Dans son Histoire des sectes religieuses, Henri Grégoire, ancien évêque de Blois, consacre quelques pages aux œuvres de la duchesse de Bourbon. Il apporte un éclairage intéressant sur des livres qui passent pour avoir été condamnés par l’inquisition.
Prêtre catholique, évêque constitutionnel, Henri Jean-Baptiste Grégoire (1750-1831), est une personnalité importante de la Révolution. Il est connu notamment pour avoir milité pour l’abolition de l’esclavage et la liberté des cultes. Le titre de l’ouvrage dont nous proposons ici un extrait peut porter à confusion, car sous le nom de « sectes », il traite surtout de la diversité des croyances.
La duchesse de Bourbon
En 1812, fut imprimée (2 vol. in-B0., sans nom de lieu) la Correspondance entre madame de B.., (madame la duchesse de Bourbon) et M. R., sur leurs opinions religieuses. A la suite de cette correspondance, on trouve dans le second tome les Opuscules ou pensées d’une âme de la foi sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité. Quoique le lieu d’impression ne soit pas indiqué, on sait que c’est à Barcelone ou résidait Madame D. B., alors exilée de France. L’ouvrage fut tiré un très petit nombre d’exemplaires (deux cents, dit-on) pour être distribués à des amis ; ensuite les planches furent détruites. Aucun journal n’en a parlé, excepte la Chronique religieuse. [1] Voyez t. III, p. 37.
L’intention de l’auteur était d’en restreindre la circulation dans le cercle de ses amis ; mais si le livre est sorti de cette enceinte, quelle qu’en soit la cause, et s’il contient des erreurs d’autant plus dangereuses qu’elles sont présentées avec art, il faut les combattre. Or l’ouvrage est connu, soit que la tendresse maternelle ait montré à trop de gens sa progéniture, soit que l’indiscrétion des affidés ait levé le voile qui la couvrait.
Un décret de l’inquisition, en 1819, prohibe « la Correspondance entre madame de B. et M. R. comme obscène, pleine de propositions hérétiques, impies, blasphématoires, séductrices, etc. »
Assurément on ne citera pas comme une autorité respectable, celle d’un tribunal dont l’existence seule a calomnié l’Église catholique, et qui tant de fois a censuré d’excellents livres ; mais le jugement inquisitorial est une preuve que l’ouvrage était connu ou même répandu : plus bas nous verrons que plusieurs des qualifications qu’on lui donne sont fondées.
Un autre motif non moins puissant que celui qu’on a exposé, commande de signaler des erreurs auxquelles le rang de l’auteur attache quelque importance, chez un peuple pour qui les pratiques religieuses sont souvent une affaire de convenance, d’habitudes, et non un principe de moralité, et chez lequel tout est mode, même la dévotion ; car la piété ne peut jamais l’être. Voyez cette tourbe d’hommes toujours enclins à la servilité, qui, réglant leur langage, leur conduite, leur croyance même d’après les gradations sociales, adoptent, répètent et citent, comme axiomes admirables, des phrases qui dans certaines bouches ne seraient à leurs yeux que ce qu’elles sont en réalité, des niaiseries. Le clergé lui-même n’a que trop assoupli l’austérité évangélique ; c’est sa faute en grande partie, si la religion des grands du monde n’est souvent qu’une parodie du christianisme, et si le christianisme essentiellement cosmopolite a contracté dans les cours une teinte particulière qui en altère la pureté native : il est très probable que, dans cet avenir où s’enfoncent toutes les générations, les rangs, sauf très-peu d’exceptions, sont dans l’ordre inverse de ce que nous voyons ici-bas. Alors sera vérifiée cette parole émanée de celui qui est la vérité même : les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. [2] Voyez Math., 16, V. Mais, en attendant cette époque qui doit redresser tant de torts et casser tant de jugements iniques, il importe et c’est un devoir de prémunir contre les écueils ceux qui avec nous sont en voyage pour l’éternité.
