À la suite du coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), un décret ordonne le bannissement et la confiscation des biens de tous les membres de la famille royale. Bien qu’elle ait adopté les principes de la Révolution et renoncé à ses titres de noblesse en prenant le nom de « citoyenne Vérité », Bathilde d’Orléans, duchesse de Bourbon (1750-1822), est contrainte à l’exil. Dans la nuit du 25 fructidor (18 septembre), elle est conduite avec la duchesse d’Orléans et le prince de Conti vers l’Espagne. Chacun emprunte une voiture, accompagné des personnes de son choix. La duchesse de Bourbon part avec sa suivante, la comtesse Julie de Sérent, et une servante.
Les trois prisonnières voyagent dans un vieux carrosse placé sous la direction d’un agent du gouvernement, Michel Ruffin. Au fil du long voyage qui les conduit de Paris à la frontière espagnole, les larmes font peu à peu place à la conversation. Voyant que le jeune homme n’a rien d’un bourreau sanguinaire, la duchesse engage la discussion.
Balthilde d’Orléans a quarante-sept ans, tandis que Michel Ruffin en a vingt-trois. Mystique jusqu’à l’excès, elle fait face à un jeune homme fort éloigné de ses idées. Sans être athée, Michel Ruffin est déiste. Admirateur de Voltaire, de Diderot et de Rousseau, il se contente de la « religion naturelle », ne souhaitant pas s’encombrer de dogmes et de rites. Comme Dutoit-Membrini, la duchesse pense que les mots religion et naturelle s’excluent mutuellement. Touchée par la sensibilité de Ruffin, elle s’intéresse cependant à lui « comme une mère à son fils ». Aussi se mit-elle en tête de sauver son âme en ouvrant son cœur aux richesses de la mystique chrétienne. Le trajet, qui s’achevera un mois plus tard, le 17 vendémiaire (8 octobre), ne suffira pas à le convertir.
Deux ans après son retour à Paris, Michel Ruffin se souviendra de ses conversations avec la duchesse de Bourbon. En novembre 1799, un « événement singulier » lui permet d’obtenir, par l’intermédiaire de madame de Sainte-Luce, l’adresse de Bathilde d’Orléans. Celle-ci habite à Gratia, petit village situé dans la banlieue nord de Barcelone (lettre du 23 juin 1806, t. 1, p. 305). Ainsi débutent des relations épistolières qui ne se termineront qu’avec le retour de Bathilde d’Orléans en France, en 1812.
Pendant ces treize années, la duchesse va tenter de convertir Ruffin, l’incitant dans chacune de ses lettres à lire les œuvres de Fénelon, de William Law, de Jean-Philippe Dutoit-Membrini, de Louis-Claude de Saint-Martin, de Madame Guyon, d’Abbadie, de Bernard Lambert, mais aussi l’Imitation de Jésus-Christ, Les Sermons de Massillon, Le Triomphe de l’évangile, Le Tableau de Cébès et la philosophie religieuse.., allant souvent jusqu’à lui en copier des pages entières. Elle nourrit l’espoir de lui faire découvrir un christianisme épuré de sa gangue terrestre, celui de l’Église intérieure si chère aux théosophes. La tâche n’est pas aisée, car le jeune Ruffin, imprégné de la philosophe des Lumières, a l’esprit bien affûté.
Au cours de l’été 1800, Bathilde d’Orléans envoie Michel Ruffin rencontrer son ami Louis-Claude de Saint-Martin, pensant qu’il saura l’instruire bien mieux qu’elle :
Je souhaiterais que vous fissiez la connaissance d’un homme, qui est un puits de sciences naturelles et spirituelles, avec un extérieur le plus simple du monde ; qui possède l’art de se mettre à la portée de tous ceux qui lui parlent ; et qui sera même enfant avec vous si vous ne lui dites que des enfantillages. Il a avec cela le caractère le plus doux, l’âme la plus charitable, mais il craint le monde et ses sociétés, cela le rend farouche, et fort rétif pour se livrer aux avances qu’on lui fait pour l’attirer.
