« La représentation matérielle de la figure humaine importe moins que son tableau moral », disait Louis-Claude de Saint-Martin. Pourtant, les amateurs du Philosophe inconnu se plaisent à chercher ou à imaginer les traits de l’homme dont ils lisent les textes. Il existe quelques portraits du théosophe d’Amboise, et c’est à leur découverte que nous vous invitons ici.
Pour cette présentation, nous nous sommes inspirés de l’étude publiée par Robert Amadou dans les Cahiers de la Tour Saint-Jacques, « Iconographie de Louis-Claude de Saint-Martin » (n° II-III-IV, 1960), ainsi que de celle de Claudine Cop dans la revue Pantacle, « Les différents portraits de Saint-Martin » (n° 9, 2001). Aux portraits présentés par ces auteurs, nous avons ajouté les adaptations qui en ont été faites au cours de ces dernières années. Au final c’est plus de vingt portraits et qui s’offrent à nous.
Sommaire
1 – Premier portrait publié
Cette gravure a été réalisée en 1847 par Adolphe Gusman (1821-1905), pour la revue Le Magasin pittoresque dirigée par Édouard Charton. Elle a été exécutée à partir d’un portrait ayant appartenu à Nicolas Tournyer, cousin et disciple du Philosophe inconnu. L’un de ses fils le confia au directeur de la célèbre revue, pour qu’il publie le portrait du philosophe dont il avait évoqué la biographie trois ans plus tôt (voir cet article). Au dos de l’original du portrait figure la phrase : « Il fut aimé de Dieu, il fut l’ami des hommes philosophes inconnus dans le siècle où nous sommes. »
Selon toute vraisemblance, ce dessin a été fait vers 1780, alors que Saint-Martin est âgé de 37 ans. C’est probablement à la réalisation de ce portrait que le Philosophe inconnu fait référence dans une lettre à Kirchberger datée du 8 nivôse, an IV (29 décembre 1795) :
Je joins ici une petite image de ma figure matérielle. Quoique j’aimasse peu à me faire peindre, un parent exigea de moi cette complaisance il y a quinze ans [c’est-à-dire vers 1780] et je cédai. Dernièrement, un ami a fait deux copies de ce portrait, et depuis lors j’ai toujours eu le projet de vous en adresser une ; elle est un peu plus âgée que le portrait, mais un peu plus jeune que ma figure naturelle. Cependant elle me ressemble assez pour que tout le monde me reconnaisse. Ne voyez dans ceci que ce qu’il y a, l’envie de frayer comme je peux avec un ami ; et ne vous arrêtez pas à l’ouvrage même qui n’est l’œuvre d’un barbouilleur en peinture. (Correspondance inédite , Paris, Dentu, 1862, p.
En 1989, Danièle Friedrich a publié une adaptation de ce portrait dans la revue Triades (voir ci-dessous à gauche). Les Éditions du Rocher ont élaboré une belle version colorée du dessin d’Adolphe Gusman pour illustrer la couverture de L’Homme de désir, publié en 1979 dans la collection « 10/18 », avec une présentation de Robert Amadou (voir ci-dessus, à droite).
Les deux portraits ci-dessous ont été réalisés en 1973 par Marc Curti, à partir de celui d’Adolphe Gusman, pour illustrer une plaquette de présentation de la revue Les Cahiers de L’Homme-Esprit. Cette revue fut créée par Gilbert Tapa, Marc Curti et Robert Amadou, en 1973. Sa brochure de présentation a été éditée à La Turbie, près de Monaco, à 99 exemplaires numérotés. Le premier dessin illustre la couverture de la plaquette, tandis que le second figure à la page 9.
2 – Portrait offert à Marguerite-Salomé Saltzmann
« Au moment de la séparation, ce fut non pas à Saltzmann que Saint-Martin donna son portrait, mais à Madame Saltzmann, femme d’un grand caractère, d’une rare prudence et plus sceptique que croyante, mais pleine d’admiration pour la séduisante humilité du mystique. » (Jacques Matter, Saint-Martin, le Philosophe inconnu, Paris, Didier, 1862, p. 161.)
Il s’agit de la reproduction d’une miniature en grisaille attribuée à Jean Urbain Guérin (1760-1836). Ce dernier, un peintre strasbourgeois s’étant installé à Paris en 1785, est l’auteur de nombreux portraits du « Tout-Paris ». Il a probablement été dessiné entre 1785 et 1788, c’est-à-dire avant que Saint-Martin ne parte pour Strasbourg. Il a alors a entre quarante-deux et quarante-cinq ans.
