Bref résumé de la très profonde contemplation du mysterium magnum. Comment le monde visible reflète la science et la volonté divines dont il découle ; origine de la vie de toute créature et comment Dieu entre et sort.
1.Toute vie et toute substance des sens et de la sensibilité proviennent du Mysterium Magnum, c’est-à-dire reflètent la science divine dont elles découlent ; et il nous faut comprendre par là deux choses, à savoir la libre volonté de l’Indéterminé et l’Un substantiel dans la volonté et comment ces deux choses reflètent l’Indéterminé et l’Un substantiel dans la volonté et comment ces deux choses reflètent l’Indéterminé en tant que fondement de la révélation divine ; comment elles sont deux et pourtant Une et comment de cette Unité découlent le temps et le monde visible ainsi que toutes les créatures et comment celles-ci sont passées dans l’actualité.
2. L’Un unique est la cause de la Volonté, il provoque la volonté, en sorte qu’elle veut quelque chose ; pourtant elle n’a rien qu’elle puisse vouloir, sinon elle-même, pour devenir un fond et un lieu de son Moi. Et elle n’a rien qu’elle puisse saisir, sinon l’Un dans lequel elle se saisit en un Moi, afin que la volonté ait quelque chose en quoi et par quoi elle agisse, action qui ne saurait être un monde visible si elle ne dégageait pas par la volonté.
3. Ainsi ce dégagement est un esprit de la volonté et de la substance invisibles et une manifestation de l’’Indéterminé par le moyen de l’Unité ; et par ce dégagement la volonté de l’Indéterminé, c’est-dire le mystère de l’omniscience, se jette à la rencontre de l’Indéterminé, et par ce dégagement nous entendons l’origine de toute différenciation de l’Unité de la volonté unique et indéterminée grâce au propre fond de son Moi saisi, de même que le commencement éternel de tout mouvement et la cause de toute vie, lequel mouvement est un désir ininterrompu de la volonté. Car la volonté contemple ainsi la propriété par le mouvement et la cause de la vie et voit comment l’Unité, grâce au mouvement de la volonté, se trouve dans une multiplicité infinie, de la même manière que le cœur est une unité et une source des sens et qu’une grande profondeur de multiplicité jaillit du cœur unique, multiplicité qui est innombrable.
4. Avec cette triple Unité nous contemplons l’Etre de Dieu : A savoir avec l’Unité, le Dieu unique ; avec la volonté, le Père et, avec le saisissement de la volonté pour prendre la place de l’égoïsme, à savoir l’éternel Quelque Chose qui agit là ou par lequel agit la volonté, le Fils ou la force de la volonté ; et par le dégagement, l’Esprit de volonté et de force : Et par reflet on entend la sagesse de l’intelligence d’où découlèrent et découlent éternellement toutes les merveilles et tous les êtres.
5. Du mouvement de cet être invisible et réel, de l’épanchement de cette éternelle science a découlé l’Intelligence où l’appétence se contemple et se saisit en un désir de prendre forme ; dans ce désir surgit le fond naturel et créaturé [sic] de toute vie et de tous les êtres et le désir a saisi et inclus dans des propriétés l’épanchement de la science : D’où naquirent deux sortes de volontés, l’une qui provient de la « Scientia » divine, l’autre de la propriété de la nature où les propriétés se sont introduites en une volonté propre et se sont imprimées avec le personnalisme et la volonté propre et sont devenues rudes, tranchantes, piquantes et dures, de sorte que de ces propriétés et de la science ont surgi une hostilité et une inimitié contre lesquelles, ainsi qu’on peut le constater d’après les propriétés des démons, de la terre grossière, des roches et des créatures où l’on voit comment les propriétés se sont détournées de l’unité et se sont imprimées d’une manière spéciale : Aussi doivent-elles dans ce siècle subir la malédiction, c’est-à-dire la fuite de la volonté divine et subir cette impression jusqu’au jour du Retour.