Je vous préviens de cela afin que vous ne soyez pas rebuté si vous faites ce que je vous propose ; c’est lui, mon cher ange, qui vous présentera la lumière, et qui vous conduira pas à pas à la foi, par votre raison même qui est le seul flambeau qui vous guide. […] Voici un petit billet qui facilitera votre connaissance avec l’homme du monde le plus sage et que les insensés regardent comme le plus fou. Suspendez votre jugement sur lui jusqu’à ce que vous ayez pu approfondir les qualités de son esprit et de son cœur, puis vous me remercierez de vous avoir fait faire sa connaissance, j’en suis certaine. » (Lettre IX, sd (1) [été 1800], t. 1, p. 43.) [1. Les lettres de la duchesse ne sont pas datées, celles des réponses de Ruffin l’étant, nous permettent cependant d’en fixer approximativement la période. Voir : Duchesse de Bourbon, Correspondance entre Madme de B… (Bourbon) et Mr. R…. (Ruffin) sur leurs opinions religieuses (t. 1) et Suite de la Correspondance entre Madde de B… (Bourbon) et Mr. R…. (Ruffin) et divers petits contes moraux de Madame de B…, t. 2, Barcelonne, 1812. ]
C’est sur l’homme Dieu, et sur son origine qu’il faut vous laisser instruire, lui précise-t-elle dans sa lettre suivante : « Je crois Mr de St Martin fait pour cela, mais il faut de la patience avec lui, ne pas contester, et vouloir se laisser instruire ; sans cela il se retirera comme le limaçon dans sa coquille et vous n’en tirerez plus rien. » (Lettre XI, sd (été 1800), t. 1, p. 57-58.) [2. Les lettres de la duchesse ne sont pas datées, celles des réponses de Ruffin l’étant, nous permettent cependant d’en fixer approximativement la période. Voir : Duchesse de Bourbon,Correspondance entre Madme de B… et Mr. R…. sur leurs opinions religieuses (t. 1) et Suite de la Correspondance entre Madde de B… et Mr. R…. et divers petits contes moraux de Madame de B…, t. 2, Barcelonne, 1812. ]
Suivant ses conseils, Ruffin se présente donc à l’adresse indiquée, avec le billet de recommandation que la duchesse lui a envoyé. Le 27 septembre 1800, il lui écrit pour lui rendre compte de sa visite chez le Philosophe inconnu. Saint-Martin ne donne pas dans le prosélytisme, et comme l’avait craint Bathilde d’Orléans, il n’a pas cherché pas à convaincre le jeune homme.
Nous sommes unanimement tombés d’accord, lui écrit Ruffin, que chaque individu était plus ou moins propre à approfondir la science mystérieuse qui conduit au salut. Que chacun encore y attachait plus ou moins d’importance, mais que généralement, il suffisait de bien remplir les devoirs sociaux pour faire sa tâche en ce monde. D’ailleurs, disions-nous, il est presque impossible que dans deux âges aussi différents, où les goûts et la manière de voir et de sentir sont si opposés, on aperçoive les objets sur le même point de vue.
À vingt-cinq ans, âge des plaisirs et des jouissances, la religion n’est qu’une affaire de second ordre, et ses mystères les plus énigmatiques, au moins douteux. La vie ne paraît pas pouvoir s’arrêter, et c’est à son automne qu’on s’en remet, pour une décision fixe, sur cet objet si important à soixante.
C’est une chose remarquable que dans le jeune âge on soit porté, je ne dirais pas à l’athéisme, mais au pur Déisme. Tout le reste semble mensonge. La cause en est-elle dans la chaleur du sang, qui circulant avec rapidité semble peu prêter au calme qu’exige la méditation ? Est-ce parce que l’homme, agité par les passions de tout genre, ne peut un instant reposer son imagination qu’il est dévoré du besoin de jouir, que le moment présent est tout pour lui ?
Oui, sans doute, car à cinquante ans, plus tranquille, livré à lui-même, éclairé par l’expérience, peut-être par des jouissances qui à la longue ne sont que monotones, il croit à tout ce qu’il avait rejeté d’abord, et comme il faut à l’homme une occupation principale, débarrassé du joug de ses sens, il tombe sous celui du moral. De là, les spéculations, les systèmes, etc. etc.