Dans la république des lettres l’adulation a fait autant de ravages que dans le clergé ; mais arrive la postérité qui, déblayant toutes les sottises débitées par la flatterie et l’intérêt, assigne aux auteurs le rang mérité ; car, dans la hiérarchie littéraire, il n’y a ni potentats, ni princesses du sang. Les Pensées de Marc-Aurèle seraient également estimés, si l’esclave de l’affranchi Épaphrodite en était l’auteur. Les fables d’Ésope et de Phèdre seront lues dans la postérité la plus reculée ; à peine connaîtra-t-elle les fatras imprimés récemment d’un despote orgueilleux. Arrivons enfin à l’objet de cet article.
La première qualification que les inquisiteurs impriment à l’ouvrage, c’est qu’il est obscène. Cette épithète s’applique probablement au récit du voyage de Barcelone en tête du premier volume. [3] Intitulé « Voyage tragique et tendre comique pour servir d’introduction », etc., etc., 26 p., in-8°. La manière spirituelle avec lequel il est écrit ne peut servir d’apologie à quelques détails qui rappellent certaines phases de la vie humaine, certains phénomènes dont on parle licitement quand il y a nécessité ou utilité ; hors de là, rien ne justifie les écrits, les conversations sur des objets qui, en dernière analyse, aboutissent toujours à ce que l’apôtre ne veut pas même que l’on nomme parmi les saints [4] Éphèse., V. 3. ; car, qui dit un chrétien, dit un saint. Jésus-Christ dit qu’au jour du jugement on rendra compte de toute parole oiseuse [5] Math., XII, 36. ; à plus forte raison seront jugées et punies tant de plaisanteries qu’on se permet sans scrupule et dans lesquelles le poison, loin de perdre sa qualité vénéneuse sous un déguisement ingénieux, appelle l’attention et fixe la pensée.
Ces turpitudes, dont on essaie vainement de cacher la laideur par les formes du style, ont pour effet inévitable de familiariser avec la licence des mœurs et d’en atténuer l’horreur. Elle sera, attestée cette observation par les hommes qui, dans la direction des consciences, ont scruté les causes par lesquelles s’établissent et s’enracinent des habitudes perverses. Cette généalogie des vices étend fort loin la responsabilité : les âmes timorées réfléchiront sur cet article.
Si l’on m’objectait que saint Augustin lui-même, dans son admirable traité de la Cité de Dieu, s’est, permis quelques plaisanteries ; la réponse simple et péremptoire c’est que, sans blesser la décence, elles sont simultanément des arguments irréfragables et des sarcasmes qui versent l’opprobre sur les impudicités du paganisme.
Obscènes se dit d’actions, peintures, discours qui bravent toutes les règles de la pudeur : tels sont les contes d’une Marguerite, reine de Navarre, monuments honteux de sa conduite dans lesquels elle n’a pas eu même la réserve de mademoiselle de Staël, de ne se peindre qu’en buste. Quoique l’ouvrage de madame de B. ne mérite pas un tel reproche, croire charitablement qu’elle a regretté d’avoir écrit certains détails, c’est tout à la fois honorer son esprit et son cœur.
Pour apprécier ses écrits sous le point de vue de religion, on invite le lecteur se rappeler les observations qu’on a faites précédemment sur le caractère de la dévotion chez les femmes, car elles s’appliquent plus ou moins à chacune d’elles. Leur ascétisme sujet à s’exalter peut les jeter dans des écarts romantiques. Il rentre souvent dans le domaine de l’imagination et des sens. Quoique beau- coup d’hommes aient inventé et adopté ce qu’on désigne communément sous les noms de mysticisme, illuminisme, magnétisme, toutefois il est certain qu’ayant plus d’analogie avec la constitution physiologique des femmes, c’est dans leur sexe surtout que ces doctrines ont toujours fait et feront toujours le plus de conquêtes.
Madame de Bourbon croyait au magnétisme ; mais, comme la foi, il n’opère, à son avis, qu’en faveur de ceux qui croient ou qui sont disposés à croire [6] Voyez p. 78. : elle conseille beaucoup les ouvrages des théosophes, entre autres celui de Dutois, de Genève, « De l’origine des usages, des abus, des quantités et des mélanges de la raison et de la foi ; » ceux de Saint-Martin, avec lesquels elle a été en correspondance ; ceux de madame Guyon, dont la lecture fait son bonheur. [7] Voyez p. 417. Elle doute que la condamnation du livre de Fénelon, sur les Maximes des Saints, fasse partie du véritable Esprit de l’Église. [8] p. 105. En 1789 , elle eut des relations avec la fameuse mademoiselle Labrousse, qui se croyait ou du moins se disait la femme de l’Apocalypse, ayant la lune sous ses pieds : l’auteur de cet outrage l’a entendue personnellement, en 1789, débiter cette annonce chez madame de Bourbon.
