Conférence donnée par Dominique Clairembault à Paris le 25 janvier 2020 dans le cadre des activités de Politica Hermetica.
En mai 1792, Nicolas-Antoine Kirchberger entame avec Louis-Claude de Saint-Martin une correspondance qui s’échelonnera sur sept années. Leurs échanges abordent les thèmes fondamentaux de l’ésotérisme du XVIIIe siècle : les initiations, la théurgie et les manifestations spirituelles, la science des nombres…
La première partie de cette conférence s’efforce de replacer ces échanges dans leur contexte. Nous sommes à la fin du siècle des Lumières, une époque qui, après avoir célébré le triomphe des philosophes rationalistes, a vu la franc-maçonnerie se développer d’une manière considérable, et découvre le merveilleux avec le mesmérisme. L’Ancien Régime a été détrôné par la Révolution, entraînant des bouleversements importants. Pour percevoir l’intérêt de la correspondance entre Nicolas Antoine Kirchberger et Louis-Claude de Saint-Martin, il est nécessaire de comprendre leur cheminement personnel dans ce contexte. Celui du Philosophe inconnu présente une particularité : au terme d’un long cheminement, il a atteint sa maturité. Cette période est d’ailleurs celle pendant laquelle il va produire la partie la plus importante de son œuvre.
Dans la seconde partie, ce qu’on désigne sous le terme général de martinisme fait l’objet de précisions permettant de situer ce courant d’idée, non pas dans un vague ésotérisme judéo-chrétien, mais dans la théosophie, mouvance qui possède des caractéristiques particulières. Deux aspects qui occupent une place importante dans les lettres des deux théosophes font l’objet d’une analyse plus poussée. Le premier concerne la question de l’initiation, où les pratiques de l’ordre des Élus-coëns apparaissent en filigrane, tout comme celles qui marquent l’ésotérisme du XVIIIe siècle, avec Cagliostro ou l’École du nord. Aux questions d’un Kirchberger nourrissant une certaine passion pour le merveilleux, le Philosophe inconnu répond finalement en lui parlant de la seule initiation qu’il prêche.
Le second aspect abordé concerne la priorité accordée à l’étude de l’œuvre de Jacob Boehme par Saint-Martin dans les dernières années de sa vie. Il montre que pendant cette période, Kirchberger fut pour Saint-Martin un collaborateur essentiel, une aide précieuse pour accomplir ce qu’il estimait être une tâche essentielle : faire connaître et aimer l’œuvre de Jacob Boehme. Il semble hélas que ceux qui se réclameront plus tard du Philosophe inconnu oublieront un peu cette recommandation.
Durée de la vidéo 45 minutes
Conférence donnée à Paris le 25 janvier 2020 dans le cadre des activités de Politica Hermetica.
Extrait n° 1
Contexte, XVIIIe siècle, mesmérisme et magnétisme
Extrait n° 2
Comment devient-on Élu-coën ?
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