Je suis donc au demeurant d’accord de tout cela avec Mr de Saint-Martin, convenu que quand à présent nous nous bornerions, quand nous nous reverrions, au simple plaisir de la conversation ordinaire, et que lorsque je me sentirais appelé par un goût déterminé ou par ces circonstances qui si souvent influent sur notre être moral, à une étude approfondie de cette matière, alors j’aurais recours à lui.
Je suis fâché de ne pouvoir aussi souvent que je l’aurais désiré, profiter de ses discours instructifs, mais il m’a dit résider une partie de l’année à sa campagne. C’est un vrai sage, dont le commerce eut été du plus grand intérêt pour moi. Il m’a parlé du bonheur en homme qui le connaissait. Extrêmement modéré en tout, il me parait un modèle à offrir. » (Lettre XII, 27 sept 1800, t. 1, p. 68-71.)
Sans doute le jeune Ruffin aurait-il eu plus d’audace si le billet de la duchesse avait été plus précis sur les raisons de ses réticences concernant de la spiritualité. Il regrettera bientôt son manque de témérité.
Votre dernière lettre m’a bien fait sentir ce que j’aurais dû dire à Mr. de St Mn, lors de notre entrevue ; je m’étonne à présent d’avoir pu être embarrassé, lorsqu’il suffisait de me présenter de votre part et d’annoncer que vous vouliez bien prendre un intérêt quelconque à moi pour qu’il me reçût bien. Mais jeune, inconnu, venant pour traiter une matière abstraite et sur laquelle les hommes sont généralement distraits, il m’était peut-être permis d’être embarrassé pour la première ouverture ; j’espère par la suite que nous nous entendrons mieux. » (Lettre XIV, 24 novembre 1800, t. 1, p. 77.)
Quelques jours plus tard, Ruffin se présente de nouveau à la porte du Philosophe inconnu, mais entretemps ce dernier a changé de logement, « il en a pris un rue des Postes au faubourg Saint-Marcel. » (Ibid, p. 80.)
Ruffin ne semble pas avoir beaucoup fréquenté le théosophe, ce dernier étant tantôt à Paris, tantôt à Amboise. Il va cependant entreprendre la lecture de quelques ouvrages du Philosophe inconnu. Les mois passent, et la duchesse s’inquiète du silence du jeune homme au sujet de ses relations avec le Saint-Martin. Il semble en effet avoir renoncé à le rencontrer, car au détour d’une lettre, Bathilde écrit : « Vous ne voyez donc plus M. de St. Mn ? » (Lettre XIX, sd, [juillet-août 1804], t. 1, p. 119.)
Ruffin continue pourtant ses lectures, mais ce sont d’autres auteurs qui alimenteront ses échanges avec la duchesse. Lorsque le nom de Saint-Martin reviendra sous leurs plumes, le théosophe sera mort depuis un an déjà.
Vous devez savoir, mon chez ange, qu’au nombre de ceux que mon cœur regrette est ce bon Saint-Martin aux soins duquel j’avais voulu vous adresser. Je ne puis vous exprimer à quel point, depuis sa mort, j’éprouve que son esprit s’unit au mien, et en développe les facultés pour comprendre ses écrits. Il est de ses livres dont j’eusse désiré vous transcrire l’introduction, si elle n’était pas trop longue. Mais il vous serait facile de vous procurer le livre même qui est intitulé Le Ministère de l’homme esprit, et qui se vend rue du Sépulcre à l’imprimerie de Migneret, Faubourg Saint-Germain, n° 28.
Si vous vouliez m’obliger dans la chose qui touche le plus sensiblement mon cœur, vous vous le procureriez et permettriez à mon amie [Julie de Sérent] de vous en rendre le montant. Vous liriez avec attention seulement cette introduction, et si elle excitait votre curiosité vous pourriez poursuivre le livre ou le laisser de côté, si votre temps ou votre santé ne vous permettait pas une lecture de ce genre. Promettez-moi de faire cet effort sur vous-même, en vertu de cet attachement dont vous m’assurez dans chacune de vos lettres auquel il m’est si doux de croire, et que je partage avec encore plus de réalité, puisque le mien est fondé sur l’éternité heureuse à laquelle je voudrais faire parvenir votre âme. » (Lettre LXVI, sd, [juillet-août 1804], t. 1, p. 371-372.)
