« Séraphîta (1833-1835) est une œuvre mystique d’Honoré de Balzac, dans laquelle le romancier condense le sentiment religieux qu’il a nourri dès sa jeunesse. Dans ce récit, il introduit abondamment les citations et les images bibliques, d’une part, les pensées mystiques et théosophiques, d’autre part.
Notre thèse tente de mettre en lumière diverses sources bibliques et mystiques du texte balzacien, ainsi que sa propre lecture et interprétation.
La première partie est consacrée à l’étude bibliographique des Bibles lues par Balzac, par Swedenborg ainsi que par deux introducteurs des pensées swedenborgiennes en France, Daillant de La Touche et Jean-Pierre Moët, sur la base de laquelle nous analysons les phrases bibliques qui parsèment Séraphîta.
Dans la seconde partie, nous envisageons les trois représentations bibliques de Séraphîta-Séraphîtüs : le Séraphin, le Christ et le Verbe. Inspiré par une statue d’ange, œuvre de Théophile Bra, le romancier a développé, au cours de sa rédaction, l’image de l’être angélique ; en même temps, la fonction du Christ est transposée de manière concrète et symbolique dans ce personnage qui, à la fin, se fait Verbe dans son ascension. Dans la troisième et dernière partie, nous examinons l’influence des auteurs mystiques lus par Balzac : Thomas a Kempis, sainte Thérèse d’Avila, Jacob Bœhme, Antoinette Bourignon, Mme Guyon, Fénelon, Saint-Martin, Eckartshausen et surtout Swedenborg. Prenant l’Écriture sainte comme base solide et puisant des idées spirituelles dans divers mystiques et théosophes, le romancier rafraîchit le mysticisme chrétien pour conduire, dans une époque de doute, ses lecteurs vers la foi et l’amour de Dieu.. »
Titre : Séraphîta et la Bible — Sources scripturaires du mysticisme balzacien
Auteur : Saori Osuga
Editeur : Honoré Champion, coll. « Romantisme et modernités »
Publication : 31 mars 2012
Nb. p. : 448 p.
ISBN-10: 2745323423
Note de lecture
Saori Osuga, chargée de cours à l’université Waseda, à l’université Gakushuin et à l’Institut universitaire Caritas, a consacré ses recherches à la Bible, à Swedenborg, au mysticisme et à la liturgie catholique chez Balzac. Cette publication présente le texte de sa Thèse de doctorat en littérature française (sous la direction de Dominique Millet-Gérard, soutenue le 13 novembre 2010 à Paris IV, École doctorale de littératures françaises et comparées. Le jury était composé de Dominique Millet-Gérard, Takaharu Hasekura, Marie-Josette Le Han, André Lorant).
Outre l’étude sur les sources scripturaires, cet ouvrage apporte des éléments permettant de prendre la mesure des influences théosophiques qui traversent l’œuvre de Balzac. Après avoir analysé les aspects de son mysticisme, tels que la religion de l’apôtre saint Jean et la révélation des mystères, l’amour de Dieu, l’union avec Dieu, la prière, la solitude, la résignation, la théosophie mystique, Saori Osuga évoque l’influence des autres théosophes sur la pensée balzacienne (Louis-Claude de Saint-Martin, Jacob Boehme, Madame Guyon, Antoinette Bourignon, Eckarhausen…) et l’importance que l’écrivain accordait à L‘Imitation de Jésus-Christ. Comme l’avait déjà montré Pauline Bernheim puis Madeleine Ambrière, Saori Osuga précise à quel point l’auteur de la Comédie humaine fut sensible à la doctrine de Swedenborg, influence qui surpasse celle du Philosophe inconnu. Elle offre ici une contribution importante à ce qu’Auguste Viatte appelait les « sources occultes du romantisme ».
Dominique Clairembault