Pendant son séjour à Strasbourg, Louis-Claude de Saint-Martin fut très lié avec Frédéric-Rodolphe Saltzmann et sa femme Marguerite-Salomé. C’est à cette dernière qu’il fit présent de son portrait avant de quitter l’Alsace en juillet 1791.
Jacques Matter (1791-1863), petit-fils des époux Saltzmann et biographe de Saint-Martin, hérita de cette miniature, qui passa ensuite à son fils Albert, qui le transmit lui-même à son fils Paul. Après la mort de ce dernier en 1938, son fils Jean en hérita. Ce dessin fut détruit pendant la deuxième guerre mondiale, mais Anne-Louise Salomon en avait fait exécuter une copie pour illustrer son Frédéric-Rodolphe Saltzmann 1749-1820 (Paris, Berger-Levrault, 1832). C’est cette copie que nous présentons ici.
3 – Portrait tiré du cabinet de Jacques Matter
Ce troisième portrait a été réalisé par Charles Vernier (1831-1887), dessinateur de caricatures, de costumes et de lithographies, d’après la miniature de Guérin. Il est donc basé sur celui que Saint-Martin offrit à Mme Saltzmann, lequel passa ensuite aux descendants de Jacques Matter (voir portrait précédent). Il s’agit du deuxième portrait destiné à être publié. Cette lithographie fut en effet placée en frontispice de l’édition des Nombres, publiée en 1861 par L. Schauer chez Dentu, avec pour légende : « Tiré du cabinet de M. Matter. »
Ce portrait sera également publié en 1862 avec la Correspondance de Saint-Martin avec Kirchberger. Dans une lettre datée du 3 août 1862, Jacques Matter précise à ce propos que la reproduction en est « complètement ratée », et il ajoute : « J’en suis d’autant plus désolé que l’original qui est entre mes mains, est plus charmant » (lettre à Sues-Ducommun in « Martines de Pasqually », Traité de la réintégration, Paris, Robert Dumas, 1974, p. 76).
C’est essentiellement par ce portrait que le visage de Saint-Martin sera connu. On le trouve tout d’abord reproduit en frontispice de l’édition de la Correspondance inédite de Louis-Claude de Saint-Martin, publiée par L. Schauer et Alp. Chuquet chez Dentu en 1862. Il figurera ensuite dans l’édition d’Ecce Homo par Paul Derain (Lyon, 1959). Ce portrait servira de base à plusieurs versions modernes. Pourtant, il n’est guère fidèle au modèle dont il est issu. Comme le note Claudine Cop, « des écarts apparaissent entre la miniature précédente et cette lithographie : bien que le costume soit le même, les traits de Saint-Martin tendent à s’affaisser. Le nez est plus long, l’oreille est plus basse, le menton, ainsi que les sourcils, sont plus épais ».
Plusieurs adaptations sont nées de ce portrait. La première a été dessinée par Papus au verso de la couverture d’un petit carnet (14,5 x 9,5). Ce document est actuellement la propriété des héritiers de Philippe Encausse. Il a été publié en 1970 dans la revue L’Initiation, avec un commentaire de Robert Amadou (n° 2, janvier-mars, p. 3).
Papus aurait exécuté ce portrait entre 1886 et 1888, alors qu’il était âgé de 21-23 ans. Ce dessin, dit Robert Amadou, « m’enchante par sa naïveté évocatrice ; la reproduction en est au format, et, de toute évidence, il esquisse le portrait gravé par Vernier et publié par Schauer en frontispice de sa réédition des Nombres ».
La deuxième adaptation de ce portrait date de 1956 et figure sur une brochure du Traditional Martinist Order de San Jose (T.M.O.). Il s’agit d’une peinture en noir et blanc, qui ne porte pas d’indication quant à son auteur.
Elle sera reprise en mai 1976 dans Lumière martiniste, une brochure de présentation de la branche française de l’Ordre Martiniste Traditionnel (O.M.T.). Entre temps, en 1961, elle aura été reproduite sans explication dans la revue L’Initiation de l’Ordre martiniste de Philippe Encausse (n° 1, janvier-mars, p. 34).
La même année, Robert Amadou analyse ce portrait dans la « Chronique saint-martinienne » des Cahiers de la Tour Saint-Jacques (n° VII, 3e trimestre 1961, p. 218). Il semble avoir ignoré l’origine américaine du portrait réalisé à San Jose, parlant d’une similigravure exécutée « récemment en Grande-Bretagne d’après une photographie […] très retouchée de la lithographie de Vernier ».
