Présentation de l’éditeur
De 1717 à 2018, la franc-maçonnerie éclaire et interroge de manière incomparable trois siècles d’histoire et d’identité européenne, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg, de Stockholm à Zagreb.
Europe des Lumières, Printemps des peuples, nationalisme et pacifisme, Société des Nations, guerre froide et construction européenne, après-communisme : les francs-maçons unis ou divisés, écoutés ou exécrés, sont de tous les combats, présents sur tous les chantiers qui rythment l’histoire du continent.
Ce livre fait le choix de rompre avec une juxtaposition d’histoires nationales pour proposer une perspective résolument européenne. Il mobilise les recherches les plus récentes et s’appuie sur l’exploitation des principaux fonds d’archives maçonniques européens ainsi que sur l’ouverture, en janvier 2002, des « Archives russes » du Grand Orient de France de retour de Moscou, après avoir été pillées par les nazis en 1940 ; archives de Minsk en Biélorussie découverte par l’auteur en 2015.
L’auteur : Pierre-Yves Beaurepaire est professeur d’histoire à l’université de Nice, membre de l’Institut Universitaire de France. Ses recherches portent sur l’histoire sociale et culturelle de l’Europe des Lumières, l’étude de la franc-maçonnerie et des réseaux de correspondance. Il coordonne le programme national de recherche « Circulations, Territoires et Réseaux en Europe de l’Age classique aux Lumières ».
Il a notamment publié L’Autre et le Frère. L’étranger et la Franc-maçonnerie en France au XVIIIe siècle (Prix Le Monde de la Recherche universitaire) en 1998 et La France des Lumières 1715-1789, Paris, Belin, collection « Histoire de France », 2011, 839 p.
Auteur : Beaurepaire, Pierre-Yves
Editeur : Belin
Nb. pages : 536 p.
Date parution : avril 2018 (1re éd. 2002)
ISBN : 978-2-410-01382-5
Note de lecture
Pour ce qui concerne le XVIIIe siècle, cet ouvrage apporte des éléments particulièrement intéressants, notamment à propos de la franc-maçonnerie en Russie et de ses liens avec ce qu’il est convenu d’appeler le « martinisme russe ». Pierre-Yves Beaurepaire montre comment Catherine II a inventé la notion de « martinistes russes », qu’elle présente
« tantôt comme la société de ‘’ceux qui ne savent rien’’, tantôt comme les ‘’nouveaux hérétiques’’ qui dialoguent avec les esprits. On connaît certes le succès que rencontre alors en Russie le premier ouvrage de Louis-Claude de Saint-Martin, Des Erreurs et de la Vérité, notamment parmi les francs-maçons. Mais il n’y a pas en Russie de cercle ou de groupe martiniste, encore moins de secte. »
Parmi les points qui concernent l’illuminisme on trouvera dans ce livre de nombreuses informations importantes qui permettent de mieux comprendre la diffusion de ce courant d’idées en Europe.
Dominique Clairembault.
Analyse par Annie Dupart
Extrait de l’article d’Annie Duprat « Pierre- Yves Beaurepaire, L’Europe des francs-maçons (XVIIIe-XXIe siècles) » publié dans Annales historiques de la Révolution française, n°332, 2003. pp. 196-198.
Tandis que « la construction européenne », pour employer la formule qui est en usage depuis le traité de Rome de 1957, subit une brutale accélération avec la perspective, à présent assurée, de l’intégration prochaine (2004), comme membres à part entière, de plusieurs États qui appartenaient naguère au bloc des « démocraties populaires», voici que, pour combler sans doute un déficit de connaissances sur le passé culturel commun du vieux continent, un nouveau projet editorial, la collection « Europe et histoire » dirigée par Lucien Bély, s’inscrit délibérément dans le double champ de l’Histoire et de l’Europe. L’ouvrage de Pierre- Yves Beaurepaire, spécialiste de la franc- maçonnerie à l’époque moderne et au tournant de la Révolution (du moins dans le cas français) se présente logiquement comme une tentative de reconstitution de l’objet «franc-maçonnerie» à l’échelle européenne (entendons une Europe continentale incluant la Russie, mais aussi, quoique de façon marginale, les implantations européennes outre-Atlantique).
