Plon), personne n’avait osé proposer une étude aussi complète sur la duchesse de Bourbon. Le livre de Charles Hénin remplace avantageusement celui de Ducos, d’autant que ce dernier, publié il y a plus de cent ans, n’a jamais été réédité. Précisons cependant qu’à l’occasion des fêtes du bicentenaire de la Révolution, Jacques Longuet avait consacré une étude à Bathilde d’Orléans. Cette publication, plus modeste (109 pages), n’avait toutefois pas vocation à se substituer à celle de Ducos. Elle se proposait plus spécialement d’aborder les destinées de Petit-Bourg, le château que possédait la duchesse à Évry. [1] Jacques Longuet, Un destin révolutionnaire à Évry, Madame de Bourbon, citoyenne Vérité, suivi de : La garde nationale d’Évry sur-Seine sous la Révolution, Paris, ADEF, 1989. D’autres études, plus thématiques, ont également été consacrées à certains aspects de la vie de Bathilde d’Orléans, nous les évoquerons dans le cours de cette note.
Dans ce nouveau livre, Bathilde d’Orléans (1750-1822), Charles Hénin se propose de présenter la « vraie » biographie de la duchesse. La mise au jour de cent-deux lettres de Bathilde à son amie la comtesse de Barral lui a permis en effet d’ajouter des éléments ignorés par Ducos (par exemple la visite, au début de l’année 1764, du jeune Mozart à Mademoiselle d’Orléans, alors âgée de 16 ans et pensionnaire à la Madeleine du Tresnel). Il évoque aussi plus directement le cas d’Adélaïde Victoire Damassy, la fille adultérine de la duchesse et d’Alexandre Aimable de Roquefeuil, dont le comte de Ducos ne parlait souvent qu’avec réserves. Charles Hénin nous offre donc un portrait plus précis de Bathilde d’Orléans. Contrairement au livre de Ducos, qui prenait parfois l’aspect d’un roman historique et se contentait de renvoyer à des sources présentées succinctement dans l’« Avertissement » de son étude, Charles Hénin adopte une approche d’historien renvoyant par d’abondantes notes aux archives, documents et ouvrages dans lesquels il puise ses informations. [2] Soulignons cependant que ces sources ne sont pas toujours données avec précision, l’auteur se contentant d’indiquer la référence des ouvrages sans préciser les pages où il reprend ses informations (ex. notes n° 78, p. 296 ; n° 17, p. 302 ; n° 18, p. 303, etc.).
Janséniste
Un texte placé en exergue au début du livre, qui s’apparente à un sous-titre, précise : « La vraie vie de Bathilde d’Orléans (1750-1822) duchesse de Bourbon, mère du duc d’Enghien, janséniste, franc-maçonne et mystique ». Pourtant ces trois thèmes occupent une place assez modeste dans l’ouvrage, et c’est sur ces points que porteront nos observations.
Le premier point qui rejoint d’ailleurs le troisième, celui de la relation de la duchesse au jansénisme et à la mystique, n’est pas suffisamment argumenté, même si Charles Hénin met en évidence une lettre intéressante où la jeune Bathilde d’Orléans, alors âgée de vingt-quatre ans, fait référence à François Pâris (p. 51). Lorsqu’elle est adulte, Balthilde d’Orléans nous semble davantage marquée par la mystique de Mme Guyon, le quiétisme qui commande l’abandon total à la Providence et au pur amour de Dieu, que par le jansénisme. Il faut noter cependant qu’une certaine forme de jansénisme tardif l’affectera plus tard, lors de sa relation avec Pierre Pontard en 1792. Cet évêque constitutionnel, devenu son confesseur, lui avait présenté Suzette Labrousse et entraîna la duchesse à promouvoir les idées de cette prophétesse du Périgord. Bathilde d’Orléans financera le Journal Prophétique, publication destinée à soutenir la mission de celle qui voulait convaincre le pape de réformer l’Église catholique. Or, dans ce journal, Pierre Pontard fait plusieurs fois référence aux écrits de Jacques Joseph Duguet (1649-1733), le fondateur du figurisme, mouvement que l’on qualifie de « second jansénisme ». Ces éléments ne suffisent pas cependant pour qualifier la duchesse de janséniste.
Grande maîtresse de toutes les loges d’adoption
L’appartenance de la duchesse à la « franc-maçonnerie » ne suffit pas non plus pour caractériser son intérêt pour l’occulte. Aussi, annoncer qu’elle était « passionnée d’ésotérisme » (p. 22) aurait-il mérité des développements plus précis. Comme le souligne Charles Porset, au XVIIIe siècle, seule une fraction marginale des francs-maçons se préoccupe d’illuminisme ou d’ésotérisme. À l’époque où Bathilde d’Orléans devient grande maîtresse de toutes les loges d’adoption, en mai 1775, la franc-maçonnerie, qu’elle soit féminine (loges d’adoption) ou masculine, est pour l’essentiel un cercle de sociabilité et de philanthropie. Les loges sont des lieux d’échanges et de culture, où les banquets, les bals, le théâtre, les concerts et l’opéra occupent la place la plus importante. La loge de la Candeur, à laquelle est reliée celle où officie la duchesse de Bourbon, est caractéristique sur ce point. Les cérémonies marquant l’intronisation de la Bathilde d’Orléans furent d’ailleurs l’occasion de festivités prestigieuses. Charles Hénin ne manque pas d’ailleurs de souligner cet aspect, rappelant que six cents personnes y assistaient.