Le portrait figurant dans la brochure Lumière martiniste sera bientôt remplacé par une gravure de Nicomedes Gomez (1903-1983) [1. En 1975, Aline Berger lui a consacré un long article : « Nicomedes Gomez, peinture ésotérique et initiatique » L’Univers de la parapsychologie et de l’ésotérisme, collection dirigée par Jean-Louis Victor, volume IV, Romorantin, Martinsart, 1975, p. 91-194).]. Ce peintre d’origine espagnole vivait à Pau. Il est connu autant par ses illustrations de Don Quichotte que par ses peintures ésotériques et symboliques. Membre de l’AMORC, Nicomedes Gomez devint membre de l’Ordre Martiniste Traditionnel en 1966 et participa à la création d’une « heptade » – c’est-à-dire un groupe martiniste – qui prit le nom de Louis-Claude de Saint-Martin. C’est à cette époque qu’il réalisa un portrait du Philosophe inconnu, se basant, semble-t-il, sur celui de San Jose. Malgré sa très belle exécution, on peut lui reprocher d’avoir donné au visage du théosophe d’Amboise un aspect osseux et une certaine préciosité qui le caractérise mal.
Signalons pour l’anecdote qu’en juin 1933, la revue Rosicrucian Digest de San Jose publia un petit portrait de Saint-Martin. Il s’agit d’une adaptation libre du portrait de Vernier. Le Philosophe inconnu y est à peine reconnaissable. Quoi qu’il en soit, ce dessin aux dimensions modestes ne prétend pas être « authentique » ; il figure parmi les portraits de onze personnages célèbres, depuis Amenhotep IV jusqu’à Einstein, illustrant le sommaire de la revue (vol. XI, n° 4).
Parmi les portraits créés en partie d’après celui de la famille de Matter il faut ajouter celui publié par la revue Atlantis en 1968. Cette revue a consacré plusieurs numéros au Philosophe inconnu : le premier en 1937 (n° 70) et le second en 1968 (n° 245). Sur la couverture de ce dernier figure un dessin ayant pour légende : « Le Philosophe inconnu, d’après deux portraits de l’époque. » Ce portrait ne porte aucune signature, sinon les lettres « J. PH », initiales qui cachent probablement le nom de Jean Phaure.
Portrait utilisé par Robert Amadou comme en-tête de la série « Chronique saint-martinienne » qu’il publia entre 1961 et 1973, dans la revue Les Cahiers de l’Homme-Esprit. Ce dessin, de Marc Curti, nous présente un Saint-Martin doté d’un menton peu élégant !
4 – Portrait au physionotrace
Ce portrait est probablement celui qui est le plus fidèle, dans la mesure où il a été réalisé à partir d’un instrument reproduisant très exactement la physionomie d’un sujet : le physionotrace. Cet appareil, inventé en 1786 par Gilles-Louis Chrétien (1745-1811), permet de projeter l’ombre du profil sur un papier transparent, afin d’en décalquer les contours. L’inventeur exploita sa découverte avec le dessinateur Jean Fouquet.
Cette gravure a été publiée en 1891 par Stanislas de Guaita pour son Essai de sciences maudites (livre I, Paris, Librairie du Merveilleux, p. 324). L’auteur précise qu’il s’agit de la « reproduction d’un portrait très rare, au physionotrace, gravé en 1801. Autour de la gravure, on peut lire : « dess. p. Fouquet ; gr. p. Chrétien inv. du physionotrace, Cours St-Honoré à Paris », c’est-à-dire « dessin par Fouquet ; gravé par Chrétien… ». Cependant, dès 1798, Gilles-Louis Chrétien n’exerce plus guère ; il se pourrait donc que la date donnée par Stanislas de Guaita ne soit pas exacte. Selon Robert Amadou, sa réalisation serait à situer autour des années 1795. Louis-Claude de Saint-Martin aurait alors environ cinquante ans.
Ce portrait a ensuite été publié en frontispice de l’édition Des Nombres, préfacée par Sédir, chez Chacornac en 1913. En 1937, il sert de base à une gravure au trait (6,5 x 6,5 cm) réalisée pour la page de titre d’un numéro spécial de la revue Atlantis consacré à Saint-Martin (n° 70, 21 mars). Sur ce dessin, on peut lire les initiales « M. C. ». La légende qui l’accompagne précise : « Dessin de M. Carlier, d’après un portrait au physionotrace fait en 1801. » La revue L’Initiation le reprend en 1970 – mais à l’envers ! – (n° 1, janvier-mars, p. 8). On trouve également cette gravure dans les versions modernes du Traité méthodique de sciences occultes de Papus (Paris, Dangles, 1975, p. 896).