Ruffin achètera le livre, mais une nouvelle fois, ne sera pas convaincu par son contenu.
Je me suis procuré comme vous le désiriez, un exemplaire du livre de Mr de Saint Martin, intitulé Le Ministère de l’homme esprit. J’en ai lu quelques pages dans le corps de l’ouvrage, mais je vous l’avouerai avec franchise je n’ai rien pût y comprendre. Il me paraît comme je crois vous l’avoir déjà mandé, après la lecture d’autres de ses ouvrages, qu’il y a une clef pour les entendre. Ils semblent être écrits pour des initiés, autrement je défierais qui que ce soit d’en tirer un sens clair. Ce qu’il dit surtout du système de son auteur allemand, Behme, de ces sept formes, bases ou fontaines spirituelles composant la nature primitive, rentre, il me semble, dans la classe de ces cent mille systèmes crées par des hommes d’une imagination ardente, pour expliquer ce qui est inexplicable. » (Lettre LXVII, 6 octobre 1804, t. 1, p. 385-385.)
Ruffin semble préférer alors la lecture de Bossuet, Pascal et Fénelon. Cependant, aucun ne le convainc au sujet des contradictions qu’il constate entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Le jeune homme réfute l’idée de faute originelle et de ses conséquences, il y voit une injustice inadmissible, mais il apprécie les éclaircissements et les conseils dont la duchesse le gratifie dans ses lettres : « Je vous assure que j’y comprends beaucoup plus qu’aux ouvrages de Mr de Saint Martin, au moins sont-elles en termes clairs. » (Ibid, p. 390.)
Tentant une nouvelle fois de l’encourager, Bathilde d’Orléans lui confie sa propre expérience de lectrice du Philosophe inconnu :
Les livres de Saint-Martin, ainsi que ses discours n’ont fait effet en moi que longtemps après. Et lorsque les malheurs, les prisons et les épreuves de toute espèce ont fondu sur ma malheureuse existence, et ont séparé l’alliage de l’or pur qui était en moi. C’est ainsi qu’il en arrive à tous les êtres qui se sont écartés de la droite ligne qui conduit à Dieu, pour se recourber sur eux-mêmes et sur les objets séducteurs de la terre. Il faut qu’ils y soient arrachés forcément et que Dieu se fasse jour ainsi par la douleur quand il ne l’a pût par l’amour. » (Lettre LXX, sd [octobre-novembre 1804] p. 393-394.)
D’autres conseils de lecture suivront, parmi lesquels figurent De l’origine des usages des abus, des quantités et des mélanges de la raison et de la foi et la Philosophie divine de Dutoit-Membrini, et les ouvrages de Mme Guyon. Bathilde d’Orléans ne reviendra plus guère sur Saint-Martin ou Madame Guyon, si ce n’est pour souligner combien ces auteurs lui sont chers : « Ils font mon bonheur et je trouve au fond de mon cœur, et dans toutes les circonstances de la vie, la conviction la plus frappante des vérités qu’ils développent avec tant d’esprit et d’intelligence. » (Lettre LXXV, sd [décembre-janvier 1805], t. 1, p. 418.)
Cette dernière tentative pour inciter Ruffin à reconsidérer sa position sur Saint-Martin restera vaine.
Je lirais toujours, Madame, les livres que vous voudrez m’indiquer, mais je ne peux vous promettre de les lire tous avec le même plaisir. Car il en est que je ne peux comprendre. Par exemple le dernier Saint-Martin me paraît inintelligible. Il faut voir la clé de sa doctrine pour saisir ce qu’il a noyé dans l’amphibologie la plus complète ; mais je relis toujours avec un plaisir nouveau le Génie du christianisme. Le style enchanteur qui caractérise cet ouvrage m’y ramène toujours, et chaque fois, ce que j’avais d’abord regardé comme un jeu d’un homme d’esprit, me frappe davantage.
