On entend par théosophe un ami de Dieu et de la sagesse. Le vrai théosophe ne néglige aucune des inspirations que Dieu lui envoie pour lui dévoiler les merveilles de ses œuvres et de son amour, afin qu’il inspire cet amour à ses semblables par son exemple et par ses instructions.
« Ce morceau composé par un des amis de Mr de St. Martin, était destiné à servir d’introduction au Recueil de ses Oeuvres posthumes. Il nous est parvenu trop tard pour être placé, comme il devait l’être, au commencement de ce Volume ; mais nous n’avons pas voulu en priver nos lecteurs. » Cet ami pourrait être Jean-Baptiste-Modete Gence, on remarque en effet une référence importante à l’Imitation de J.C. ouvrage favoris de Gence.] Le texte qui suit est extrait des Œuvres Posthumes de Saint-Martin tome 1 (p. 147-170).
On entend par théosophe un ami de Dieu et de la sagesse. Le vrai théosophe ne néglige aucune des inspirations que Dieu lui envoie pour lui dévoiler les merveilles de ses œuvres et de son amour, afin qu’il inspire cet amour à ses semblables par son exemple et par ses instructions. Je dis le vrai théosophe : car tous ceux qui s’occupent seulement de la théosophie spéculative, ne sont pas pour cela théosophes, mais ils peuvent espérer de le devenir, s’ils en ont un véritable désir et s’ils persistent dans la résolution qu’ils ont prise d’imiter les vertus du Réparateur et de mettre en lui toute leur confiance. Un vrai théosophe est donc un vrai chrétien, ainsi que l’on peut s’en convaincre par leur doctrine qui est la même. Cette doctrine est fondée sur les rapports éternels qui existent entre Dieu, l’homme et l’univers et ces bases se trouvent ensuite confirmées par les livres théogoniques de tous les peuples et surtout par les Écritures Saintes expliquées suivant l’esprit et non suivant la lettre.
Les théosophes, fermes dans leurs principes, ne varient point, ne disputent jamais ; ils tâchent de convaincre par le raisonnement et par les faits ; s’ils ne peuvent y parvenir, ils gardent le plus profond silence et gémissent sur les erreurs qui offusquent l’esprit de leurs semblables ; ils prient Dieu qu’Il les éclaire et les dispose à recevoir la vérité : car la vérité porte par elle-même son évidence, il faut seulement que les esprits soient préparés à la recevoir.
Aussi l’on voit que les théosophes ne font point de secte ; ils ne cherchent point à se faire des prosélytes et ne se conduisent point comme des sectaires ; seulement, ils plaident ouvertement dans leurs écrits et quand l’occasion se présente, la cause de la vérité. Et, en effet, peut-on appeler sectaires les sages qui, dans tous les temps, ont prouvé jusqu’à l’évidence, par leurs discours et par leurs actions, qu’ils étaient véritablement les amis de Dieu ?
L’unité et la fixité de leurs principes doivent aussi les faire distinguer des philosophes dont la diversité des opinions inspire naturellement la défiance sur leurs différents systèmes et l’on peut même dire, sur le mot philosophie, dont on a tant abusé jusqu’à présent. Car, si la philosophie, prise en général, renferme, dans son sein, toutes les vérités connues, elle y recèle aussi toutes les erreurs les plus dangereuses. Plaignons ceux qui s’y livrent inconsidérément, sans avoir reçu le flambeau que la sagesse éternelle peut seule donner, quand nous le lui demandons avec sincérité, soit pour nous éclairer chacun dans nos ténèbres, soit pour éclairer ensuite nos semblables, si cette sagesse nous en juge dignes.
La plupart des philosophes ont à peu près reconnu les mêmes principes ; la différence de leurs systèmes ne consiste que dans le nombre des vérités et des erreurs qui s’y trouvent mélangées.
Les théosophes, rejetant tout l’esprit de système, soit politique, soit religieux, ont accru par leurs lumières surnaturelles, le nombre des vérités éparses dans les systèmes des philosophes et ils ont toujours eu pour but de combattre les erreurs des faux savants, dans tous les genres. C’est aussi ce qui leur a souvent attiré la haine et les persécutions des ambitieux ignorants.
