Les éditions de La Pierre Philosophale proposent une réédition en fac-similé de l’ouvrage publié en 1902 par Papus, livre introuvable depuis plusieurs années : L’illuminisme en France 1771-1803, Louis-Claude de Saint-Martin, sa vie – sa voie théurgique – ses ouvrages – son œuvre – ses disciples, suivi de la publication de 50 lettres inédites par Papus, président du Suprême conseil de l’ordre Martiniste, avec la reproduction d’une lettre autographe de Saint-Martin et de documents inédits.
Sous-titre : Suivi de la publication de 50 lettres inédites par Papus, président du Suprême conseil de l’ordre Martiniste, avec la reproduction d’une lettre autographe de Saint-Martin et de documents inédits
Auteur : Papus, président du Suprême Conseil de l’ordre Martiniste
Editeur : La Pierre Philosophale, Hyères
Note : Fac-similé de l’édition originale de 1902
Parution : 2019
Nb pages : 287 p.
Sommaire
Sommaire
I. Vie de Saint-Martin, p. 5
Période préparatoire (5) — L’initiation (6) — Influence de Martinès (8) — Rencontre avec Willermoz (14) — Voyage en Italie (15) — Toulouse (18) — Versailles et Paris (21) — Réussite de Willermoz, voyage à Lyon (25) — Londres (28) — Paris, Amboise, l’Italie (30) — Influence de Jacob Bœhme (34) — La Révolution (36) — Mort de Saint-Martin (42).
Deuxième partie : Commentaires sur la Vie de Saint-Martin
La voie mystique (45) — Les communications actives (51) — Vie patente et vie cachée (57) — Saint- Martin et les influences féminines (59) — L’initié et les lois sociales (62) — Les nombres (64) — La mort de l’initié (70).
II. Références pour la vie de Saint-Martin
50 lettres inédites de Saint-Martin à J.-B. Willermoz, p. 83 à 209
L’Œuvre de Saint-Martin
Bibliographie (211) — Des erreurs et de la vérité (214) — Le tableau naturel (215) — L’homme do désir (216) — Ecce homo (217) — Le nouvel homme (217) — De l’esprit des choses (218) — Lettre à un ami (219) —Discours (221) — Le ministère de l’homme-esprit (222) — Traduction d’ouvrages de Jacob Bœhm (223) — Œuvres posthumes (226) — Inédits (227).
L’Œuvre orale (227) — Le Martinisme et les martinistes (236).
Table des personnes avec qui Saint-Martin a été en relation ou qui se sont occupées de Martinisme, p. 259.
Présentation de l’ouvrage
Dans la première partie de ce livre, Papus dresse la biographie de Saint-Martin. Il complète cette étude en donnant la bibliographie de ses œuvres en utilisant (sans le préciser) le texte que Jean-Baptiste-Modeste Gence avait consacré à ce sujet dans sa Notice Biographique sur Louis-Claude de Saint-Martin. La deuxième partie de l’ouvrage retranscrit, non pas 50 mais 46 lettres de Saint-Martin à Willermoz datée du 4 mars 1771 au 4 juillet 1790. Ces documents viennent des archives de Willermoz que Papus avait déjà utilisées en 1895 pour composer son ouvrage sur Martinès de Pasqually et en 1899 pour Martinésisme, Willermosisme, Martinisme et Franc-maçonnerie. (A propos de l’histoire de ces archives, voir l’article : Les archives de Willermoz à la BM de Lyon). Le livre se termine avec une « Table des personnes avec qui Saint-Martin a été en relation ou qui se sont occupées de Martinisme », qui est un index des noms du livre de Matter sur Saint-Martin.
Malgré ses erreurs de retranscription, cette correspondance inédite de Saint-Martin (chap. II) est la partie la plus intéressante de l’ouvrage de Papus. En effet, les différents chapitres concernant la biographie du Philosophe inconnu publiés en introduction et après cette correspondance comportent des erreurs qui témoignent d’une compréhension erronée de la vie de Saint-Martin. Le titre même de l’ouvrage avec la mention « sa voie théurgique » est symptomatique de cette confusion lorsqu’on sait que Saint-Martin avait renoncé aux pratiques magiques de sa première école, celles de Martinès de Pasqually.