Martiniste ou à peu près
Comme le rappelle Charles Hénin, la duchesse de Bourbon nourrissait une passion pour le merveilleux et entretenait un petit cercle d’adeptes du magnétisme et de prophétesses, ajoutant qu’elle était une « proie facile guettée par des aventuriers sans scrupule » (p. 182). L’auteur poursuit sa démonstration en évoquant ses relations avec Louis-Claude de Saint-Martin, dressant un portrait assez caricatural du théosophe. Saint-Martin, nous dit-il, « s’était glissé dans le monde des intellectuels où il cherchait ‘’les hommes de science les plus éminents…’’ (…) attachant pour le moins autant de prix au commerce des esprits qu’à celui des hommes ». Nous reviendrons sur Saint-Martin un peu plus loin.
Parmi les « aventuriers » évoqués figure aussi Martinès de Pasqually. Charles Hénin reprend, comme Ducos l’avait fait avant lui, les déclarations de la baronne d’Oberkirch, qui écrivait que la princesse Balthilde « parlait souvent de Martinez Pasqualis […] qui se trouvait à Paris en 1778. Elle l’avait beaucoup vu, beaucoup écouté ; elle est martiniste ou à peu près […] ». On peut pardonner à la baronne d’Oberkirch d’avoir ignoré que Martinès de Pasqually est mort le 14 septembre 1774, et qu’il est donc impossible que la duchesse l’ait rencontré en 1778, voire avant, étant donné qu’il a quitté la France en 1772. Il est par contre étonnant de retrouver ces erreurs dans un livre de la qualité de celui de Charles Hénin. [3] Mémoires de la baronne d’Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789, Paris, Charpentier, 1869, chap. XXV, p. 86-87. Charles Hénin reprend d’ailleurs mot pour mot (note 10, p. 182) la note ajoutée par Suzanne Burkard dans l’édition des Mémoires de la baronne… publiée au Mercure de France en 1970, n° 248 p. 716.
La richesse des études dont disposent aujourd’hui les historiens pour aborder l’illuminisme et le goût pour le merveilleux qui marque le XVIIIe siècle permet d’apporter une analyse plus précise sur cette époque. Comme l’ont montré Clarke Garrett et Robert Darnton, le cercle ésotérico-mystique qui gravite autour de la duchesse de Bourbon est en effet caractéristique de l’ambiance si particulière de la fin du siècle des Lumières. Pour reprendre l’expression de Clarke Garrett, nous sommes ici en présence d’une « respectable folly » où se côtoient millénarisme et magnétisme. [4] Clarke Garrett, Respectable Folly, Millenarians and French Revolution in France and England, Baltimore & London, The Johns Hopkins University Press, 1975 ; Robert Darnton, Mesmerism and the End of the Enlightenment in France, New York, 1976. De son côté, Auguste Viatte a montré l’influence de ceux qui furent bien plus que des « aventuriers sans scrupule », mais des théosophes dont les idées ont contribué à la naissance du romantisme. À ce titre, la duchesse de Bourbon et ses amis figurent en bonne place dans l’étude qu’il a publiée, Les Sources occultes du romantisme, illuminisme et théosophie, 1770-1820 (Paris, Honoré Champion, 1928, rééd. 1965 et Slatkine, 2008).
À ces études, devenues des classiques, se sont ajoutés plus récemment d’autres travaux, comme la notice que Karen-Claire Voss a consacrée à la duchesse de Bourbon dans Dictionary of Gnosis & Western Esotericism (édité par Wouter J. Hannegraaff, en collaboration avec Antoine Faivre, Roelof van den Broek, et Jean-Pierre Brach, Leiden-Boston, Brill, 2006, p. 909-911). Celles publiées par Francisco Javier Ramon Solans entre 2016 et 2018 sont sans doute les plus novatrices. Elles concernent l’exil de la duchesse de Bourbon en Espagne, ses relations avec les prophétesses de la Révolution et ses rapports au magnétisme :
- « De la Corte de Luis XVI a la Barcelona de principios del siglo XIX – La duquesa de Borbón y los orígenes del magnetismo en Espagna », dans, Políticas del pasado y narrativas de la nació – Representaciones de la Historia en la Espagña contemporánea, sous la direction d’Ignacio Peiro et Carmen Frias, Zaragoza, Prensas Uviversitarias de Zaragoza, 2016 ;
- « Être immortel à Paris, Violence et prophétie durant la révolution française », Annales HESS, avril-juin 2016, n° 2 ;
- « Le Mesmérisme à la rencontre de la prophétie – Le cercle de la duchesse de Bourbon » Annales de la Révolution Française, janvier-mars 2018, n° 391, « Le mesmérisme et la Révolution Française ».