II faut avouer néanmoins que peu de femmes peuvent lui être comparées pour l’étendue de connaissances positives, et pour la sagacité dans les discussions. Les voyages l’ayant mise en rapport avec un homme qui était déiste, elle déploie quelquefois une force étonnante de raisonnements pour convaincre de la révélation M. R… [Ruffin], qu’elle nomme son cher ange. Voltaire qualifie de même le comte d’Argental, dans les lettres qu’il lui adresse. Ceci n’est qu’une remarque purement littéraire, et n’établit aucun rapprochement dans les motifs et les effets. M. R… est mort, dit-on, chrétiennement, et l’on se complait à croire que Mme. de Bourbon y a puissamment contribué.
La certitude du péché originel est très-bien prouvée dans ses ouvrages. [9] p. 178. Des idées neuves à l’appui de ce dogme ont été développées par De Maistre, qui, d’ailleurs, a payé largement son tribut à la faiblesse de la raison humaine.
Comme lui, Mme de Bourbon s’est fourvoyée souvent dans des erreurs très bizarres. [10] Voyez les Soirées de Saint-Pétersbourg. Citons-en quelques-unes.
Nous sommes une des portions de cette âme » universelle que Jésus-Christ est venu racheter. [11] Voyez Opuscules, etc., p. 232. »
Notre être est composé de trois choses : esprit, âme et corps. L’âme est, à l’égard de l’esprit, ce que le corps est à l’égard d’elle, c’est-à-dire » son enveloppe. » [12] Ibid., pag. 154.
Adam, avant son péché, était mâle et femelle ; il pouvait engendrer lui-même en son prototype divin ; mais, ayant péché et mangé du fruit défendu, Dieu lui envoya le sommeil, et tira la femme de son côté. [13] Ibid., p. 229. »
Elle admet l’existence des anges rebelles ; mais, comme défunt Émery, supérieur de Saint-Sulpice, elle croit à la mitigation des peines des damnés.[14] Ibid., p. 200. »
Quand Jésus-Christ dit : « Craignez celui qui peut perdre l’âme et le corps dans l’enfer », elle croit voir évidemment que c’est « le diable que » Jésus-Christ a voulu désigner par là. [15] Ibid., p. 247. » L’homme » irrégéneré n’est autre chose que le diable, et l’homme régénéré n’est autre chose que Jésus-Christ. [16] Correspondance, etc., p. 201. »
Elle déclare à son cher ange que Jésus-Christ est la seule porte pour arriver au ciel. « Mais je ne vous engage pas à croire aux prêtres, ni à leur église, visible. [17] Ibid., p. 154. » Elle consent à admettre des prêtres, s’ils sont dignes de confiance. [18] Ibid., p. 213. Il est utile d’avoir un guide. [19] Ibid., p. 64. » Elle demande à Dieu de bons pasteurs [20] Ibid., p. 283. ; mais elle doute si les prêtres actuels sont les vrais successeurs des apôtres. [21] Opuscule, p. 302. Elle doute si les prêtres ont les clefs du royaume des cieux pour lier et délier, car il y a beaucoup d’aveugles trompés ou ignorants : « C’est plutôt la foi, » dit-elle, qui a ces clefs, et non des hommes » peccables comme les autres. [22] Ibid., p. 110 et suiv. » Elle espère qu’elle ne sera pas rejetée par le Sauveur, pour ne se fier qu’à lui seul, si elle cst rejetée par les prêtres, qui refusent de l’admettre aux sacrements de l’église, parce qu’elle ne croit pas à eux. [23] Ibid., p. 152. Car les vrais chrétiens ne font pas partie du monde, ni des chrétiens extérieurs, attachés à la doctrine enseignée par les prêtres ; c’est à cette classe de chrétiens purs qu’elle s’attache. [24] Correspondance., p. 483. Les promesses ont été faites, non au corps des pasteurs , mais à la généralité des êtres purs et saints. [25] Opuscules, pag. 291. D’ailleurs, dans cette idée que les prêtres sont indispensable à la religion, elle voit la source du peu de foi des chrétiens. [26] Ibid., p. 216. Quant au culte extérieur, elle voudrais seulement une assemblée silencieuse des fidèles. [27] Ibid., p. 184.
