Cinquante lettres de Louis-Claude de Saint-Martin à Jean-Baptiste Willermoz, du 4 mars 1771 au 16 décembre 1789. Les premières lettres datent de l’époque où il était secrétaire de Martinès de Pasqually à Bordeaux. Elles sont suivies par celles datant de son retour en Touraine en 1773, quelques mois après le départ de Martinès de Pasqually pour Saint Domingue. Viennent ensuite celles écrites lors de son premier voyage en Italie en 1774 ; puis lors de ses passages à Paris en 1775, 1777, 1778-1785 et à Lyon en 1786. Suivent celles de son voyage en Angleterre (1787) et celles envoyées lors de son séjour à Paris puis de son deuxième voyage en Italie en 1787. Les dernières lettres datent de son séjour à Strasbourg entre 1788 et 1790. Le titre est fautif car l’ouvrage ne propose que 46 lettres.
Edition originale
Auteur : Papus
Editeur : Librairie générale des sciences occultes, Bibliothèque Chacornac
Lieu : Paris
Date de parution : 1902
Nb pages : Correspondance, voir p. 84 à 209.
Autres éditions
- (Suite d’articles dans la revue Renaissance Traditionnelle) Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe inconnu, lettres à Jean-Baptiste Willermoz (1771-1789), nouvelle édition publiée par Robert Amadou avec une lettre à Antoine Willermoz et une lettre de J.-B. Willermoz à Saint-Martin, Renaissance Traditionnelle n° 47, juillet 1981, p. 171 ; n° 48, juillet 1981, p. 273 ; n° 49, janvier 1982, p. 63 ; n° 50, avril 1982, p. 118 ; n° 52, octobre 1982, p. 282 ; n° 53, janvier 1983, p 57 ; n° 54-55 avril-juillet 1983, p. 214.
Note : Cette édition est plus précise et corrige les nombreuses erreurs figurant dans la version publiée par Papus en 1902.
- Demeter, Paris, 1988
- La Pierre Philosophale, Hyères, 2019 (fac-similé de l’édition de 1902)
Sommaire
- 1771, 4 mars, Bordeaux
- 1771, 25 mars, Bordeaux
- 1771, 5 mai, Bordeaux
- 1771, 20 mai, Bordeaux
- 1771, 24 mai, Bordeaux
- 1771, 8 [juin], Bordeaux
- 1771, 7 juillet, Bordeaux
- 1771, 19 [juillet, Bordeaux]
- 1771, 12 août, Bordeaux
- 1772, 18 janvier, Bordeaux
- 1772, 27 janvier, [Bordeaux]
- 1772, 14 février, Bordeaux
- 1773, 15 mai, Tours
- 1773, [5 juin Tours, résumé de Willermoz, BML]
- 1773, 16 août, Tours
- 1773, 30 août, Tours
- 1774, 2 octobre, Gênes
- 1774, 11 octobre, Conti
- 1774, 21 octobre, Conti
- 1775, 30 juillet, Paris
- 1776, 9 juin, Tours
- 1776, 6 juillet, Bordeaux
- 1777, 23 mars, Paris
- 1778, 1er avril, Paris
- 1778, 24 août, Paris
- 1779, 28 mars, [Paris]
- 1780, 18 décembre, Paris
- 1781, 8 mai, Paris
- 1782, 10 mai, Paris
- 1782, 7 juillet, Paris
- 1783, 10 février, Paris
- 1783, 10 mars, Paris
- 1784, 3 février, Paris
- 1784, 29 décembre, Paris
- 1785, 29 avril, [Paris]
- 1785, 13 mai, [Paris]
- 1785, 30 juin, Paris
- 1786, 1 janvier, [Lyon]
- 1786, 1 décembre, Paris
- 1787, 15 janvier, Londres
- 1787, 26 juillet, Paris
- 1787, 10 sept, Lyon
- 1787, 24 octobre, Rome
- 1788, 29 avril, Paris
- 1788, 10 juin, Strasbourg
- 1789, 16 décembre, Strasbourg
- 1790, 4 juillet, Strasbourg (à Antoine Willermoz)
Notes, les dates sont corrigées selon la version publiée par Robert Amadou dans Renaissance Traditionnelle.