Ensorcelée par les phénomènes paranormaux
Pour ce qui est de la relation de Bathilde d’Orléans avec le magnétisme, Charles Hénin nous rappelle qu’elle fréquentait Mesmer et que Puységur était régulièrement son hôte à Petit-Bourg. Ajoutons que celui qui avait conquis le cœur de la duchesse et lui donna une fille, Alexandre Aimable de Roquefeuil, était lui-même membre de la Société de l’Harmonie de Mesmer, tout comme le médecin de la duchesse, Étienne Louis Quévremont Delamotte. Pour ce qui est de l’intérêt de Bathilde d’Orléans pour le magnétisme, il aurait été intéressant d’évoquer plus longuement la cure qu’elle a pratiquée sur madame Gérôme. Ces séances de magnétisme se sont tenues à Petit-Bourg, entre le 15 mai et le 18 juillet 1786, en présence de hautes personnalités comme Charles Vanier (un membre de la Société de l’Harmonie Universelle, que la duchesse avait chargé de diriger les activités magnétiques au château de Petit-Bourg), Antoine Laurent de Jussieu (ce médecin fut l’un des commissaires chargés par le roi pour juger de la valeur du magnétisme animal en 1794), M. Godard et Antoine Godart, le chirurgien de la duchesse (tous deux membres de la Société de l’Harmonie Universelle), etc. Ces traitements donnés par Bathilde d’Orléans ont fait l’objet d’une publication détaillée dans L’Hermès, Journal du Magnétisme animal en 1828. [5] « Cure d’une névrose compliquée opérée à Petit-Bourg en 1786, par madame la duchesse de Bourbon », L’Hermès, 1828, tome III, p. 309-324 ; p. 329-342 ; tome IV, p. 42-62. Le texte écrit par la duchesse en réaction à la condamnation du magnétisme par la commission royale, « Sur le rapport fait à Paris en 1784, par les commissaires du gouvernement, au sujet du magnétisme », témoigne de son engagement, position qu’on ne peut résumer en écrivant qu’elle se serait laissée « ‘’ensorceler’’ par les phénomènes paranormaux tels que le magnétisme et l’hypnose somnambulique », pour reprendre les mots de Charles Hénin (p. 191). [6] Opuscules ou pensées d’une âme de foi, sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité, s.l., (Barcelone), 1812, t. 1, p. 178-184.
Un petit réduit sous les combles du château
La relation de la duchesse de Bourbon avec Louis-Claude de Saint-Martin nous semble souvent mal interprétée par Charles Hénin. On se demande pourquoi il avance que Saint-Martin « se contentait d’un petit réduit sous les combles du château » (p. 212) alors que le théosophe parle du « petit cabinet de [son] appartement de Petit-Bourg » (Mon portrait, n° 669). Loin d’être considéré comme un simple résident, Saint-Martin était un hôte estimé. Lorsque « la dame d’honneur était absente, écrit-il, j’étais chargé des honneurs de la table, j’aurais désiré que d’autres s’en chargeassent ». (Mon portrait, n° 279). À lire Charles Hénin, on a souvent l’impression que Saint-Martin stimule la tendance pour le merveilleux de Bathilde, alors qu’à l’inverse il n’a cessé de la détourner de ces pratiques.
En effet, à l’époque où le Philosophe inconnu côtoie la duchesse, il a « laissé toute la boutique », pour reprendre l’expression du comte de Divonne. Le 4 juillet 1790, il avait d’ailleurs demandé à Jean-Baptiste Willermoz de rayer son nom de toutes les listes maçonniques où il était inscrit depuis 1785. Le Philosophe inconnu ne partageait pas l’enthousiasme de Bathilde pour Mme Guyon, il s’était également écarté du magnétisme et n’approuvait pas les idées de Suzette Labrousse et de Catherine Théot, les prophétesses auxquelles la duchesse s’était attachée. C’est d’ailleurs pour la dissuader de persévérer dans cette voie qu’il a écrit, en partie à son attention, Ecce homo (1792). Bathilde d’Orléans ne l’écoutera pas, ce qu’elle regrettera plus tard. Elle écrira en 1812 : « J’avais dans ma société un homme sage et profondément instruit sur la religion ainsi que sur toutes les sciences, qui me conseilla de cesser toutes mes recherches, et de m’abandonner uniquement à la prière, à l’oraison, et à la lecture de l’Écriture sainte, en pratiquant les bonnes œuvres. » [1. Opuscules ou pensées d’une âme de foi sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité, op. cit., p. IX., p. 196-197. ]
Pendant son exil en Espagne, la duchesse entretient une longue correspondance (de 1799 à 1812) avec Michel Ruffin, l’agent du gouvernement qui l’avait accompagnée à la frontière. Ces lettres sont fondamentales pour comprendre l’évolution de sa pensée. (Sur ce point, voir l’étude : Récit d’une conversion.) À leur lecture, on remarque qu’elle a conservé une grande estime pour Saint-Martin. Souhaitant ramener Ruffin vers la foi chrétienne, elle lui conseille la lecture de ses ouvrages. Voyant que cela ne suffit pas, elle lui propose d’aller rencontrer le théosophe (Mad.me de B… et M.r R…. sur leurs opinions religieuses, s.l., 1812, t . I, lettres IX et XI, s.d. (été 1800), p. 43 et 60). Cette correspondance donne d’ailleurs de nombreuses informations sur les lectures de la duchesse, qu’il s’agisse de Malebranche, de Fénelon, de Pascal, de Dutoit-Membrini, de William Law (trad. de Divonne), de Mme Guyon, de Chateaubriand, de Bernard Lambert, des sermons de Massillon, de L’Imitation de Jésus-Christ, ou du Triomphe de l’Évangile de Pablo de Olavide. [7] Comme le rapporte Francisco Javier Ramon Solans, Pablo de Olavide (1725-1803), Espagnol alors exilé à Paris, s’était engagé dans la Société de l’Harmonie Universelle de Mesmer. Voir « De la Corte de Luis XVI a la Barcelona… », op. cit., p. 24.
