Ce numéro propose plusieurs documents exceptionnels, d’abord, le plus ancien document maçonnique français daté de 1732. Louis Trébuchet présente ici une découverte de Pierre-Yves Beaurepaire, concernant la loge bordelaise L’Anglaise. Ensuite, c’est Reinhard Markner qui dévoile un document relatif à l’initiation maçonnique de Cagliostro à Londres en 1777. Deux autres articles se rapportent au Régime écossais rectifié. Dans le premier Katsumi Fukaswa aborde l’histoire de la loge de La Triple Union de Marseille, avec Claude-François Achard, où sont évoqués les tensions qui ont divisé cette loge. Roger Dachez revient sur l’histoire des rituels du Régime écossais rectifié, à propos de son quatrième grade, celui de Maître écossais. Ce grade qui évoque l’époque du second temple de Jérusalem, rebâtit par Zorobabel sur ses anciens fondements. Le dernier article de la revue s’intéresse au « Fichier Bossu » de la BnF, une source d’informations importante pour les chercheurs dont le site Gallica propose les 165 896 fiches numérisées.
Titre : Renaissance Traditionnelle n° 194 avril 2019
Sous-titre : 1732 : Le plus ancien document maçonnique français connu
Auteurs : Pierre Mollier, Louis Trébuchet, Reinhard Markner, Katsumi Fukasawa, Thomas de la Sore
Éditeur : Renaissance Traditionnelle
Nb. pages : p. 97 à 166
Publication : Avril 2019
Edito du numéro 194 par Pierre Mollier (extrait de la revue)
Ce numéro 194 de Renaissance Traditionnelle est à l’image de notre revue : il offre une vaste perspective ! Il s’ouvre en effet sur la découverte de ce qui apparaît maintenant comme le plus ancien document maçonnique français connu. Il se conclut par une présentation stimulante des potentialités des humanités numériques pour la recherche maçonnique.
De longue date L’Anglaise de Bordeaux était considérée comme l’une des premières Loges françaises. Les historiens maçonniques de l’entre-deux-guerres faisaient état de documents – disparus depuis – attestant de sa création le 27 avril 1732. Notre revue avait publié (RT 131-132, p. 174-196) une copie d’extraits de ses livres d’architecture – trouvée dans les « Archives Russes » du Grand Orient de France – réalisée en 1813. Ce recueil commençait par le procès-verbal de la tenue du dimanche 27 avril 1732. Lors d’une mission à Minsk pour étudier le reliquat des « Archives Russes » resté coincé en Biélorussie, Pierre-Yves Beaurepaire y a découvert le premier livre d’architecture de L’Anglaise, un témoignage bien sûr exceptionnel sur les débuts de la Maçonnerie française. Il en prépare une édition critique mais, en attendant, Louis Trébuchet nous présente cette pièce passionnante. Il s’agit maintenant du plus ancien document maçonnique français connu puisqu’il précède de trois ans les « Devoirs enjoints aux Maçons libres » de 1735 et de cinq ans le livre d’architecture de la Loge parisienne Coustos-Villeroy de 1737. D’emblée sa lecture apporte des informations d’un grand intérêt. Ainsi on peut y constater la pratique du grade de Maître dès 1732 ! On sait que celui-ci n’est apparu en Angleterre que quelques années auparavant, vers 1725, et semble avoir mis un certain temps à être adopté par les Loges britanniques. Cette pratique si précoce du troisième grade s’expliquerait-elle par le fait que ces « Anglais » étaient en fait des Irlandais ?
Reinhard Markner a retrouvé les preuves de l’initiation de Cagliostro et essaye de mieux cerner les circonstances de sa réception et le milieu maçonnique où « le Grand Cophte » a fait son apprentissage en Loge. Notre classique « séquence RER » propose d’abord une belle étude du professeur Katsumi Fukaswa sur La Triple Union de Marseille et les tensions qui l’ont divisée, notamment sur de vrais enjeux philosophiques et spirituels. Roger Dachez nous invite ensuite à découvrir la version XVIIIe siècle du Maître Écossais du Régime Rectifié. Il faut en faire une double lecture. On peut d’abord s’attacher à le resituer dans la généalogie des rituels du RER et y chercher les éléments de la doctrine propre au régime que le grade transmet. Mais on peut aussi l’inscrire dans le prolongement des différentes études que nous avons récemment publiées sur les grades de Maîtres Écossais entre 1740 et 1760 et voir, dans celui du RER, une version de ce quatrième grade qui apparaît et prend une place si importante à partir de 1740. Enfin, poursuivant ses travaux si féconds sur le « fichier Bossu », Thomas de la Sore nous montre combien les nouvelles technologies de l’information peuvent se révéler utiles pour exploiter les riches archives maçonniques du XVIIIe siècle.
Voilà un beau numéro… qui incitera, nous l’espérons, les derniers retardataires à se réabonner pour 2019 !
Pierre Mollier
Sommaire
- Avant-propos, Pierre Mollier, 97
- De nouvelles précisions sur les premières loges de Bordeaux, Louis Trébuchet, p. 98
- L’initiation de Cagliostro : son certificat de Grande Loge de 1777 retrouvé, Reinhard Markner, p. 111
- Claude-François Achard et le début troublé de la Loge de La Triple Union de Marseille, Katsumi Fukasawa, p. 118
- Le grade de Maître Écossais au RER avant 1809, Roger Dachez, p. 126
- Le Fichier Bossu à l’épreuve des humanités numériques, Thomas de la Sore, p. 157