Essaie, qui le pourra, de faire concorder ces antilogies ; je n’ai pas le don d’y voir autre chose, sinon que les prêtres sont partie intégrante du gouvernement de l’église, et que cependant ils ne sont pas nécessaires à la religion. Poursuivons.
D’après sa profession de foi écrite en 1798 [sic. lire 1789], et ratifiée en 1806 à Barcelone, qui est insérée dans ses Opuscules, elle doute si l’église visible, qui a pour chef le pape, est la même que Jésus-Christ a voulu établir ; elle semble dire même que l’église actuelle a le bandeau sur les yeux. [28] Opuscules., p. 298. Elle ne voit pas la nécessité de rejeter ou d’adopter tous les articles de croyance de l’église, elle croit à ce qu’elle peut croire ; elle rejette ce qu’elle ne peut adopter. [29] Ibid., p. 298. En voyant que les prêtres de la même communion ne sont pas d’accord sur l’explication des dogmes, elle croit les vérités disséminées dans toutes les croyances. [30] Ibid., p. 11. Ceci achemine évidemment au système des latitudinaires, des universalistes, et rapidement elle y arrive ;
Car après avoir déclaré, dans un endroit, qu’elle se tait sur l’axiome hors de l’église pas de salut, comme les prêtres l’expliquent, [31] Voyez Correspondance, p. 61 et suiv. ailleurs elle assure qu’elle l’admet. Mais ce que les prêtres appellent l’église n’est pas la véritable. [32] Ibid. p. 346. Dans toutes les sectes qui croient en Jésus-Christ, et qui vivent de sa vie, il y a des âmes qui sont épouses de Jésus-Christ, [33] Opuscules, p. 38. fut-on romain, protestant ou catholique. [34] Ibid, 31 et 153.
La conclusion à tirer de ces assertions contradictoires est qu’il y a une véritable église, et qu’elle se trouve dans toutes les églises, c’est-à-dire, que l’unité embrasse simultanément l’erreur et la vérité.
Elle reconnait que Jésus-Christ a fondé son église ; et comment le sait-elle ? Parce qu’il a établi un corps permanent chargé d’enseigner, de transmettre à tous les siècles, a toutes les générations, le dépôt des vérités saintes, les unes orales, les autres écrites. Il atteste qu’elle est la colonne de la vérité, que celui qui ne l’écoute pas, doit être regardé comme un païen, que celui qui ne croit pas est déjà jugé ; qu’il sera avec elle jusqu’à la consommation des siècles. Depuis son origine, soigneuse de conserver la sainte virginité de la foi, comme l’appelle un saint père, elle repousse de son sein quiconque veut franchir cette barrière.
Sur l’Eucharistie, elle pense que le corps et le sang de Jésus-Christ ne résident que dans la foi, et non dans le pain et le vin. [35] Ibid., pag. 27. Zuingle [Ulrich Zwingli (1484-1531), réformateur protestant suisse] n’eut pas parlé différemment ; mais ce qu’elle ajoute est d’un genre absolument neuf.
Quand Dieu eut créé l’homme et les animaux, il leur dit : Croissez et multipliez. Cette parole a eu son effet d’âge en âge, sans qu’il la répétât. Il en est de même de ces paroles : Buvez et mangez-en tous, ceci est mon corps. Le sacrement est indépendant de la répétition que font les prêtres des paroles de Jésus-Christ au sacrifice, et quiconque se nourrit du pain et du vin, avec une foi vive, nourrit aussi son âme du corps et du sang du Seigneur. La même décision est répétée plus bas. [36] Ibid., p. 97 et suiv. et 285. On voit qu’il n’y a ni fixité, ni cohérence dans ses idées. Elle s’était fait une religion A part ; et, comme tant de gens qui tiennent au culte extérieur, sans admettre la totalité des dogmes, elle oubliait que la religion catholique est un tissu tellement serré, qu’on n’en peut érailler un seul fil. Hâtons-nous de dire, cependant, sur des témoignages irrécusables, que dans les derniers temps de sa vie, son cœur et son esprit étaient complètement soumis à la morale évangélique et au joug de la foi. Le passage suivant sera lu avec intérêt.