Libérée de l’influence de Saint-Martin
On ne comprend guère pourquoi Charles Hénin laisse entendre qu’après son retour d’exil, « libérée de l’influence de Saint-Martin [qui] était mort avant son retour » (p. 338), la duchesse avait abandonné ses convictions. L’auteur écrit certes avec raison qu’elle était revenue sur ses idées de réforme de la religion catholique, mais sur ce point, ce n’est pas de Saint-Martin qu’elle s’était libérée, mais de Pierre Pontard. Le baron Hyde de Neuville écrit dans ses mémoires que la duchesse « n’avait pas conservé en France, du moins au même degré, les idées mystiques qui l’absorbaient en Espagne. Elle ne parlait plus de réformer l’Église, et elle avait reconnu que Dieu ne demande pas aux grands de la terre de porter l’humilité jusqu’à l’oubli des convenances sociales. » [8] . Jean-Guillaume Hyde de Neuville (1776-1857), Mémoires et souvenirs… publiées par Mme la Vtesse de Bardonnet, Paris, 1888-1892, p. 425-429. Il est cependant nécessaire de préciser qu’alors, la situation religieuse est différente de celle qui marqua les débuts de la Révolution française. La signature du Concordat en juillet 1801 avait en effet mis fin à l’Église constitutionnelle.
Avait-elle pour autant abandonné ses convictions à l’égard du magnétisme ? Francisco Javier Ramon Solans rapporte que pendant son séjour en Espagne, la duchesse avait lié des relations avec Salva i Campillo (1751-1828), médecin de l’université de Huesca, professeur de clinique et membre de l’Académie royale. Ce dernier était devenu son médecin, et lorsqu’elle rentra en France après un exil de dix-sept ans, la duchesse lui laissa une partie de ses livres sur le magnétisme. Par la suite, elle lui envoya les nouvelles publications concernant le magnétisme animal. [9] « De la Corte de Luis XVI a la Barcelona… », op. cit., p. 25. Comme l’écrit Francisco Javier Ramon Solans, la duchesse de Bourbon a contribué à la diffusion du magnétisme en Espagne.
Concernant la période qui voit le retour de la duchesse de Bourbon en France, Charles Hénin apporte de nombreuses précisions sur les différentes étapes qui ont marqué son installation. Il n’évoque pas cependant sa présence dans le cercle de Madame de Krudener. [10] Voir sur ce point Benjamin Constant, Journal intime, 1895 et Eynard, La Vie de Mme de Krudener, t. II, 1849. Nous n’irons pas jusqu’à dire, comme Robert Darnton, que la baronne de Krudener est « une mystique du groupe mesmériste martiniste » [11] Robert Darnton, Mesmerism and the End of the Enlightenment, op. cit., p. 150. , mais nous observerons qu’il note qu’elle « réunit autour d’elle les patriarches du mesmérisme, Bergasse et Puységur, et sa matriarche, la duchesse de Bourbon ». [12] Ibid. p. 150. C’est d’ailleurs à cette époque, en 1815, que se reconstitue autour de Puységur une Société de Magnétisme, qui renouvelle sous une forme différente celle de l’Harmonie Universelle, démantelée en 1789. C’est sur la recommandation de Puységur (qui n’est pas l’ami de Cagliostro, cf. p. 197) que la duchesse de Bourbon consulte Alina d’Eldir pour soigner l’extinction de voix dont elle souffre depuis plusieurs années. « Je la magnétisai pendant huit jours, en 1814 — précise la guérisseuse —, et S[on] A[ltesse] fut parfaitement guérie. » [13] Jean-Baptiste-Modeste Gence, La Vérité du magnétisme prouvée par les faits ; extrait de notes et des papiers de Mme Alina d’Eldir née dans l’Hindoustan par un Ami de la Vérité, suivie d’une notice inédite sur Mesmer, qui avait été composée et mise en page pour la Biographie Universelle, écrite, 1829, p. 31.