La Théosophie a pris naissance avec l’homme et il y a eu des théosophes dans tous les temps ; mais on peut les partager en deux classes : ceux qui sont venus avant J.-C. et ceux qui ont paru depuis. Nous reconnaîtrons les premiers parmi les philosophes qui ont eu le pressentiment des merveilles que le Réparateur universel est venu opérer sur la terre et dans les cieux. C’est donc encore une fois J.-C. qu’il faut reconnaître comme le père des lumières surnaturelles, le chef et le grand Prêtre des vrais théosophes, comme des vrais chrétiens. C’est par lui qu’étaient inspirés Moïse, David, Salomon, les Prophètes et hors du peuple choisi, Phérécide, Pythagore, Platon, Socrate, etc., qui eux-mêmes avaient puisé leur doctrine chez les Mages, les Brahmanes, les Egyptiens, etc. L’on pourrait presqu’assurer que chaque peuple a eu ses théosophes et ses vrais philosophes. La vérité n’a donc jamais été bannie de dessus la terre, quoique ceux qui la promulguaient aient été si souvent tourmentés. La providence a eu soin d’envoyer par intervalles, des hommes choisis pour répandre les bienfaits de sa parole. Mais comme les pluies traversent en vain les déserts sablonneux et avides, sans pouvoir les fertiliser, il en est de même des peuples corrompus et ignorants ; ils rejettent avec insensibilité, souvent même avec férocité, les bienfaits que des hommes charitables voudraient leur apporter.
Les Apôtres, les premiers chrétiens, tous ceux qui ont marché sur leurs traces et les différents théosophes qui ont paru depuis J.-C., ont encore reçu de plus grands développements des vérités, des principes et des mystères divins. Nous ne parlerons point des écrits que nous ont laissés les premiers chrétiens et les pères de l’Église, touchant l’interprétation de l’ancien et du nouveau Testament. Tous ces hommes zélés et souvent inspirés ont travaillé à étendre le règne du Christ par tout ce qu’ils ont pu dire et écrire de convenable aux temps et aux peuples, parmi lesquels ils ont vécu. Plusieurs solitaires, même quelques mystiques, ont été favorisés dans les siècles suivants, de dons de l’intelligence.
« Il y a eu de saintes âmes, dit l’auteur de l’Imitation, liv. 3. ch. 43 qui, en m’aimant de la sorte, (J.-C.) ont appris de moi des secrets tout divins et en ont toujours parlé avec l’admiration de ceux qui les entendaient, etc… Elles ont plus profité en quittant tout pour l’amour de moi, qu’elles n’auraient fait en s’appliquant pendant plusieurs années à la recherche des sciences les plus subtiles et les plus relevées ; mais je n’en use pas de même envers tous : je dis aux uns des choses communes et j’en dis de plus particulières à d’autres. Il y en a à qui je me montre doucement sous des ombres et des figures et il y en a aussi à qui je découvre mes plus profonds mystères dans une pleine clarté ! »
La ferveur des premiers siècles de l’Église, la pureté de la doctrine et des moeurs des chrétiens, s’affaiblissant peu à peu, il s’éleva bientôt des schismes et de fausses interprétations qui formèrent des déchirements dans cette Église catholique. Ce fut dans ces temps orageux, que de vrais chrétiens et des théosophes écrivirent contre les abus, rappelèrent aux peuples et aux ministres leurs devoirs mutuels et, s’efforçant d’étouffer toute semence de division, ils essayèrent de ramener les esprits égarés à la pratique des vertus et à la véritable doctrine du Christ.
Parmi les ouvrages de ces théosophes, on remarque ceux de Rosencreuz, Reuchlin, Agrippa, François Georges, Paracelse, Pic de la Mirandole, Valentin Voigel, Thomassius, les deux Van Helmont, Adam Boreil, Boehmius ou Böhme, Poiret, Quirinus, Kulman, Zuimerman, Bacon, Henri Morus, Pordage, Jeanne Leade, Leibnitz, Swedenborg, Martinez de Pasqually, St. Martin etc.
