Influence de Louis-Claude de Saint-Martin sur l’œuvre de Balzac, article d’Anne-Marie Baron, présidente de la Société des Amis de Balzac, publié dans L’Année Balzacienne – 2021 ♦
Avec « Balzac lecteur de Louis-Claude de Saint-Martin », article publié dans L’Année balzacienne (2021), Anne-Marie Baron revient sur un thème qu’elle avait déjà abordé en 2013 [1] Balzac occulte. Magnétisme, Alchimie, Sociétés secrètes, L’Âge d’Homme, 2013. , la présence de Saint-Martin dans l’œuvre de Balzac. Rappelons qu’Anne-Marie est présidente de la Société des Amis d’Honoré de Balzac. D’emblée, elle rappelle que ce dernier « n’a pas reçu d’initiation de Saint-Martin, qui au demeurant n’en dispensait pas ». Elle précise également que ce n’est pas Henri Latouche qui a introduit Balzac à la lecture des œuvres de Saint-Martin. En effet, Latouche n’avait guère d’estime pour le Philosophe inconnu, qu’il traitait de « spiritualiste, précurseur sans ambition de vos Platon de la chambre des pairs ».
Comme le montre Anne-Marie Baron, c’est probablement grâce à sa mère, qui avait « une attirance certaine pour l’illuminisme », que Balzac prit connaissance des écrits du théosophe d’Amboise. Madame Balzac était en relation avec Anne de Saint-Amour, célèbre magnétiseuse nantaise. Le jeune Balzac l’avait accompagnée chez cette amie intime du capitaine Jean-Jacques Bernard, un disciple tardif du Philosophe inconnu. Gagné à la spiritualité à la suite de la lecture des œuvres de Saint-Martin, le capitaine fut par la suite l’un des promoteurs du swedenborgisme en France. Bien qu’il accordât sa préférence à Emmanuel Swedenborg, il tenta de concilier la pensée des deux théosophes. On retrouvera d’ailleurs cette caractéristique chez Balzac. En effet, dans ses œuvres, l’écrivain mélange les idées de Saint-Martin et celles de Swedenborg, notamment dans Séraphîta. Anne-Marie Baron y souligne d’ailleurs « la présence massive du texte de L’Homme de désir de Saint-Martin », souvent masquée, dissimulée par des références à Swedenborg.
Saint-Martin a profondément influencé la philosophie unitaire de Balzac, qui lui doit son opposition aux Lumières, sa conception élevée de l’ésotérisme et de la métaphysique chrétienne. Anne-Marie Baron met en évidence quelques-uns des thèmes puisés par l’écrivain dans ses lectures saint-martiniennes : le pâtiment de l’âme, le miroir, l’homme comme continuateur de Dieu dans la Création, le désir, la prière… Elle suggère que l’approche symbolique de la Bible adoptée par Saint-Martin dans son Tableau naturel aurait pu inspirer à Balzac le concept de « l’idée devenue personnage ». Mais comme elle le précise aussi, Balzac fait feu de tout bois, car « le syncrétisme balzacien combine de nombreuses sources pour trouver un style et un ton adapté à chaque roman, et doit autant à la kabbale qu’au mesmérisme ou à l’alchimie, c’est-à-dire à ce courant de pensée qui va de Platon à la Gnose, du Moyen Âge aux théosophes du XVIIIe siècle et aux penseurs du XIXe ». Sans minimiser l’influence de la pensée de Saint-Martin sur l’auteur de la Comédie humaine, Anne-Marie Baron remet donc cette influence à sa juste place.
D. Clairembault
L’article « Balzac lecteur de Louis-Claude de Saint-Martin » : L’Année balzacienne, 2021/1 (n° 22), p. 125-141, est disponible sur le site www.cairn.info
Fondée en 1959, L’Année balzacienne, publiée par le Groupe d’Études balzaciennes, paraît en livraisons annuelles depuis 1960. Sa troisième série s’est ouverte en 2000. Chaque volume contient, sur Balzac et autour de Balzac, sur son œuvre, des articles de recherches d’inspiration diverse : études générales, biographiques, génétiques, historiques…
La Société des Amis d’Honoré de Balzac
Elle a pour vocation de rassembler les lecteurs de Balzac dans le monde, de faire connaître sa vie et son œuvre, de contribuer à son rayonnement. Chaque trimestre elle publie la revue Le Courrier Balzacien
Notes :