La religion liée à toutes et en particulier à chacune des grandes vérités de la nature, me paraît plus belle, plus auguste. Chacun des mystères si secs, si rebutants ailleurs, chez lui me semblent plus naturels ; il me prouve que l’homme a été roi de la terre ; il me montre dans les débris du globe, dans les reste de la création, des vestiges certains d’une autre création plus parfaite et qui n’a pu dégénérer que par un de ces accidents produits d’une puissance offensée… » (Lettre LXXXVI, 12 février 1805, t. 1, p. 428-429.)
Le christianisme peint par Chateaubriand avait-il la même saveur pour la duchesse de Bourbon ? Elle ne lui répond pas sur ce point, mais il est probable qu’elle avait la même opinion que Saint-Martin.
Dans le même mois de floréal an 10, précise-t-il dans Mon portrait, on m’envoya de Paris le livre de monsieur de Chateaubriand sur le Génie du christianisme. Tout en admirant son talent, j’ai cru qu’il se trompait sur le titre ; car c’est du catholicisme qu’il parle, et non pas du christianisme. »)
Il faudra encore quelques années à Ruffin pour rejoindre les opinions de celle qui voulait tant sauver son âme. Cet événement ne se produira qu’à la fin du mois de janvier 1812, après nombre d’argumentations, de réfutations, d’oppositions entrecoupées de silences, d’une conversion feinte et d’une période où, découragée, la duchesse ne commence plus ses lettres par « Au Bon Ange », mais par « Mon cher petit Diable ».
Avant même que cette correspondance n’apporte le fruit qu’elle en attendait, la duchesse envisage de rassembler les lettres de Ruffin et les siennes pour les publier. Elle s’en ouvrit à son ami en mars 1803, et plusieurs échanges évoqueront ce projet par la suite. Finalement, en 1807, la duchesse lui demande de lui renvoyer des copies de ses lettres pour « composer un petit ouvrage ». (Lettre XCIV, s.d. [mai 1807], t. 2, p. 34.) Selon ce qu’elle écrit dans « L’avant-propos » de cette publication, c’est la lecture des lettres de Madame du Deffand avec Mr. de Walpole [2. Marie de Vichy Chamrond Du Deffand , Horace Walpole, Voltaire, Lettres de la marquise du Deffand à Horace Walpole, depuis comte d’Orford, écrites dans les années 1766 à 1780, auxquelles sont jointes des lettres de Madame du Deffand à Voltaire, écrites dans les années 1759 à 1775 (Volume 1), Paris, Treuttel et Würtz, 1812.] qui l’incita à concrétiser ce projet. En composant son recueil, cette dernière voulait en effet montrer « combien les principes religieux sont plus consolants que les siens dans les pénibles moments de la vie » (Correspondance entre Madame…, p. I).
Toujours en exil à Gratia, près de Barcelone, Bathilde d’Orléans fera imprimer cette correspondance édifiante, ce récit d’une conversion, en prenant soin de masquer les noms des épistoliers. Ayant obtenue sa grâce en 1814, elle rentrera en France, mais elle n’aura pas beaucoup le loisir de revoir celui qu’elle appelait son « cher ange », ce dernier meurt en effet au début de l’année 1817.
La publication de la correspondance entre la duchesse de Bourbon et Michel Ruffin regroupe cent quatorze lettres réparties en deux volumes (484 p. et 486 p.). Le premier, intitulé Correspondance entre Madme de B… et Mr. R…. sur leurs opinions religieuses, est introduit par le récit du« Voyage tragique et tendrement burlesque » qui amena les deux protagonistes à faire connaissance (p. I à XXII). Il propose ensuite deux textes : « Idées sur l’homme par Madame de B… qu’elle communiqua à son bon ange dans la route » (p. XXIII à XXVI) et « Écrit du jeune homme intitulé : mes idées religieuses » (p. XXVII à XXXVI). Ces textes résument les opinions et arguments exprimés par chacun pendant leur voyage vers l’Espagne. Viennent ensuite les quatre-vingt-cinq premières lettres de leurs échanges. Le second volume, Suite de la Correspondance entre Madde de B… et Mr. R…. et divers petits contes moraux de Madame de B…, contient leurs vingt-neuf dernières lettres. Elles sont suivies de trente-huit textes philosophiques et seize « petits contes moraux », dont certains furent écrits à l’attention de Ruffin.
Dominique Clairembault