Arthur Edward Waite lecteur de Papus
Arthur Edward Waite, dans le second livre qu’il consacre au Philosophe inconnu, Saint-Martin, the French mystic, and the story of modern Martinism, (Londres, 1922, W. Rider & son, ltd.) juge sévèrement le livre du président du Suprême conseil de l’Ordre Martiniste, précisant que « Papus était malheureusement un écrivain d’une grande inexactitude ». Waite préfère même se passer d’en souligner les erreurs, car dit-il « la présente monographie doublerait de longueur si je devais analyser les erreurs qui remplissent ses trois livres consacrés au martinisme » (p. 1922, p. 43-44). Il répond ainsi aux critiques formulées par Papus en juin 1901 à propos de son premier livre The life of Louis-Claude de Saint-Martin The Unknown Philosopher and the substance of his transcendental doctrine, [1. Publié à Londres, Ph. Wellby, 1901. Papus avait publié un compte rendu présentant de ce livre comme étant « d’une sérieuse érudition et qui rendra de grands services à tous les martinistes des pays de langue anglaises » mais il ajoutait qu’il « ne donne pas une idée assez nette de la voie mystique suivie par Saint-Martin dans son évolution personnelle et des moyens de parvenir à cette voie. A notre avis, M. Waite s’est laissé peut-être trop influencer par les critiques français qui se sont occupés de Saint-Martin comme philosophe et il n’a pas assez suivi le Philosophe Inconnu dans sa voie d’illuminés, d’initié et surtout d’initiateur mystiques. » L’Initiation, juin 1901, p. 282-283. ]
Il faudra attendre 1958 pour trouver une réédition du livre de Papus sur Louis-Claude de Saint-Martin. Il a été publié dans la revue L’Initiation (1958, janv-juillet, p. 3 à 47), sans la correspondance inédite de Saint-Martin. Quelques éléments en furent également retirés sans que ces suppressions soient signalées. D’abord la note de la page 232 concernant le texte du « Thuileur général de L’Aulnaye ». [2. François Henri Stanislas Delaulnaye, Le Thuileur des trente-trois degrés de l’Ecossisme du rit Ancien, dit Accepté (1813 et 1821). ] Dans une note, Papus renvoyait à une critique de l’Écossisme réformé de Saint-Martin, où Delaulnaye parlait des « superstition ridicules et des croyances absurdes » contenues dans ces grades. De même, le texte à propos de Cagliostro a été discrètement supprimé (p. 242-243). Dans ce passage, Papus reprenait sans le préciser, deux extraits de lettres de Kirchberger à Saint-Martin. Le premier venant de sa lettre du 1 juillet 1795 (« je découvris […] son absence » et le second d’une lettre précédente de Kirchberger, datée du 29 mars 1793 (« un exemple marquant… vingt-sept, membres assemblés »). La revue l’Initiation modifie par ailleurs le début du paragraphe de la page 244 pour raccorder la suite du texte amputé de quelques mots.
Le Saint-Martin de Papus jugé par Robert Amadou
En réalité, Philippe Encausse souhaitait rééditer le livre que son père avait consacré à Saint-Martin, et il en confia le projet à Robert Amadou. Celui-ci publiera en 1988 un article à ce propos, « Le Saint-Martin de Papus » [3. Amadou R. « Le Saint-Martin de Papus », 1re partie, l’Initation n° 2 avril-mai-juin 1988, p. 79-87 ; et 2e partie, n° 1, 1989, janv-fév-mars, p. 9-16. ] . Robert Amadou y précise que « la biographie regorge de fautes », qu’il s’agisse de dates, des remarques sur l’influence de Swedenborg, sur l’alchimie, sur l’Agent inconnu, l’affaire Arson, la Russie… Et il ajoute, « il faut mieux renoncer à corriger, que ce soit dans le texte ou en notes, les erreurs de Papus. Mieux vaudrait réécrire le livre, ou plutôt en écrire un autre. En revanche les parties dans Papus n’est pas l’auteur, rien ne s’oppose à ce qu’elles soient réparées autant de besoin et enrichies à plaisir. » (p. 87.)
Il faut préciser que Robert Amadou avait réédité entre 1981 et 1983 les lettres inédites de Saint-Martin mise à jour par Papus en corrigeant ses erreurs de transcriptions. [4. Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe inconnu, lettres à Jean-Baptiste Willermoz (1771-1789), nouvelle édition publiée par Robert Amadou avec une lettre à Antoine Willermoz et une lettre de J.-B. Willermoz à Saint-Martin, Renaissance Traditionnelle n° 47, juillet 1981, p. 171 ; n° 48, juillet 1981, p. 273 ; n° 49, janvier 1982, p. 63 ; n° 50, avril 1982, p. 118 ; n° 52, octobre 1982, p. 282 ; n° 53, janvier 1983, p 57 ; n° 54-55 avril-juillet 1983, p. 214. ]
Dans la deuxième partie de son article Robert Amadou donne pourtant le plan que devrait suivre la réédition du livre de Papus « pour une meilleure édition ». Cette remarque semble indiquer qu’un projet de réédition était sérieusement envisagé. Fut-il abandonné ? On remarque cependant qu’un fac-similé de la version de 1902 avait été publié, sans appareil critique, chez Demeter en septembre 1988 (dépôt légal 3e trimestre), soit avant la publication de la seconde partie de l’article de Robert Amadou. Cette publication faisait suite à celle d’un autre livre de Papus, Martinès de Pasqually, sa vie, ses pratiques magiques, son œuvre, ses disciples, d’après des documents entièrement inédits, publié par le même éditeur au début de l’année 1986.
La réédition chez La Pierre Philosophale
Au-delà des reproches que l’on peut faire à Papus au sujet de ce livre, il faut souligner qu’il reste un document passionnant pour comprendre la réception de Saint-Martin à la Belle-Époque. Le lecteur et l’historien y trouveront des informations qui certes doivent être considérées avec prudence, mais dont nous pouvons désormais profiter grâce à cette réédition bienvenue que les amateurs de martinisme auront plaisir à se procurer pour enrichir leur bibliothèque.