Essayons de donner quelques fragments des principes généraux des théosophes, avant et après J.-C.
Tous ceux qui liront avec attention et non avec mépris, la Genèse, le Deuteronome, les Livres sapientiaux des Hébreux et les Prophètes, connaîtront un abrégé sublime des bases et des principes de la Théosophie. Pour donner une idée de la magnificence de ces Livres, à ceux qui ont dédaigné de les lire jusqu’à présent, je leur citerai seulement une partie d’un chapitre : voici comment s’exprime Salomon, au 7e chap. de la Sagesse, V.6.
« Il n’y a pour nous qu’une manière d’entrer dans la vie et qu’une manière d’en sortir : c’est pourquoi j’ai désiré l’intelligence et elle m’a été donnée. J’ai invoqué le Seigneur et l’esprit de la sagesse est venu en moi. Je l’ai préféré aux royaumes et aux trônes et j’ai cru que les richesses n’étaient rien au prix de la sagesse. Je l’ai plus aimée que la santé et que la beauté ; j’ai résolu de la prendre pour ma lumière, parce que sa clarté ne peut être jamais éteinte. Tous les biens me sont venus avec elle et j’ai reçu de ses mains des richesses innombrables ; et je me suis réjoui en toutes choses, parce que cette sagesse marchait devant moi et je n’avais pas su qu’elle était la mère de tous ces biens. Je l’ai apprise sans déguisement, j’en ai fait part aux autres sans envie et je ne cache point les richesses qu’elle renferme : car elle est un trésor infini pour les hommes et ceux qui en ont usé, sont devenus les amis de Dieu et se sont rendus recommandables par les dons de la science. Dieu m’a fait la grâce de parler selon ce que je sens dans mon cœur et d’avoir des pensées dignes des dons que j’ai reçus, parce qu’il est lui-même le guide de la sagesse et que c’est lui qui redresse les sages. Nous sommes dans sa main, nous et nos discours, avec toute la sagesse, la science d’agir et le règlement de la vie. C’est lui-même qui m’a donné la vraie connaissance de ce qui est ; qui m’a fait savoir la disposition du monde, les vertus des éléments, le commencement, le milieu et la fin des temps ; les changements que causent l’éloignement et le retour du soleil, la variété des saisons, les révolutions des années, les dispositions des étoiles, la nature des animaux, les instincts des bêtes, la force des vents, les pensées des hommes, la variété des plantes et les vertus des racines. J’ai appris tout ce qui était caché et qui n’avait point encore été découvert, parce que la sagesse même qui a tout créé, me l’a enseigné. Car il y a dans elle un esprit d’intelligence qui est saint, unique, multiplié dans ses effets, subtil, disert, agile, sans tache, clair, doux, ami du bien, pénétrant, que rien ne peut empêcher d’agir, bienfaisant, amateur des hommes, bon, stable, infaillible, calme, qui peut tout, qui voit tout, qui renferme en soi tous les esprits, qui est intelligible, pur et subtil : car la sagesse est plus active que toutes les choses les plus agissantes et elle atteint partout à cause de sa pureté. Elle est la vapeur de la vertu de Dieu et l’effusion toute pure de la clarté du Tout-Puissant : c’est pourquoi elle ne peut être susceptible de la moindre impureté, parce qu’elle est l’éclat de la lumière éternelle, le miroir sans tache de la majesté de Dieu et l’image de sa bonté ; n’étant qu’une elle peut tout et, toujours immuable en elle-même, elle renouvelle toutes choses ; elle se répand parmi les Nations dans les âmes saintes et elle forme les amis de Dieu et les prophètes. Car Dieu n’aime que celui qui habite la sagesse et elle est plus belle que le soleil et plus élevée que toutes les étoiles. Si on la compare avec la lumière, elle l’emportera : car la nuit succède au jour ; mais la malignité ne peut prévaloir contre la sagesse. »
Tout ce qu’ont pu écrire les théosophes, les philosophes et les savants, se trouve énoncé dans ce chapitre. Ne reconnaît-on pas dans ce passage, le cachet de l’inspiration divine !
