Réédition du n° 5-6 de la Revue des Études Maistrienne : Illuminisme et Franc-Maçonnerie, actes du Colloque de Chambéry, 4 et 5 mai 1979, ouvrage publié par le Centre d’Études franco-italien.
Comme de soulignait Jean-Pierre Laurent, « Joseph de Maistre porte en lui l’ambiguïté, la contradiction des Lumières et de l’Illuminisme. À la fois monarchiste partisan d’une théocratie pontificale et franc-maçon, les événements révolutionnaires ont dispersé dans des camps opposés les éléments un système de pensée qui étaient chez lui harmonieusement rassemblés, d’où les ostracismes de son vivant, les rejets après sa mort conjointement aux tentatives annexion. Le colloque s’est inscrit logiquement dans cette perspective réunissant des historiens du XVIIIe siècle, des spécialistes de Joseph de Maistre et des représentants de conceptions intellectuelles différentes voire opposées pour qui la référence commune auteur ne pouvait être qu’un regroupement. » Cette réédition d’un ouvrage référence réjouira ceux qui s’intéressent à l’Illuminisme, la Franc-Maçonnerie et le XVIIIe siècle. Elle propose en effet des études des meilleurs spécialistes de ces sujets. [1. Jean-Pierre Laurant, Joseph de Maistre : Illuminisme et Franc-Maçonnerie, Actes du Colloque de Chambéry, Archives de Sciences Sociales des Religions, 1980, 50-2 pp. 334-335. ]
Présentation de l’éditeur
Plurielle et transversale, et plus complexe qu’on ne l’imagine parfois, l’œuvre de Joseph de Maistre est, aujourd’hui encore, précieuse, parlante à plus d’un titre, et plus que jamais actuelle. Pour qui la lit sans idée préconçue ni arrière-pensée, il n’est point d’intuition chez elle qui, étrangement, ne résonne avec l’air du temps. La décomposition du commun, les limites et impasses de la raison dite « critique », le triomphe de la pensée toute prête et la langue de bois pour vision du monde, les attaques contre le principe d’autorité, au nom souvent d’une liberté qui ne sait plus au juste de quoi elle est le nom, la violence aussi aveugle qu’omniprésente, enfin un futur hostile, étrange, inconnu, qui s’annonce inexorable : ces considérations, et d’autres encore, sur l’œuvre sans sujet, le monde qui s’égare ou l’homme qui aurait trop voulu, figurent bien, et en bonne place, dans les écrits souvent mal connus du grand écrivain rétrograde. Preuve s’il en est, que n’est pas réactionnaire ou passéiste qui veut, et qu’il faut du talent sinon du génie à penser à la fois avec et contre, tout contre l’époque et ses illusions. Après Balzac et Baudelaire, d’autres lecteurs aussi divers et peu suspects de parti pris que Henri-Claude de Saint-Simon, Félicité de Lamennais, Pierre Leroux, Herbert Marcuse (le théoricien critique de l’Homme unidimensionnel !), René Guénon, Denis de Rougemont, René Girard, Cioran, Camus ou Barthes, ne s’y sont pas trompés en voyant dans l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg, qui un penseur inspiré de la matière sociale, qui un explorateur alerte et averti de la raison politique, qui un maître solitaire en lucidité et en écriture.
Souligner la modernité ou, plutôt, l’actualité de cette pensée, à partir de ses thèmes majeurs, on dirait aussi bien de ses obsessions : l’homme, la société, l’histoire, la violence, le préjugé, la croyance, etc. – sans oublier, bien sûr, la valeur d’un écrivain et d’une œuvre avant tout littéraire, par le style et le propos : tel est donc le défi que tente de relever, depuis sa création dans les années 1975, la Revue des Études maistriennes, dont le succès, d’estime mais réel, jamais démenti, s’étend bien au-delà du seul paysage intellectuel français. À cette fin, il importait certes de revoir l’idée ou l’image longtemps reçues de l’écrivain savoisien, par une approche renouvelée, susceptible de révéler toute la richesse et les nuances d’une pensée complexe, dynamique et forte surtout. Non plus donc avec la seule, et pesante, idéologie ou, pire, l’hagiographie, qui enferme la lecture dans la paraphrase convenue, répétée à souhait, jusqu’à plus soif ; mais en interrogeant l’œuvre en son lieu et à sa place, preuves et sources à l’appui, thèmes et formes mêlé (e) s, pour mieux la confronter aux enjeux du présent. (Michael Kohlhauer, Directeur de la Revue des Études maistriennes)
Titre : Illuminisme et Franc-Maçonnerie, Actes du Colloque de Chambéry, 4 et 5 mai 1979Edition : La Pierre Philosophale
Lieu : Hyères
Publication : 2019 (réédition de l’éd. Les Belles Lettres, 1980)
Nb. page : 314 p.
ISBN : 9782363530745
Sommaire
Allocution de Louis Terreaux, p. 7
I. Introduction
- Lumières et Maçonnerie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Synthèse introductive, par Louis Trenard, p. 13.
- Noblesse, élites et Maçonnerie dans la Savoie du XVIIIe siècle, par Jean Nicolas, p. 47.
- Des pénitents noirs à la franc-maçonnerie : aux sources de la sensibilité maistrienne, par Jean-Louis Darcel, p. 69.
- Le christianisme de Joseph de Maistre, par Jean-Louis Soltner OSB, p. 97.
II. Illuminisme et franc-maçonnerie
- L’idée de palingénésie chez Joseph de Maistre, par Jacques Marx, p. 113.
- Joseph de Maistre et l’illuminisme : rapports avec Willermoz, par Antoine Faivre, p. 125
- De la Grande Loge au Rite Ecossais Rectifié ou la mauvaise conscience maçonnique de Joseph de Maistre, par Jacques Brengues, p. 133.
- « Josephus a floribus » pendant la Révolution : repères et conjectures, par Jean Rebotton, p. 141.
- Maistre, le mythe romantique et le Rit Ecossais Rectifié, par Gilbert Durand, p. 183.
- Joseph de Maistre et la franc-maçonnerie italienne, par Franco Bigatti, p. 205 .
- Joseph de Maistre inspirateur des occultistes, par Jean-Paul Laurant, p. 217.
III. Varia
- L’épistémologie de Joseph de Maistre : rationalité et connaissance transcendante, par Richard Lebrun, p. 225.
- Maistre, Vico et le retour des Dieux, par Victor Nguyen, p .243.
- La tradition, principe d’une politique dans la pensée de Joseph de Maistre, par Gérard Delaplace, p. 259.
- La musique de Cour du roi de Sardaigne à l’époque de Joseph de Maistre, par Marie-Thérèse Bouquet-Boyer, p. 273.
IV. Influences
- Joseph de Maistre et le Père Barruel, par Michel Riquet SJ, p. 283.
- Ballanche continuateur et contradicteur de Joseph de Maistre, par Jean-René Derré, p. 297.
- Présence de Joseph de Maistre dans l’œuvre de Gérard de Nerval, par Jean Richer, p. 317.
- Le symbolisme des nuits blanches de Saint-Pétersbourg : de Joseph de Maistre à Dostoïevski, par Piero Cazzola, p. 327.
Summary account, p. 335
Table des illustrations
- Portrait de Joseph de Maistre, par Vogel von Vogelstein, p. 5.
- Fac-similé de L’Office de la Sainte Croix, p. 74.
- Insigne de Maître Ecossais de Saint-André, p. 192.