Bathilde d’Orléans est toujours en relation avec les derniers amis de Saint-Martin, notamment avec le comte Louis-Marie-François de La Forest Divonne (1765-1838), un habitué du groupe de Madame de Krudener. C’est grâce à l’intervention de la duchesse que celui qui fut l’aide-major général de l’armée de Condé retrouvera en 1814 une place dans l’armée. Elle écrira à Divonne :
Je m’empresse ch. Fr. de vous informer que je possède entre mes mains votre brevet de maréchal de camp, en parchemin et signé du roi. Je n’ai pas cru devoir le livrer à la poste puisque vous devez revenir sous peu, et que peut être votre nomination hâtera votre retour. » [14] Nous remercions M. Philibert de La Forest Divonne, descendant direct du comte, de nous avoir communiqué une copie de cette lettre inédite. Ce document n’est pas daté, mais cette nomination étant datée de 1814, nous pouvons le situer dans cette période.
Une question de bibliographie
Nous terminerons cette note déjà trop longue par une question de bibliographie. Dans le cours de son ouvrage, Charles Hénin cite les deux ouvrages écrits par Bathilde d’Orléans (Correspondance entre Mad.me de B… et M.r R… sur leurs opinions religieuses… (2 vol.) et Opuscules ou pensées d’une âme de foi, sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité. Il n’a cependant pas cru utile de les ajouter dans la bibliographie figurant à la fin de son ouvrage, où il ne donne qu’une référence au manuscrit de la Correspondance entre Mad.me de B… et M.r R… sur leurs opinions religieuses, document qui serait conservé au musée Condé de Chantilly.
Pourtant, à la lecture de l’étude de Charles Hénin, on comprend que la duchesse de Bourbon est l’auteur de deux autres ouvrages. À ceux que nous venons de citer s’ajouteraient « deux ouvrages de sa composition » que la duchesse aurait apportés à Louise-Marie-Adélaïde, duchesse d’Orléans réfugiée à Bizy, au début de l’année 1793 (p. 229). Ces informations également données par le comte Ducos viennent des Mémoires de famille de l’abbé Lambert, qui précise que,
ces livres, imprimés à ses frais, contenaient des erreurs d’un genre tout à fait nouveau. Déjà, ils avaient paru avant mon départ de Paris pour Anet ; et, à la prière de M. l’abbé de Floirac, j’avais fait le relevé de tout ce qui s’y trouvait de contraire à la foi C’est sur ce relevé qu’était intervenue une censure des deux ouvrages, très bien faite, parfaitement en mesure avec les circonstances au milieu desquelles nous nous trouvions, et dans laquelle la Sorbonne s’était surpassée ». [15] Pierre-Thomas Lambert (1748-1802), Mémoires de famille de l’abbé Lambert, dernier confesseur du duc de Penthièvre, aumônier de la duchesse douairière d’Orléans, sur la Révolution & l’Émigration, 1791-1799… publiés, pour la Société d’histoire contemporaine, par Gaston de Beauséjour, son arrière-petit-neveu, 1894, p. 54-55.
Une note en bas de page, probablement rédigée par Gaston de Beauséjour, l’éditeur des mémoires de l’abbé Lambert, précise que « ces ouvrages de la duchesse de Bourbon publiés sous le voile de l’anonyme nous sont inconnus ». Leur existence reste une énigme et il aurait été intéressant de souligner ce point. La seule activité éditoriale de la duchesse qui se rattache à l’époque citée par l’abbé Lambert concerne le Journal Prophétique de Pierre Pontard, publié entre janvier et septembre 1792, et se limite au financement de cette publication. Les souvenirs de l’abbé sont-ils exacts ? Il est le seul à les évoquer. Rappelons que les ouvrages de la duchesse qui sont connus sont au nombre de deux, sa Correspondance avec Ruffin (2 vol.) et ses Opuscules, ouvrages imprimés anonymement sans autre information que leur date d’édition, 1812.
Les écrits de la duchesse en 1806
Le baron Hyde de Neuville nous apporte un témoignage intéressant à propos des écrits de la duchesse de Bourbon. Dans ses Mémoires, il évoque ses rencontres avec Bathilde d’Orléans lors de son passage à Barcelone en février 1806.
Elle joignait – dit-il –, à beaucoup d’esprit une âme très-expansive, très-ardente. L’amour du bien était inné chez elle, mais son jugement était souvent en défaut. Son imagination, repliée sur elle-même, s’était exaltée dans l’isolement et la retraite ; elle était dominée, à l’époque où je la connus, par des idées mystiques qui l’absorbaient trop et qu’elle poussait jusqu’à une sorte d’illuminisme. J’osai combattre plusieurs de ses doctrines, dont un grand nombre s’étaient inspirées des ouvrages que M. de Saint-Martin avait publiés en Allemagne. Non seulement elle voulait bien tolérer ma controverse avec indulgence, mais elle l’encouragea. Sa bonne foi lui faisait aimer et rechercher les objections. » [16] Jean-Guillaume Hyde de Neuville, Mémoires et souvenirs du baron Hyde de Neuville – La Révolution – Le Consulat – L’Empire, Hyde de Neuville, publiées par Mme la Vtesse de Bardonnet, Paris, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie Imprimeurs-éditeurs, 1888, p. 425-426.