Nous allons extraire de Pythagore, un des plus fameux théosophes de l’Antiquité, quelques-uns de ses principes généraux. Pythagore, comme on sait, avait voyagé dans l’Orient et avait été initié aux mystères des Mages, des Égyptiens et sans doute des Juifs.
« Toi qui veux être philosophe, tu te proposeras de délivrer ton âme de tous les liens qui la contraignent ; sans ce premier soin, quelqu’usage que tu fasses de tes sens, tu ne sauras rien de vrai.
Lorsque ton âme sera libre, tu l’appliqueras utilement, tu l’élèveras de connaissances en connaissances, depuis les objets les plus communs, jusqu’aux choses incorporelles et éternelles.
L’arithmétique est la plus belle des connaissances humaines, celui qui la saurait parfaitement, posséderait le souverain bien.
Les nombres sont ou intellectuels ou scientifiques.
Le nombre intellectuel subsistait, avant tout, dans l’entendement divin : il est la base de l’ordre universel et le lien qui enchaîne les choses.
Le nombre scientifique est la cause génératrice de la multiplicité, qui procède de l’unité et qui s’y résout.
L’unité est le symbole de l’identité, de l’égalité, de l’existence, de la conservation et de l’harmonie générale.
Le ternaire est le 1er des impairs.
Le quaternaire est le plus parfait des nombres pairs, la racine des autres : (c’est sur ce quaternaire seul, que le fils de Pythagore composa deux volumes).
La sagesse et la philosophie sont deux choses fort différentes.
La sagesse est la science réelle. La science réelle est celle des choses immortelles, éternelles, efficientes par elles-mêmes. Celui qui sait résoudre tous les êtres en un seul et même principe et tirer alternativement de ce principe tout ce qui est, est le vrai sage, le sage par excellence.
La fin de la philosophie est d’élever l’âme de la terre vers le ciel, de connaître Dieu et de lui ressembler.
Il faut commencer par la pratique des vertus, l’action doit précéder la contemplation. La contemplation suppose l’oubli et l’abstraction parfaite des choses de la terre.
Il est difficile d’entretenir le peuple de la Divinité ; il y a du danger, c’est un composé de préjugés et de superstitions. » [1. Ce texte est extrait de la notice « Pythagorisme, ou philosophie de Pythagore » Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, par une Société des gens de lettres, mis en ordre par Mr. **** (Diderot) tome 13, 1764, p. 616.].
Nous pourrions faire ici le rapprochement de toutes les vérités répandues dans les ouvrages philosophiques des anciens ; mais notre intention n’étant pas de faire un volume de compilation et de fatiguer le lecteur qui connaît, sans doute, les divers systèmes, je finirai cet article par l’éloge que fait Senèque de Quintus-Sextius, Pythagoricien.
« J’ai lu l’ouvrage de Sextius, c’est un homme de la première force et Stoïcien, quoiqu’on en dise. Quelle vigueur ! quelle âme ! Cela est d’une trempe qui n’est pas ordinaire, même entre les philosophes. Je ne vois que de grands noms et de petits livres ; ce n’est pas ici la même chose. Les autres instituent, disputent, plaisantent, mais ils ne vous donnent pas de chaleur, parce qu’ils n’en ont point ; mais lisez Sextius et vous vous direz à vous-même : que suis-je devenu ? J’étais froid et je me suis animé ; j’étais faible et je me sens fort ; j’étais pusillanime et je me sens du courage. Pour moi, en quelque situation d’esprit que je me trouve, à peine l’ai-je ouvert, que je puis défier tous les événements… Ce Sextius a cela d’admirable que, sans vous pallier l’importance et la difficulté d’obtenir le bonheur et le repos de la vie, il ne vous en ôte pas l’espoir ; il met la chose haut, mais non si haut, qu’avec de la résolution, on ne puisse y atteindre. Il vous montre la vertu sous un point de vue qui vous étonne, mais qui vous enflamme. Sextius assied le sage à côté de Jupiter. La nuit, lorsqu’il était retiré et que tout était en silence autour de lui, il s’interrogeait et se disait de quel vice t’es-tu corrigé ? Quel bien as-tu fait ? En quoi est-tu devenu meilleur ? » [2. Comme le texte précédent, ce dernier est extrait de la notice « Pythagorisme, ou philosophie de Pythagore » Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, par une Société des gens de lettres, mis en ordre par Mr. **** (Diderot) tome 13, 1764].
