« C’est à Burlamaqui que je dois mon goût pour les bases naturelles de la raison et de la justice de l’homme. »
L.-C. de Saint-Martin, Mon portrait, n° 418.
Jean-Jacques Burlamaqui est né à Genève en juillet 1694. Après avoir étudié le droit, il est professeur honoraire à Genève dès l’âge de vingt-six ans. Il voyage en France, en Hollande, en Angleterre et se lie avec Barbeyrac. De retour en Suisse en 1723, il enseigne le droit à l’université de Genève jusqu’en 1740 et entre ensuite dans le Conseil Souverain. Il en restera membre jusqu’à sa mort en avril 1748.
Amateur d’art, il possédait l’un des plus belles collections d’estampes et de tableaux de Genève. Ce juriste suisse et surtout resté célèbre pour le livre qu’il publia en 1717, Principe du droit naturel. On lui doit d’autres ouvrages comme Principes du droit politique (1751), Principes du droit naturel et politique (1763), un volume qui réunit ses deux premiers ouvrages. Il a également publié, Principes du droit de na nature et des gens, avec Suite du droit de la nature (1766-1766). Enfin, après sa mort, on publia à Lausanne, Éléments du droit naturel […], œuvre posthume d’après le véritable manuscrit de l’auteur.
Ses idées se placement dans le prolongement de celles du baron Samuel de Puffendorf (1632-1694), qui fut le premier théoricien du droit naturel ( Du droit de la nature et des gens, 1672). Dans ses ouvrages, Burlamaqui développe sa conception particulière du droit. Pour lui, c’est dans la nature même de l’homme, de sa constitution, de son état primitif qu’il faut déduire les principes ». Il conçoit l’homme comme un être non seulement doué d’organes, mais intelligent et moral. Il fonde le comportement individuel sur le « sens moral » qui « n’est que le bon sens appliqué au jugement des actions humaines ».
Comme le précise Gagnebin Bernard, en authentique représentant de son siècle, Burlamaqui ne se borne pas aux problèmes juridiques, mais s’élève volontiers jusqu’à la métaphysique. Pour lui « le fondement du droit a un caractère philosophique et non plus religieux. Il apparaît comme détaché de la volonté divine, il repose sur la nature humaine elle-même, ou sur des faits humains, comme le contrat social entre les individus et l’État ou les traités entre les États ».
C’est en 1761, alors qu’il a terminé sa deuxième année d’études de droit, que Louis-Claude de Saint-Martin, – qui n’a alors dix-huit ans –, lit les œuvres de Jacques Burlamaqui. A cette lecture il éprouve une « sensation vive et universelle » et s’attache à résumer la pensée de cet auteur dans quelques notes. Plus tard, il regardera cette lecture comme l’introduction à toutes les initiations qu’il vécut ( Mon Portrait n° 146).
Textes en ligne
> Jean Jacques Burlamaqui : Principes du droit naturel, (éd. 1748, sur Google livre)
> Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine & les fondements de l’inégalité parmi les hommes, éd. Amsterdam, (éd. 1755, sur Google livre)
Bibliographie
> Amadou Robert, Trésor martiniste, Paris, Villain et Belhomme, éd. Traditionnelles, 1969. Voir en particulier dans ce volume le texte de Saint-Martin : « Notes sur les principes du droit naturel de Burlamaqui à l’âge de dix-huit ans », p. 59-80.
> Gagnebin Bernard, Burlamaqui et de droit naturel, Genève, Editions de la Frégate, 1955.
> Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Jean-Jacques Rousseau, cite Burlamaqui par deux fois.
> Rinantonio Viani « Les Éléments du droit naturel de Burlamaqui et le « célèbre docteur en droit Jean-Marc-Louis Favre à Rolle » », Livres et lecteurs en terre Vaudoise : Une histoire à écrire, Revue historique vaudoise n° 120, 2012.