Extrait
Paris le 8 mai 1781
Le frère de Tavannes que vous connaissez, T. P. Mtre, est affecté depuis quelque temps d’une maladie de nerfs qui non seulement le fait souffrir mais encore lui ôte ses facultés morales et répand sur sa vie un ennui, une variété d’idées et de goûts qui le rendent assez à plaindre. Cet état lui est venu 1° de la perte qu’il a faite de sa femme il y a six mois et auprès de laquelle il a fait pendant sa maladie le métier pénible d’ami, de garde, de prêtre, de consolateur, soit pour elle, soit pour les personnes de sa famille ; il a vraiment excédé ses forces en cette circonstance car il a un physique qui ne répond pas à ses vertus ; 2° un changement extraordinaire de son intérieur domestique qui de charmant qu’il était auparavant est devenu une entière solitude et ne lui produit plus que des idées noires; 3° du conflit qu’ont fait dans sa tête déjà trop occupée les diverses personnes qu’il a approchées et dont les systèmes opposés l’ont plongé dans une fâcheuse incertitude en lui ôtant réciproquement le peu d’appui qu’il eût pu rencontrer dans chacun d’eux. Vu son état tout le monde l’a engagé de se distraire et de faire un léger exercice, on n’en a pas imaginé de meilleur que celui de voyager. En conséquence, il part ce matin 8 mai pour arriver à Lyon vendredi dans la journée, il y passera à peu près une huitaine de jours et de là reviendra à Paris pour se rendre ensuite à son régiment. M. Court de Gébelin que bien connaissez aussi l’accompagne dans son voyage et prendra soin de lui ; il m’a fort engagé d’en être, mais vous savez les raisons qui me retiennent. Je me suis borné à présenter des affaires indispensables et je ne lui ai pas dit lesquelles. Je regrette beaucoup de le laisser partir pour vous aller voir et que je n’en sois pas, mais je n’eusse osé violer le traité pour plus de 24 heures et j’aurais craint de faire de la peine à la nourrice, j’avais cependant bien des choses à traiter avec le petit comité.
Pour vous dire mon sentiment sur le malade (mais que ce soit pour vous seul) je ne lui crois pas une tête assez vaste pour contenir notre ensemble qui me paraît trop grand pour lui ; il se plaint de Delange, de Duchanteau, de d’Hauterive, de moi peut-être mais à mon insu et dans le vrai je ne sais pas sur quoi poseraient ses plaintes car depuis le départ de son maître, le Mtre d’Hauterive, je ne me suis pas permis de l’appliquer à rien de nos affaires ne l’en jugeant pas réellement susceptible, ainsi ce que j’ai fait n’a pas pu lui nuire, ce serait plutôt ce que je n’ai pas fait. Mais indépendamment de ce que je [157] le jugeais petit dans sa mesure, je savais qu’après s’être nourri un moment à mes conversations il retournait en d’autres mains qui lui faisaient rendre tout ce que son estomac avait pris dans les miennes. Il le remplissait de choses indigestes que je lui faisait rendre à mon tour et c’est cette alternative destructive qui lui a fait tort et qui m’a engagé à en rayer.
J’espère que vous daignerez l’un et l’autre lui accorder quelques moments pendant son séjour, il ne peut que se trouver bien de vos soins charitables pour lui. Vous serez secondés sans doute par M. Tieman qui doit arriver un jour ou deux avant lui. Je vous prie même aussitôt la lettre reçue d’envoyer à l’hôtel d’Artois chez M. Tieman pour le prévenir que M. le vicomte de Tavannes et M. Court de Gébelin arriveront à son hôtel vendredi jour où ma lettre doit vous être remise. Ils prendront des noms supposés, ainsi priez M. Tieman de ne les pas nommer jusqu’à ce qu’ils se soient vus et qu’ils soient -convenus de leurs faits. Vous voilà instruit du sujet de cette lettre. Je n’ai à y ajouter que mes regrets de manquer une si belle occasion de vous embrasser et causer avec vous. J’ai aussi à vous prier de profiter de leur retour pour me faire parvenir les paquets que j’ai demandés par ma dernière. Concertez-vous avez la nourrice pour cela et comme c’est de votre main que ces messieurs recevront les papiers d’affaires ils ne se douteront sûrement de rien. Je m’étais toujours dit que l’aîné viendrait à Paris, j’ai envoyé chez ses correspondants, point de nouvelles, il faut que j’en fasse le sacrifice.
Adieu, T. P. Mtre, Adieu petite mère, car je ne sais lequel des deux ouvrira la lettre. Mille amitiés à tous les vôtres y compris M. de Tieman.
[Saint-Martin]