Voilà l’effet que produit sur Senèque la lecture seule d’un ouvrage théosophique ; ceux qui ont eu le bonheur de connaître de ces vrais théosophes, ont toujours été dans l’admiration de leurs vertus, de leur science et de leurs dons surnaturels.
Si les ouvrages des Pythagoriciens et des théosophes, avant J.-C., produisaient un tel effet sur des lecteurs qui savaient les apprécier, l’on peut bien présumer que le foyer de lumière que les sages nous ont acquis, n’a fait que s’accroître par les vérités que le Christ est venu apporter sur la terre. Le nombre de ces vérités est immense ; mais comme il est de l’essence de la vérité d’être éternelle et infinie, il y a encore beaucoup de vérités voilées pour les sages mêmes. Les temps approchent où toutes les vérités seront manifestées pour balancer le nombre des erreurs qui s’accroît tous les jours et qui semble menacer d’inonder la terre.
Nous allons énoncer aussi quelques bases universelles traitées dans les principaux ouvrages des théosophes depuis J.-C. Ces théosophes sont tous d’accord sur l’essence divine, la Trinité, la chute des Anges rebelles, sur la création du monde, après le chaos causé par la rébellion de ces Anges, sur la création de l’homme dans les trois principes, pour gouverner l’univers et combattre ou ramener à résipiscence les Anges déchus. Ces théosophes sont d’accord sur la 1ère tentation de l’homme, sur son sommeil qui la suivit, sur la création de la femme, lorsque Dieu eut reconnu que l’homme ne pouvait plus engendrer spirituellement, sur la tentation de la femme et sur les suites de sa désobéissance et de celle de son mari, sur la promesse de Dieu qu’il naîtrait de la femme le briseur de serpent, sur la rédemption, sur la fin du monde. Tous ces ouvrages, enfin, contiennent un enchaînement admirable d’intelligence sur les deux testaments, sur les principes, le but et la fin de tous les êtres, de toutes les choses créées, de toutes les sciences. Presque tous les théosophes s’accordent à reconnaître, comme Pythagore, la puissance des nombres et s’en servent quelquefois comme démonstration sensible de toutes les vérités naturelles et intellectuelles.
Pour faire connaître encore mieux les principes du Christianisme de ces théosophes, nous allons copier une des professions de foi du fameux Jacob Böhme, pâtre, puis cordonnier, né près de Görlitz, en Allemagne, en 1575 et que l’on s’accorde à regarder comme le prince des théosophes allemands.
Articles de la ferme Foi du chrétien, page 50. (Tome 2). Des Trois principes, traduction de Mr de St. Martin.
Ame chérie, nous n’écrivons pas des bagatelles : ceci est sérieux : il y va du corps et de l’âme ; nous devons en rendre compte comme d’un talent qui nous est confié. Si quelqu’un se scandalise, qu’il regarde bien ce qu’il fait, il est vraiment temps de se réveiller du sommeil car l’époux vient.
I.) Nous chrétiens, croyons et confessons que l’éternelle parole de Dieu le père, Jésus-Christ, est devenu un vrai homme substantiel, avec un corps et une âme, dans le sein de la Vierge Marie, sans le concours d’un homme : car nous croyons qu’Il a été conçu de l’Esprit Saint et engendré du sein de la Vierge, sans altération de sa chasteté virginale.
II.) De plus : nous croyons qu’Il est mort dans son corps humain et qu’Il a été assis dans le tombeau.
III.) De plus : qu’Il est descendu aux enfers et qu’Il a brisé les liens dont le démon tient l’homme prisonnier et qu’Il a délivré l’âme de l’homme.
IV.) De plus : nous croyons qu’Il est mort volontairement pour nos péchés, qu’Il a réconcilié son père et nous a remis en grâce près de lui.
V.) De plus : nous croyons qu’Il est ressuscité de la mort au 3ème jour et est monté au ciel et est assis à la droite de Dieu le père tout-puissant.