6. Mais comme il nous convient de considérer spécialement le Cœur de l’Homme, (Lequel est une image ou un reflet de la science divine, un reflet de l’intelligence divine et naturelle, étant donné que le fondement de tous les êtres repose dans l’Un et se différencie et se révèle avec la volonté sortant du cœur, en sorte que nous reconnaissons clairement que le cœur est une source du Mal et du Bien, ce que l’Ecriture nous indique d’ailleurs quand elle dit que la perte est sortie du désir de personnalité des propriétés) il nous est donc extrêmement nécessaire d’apprendre à comprendre comment nous pourrons recouvrer l’Unité à partir de la personnalité que nous avons prise et dans laquelle nous subissons tourments, détresse et souffrances, c’est-à-dire rentrer dans le fond et l’origine du cœur, dans lesquels le cœur puisse reposer dans son fondement éternel.
7. Aucune chose ne peut reposer en.elle-même, à moins.de rentrer dans ce dont elle-même est sortie. Le cœur s’est détourné de l’Unité dans un désir de sensibilité afin de goûter à la différenciation des propriétés ; par là sont nées en lui la différenciation et la contradiction qui dominent désormais le cœur : Et il n’en peut être soulagé, à moins de s’abandonner lui-même tel qu’il est dans le désir des propriétés et de s’élancer à nouveau dans le calme très-pur et de souhaiter que se taise son vouloir, en sorte que la volonté par delà tout sens et apparence précis se plonge dans l’éternelle volonté de l’Indéterminé de laquelle elle a surgi du début (c’est-à-dire hors du Mysterium Magnum), en sorte qu’elle ne veuille plus rien sans que Dieu le veuille par elle ; elle se trouve alors dans le tréfonds de l’Unité. Et s’il arrive qu’elle puisse s’y tenir un bref instant, sans mouvement de son désir personnel, la volonté de l’Indéterminé parle en elle du fond du pouvoir divin et saisit en elle sa volonté abandonnée, c’est-à-dire sa propriété, et y introduit l’Etre de l’éternelle possibilité de saisissement du séjour de Dieu, c’est-à-dire l’Un substantiel.
8. Et de même que la volonté de l’éternelle divinité sort éternellement par l’Esprit éternel et provoque un reflet de l’Indéterminé : De même la volonté abandonnée du cœur avec la volonté de Dieu et la possibilité du saisissement divin se trouve toujours également dégagée et éclairée. Et ainsi le cœur humain règne dans la volonté de Dieu, dans la connaissance et la science de Dieu, par delà et à travers toutes choses, ce dont Moïse dit que l’homme doit régner sur toutes les créatures du monde. De même que l’’Esprit de Dieu passe par Tout et éprouve Tout ; de même le cœur éclairé peut régner sur et par toutes les propriétés de la vie naturelle et maitriser les propriétés et introduire dans l’entendement le sens suprême issu de la science divine, ainsi que le dit Saint Paul : « L’Esprit sonde toutes choses, même la profondeur de la divinité. » (1e Cor., II, 10.) Et par cette introduction de la volonté divine l’homme est réuni à Dieu et renaît dans son cœur et commence à mourir à la personnalité du faux désir et à renaître avec une force nouvelle.
9. Ainsi la personnalité dans la chair continue à adhérer à lui mais avec son cœur il agit en Dieu et il naît dans le vieil homme un nouvel homme spirituel aux pensées et à la volonté de Dieu, cet homme nouveau tue journellement la concupiscence de la chair et grâce à la force divine transforme le monde, c’est-à-dire la vie extérieure en ciel, et le ciel, c’est-à-dire le monde intérieur et spirituel, en monde visible, en sorte que Dieu devient homme et que l’homme devient Dieu, jusqu’à ce que l’arbre atteigne le stade de sa perfection et qu’il ait tiré ses fruits du Mysterium Magnum, de la science divine ; alors tombera la coque extérieure et l’on verra sa dresser l’arbre spirituel de la vie dans le champ de Dieu.
Extrait du Mysterium Magnum, fin du tome 2