Elle écrivait beaucoup, ajoute le baron de Neuville, et lui confia « plusieurs manuscrits ». Il reproduit d’ailleurs la « nomenclature » dans laquelle l’auteur décrivait les textes qu’elle lui transmettait :
Je joins ici la note de tous les écrits que je confie à celui qui a bien voulu les désirer, espérant qu’il n’en fera pas d’autre usage que celui qui peut être analogue au sentiment qui les a dictés, et que son âme me semble faite pour éprouver. Deux livres, l’un intitulé : Pensées de Thérèse ; l’autre : Pensées d’une âme de foi sur l’Église intérieure. » [17] Mémoires et souvenirs du baron Hyde de Neuville, ibid.
S’agit-il de versions préliminaires des textes qu’elle publiera six ans plus tard ? Le titre du second est assez proche du volume qu’elle publiera à Barcelone en 1812, Opuscules ou pensées d’une âme de foi, sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité, ouvrage où figure d’ailleurs un texte sur l’église intérieure. (voir : De la religion intérieure selon la Duchesse de Bourbon.) Pour ce qui est du premier, on n’en trouve pas trace dans ses écrits ultérieurs, et le nom de Thérèse d’Avila n’apparait ni dans Opuscules ni dans les deux volumes de sa Correspondance. S’agit-il d’un recueil qu’elle destinait au tome deux d’Opuscules ? En effet, la mention « Tome I » présente sur ce livre laisse penser que son auteur envisageait de lui donner une suite.
Aux deux livres cités dans sa « nomenclature », la duchesse ajoute « Un cahier sur les désirs politiques que j’ai formés durant la Révolution » et « une feuille pour rétablir la vérité des faits faussement racontés dans les Mémoires du baron Besenval ». [18] Ce texte fait référence à l’épisode décrit dans les Mémoires de M. le Baron Besenval, publiées l’année précédente, en 1805, Paris, F. Buisson, t. II, p. 282-329 et se rapporte à l’incident du bal de l’Opéra de 1778. Voir sur ce point, Ducos, p. 344 et Hénin, p. 161-164. Le contenu du cahier en question pourrait faire référence à plusieurs textes qu’elle a consacrés à ce thème : « Apologue sur la Révolution aperçues dans un sens religieux, écrit en 1789 », « Catéchisme politique sur la moralité des peuples et le gouvernement des puissances », « Exhortations aux souverains de la terre », « Prière pour les souverains » et « Pensées religieuses sur la Révolution française », textes qui figurent à la suite de ses lettres avec Ruffin. [19] Correspondance, op. cit., t. II, (p. 131-137 ; 273-278 ; 279-281 ; 281-283 ; 304-311. A ces derniers, il faut ajouter les seize points de sa « Chimère en fait de gouvernement » qui figurent dans sa lettre à Ruffin datant de la fin de l’été 1800 (Correspondance…, op. cit, t. I, lettre XI p. 64-67).
Le baron Hyde de Neuville étudia ces textes avec attention et il s’en suivit « un échange de réflexions écrites qui l’intéressaient vivement ». [20] Mémoires, op. cit., p. 426. Le baron ajoute que la duchesse lui donna également un exemplaire d’un livre de Louis-Claude de Saint-Martin, De l’esprit des choses, ajoutant que « sur les marges, madame la duchesse de Bourbon avait écrit des réflexions qui dénotent l’esprit inquiet et curieux qui se mêlait chez elle à sa foi chrétienne ». [21] Ibid.
Ces ouvrages ont-ils été conservés par les héritiers du baron de Hyde, car il précise avoir conservé tous les papiers de la duchesse de Bourbon ? L’histoire de le dit pas. Le baron retrouvera Bathilde d’Orléans quelques années plus tard à Paris, en 1814. Quoi qu’il en soit, cet épisode nous apporte des informations importantes sur la genèse des écrits de la duchesse de Bourbon et sur l’intérêt qu’elle portait encore en 1806 aux œuvres du Philosophe inconnu.
Des œuvres condamnés par l’inquisition en 1819
Les bibliographies précisent souvent que les deux œuvres publiées par Bathilde d’Orléans, ont fait l’objet d’une condamnation par un décret de l’inquisition en 1819. Cette sanction demeure cependant obscure. En effet, lorsqu’ils sont présentés dans la Bibliographie de la France, l’auteur de la notice annonce qu’il « ne trouve aucun ouvrage de Mme de Bourbon dans le Catalogue des ouvrages mis à l’Index ». [22] Bibliographie de la France, ou Journal général de l’Imprimerie et de la libraire, XXIe année, Paris, Pillet, 1832, n° 21, 26 mai 1834, p. 291. Ils ne figurent pas en effet sur ce catalogue. [23] Catalogue des ouvrages mis à l’index, contenant le nom de tous les livres condamnés par la Cour de Rome, avec les dates des décrets de leur condamnation, à la Librairie Catholique, 1828. Quérard fera les mêmes observations dans La France littéraire (1854, t. XI, p. 52-53).