En 2003, les éditions Dervy ont élaboré une version colorée de ce dernier dessin pour la couverture de l’ouvrage de Nicole Jacques-Lefèvre : Louis-Claude de Saint-Martin, le philosophe inconnu (1743-1803). Comme dans la revue l’Initiation citée ci-dessus, le portrait est inversé.
5– Bois gravé de Pierre Chaux
Ce portrait est un bois gravé par Pierre Chaux en 1930, d’après Adolphe Gusman. Il fait partie d’une collection de portraits d’occultistes intitulée « Nos Maîtres » et éditée par la librairie Chacornac.
Parmi eux figurent également Fabre d’Olivet, Wronsky, Papus, Barlet et Stanislas de Guaita. Certains de ces portraits ont été publiés dans les versions modernes du Traité méthodique de sciences occultes de Papus (2 vol., Paris, Dangles, 1975).
Que dire de ce portrait, sinon que la vision personnelle de l’artiste domine sur la véracité des traits, car on ne reconnaît guère ici le visage du Philosophe inconnu !
6 – Un faux portrait ?
Ce dessin à la mine de plomb, inscrit dans un ovale de 8 x 6,8 cm et formé de traits fins, date vraisemblablement de la fin du XVIIIe siècle, le personnage portant un costume de l’époque du Directoire. Il figure dans un exemplaire des Erreurs et de la vérité que possédait Blanc de Saint-Bonnet en 1835. Après avoir appartenu à Jean Bricaud, sa veuve en fit don à la bibliothèque municipale de Lyon (cote 480079).
En 1946, Robert Amadou a publié une copie de ce portrait dans Louis-Claude de Saint-Martin et le Martinisme, Paris, éditions du Griffon d’or, 1946.
7 – Une énigme
En 1970, la revue Le Symbolisme a publié un portrait qui pourrait représenter Louis-Claude de Saint-Martin (janvier-juin, p. 181-184). Son originalité tient au fait qu’il s’agit d’un portrait de trois quarts. S’agit-il réellement de celui du Philosophe inconnu ? le doute subsiste. En 1984, Robert Amadou l’a reproduit dans son Bulletin martiniste (n° 2-3, janvier-avril, p. 31). Saint-Martin ?
8 – Un portrait de trois quarts
Ce portrait est l’œuvre de Claudine Cop [1. Le travail de Claudine Cop, installée dans le Sud-Ouest de la France, près de Toulouse, est constamment inspiré par un regard kaléidoscopique, ce qui lui confère une multitude de styles et la rend par là-même inclassable. Depuis les esquisses en passant par les paysages, les portraits d’amis ou d’inconnus, les natures mortes ou les scènes de vie, sans oublier les visions oniriques et féeriques, les décors… tout est décidément prétexte à représentation. A cet univers figuratif bien souvent chaudement coloré, Claudine Cop, a cependant l’art et la manière d’incorporer un espace propice à l’ambiguïté, voire au doute. En effet, la rigueur de ses représentations est invariablement contrebalancée par un mouvement interne, une distorsion, une ombre, une zone de flou qui dérangent le regard et invitent au mystère. Découvrir son œuvre : www.claudinecop.com] et a été réalisé en 1998 (collection privée). Avant de procéder à son exécution, ce peintre a réuni toutes les informations et tous les documents relatifs aux portraits de Saint-Martin.
À force d’observations, de superpositions, d’ajustements, s’est dégagé ce « portrait-robot » du Philosophe inconnu. Contrairement aux précédents, ce dernier ne pose pas de profil mais de trois quarts, et semble se retourner vers celui qui l’observe. Pour réaliser ce travail, l’auteur a utilisé les trois couleurs fondamentales de la symbolique martiniste : le rouge, le noir et le blanc.
9 – Portrait par Simonetta Saenger
Au cours de l’été 2009, un nouveau portrait a vu le jour. Il est l’oeuvre de Simonetta Saenger. Élaboré à partir de celui de Charles Vernier, il s’inspire aussi de celui tracé au physionotrace. Cette double source a permis à l’artiste de créer un portrait moins osseux que ceux produit par des artistes s’étant contenté de baser leur travail sur le portrait réalisé par Charles Vernier (rappelons que son commanditaire, Matter, estimait que ce portrait était « complètement raté »).
10 – Tableau de Gabriel Atencio
Gabriel Atencio, peintre Vénézuélien, né à Cartagena en 1973, a réalisé ce tableau en 2007. Cette oeuvre nous semble la plus intéressante tentative de restitution en couleur, d’un portrait du Philosophe inconnu. Il a été réalisé à partir du portrait au physionotrace qui nous présente un Saint-Martin dans la force de l’âge.
