Une découverte récente vient nourrir la curiosité des historiens du martinisme. Il s’agit de la découverte des originaux de la correspondance de Louis-Claude de Saint-Martin avec Kirchberger. Ces documents, disparus depuis les années 1930, ont été récemment découverts chez un brocanteur du sud de la France, par un collectionneur de vieux papiers. Il aurait acheté l’ensemble de ces lettres pour 10 € ! Ces précieux documents étaient au cœur d’une vente aux enchères à Cannes.
La vente de ces documents a eu lieu le 24 mars 2018 à 13 h 30 à l’Hôtel des ventes de Cannes. Elle était placée sous la direction de Dominique Libert, expert en documents maçonniques, Nicolas Debussy et Carine Aymard, commissaires-priseurs. Sous le titre France-maçonnerie, elle proposait des éléments venant de trois collections comprenant des bijoux, médailles, cordons, sautoirs, tabliers, diplômes, épées et gravures maçonniques. Elle comprenait aussi des objets en relation avec le compagnonnage, cannes, chefs d’œuvres, lithographies…
Elle proposait également une « Exceptionnelle correspondance entre Louis-Claude de Saint-Martin et Niklaus Kirchberger. » Ces documents formaient les lots 134, 135 et 136 de cette vente que le catalogue présentait ainsi :
N° 134 : « Louis-Claude de Saint-Martin, dit “le Philosophe Inconnu”. Exceptionnelle correspondance entre Louis-Claude de Saint-Martin et Niklaus Anton Kirchberger s’échelonnant du 22 Mai 1792 au 7 Novembre 1797.
Ces courriers ont fait l’objet d’un tirage en 1862 sous le titre la Correspondance Inédite, ouvrage recueilli et publié par L. Schauer et Alp. Chuquet, éditeurs-Propriétaires des Nombres et de l’Éclair sur l’Association Humaine. A Paris chez Dentu Libraire-Éditeur, au Palais Royal. Cette correspondance provient des archives d’Anton Kirchberger avec les lettres originales reçues de L.C.S.M. (la plupart avec l’adresse, mention postale et cachet de cire) et le double des lettres que Kirchberger lui a envoyées.
Cette correspondance qui s’étale sur plus de cinq années est un rare document du XVIIIe siècle sur la théosophie de cette époque.
La correspondance de Kirchberger est souvent rédigée sous forme de questions de l’Adepte au Maître, qui répond en “Maître” en l’éclairant sur ses questionnements. L.C.S.M. fait référence à différents mystiques, A. Bourguignon, G. Magneval (rite égyptien), W. Law, Abbé Rozier, J.B. Willermoz, G. Gichtel et Swendenborg. Il évoque la situation révolutionnaire française en 1792, la censure, ses différents gites dont l’Élysée chez la duchesse de Bourbon ou dans sa retraite d’Amboise. Il sollicite des ouvrages introuvables en France relatifs à Jane Leade, J. Böhme, mais aussi des subsides dont le remboursement sera source de conflit avec K.
Sur les 116 lettres mentionnées dans l’ouvrage de 1862, il manque la n° 105 de K. D’autres, qui sont notées parcellaires ou manquantes dans le livre, sont ici présentes ou complètes. Plusieurs lettres de L.C.S.M. dont les annotations en marge non reprises sur le livre, sont ici complètes. Six lettres supplémentaires inédites sont jointes. Deux lettres supplémentaires de L.C.S.M. datées 18.10.1797 et 17.12.1797 et quatre lettres de K., dont deux mentionnées manquantes sur le livre et deux non reprises. […] – 5 000 / 8 000 € »
N° 135 : « Lot de correspondances constitué de lettres reçues par Nicklaus Anton Kirchberger et doubles de ses réponses. Une importante partie est d’ordre privé, rédigée en français et en allemand, soit 120 lettres s’échelonnant de 1793 à 1798 auxquelles sont joints deux articles de journaux de 1795. Plusieurs lettres rédigées en français sont à caractère mystique. Elles proviennent, entre autres, du comte d’Yvone [sic] de la Forêt, en exil à Londres (Lieutenant du Roi, gouverneur des Antilles). Certaines lettres sont relatives à Cagliostro, L.C.S.M., Cte de Zinzendorf, J. Böhme, la Révolution Française…
À noter, deux lettres de Louis-Claude de Saint-Martin relative à Bacon et aux Roses Croix, et une autre correspondant à une traduction de J. Böhme. – 1 000 / 1 500 € ».
N° 136 : « Lot comprenant : Stances sur l’origine et la destination de l’homme par Louis-Claude de Saint Martin, br. 6 pages, début du XIXe siècle ; Les Amis Choisis de Marseille ; La Guerre et l’arbitrage international par A. Crémieux, br. 74 pages, 1903 ; La F.M. Godf, br. 31 pages. – 50 / 80 € »
La vente de ces trois lots, qui a eu lieu entre 15 h 10 et 15 h 20, a été très disputée. En plus des personnes présentes dans la salle, cinq acheteurs participaient aux enchères par téléphone. Le premier lot (134), proposé à 5 000 / 8 000 € a été vendu 14 000 € ; le deuxième (135), proposé à 1 000 / 1 500 € a été vendu 8 500 €. Le dernier (136), proposé à 50 / 80 € a été vendu 1 000 €.
L’heureux acheteur de ces documents est l’A.M.O.R.C. Ces documents sont désormais conservés au Château d’Omonville, situé au Tremblay, dans l’Eure. Ils ont rejoint les collections des archives rosicruciennes et martinistes déjà fort riches en documents rares et précieux.