Dans son introduction, l’auteur remarque que les travaux remarquables de Margaret Jacob, Living the Enlightenment, Freemansonry and politics in Eighteenth century Europe (1991), quoique largement commentés et plutôt favorablement reçus par la communauté scientifique, n’ont guère reçu d’échos de la part des chercheurs en histoire de la maçonnerie […] Lire la suite sur le site Persee.fr
Table des matières
Introduction
Chapitre 1. Diasporas et Franc-maçonnerie : le temps des pionniers
Premiers feux continentaux, premières condamnations, 15 – Un processus discontinu d’implantation : l’exemple portugais, 23 – Les diasporas jacobites, huguenotes, et le premier essor de la Franc-maçonnerie, 38 – Un terrain d’observation privilégié : l’Allemagne, 54.
Chapitre 2. Expansion, consolidation et « réformation » maçonnique
L’ambassadeur : une conscience précoce et aiguë de l’Europe des francs-maçons, 72 – Expansion maçonnique et relations internationales : le modèle suédois, 79 – La Russie : histoire d’une implantation réussie et de la dilatation de l’espace maçonnique européen, 98 – La Stricte Observance Templière : entre utopie et uchronie maçonnique, 119 – Par-delà les mers. De l’Europe des francs-maçons à la naissance d’un espace maçonnique atlantique, 153.
Chapitre 3. L’Europe des francs-maçons : un espace de circulation en réseaux confronté à la logique territoriale et nationale
Les enjeux de la production d’un territoire, 171 – La profession de foi cosmopolite des francs-maçons des Lumières, 176 L’Europe des francs-maçons vue par les obédiences maçonniques, 179 – L’espace maçonnique européen et ses réseaux, 190 – Maçonnerie de société et culture de la mobilité : deux facteurs d’intégration de l’espace maçonnique européen, 204 – Le Premier Empire ou les faux-semblants de l’Europe maçonnique française, 218.
Chapitre 4. Franc-maçonnerie, Aufklärung et Lumières radicales
Ignaz von Born et la loge. À la Véritable Harmonie : la Franc-maçonnerie viennoise à son zénith, 232 – Les Illuminaten ou les convoitises maçonniques des Lumières radicales, 251.
Chapitre 5. Les francs-maçons et l’État : une relation complexe et ambiguë
La recherche d’une reconnaissance d’utilité publique et de la protection monarchique, 291 – Le prince et les francs-maçons : les déconvenues d’une relation de séduction inégale, 304 – Les attaques des années 1780 préparent le terrain à la « théorie de la subversion » contre-révolutionnaire, 319 – Un impact immédiat et durable : l’amalgame francs-maçons-Lumières radicales-jacobinisme, 328 – En Prusse et en Angleterre, la protection du souverain permet aux francs-maçons d’échapper aux lois contre les sociétés secrètes, 346 – Le XIXe siècle : suspicion et interdit, 368.
Chapitre 6. Pacifisme, internationalisme et construction européenne
Cosmopolitisme et patriotisme : une cohabitation difficile alors qu’émerge le nationalisme, 389 – Les francs-maçons et la guerre franco-prussienne de 1870-1871 : une fracture ouverte, 397 – Militer pour la paix et l’arbitrage international : un devoir maçonnique, 415 – Le combat des francs-maçons espagnols pour la paix et la Société des Nations, 429 – À l’épreuve de la Première Guerre mondiale, 434 – L’Association maçonnique internationale (AMI) au regard des « archives venues du froid », 442 – La montée des périls, 453 – L’internationalisme maçonnique à l’épreuve de la guerre froide et de l’après-communisme, 464.