VI.) De plus : nous croyons qu’Il reviendra au dernier jour, pour juger les vivants et les morts et prendre à soi son épouse et condamner les impies.
VII.) De plus : nous croyons qu’Il a ici sur la terre une Eglise chrétienne qui est engendrée dans son sang et dans sa mort, comme un corps en plusieurs membres ; qu’Il la soigne et la régit par son esprit et sa parole ; et qu’Il la purifie continuellement par le St. Baptême qu’Il a ordonné lui-même et par le sacrement de son corps et de son sang, pour qu’elle soit en lui-même un seul corps.
VIII.) De plus, nous croyons qu’Il la protège, la maintient et la conserve dans une unité de sentiment.
Nous pourrions aussi mettre au nombre des ouvrages théosophiques de l’Orient, le Malhabarat, poème contenant 100 000 stances ; l’Oupenekat, extrait des Vedas : ces ouvrages recueillis par la société de Calcutta, viennent d’être traduits en français. Les Européens, en voyant les rapports et les similitudes frappantes des dogmes de l’Inde, avec ceux publiés depuis quelques siècles par les divers théosophes de l’Europe, ne soupçonneront pas que ces théosophes aient été les apprendre dans l’Inde. Peut-être même que le temps n’est pas éloigné où ces Européens jetteront les yeux avec empressement sur les objets religieux et mystérieux qu’ils n’envisagent maintenant qu’avec défiance et même qu’avec mépris. Les écrits des différents théosophes et spiritualistes leur paraîtront alors probablement moins obscurs et moins repoussants, puisqu’ils y découvriront les bases de toute la théogonie fabuleuse des Égyptiens, des Grecs, des Romains, etc. et puisqu’ils y reconnaîtront la clef de toutes les sciences dont ils s’occupent ; ils acquerront peut-être enfin la conviction que les mêmes bases, les mêmes dogmes ayant été répandus dans des lieux si distants et à des époques si éloignées les unes des autres, doivent avoir les principaux caractères de vérités.
Ainsi, l’on voit par ces faibles recherches que nous pourrions étendre bien davantage, l’on voit, dis-je que tous les ouvrages des théosophes modernes, comme ceux des anciens, ne tendent qu’à spiritualiser et à diviniser l’homme, (ou suivant l’expression de Senèque, à asseoir le sage auprès de Jupiter), tandis que nous sommes parvenus à un tel point de dégradation, que plusieurs philosophes de nos jours ne tendent qu’à rabaisser l’homme, à le dégrader et pour ainsi dire à le bestialiser. Aussi, ces philosophes traitent-ils de fous les théosophes qui croient à la dignité de l’homme et à la divinité du Christ, dont ils voudraient proscrire toute croyance et tout culte. Ils en donnent pour motifs les abus qui se sont introduits dans la religion. Il s’ensuivrait bien d’autres abus, d’autres calamités incalculables, s’ils parvenaient à détruire cette religion. Ils ont éprouvé, pendant les cruels moments de la révolution, tous les maux qu’ont produits leurs principes ; la France se ressentira longtemps de leurs leçons philosophiques. Oui, nous dirons comme eux, qu’il y a eu et qu’il peut y avoir encore des abus dans la religion ; mais de quoi l’homme n’abuse-t-il pas ? La religion est vraie, elle est pure, elle est bonne par elle-même, comme la philosophie. Tout ce qui est sous le ciel a besoin d’être réparé, puisqu’il est exposé aux injures du temps. Le plus beau palais dépérit si l’on ne l’entretient. Il en est de même de l’arbre de la vérité, il est indispensable qu’on en chasse les insectes venimeux qui pourraient détruire ou empoisonner ses fruits. Nous ne craignons point de dire que ce sont les vrais théosophes et les vrais chrétiens qui semblent être chargés d’en conserver le dépôt précieux, d’en propager la culture et d’en distribuer les fruits. Nous ne craignons point de dire aussi que tous les hommes peuvent devenir des théosophes ou chrétiens, chacun dans leur condition, puisque, pour y parvenir, il ne faut pas commencer par être savant, mais seulement humble et vertueux.