La duchesse de Bourbon avait publié la Correspondance et Opuscules pour les offrir à ses amis. On parle d’un tirage limité à deux cents exemplaires, hors commerce, et l’abbé Grégoire précise qu’aucun journal n’a parlé de ces livres, si ce n’est la Chronique religieuse. [24] Chronique religieuse, t. III, 1820, p. 37. Revue publiée entre 1818 et 1812 par des partisans de l’ancienne Église constitutionnelle dans une optique gallicane et janséniste. Jean-Denis Lanjuinais et l’abbé Grégoire en sont les rédacteurs importants. Dans le chapitre qu’il consacre à la duchesse de Bourbon dans son Histoire des sectes, Henri Grégoire évoque l’existence d’un décret de l’Inquisition de 1819, qui « prohibe la Correspondance entre madame de B. et M. R. comme obscène, pleine de propositions hérétiques, impies, blasphématoires, séductrices, etc. ». [25] Histoire des sectes religieuses… par M. Grégoire, ancien évêque de Blois, Nouvelle édition corrigée et considérablement augmentée, t. II, Paris, Baudouin Frères, 1828, p. 73. On lira cependant avec intérêt son analyse, qui propose un jugement plus nuancé. Il met d’ailleurs en doute la valeur de cette condamnation : « Assurément, écrit-il, on ne citera pas comme une autorité respectable, celle d’un tribunal dont l’existence seule a calomnié l’Église catholique, et qui tant de fois a censuré d’excellents livres. » [26] Histoire des sectes religieuses…, op. cit. p. 73. S’il n’y voit aucune obscénité, il reconnaît que certaines accusations sont fondées et présente la plupart des points qui ne sont pas acceptables au regard de la doctrine catholique. Il relève aussi certaines valeurs, car « on y trouve des réflexions très judicieuses sur l’éducation et sur la manière de faire aimer la religion ». [27] Histoire des sectes religieuses…, op. cit. p. 84. L’abbé Grégoire est d’autant mieux placé pour juger les idées de la duchesse de Bourbon qu’il a eu l’occasion de la rencontrer. Il écrit que c’est chez elle qu’il a entendu Suzette Labrousse annoncer qu’elle était « la femme de l’Apocalypse, ayant la lune sous ses pieds ». [28] Histoire des sectes religieuses…, op. cit., p. 77-78.
Pour en terminer avec cette question, ajoutons qu’en 1870, quelques textes extraits des deux ouvrages de la duchesse de Bourbon ont été insérés dans Œuvres chrétiennes des familles royales de France, publiées par Paul Viollet (Paris, Librairie Poussielgue Frères, 1870, p. 373-379). Ils sont précédés d’une courte biographie.
Conclusion
Les observations que nous venons de présenter portent essentiellement sur trois aspects : le jansénisme, la franc-maçonnerie et l’illuminisme, ainsi que sur une question de bibliographie. Si elles apportent des précisions sur les idées de la duchesse de Bourbon, elles ne remettent pas en cause la qualité du reste de l’ouvrage de Charles Hénin, dont le but n’est pas de mettre en perspective les idées religieuses de Bathilde de Bourbon, mais de présenter sa biographie. Sur ce point, il y avait déjà fort à faire, car les épisodes qui marquèrent sa vie tumultueuse sont nombreux. De ce point de vue, le livre de Charles Hénin est passionnant, car il restitue parfaitement la biographie d’une personnalité attachante et complexe.
Dominique Clairembault
17/04/2020
Sommaire
Remerciements 9
I- Avant-propos, p. 19
II-Mademoiselle d’Orléans, p. 29-67
Tutelle des enfants mineurs – Les dames du Prieuré de la Madeleine du Tresnel – Marc-René de Voyer de Paulmy d’Argenson, né « gai et galant » – Arrivée de Bathilde en 1756 – Les Mozart au Couvent de la Madeleine – Amitié adolescente avec Marie-Séraphine Guillaud de la Motte, comtesse de Barral – Madame de Ségur, nouvelle prieure (2 octobre 1764) – « Tu es une femme, ma fille » (9 juillet 1765) – Le duc d’Orléans et ses maîtresses – Commérages matrimoniaux et coquetterie féminine (1765-1766) – Mort du Dauphin (18 décembre 1765) – Mort de la Dauphine (13 mars 1767).
III- Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d’Orléans (LMTB d’Orléans) p. 69-91
Abbaye royale de Panthémont – Présentation et Baptême à Versailles (6 et 7 juin 1767) – La vie à Panthémont – Au bal du Palais-Royal avec le Roi du Danemark (24 novembre 176S) – Manœuvres matrimoniales entre le duc d’Orléans et le prince de Condé – Mariage du duc de Chartres (5 avril 1769) – Accueil de Louise de Condé à Penthémont (11 février 1770).