Née dans l’opulence et la grandeur, la Révolution m’ayant offert les moyens de m’abaisser, je les ai saisis avec empressement en femme chrétienne. Jésus-Christ ayant dit anathème aux richesses, j’ai joui de me voir enlever ce qui pouvait m’éloigner du centre de la vie. [37] Voyez « Fragments sur la morale chrétienne », t. I, p. 310. »
II serait inutile et fastidieux de relever tout ce que contiennent de répréhensible les deux volumes de Mme de Bourbon. Après avoir fait la part abondante de la critique, il est juste de la tempérer par quelques éloges ; car tout n’est pas à blâmer dans ses écrits. On y trouve des réflexions très judicieuses sur l’éducation et sur la manière de faire aimer la religion. [38] t. II, p. 206 et suiv.
Dans mon ouvrage sur les libertés des églises, j’ai assigné deux causes à la Révolution : les dilapidations de la cour, qui avaient ruiné la nation ; le libertinage de la cour, qui avait scandalisé et corrompu la nation. Ces faits sont incontestables, et cependant tous les jours vous entendez certains hommes intéressés à calomnier la Révolution, qui lui attribuent tous les désordres qui l’ont escortée ; Mme de Bourbon, après avoir exhalé un soupir, les réfute en peu de mots : « Ce n’est pas la Révolution qui nous a donné notre horrible nudité, elle n’a fait que nous la montrer. [39] Voyez sa Correspondance, t. I, lettre XXXI. »
Elle croit que politique et justice n’ont jamais été synonymes. [40] Voyez pg. 200 et 117. Elle imprimait cela en 1812. J’ignore si, depuis cette époque, elle avait changé d’opinion.
Dans un plan de gouvernement tracé de sa main, elle supprime la peine de mort. [41] Voyez l’article 10. Espérons que le temps réalisera ce vœu que d’autres ont émis avant elle.
Elle veut que toutes les professions soient également honorées, et qu’on n’admette d’autre distinction que celle des vertus et des talents. Certes, il y avait la matière à brouiller une princesse du sang avec toute la féodalité européenne, surtout en y joignant le passage suivant en faveur du gouvernement de fait, par lequel nous terminerons cet article.
Ces maximes furent la règle invariable de mes sentiments et de ma conduite. Placée dans le monde par ma naissance pour commander, et par mon sexe pour obéir, libre alors de suivre ma volonté, j’ai cru devoir rester dans ma patrie, et me soumettre aux puissances diverses qui ont paru successivement sur la scène, sans chercher à examiner si le gouvernement était juste et leurs lois bonnes. Il me suffit que Dieu permette qu’ils possèdent l’autorité pour la respecter ; car Jésus-Christ n’a point spécifié qu’il fallait se soumettre aux puissants légitimes, mais seulement aux puissances. » [42] Voyez Opuscules ou Pensées d’une âme de foi sur la religion, etc., t. I., « Fragments sur la morale chrétienne », p. 310.
H. Grégoire
Extrait de Histoire des sectes religieuses, qui sont nées, se sont modifiées, se sont éteinte dans les différentes contrées du globe… par M. Grégoire, ancien évêque de Blois, Nouvelle édition corrigées et considérablement augmenté, t. 2, Paris Baudouin Frères, 1828, chap. VIII.
Note : Il existe trois éditions de l’Histoire des sectes religieuses, la première de 1810 en deux volumes chez Potey a été saisie par le ministre de la police générale. L’ouvrage reparaît en 1814 sous et l’abbé Grégoire continue d’y apporter des modifications. L’édition de 1828, chez Baudouin frères, comporte cinq volumes auxquels sera ajouté en 1845 un sixième, publié sur les manuscrits de l’auteur.
Notes :