11 – Une médaille à l’effigie de Saint-Martin
Cette fois, ce n’est plus d’une gravure dont il s’agit, mais d’une médaille de 68 mm de diamètre. Son auteur est Marcelle Mouroux. Cette médaille commémorative du Philosophe Inconnu, disponible en bronze ou en argent, fut réalisée pour la Monnaie de Paris en octobre 1971. À l’avers, le profil s’inspire du portrait n° 5 réalisé au physionotrace. Cependant, Saint-Martin y apparaît plus joufflu. Au revers, une tête de crocodile illustre la légende qui se poursuit dans le champ, et transcrit le titre du seul roman de Saint-Martin : Le Crocodile ou la Guerre du Bien et du Mal.
12– Bas relief peint
Bas-relief réalisé en 1998 par Philippe Chaize, sculpteur à Gardanne, d’après le portrait de Charles Vernier. Ce plâtre peint a été fabriqué en petite série. Il y a quelques mois encore, on pouvait le trouver à la librairie parisienne de la Diffusion Rosicrucienne (199, rue Saint-Martin). Nous remercions M. Claude Calmels Beaulieux de nous avoir signalé son existence et de nous avoir envoyé une photographie de l’exemplaire figurant dans sa collection personnelle.
13 – Une sculpture en argile
Au cours de l’été 2008, la galerie des portraits du Philosophe inconnu s’est enrichie d’un nouvel élément : une sculpture. Elle tente de restituer un Saint-Martin en relief. Laissons celui qui est à l’origine de cette création, Xavier Cuvelier-Roy, nous présenter cette nouveauté :
« La recherche s’approche de différentes manières, l’exploration par la voie artistique se met au service de causes qui peuvent paraître fantaisistes, voire iconoclastes. L’on ne craint plus aujourd’hui – sur des bases historiques fiables – de reconstituer, par exemple, une fresque ou une tapisserie à partir de petits éléments dispersés ; voire de restituer le visage d’un marin de Lapérouse avec le support d’un crâne enfoui dans l’épave de son vaisseau.
L’on connaît quelques portraits de Louis-Claude de Saint-Martin, fort peu sont authentiques, la majorité sont apocryphes. Certains sont fort beaux, d’autres médiocres, voire même fort détestables, de mauvais goût, mais tous témoignent de la frustration de ne connaître que son profil. J’ai tenté une première escapade dans la troisième dimension en 1998, en passant commande d’une toile à Claudine Cop. Alliant la théorie de l’espace vectoriel avec ses dons réels de médium, cette artiste peintre a réalisé avec bonheur un tableau bien connu aujourd’hui, soutenu dans sa diffusion par une publication en couverture du roman martiniste Sursum corda.
Il me manquait la satisfaction tactile, quasi charnelle, de pouvoir à ma guise provoquer un mouvement, projeter une ombre, modifier une posture. Une seule solution : l’art plastique ! C’est Gab, artiste peintre, aquarelliste et illustratrice (promotion 1967 de l’école régionale des beaux-arts de Valence) qui a réalisé ce rêve fou. Elle a réussi à nous transmettre, par l’intermédiaire de ses mains, une émotion à la hauteur des vertus de Saint-Martin : prend forme sous nos yeux et pour la première fois une expression, un regard. Pétri dans l’argile, ne lui manque que la parole ! »
Il faut avouer que le résultat nous laisse sceptique.
14. Deux bustes en bronze
Avec la complicité de Claude Camels-Beaulieux, Xavier Cuvelier-Roy, commanditaire de l’oeuvre, a fait réaliser un bronze à partir du buste en argile. Le résultat est plus intéressant que sa version en argile. Ce buste a été fait en plusieurs exemplaires. (Plus d’infos sur ce travail)
Ce buste figurait parmi les éléments présentés lors de l’exposition 1778-2018 : Les 240 ans du Convent des Gaules, Le Régime Écossais Rectifié, au Musée de la Franc-Maçonnerie 16 rue Cadet à Paris dans une vitrine (ci-dessous).
En mars 2013, le Colporteur du Livre a fait réaliser un buste en bronze, d’après le portrait au physionotrace publié en 1892 (fabrication artisanale en série limitée – infos sur ce buste). Le buste est d’une hauteur de 28 cm et d’un poids de 1,5 kilo. Le socle est disponible en deux couleurs noir et blanc. Le même distributeur propose aussi un autre buste, à partir d’un dessin imaginaire de Martinès de Pasqually. Nous nous renvoyons à l’article publié sur ce site : Vrai ou faux portrait de Martinès de Pasqually à ce propos.
A suivre…
Dominique Clairembault