IV- Madame la Duchesse de Bourbon, mère du duc d’Enghien, p. 93-127
Construction du Pavillon d’Enghien à Chantilly – Mariage « pour rire » entre Mlle d’Orléans et le duc de Bourbon-Condé (24 avril 1770) – Première entrée du Duc de Bourbon à Chantilly (15 juillet 1770) – L’Amoureux de quinze ans [Laujon et Martini] (8 avril 1771) – Première entrée de la duchesse à Chantilly (2 juin 1771) – Théâtre et Comédies à Chantilly – Un petit poupon est destiné au duc de Bourbon – Naissance du duc d’Enghien (2 août 1772) – Fête du premier-né (8 septembre 1772) – Le duc d’Enghien est confié aux « dames ».
V- Épouse bafouée, p. 129-167
Désamour conjugal – On m’a noircie… – Remariage du duc d’Orléans (23 avril et 28 juillet 1773) – Plaisirs austères : théâtre, pouf au sentiment… – Grande maîtresse de la loge Saint-Jean la Candeur – Théâtre et pêche à la ligne – Entrée de Louise-Adélaïde, mademoiselle de Condé (1erjuin 1777) – Allers et retours entre Paris et Chantilly – Affaire du bal de l’Opéra avec le Comte d’Artois (mars 1778) – Mozart avait raison (9 février 1778) – Proverbe fatal (fin 1779).
VI- De la Rue Neuve-des-Petits-Champs à L’Élysées-Bourbon, p. 169 -205
Séparation de gré à gré et non juridique – Emménagement à Petit-Bourg – Emménagement à l’hôtel Mazarin, rue Neuve des Petits-Champs – Louis-Claude de Saint-Martin. « Philosophe inconnu » à Petit-Bourg – Le tsarévitch Paul Ier de Russie à Paris (18 mai-25 juin 1782) – Les amitiés de la Duchesse avec Madame d’Oberkirch (mai-juin 1783) – La baronne d’Oberkirch à Paris (mai-juin 1784) – Baptême du duc d’Enghien (17 mai 1785) – La baronne d’Oberkirch, rue Neuve-des-Petits-Champs (1786) – Fête de Bathilde (6 février) – Achat de L’Élysée-Bourbon. 1er juillet 1787.
VII- 1787 – 1795. De la Citoyenne-Vérité à la Citoyenne-Bourbon, p. 207-253
États généraux et Assemblée Constituante 9 juillet – Assemblée Législative. 1-octobre 1791 – La duchesse met ses biens à disposition du duc de Bourbon. 15 mars 1792 –10 août 1792, les Tuileries en flammes – Convention nationale. 21 septembre 1792 –Arrestation de la famille Bourbon, décret du 6 avril 1793 – Arrivée à Marseille, mai 1793 –Arrestation et exécution de Philippe-Égalité –6 novembre 1793 –Les biens de la Citoyenne-Bourbon sont mis à la disposition de la Nation –Chute de Robespierre (28 juillet 1794).
VIII- 1795-1804. De Moulins à l’assassinat du duc d’Enghien, p. 255-297
En résidence surveillée à Moulins. 15 août 1795 – Petit-Bourg et Élysée-Bourbon en usufruit, 1er janvier 1797 – Esseid Ali Effendi, ambassadeur de la Sublime Porte –Exil en Espagne : 7 septembre 1797 – Sur la route de Barcelone –Les Bourbons en Espagne –La maison de la duchesse de Bourbon à Gracia – Profession de foi républicaine –Assassinat du duc d’Enghien. 21 mars 1804.
IX- Fin de l’exil à Barcelone et retour et mort à Paris, p. 299-353
Ruffin, son « fils spirituel » – Séjour à Barcelone de Guillaume Hyde de Neuville – Le frère blond, Louis-Étienne de Saint-Farre – Les armées napoléoniennes à Barcelone, 13 février 1808 – Le « Bon-Ange » Ruffin – La duchesse sollicite la fin de son exil – Première Restauration : 3 mai 1814-20 mars 1815 –La duchesse de Bourbon « s’élance » à Perpignan (mai 1814) – Divorce !… – À la recherche du temps perdu – Les Cent-jours : 20 mars – 18 juin 1815 – 2de Restauration : 24 juin 1815 –Hôtel Matignon (15 sept 1815) – Louise de Condé, Sœur Marie-Joseph de la Miséricorde –Hospice d’Enghien – 10 janvier 1822, mort de Bathilde d’Orléans, duchesse – Dons aux pauvres de sa paroisse à Paris et aux pauvres infirmes de Chantilly – Troisième et dernier testament.
X- Épilogue, p. 355
Devine si tu peux et choisis si tu l’oses
Bibliographie, p. 631
Sources manuscrites, p. 361
Sources imprimées, p. 362
Index des noms cités, p. 371
Annexe I. La maison d’Orléans au XVIIIe siècle, p. 377
Philippe II d’Orléans – Louis Ier d’Orléans – Louise-Adelaïde – Louis-Philippe Ier, père – Louise-Henriette, mère.
Annexe II, p. 400
Adélaïde-Victoire Damassy – Georges Guynemer
Annexe III, p. 402
Hospice d’Enghien et Hôtel Matignon – Hospice d’Enghien – Hôtel Matignon.
Notes :